L'opposition des Conférences
épiscopales au Pape Benoît XVI |
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Le 25 mars 2009 -
(E.S.M.)
- Dans un article décapant, Paolo Rodari livre une clé d'interprétation des
oppositions "internes" au Pontificat du pape Benoît
XVI qui ont éclaté avec plus ou moins de violence ces
derniers temps.
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Le pape Benoît XVI
L'opposition des Conférences
épiscopales au Pape Benoît XVI
Paolo Rodari les appelle des " petits vaticans", pour dénoncer leur
bureaucratisation
Le 25 mars 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Dans un article décapant, Paolo Rodari livre une clé d'interprétation des
oppositions "internes" au Pontificat (internes à
l'Eglise) qui ont éclaté avec plus ou moins de violence ces
derniers temps.
Il y voit un effet de l'importance croissante prise depuis Vatican II, par
des structures bureaucratiques au sein de l'Eglise, en l'occurrence les
conférences épiscopales, sans aucune base théologique, mais devenus de
véritables "petits vaticans" en guerre larvée contre le vrai.
Leur hostilité ne s'adresserait d'ailleurs pas essentiellement au Pape
actuel, même s'il avait percé à jour leur rôle pernicieux depuis longtemps.
Contre Rome : ces « petits Vaticans » qui critiquent
le Vatican
25 mars 2009, Il Riformista - Article en italien
:
Ici:
La défense du Pape avancée l'autre jour par le cardinal Angelo Bagnasco (1)
a beaucoup plu aux fidèles (fidelissimi) de
Benoît XVI. Même si, comme le dit au Riformista un cardinal proche du
Pontife, Ratzinger est bien capable de tenir droit le timon de l'Église. Et
il en est capable malgré les critiques externes et, surtout, internes. Il le
démontrera d'ici Juillet, en publiant l'encyclique sociale qu'il semblerait
avoir signée le 19 Mars, fête de Saint Joseph, après avoir bougé quelque peu
les organismes de gouvernement de sa Curie.
[Paolo Rodari fait ici la liste des partants annoncés, parmi lesquels ceux
des cardinaux de plus de 75 ans, Renato Raffaele Martino et Walter Kasper;
le secrétaire d'État Tarcisio Bertone resterait en place de même que
Giovanni Battista Re, au moins jusqu'à la fin 2009. Le Père Federico
Lombardi, compétent mais submergé par trop de charges, devrait quitter la
direction de la salle de presse après le voyage en Terre Sainte]
Ratzinger, donc, sait comment gérer les différends, ceux externes et ceux
internes à l'Église. Parce que c'est de cela qu'il s'agit : outre les
attaques sur l'affaire Williamson, et ceux des chancelleries de la moitié de
l'Europe à suite des propos sur le « préservatif »
(encore hier Paris a confirmé toutes les critiques exposées la semaine
dernière), il y a les excès internes, ceux des évêques de
plusieurs Pays européens, particulièrement violents non seulement sur la
question lefebvriste mais aussi sur quelques nominations mal digérées par
ces excellences qui, dans les différents pays du monde, ont un pouvoir
particulier au sein de leurs conférences épiscopales.
Beaucoup de ces évêques accusent le pape Benoît XVI de ne pas savoir
s'expliquer.
Mais ils oublient qui est Joseph Ratzinger: un Pape cultivé, et même
extrêmement cultivé, et pieux. Peu savent comprendre le monde contemporain
comme lui. Ce qu'il dit est rationnel, typique de la logique et de la
métaphysique. Il offre toujours des réponses rationnelles aux problèmes et
c'est pourquoi il doit faire abstractions des réactions émotives que
celles-ci suscitent dans le monde. Le monde, souvent imprégné
d'irrationalité surtout lorsqu'il se définit comme « rationaliste», a
du mal à le comprendre parce qu'il a une réaction émotive, et souvent, ne
sait pas aller au-delà de l'émotivité, de même qu'il s'arrête sur des cas
particuliers et ne va pas à l'universel.
Même dans l'Église il y en a qui ne comprennent pas ce trait du Pontife
actuel. A côtés de nombreux évêques qui lui sont fidèles il y en a qui sont
dans une position adverse, et ceux-là, même minoritaires, disposent souvent
de l'amplificateur des puissances qui poursuivent leurs projets. Il ne
s'agit pas de véritables "vendetta". Plutôt d'une maladie qui depuis
Vatican II est devenue chronique, une infection provenant non pas du Concile
mais du « para-concile » : une maladie de longue date.
