Se brouiller avec Dieu est
à l'origine de toutes les corruptions humaines |
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Le 24 novembre 2007 -
(E.S.M.) - La paix a
pour finalité de faire tomber les frontières et d'instituer une terre du
renouveau par la paix qui vient de Dieu. En fin de compte, nous dit le
Seigneur, la terre appartient aux « doux », aux artisans de paix. Là où
l'homme perd Dieu de vue, souligne Benoît XVI, la paix elle aussi
dépérit et la violence prend le dessus.
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Le pays du roi
de la paix -
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C'est ici
Se brouiller avec Dieu est à l'origine de toutes les
corruptions humaines, surmonter cette désunion est la condition fondamentale
de la paix dans le monde.
Quatrième chapitre - Le Sermon sur
la montagne (p. 85 à 150)
1) De quoi s'agit-il ?
Benoît XVI
2)
Le renversement
des valeurs
:
Benoît
XVI
3) Les pauvres de cœur :
Benoît XVI
4)
Les doux posséderont la terre :
Benoît XVI
5) (suite)
Le pays du roi de la paix
Le texte de l'Évangile de Matthieu lie à cette deuxième Béatitude la
Promesse de la terre : « Heureux les doux : ils obtiendront
la terre
promise. » Que faut-il entendre par là ? L'espérance de la
terre est un élément essentiel de la promesse initiale faite à Abraham. Lors
de la traversée du désert, atteindre la terre promise reste, tout au long de
sa marche, l'objectif constant du peuple d'Israël. Pendant l'exil, Israël
attend le retour sur sa terre. Mais, il ne faut pas oublier que la promesse de la terre
va bien au-delà du simple concept de possession d'un morceau de terre ou
d'un territoire national auquel tout peuple a droit.
Dans la lutte pour la libération d'Israël et dans la sortie d'Égypte, c'est
tout d'abord le droit à la liberté d'adorer, puis à la liberté de pratiquer
son propre culte, ainsi que, tout au long de l'histoire du peuple élu, la
promesse de terre qui prennent toujours plus clairement la signification
suivante : la terre est donnée pour être un lieu d'obéissance, un espace
ouvert à Dieu, et donc une terre libérée des abominations du culte des
idoles. Dans la notion de liberté et de terre, l'obéissance à Dieu et,
partant, l'idée d'une bonne et juste organisation de cette terre sont des
éléments essentiels. Dans cette perspective, l'exil et la privation de la
terre devenaient intelligibles, car, s'étant transformée en lieu du culte
des idoles, de la désobéissance, la possession de la terre contredisait
ainsi son véritable sens.
À partir de là, expose Benoît XVI, la diaspora prenait un sens nouveau et positif. Israël était
dispersé à travers le monde afin de ménager partout un espace à Dieu et
d'accomplir alors le sens de la création tel qu'il est mentionné dans le
premier récit de la Genèse (cf. Gn 1, 1-2. 4). Le sabbat est le terme de la
création, il indique sa finalité : s'il y a création, c'est que Dieu a voulu
créer un lieu où l'on réponde à son amour, un lieu d'obéissance et de
liberté. Peu à peu, à travers l'acceptation des souffrances qui émaillent
l'histoire des rapports d'Israël avec Dieu, la notion de terre a gagné en
ampleur et en profondeur, visant de moins en moins la possession d'un
territoire national et de plus en plus l'universalité du droit de Dieu sur
le monde.
Naturellement, dans un premier temps, on peut ne voir dans ce rapport entre
« douceur » et promesse de la terre qu'une simple sagesse de l'histoire :
les conquérants viennent et repartent. Restent les hommes simples, les
humbles, ceux qui cultivent la terre et qui continuent de semer et de
récolter dans la douleur comme dans la joie. D'un point de vue purement
historique, les humbles, les simples, sont davantage installés dans la durée
que les hommes violents. Mais il s'agit de bien autre chose.