Depuis les travaux conciliaires, une anti-romanité difficile à endiguer,
s'est répandue. La cible, donc, n'est pas en premier Ratzinger. Mais Rome et
sa primauté. L'ennemi, c'est une conception du gouvernement de l'Église qui,
à la place d'un guide sûr, a vu en Rome une simple coordination de fond,
capable seulement de garantir une unité généralisée. C'est une exégèse
erronée du Concile qui a voulu que les dimensions des différentes
conférences épiscopales grandissent de façon démesurée: ces mêmes
conférences auxquelles Ratzinger, dans l'interview de 1985
(ndt: avec Vittorio Messori), avaient nié une base théologique.
Bureau après bureau, structure après structure, dans le monde, se sont créés
de petits Vaticans régionaux qui se sont de plus en plus éloignés de la
constitution hiérarchique de l'Église, autrement dit de cette conception du
gouvernement qui prévoit que chaque évêque ait une responsabilité
personnelle sur ses fidèles dans un cadre de « communion organique ».
Les conférences se sont valorisées elles-mêmes, leur pouvoir interne et pas,
justement, cette « communion organique » si chère aux textes du
Concile.
Très souvent, les conférences, au nom d'une fantomatique démocratie de
gouvernement par ailleurs jamais avérée, ont fini par s'opposer à Rome,
valorisant les personnalités qui, en leur sein, avaient le plus de charisme
dans les media et dans l'opinion publique. Ces évêques qui avaient le plus
de prise sur les journaux, sur la télé, qui ont voulu établir davantage leur
ministère sur les conférences publiques autour du monde que sur le soin des
âmes présentes dans leur diocèse, ces évêques « itinérants » plus que
résidentiels, ont pris toujours plus d'autorité au sein de l'épiscopat de
leur Pays, devenant, sans jamais le dire explicitement, une sorte
contre-pouvoir fort au Pape et au gouvernement même de Rome.
Il s'agit d'énormes superstructures qui, parfois, oppriment les simples
successeurs des apôtres qui, au contraire, trouvent justement dans le Pape,
la garantie de leur liberté. Un contre-pouvoir difficile à gérer, comme
l'ont bien démontré les récents cas d'excès contre le Pape de la part des
conférences épiscopales allemandes et autrichiennes. Le cardinal Karl
Lehmann a publiquement attaqué Benoît XVI pour la révocation de
l'excommunication aux lefebvristes, tandis que la nomination de Gerhard
Wagner comme évêque auxiliaire de Linz a été ouvertement repoussée avec
mépris par toute la conférence épiscopale autrichienne, et maintenant on
comprend, comme en témoignent plusieurs sites web, que ceux qui ont brouillé
les cartes pour obtenir la révocation de la nomination étaient des prêtres
qui vivent actuellement en état de concubinage. Tout a été publié dans les
pages des quotidiens autrichiens : mais si on interviewait aujourd'hui les
responsables des directions des conférences épiscopales, ceux-ci diraient
être en parfaite communion avec le Pape.
Les partisans de l'herméneutique de la rupture de Vatican II forment une
vague encore aujourd'hui bien organisée. Ratzinger le sait et c'est pourquoi
le premier
discours d'importance capitale de son pontificat, celui du 22 décembre
2005, leur était adressé : l'herméneutique de la rupture est erronée,
expliquait Benoît XVI. Mais c'est une bataille ancienne : déjà Jean XXIII,
malgré lui, fut décrit par les partisans de l'herméneutique de la rupture
comme le Pontife de la fin de l'Église monarchique. Ils essayèrent aussi
avec Paul VI, quitte ensuite à changer d'avis, à cause de la sortie d' «
Humanae
Vitae », l'encyclique qui par ses contenus nullement complaisants envers
les instances du monde, marqua le début de la seconde phase du pontificat
montinien, celle de la souffrance pour les injures et les calomnies subies.
Même Wojtyla, peut-être plus que Ratzinger, fut contesté ouvertement pour
les positions prises sur le sexe, l'amour, l'avortement, le mariage.
A partir de «
Redemptor hominis » , il devint le Pontife d'une vision trop polonaise
de l'Église, trop peu « catholique ». Mais les contestations ne l'ont jamais
fait plier. Ni ne feront plier Ratzinger lequel, sans aucun doute, ne se
laissera pas vaincre de l'émotivité. Et aux personnalités françaises qui sur
Le Monde ont publié une lettre ouverte lui demandant de revenir sur ses
déclarations à propos des préservatifs et du Sida, il ne répondra certes pas
par une de rétractation.
(1) La défense de Bagnasco
Sources :Traduction
benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 25.03.09 -
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