L'universalisation progressive du concept de terre à partir des fondements
théologiques de l'espérance correspond aussi à l'horizon universel que nous
avons rencontré dans la promesse de Zacharie : la terre du roi de la paix
n'est pas un État national, elle s'étend « d'une mer à l'autre
». La paix a
pour finalité de faire tomber les frontières et d'instituer une terre du
renouveau par la paix qui vient de Dieu. En fin de compte, nous dit le
Seigneur, la terre appartient aux « doux »,
aux artisans de paix. Elle doit
devenir « le pays du roi de la paix ». La deuxième Béatitude nous invite à
vivre en œuvrant en ce sens.
Toute assemblée eucharistique est pour nous chrétiens un lieu semblable,
dans lequel le roi de la paix exerce sa seigneurie. La communauté
universelle de l'Église de Jésus Christ est ainsi une ébauche de ce que sera
la « terre » de demain, qui devra devenir une terre de la paix de Jésus
Christ. En cela aussi, la deuxième Béatitude fait très directement écho à la
première. Elle explicite un peu plus encore ce que signifie le « Royaume de
Dieu », même si ce terme a une portée qui va bien au-delà de la promesse de
la terre.
Nous avons déjà anticipé sur la septième Béatitude : « Heureux les artisans
de paix : ils seront appelés fils de Dieu. » De ce fait, quelques
indications à propos de cette
parole fondamentale de Jésus suffiront sans aucun doute. Voyons tout d'abord
l'arrière-plan de l'histoire universelle. Dans le récit de l'enfance de
Jésus, Luc avait déjà évoqué le contraste entre cet enfant et le
tout-puissant empereur Auguste, que l'on célébrait comme le « sauveur de
tout le genre humain » et comme le grand artisan de la paix. Déjà
auparavant, César avait revendiqué le titre d'« artisan de la paix de Yoikouménè
». Pour les croyants d'Israël, ce verset évoque le souvenir du
roi Salomon, dont le nom renferme le mot shalom, paix. Voici ce que le
Seigneur avait promis à David : « C'est en ses jours que je donnerai à
Israël paix et tranquillité... Il sera pour moi un fils et je serai pour lui
un père » (1 Ch, 22, 9-10).
Cette phrase fait apparaître une relation entre
la filiation divine et la royauté de la paix :
Jésus est le Fils, et il
l'est réellement. C'est ce qui fait de lui le vrai « Salomon », celui qui
apporte la paix. Faire œuvre de paix appartient par nature au fait d'être
fils. Cette septième Béatitude nous invite à être et à faire ce que fait le
Fils pour devenir nous-mêmes des « fils de Dieu ».
Cela est valable tout d'abord à petite échelle dans l'espace de la vie de
chacun. Le point de départ en est la décision fondamentale qu'au nom de
Dieu, Paul appelle passionnément de ses vœux : « Au nom du Christ, nous vous
le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu »
(2 Co 5, 20).
Se
brouiller avec Dieu est à l'origine de toutes les corruptions humaines,
surmonter cette désunion est la condition fondamentale de la paix dans le
monde. Seul l'homme réconcilié avec Dieu peut se réconcilier et être en
harmonie avec lui-même, et seul l'homme réconcilié avec Dieu et avec
lui-même peut faire œuvre de paix autour de lui et la propager à travers le
monde entier. Mais le contexte politique qui transparaît dans le récit
lucanien de l'enfance de Jésus comme chez Matthieu dans les Béatitudes
signale
toute la portée de cette parole. « Paix sur la terre » (Lc 2, 14), telle est
la volonté de Dieu et du même coup la mission confiée aux hommes. Le
chrétien sait que l'existence de la paix sur la terre est liée au fait que
l'homme se trouve dans Veudokia, dans le « bon plaisir » de Dieu.
La lutte
pour être en paix avec Dieu fait partie de la lutte pour la « paix sur terre
» et lui est indispensable, c'est de là que viennent les critères et les
forces nécessaires pour une telle lutte. Là où l'homme perd Dieu de vue,
conclut Benoît XVI, la
paix elle aussi dépérit et la violence prend le dessus avec des formes de
cruauté insoupçonnées jusque-là, c'est ce que nous ne voyons que trop bien
aujourd'hui.
à suivre... : 6)
La troisième Béatitude
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"Jésus de Nazareth"
Sources: www.vatican.va
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 24.11.2007 - BENOÎT XVI
- T/J.N. |