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Le 24 septembre 2009 -
(E.S.M.)
- La levée des sanctions ne valait pas quitus aux
traditionalistes, encore moins aux inepties de l’évêque
Williamson. Mais le fait qu’elle ait tant nourri de polémiques
contre le pape confirme que Joseph Ratzinger, même élu Benoît
XVI, reste, dans l’Église comme au dehors, l’objet d’un procès
latent. (Francecatholique)
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Mgr Bernard Fellay
Rome et les lefebvristes
Le 24 septembre 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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L’averse de bois vert qui s’est abattue sur le Vatican début 2009 à la levée
de l’excommunication des évêques consacrés en 1988 par Mgr Lefebvre a ranimé
la question de l’intégrisme catholique.
Décanter cette embrouille théologico-politique est le but du petit ouvrage
rédigé au galop par Gérard Leclerc grâce à sa connaissance intime de
l’Église et de plusieurs acteurs de l’affaire.
Il ne s’étend pas sur la provocation, joliment concertée, de la publication
par le Spiegel des propos négationnistes tenus à la télévision suédoise par
l’évêque Richard Nelson Williamson, ni d’ailleurs sur la fièvre
protestataire qui s’en est suivie, y compris de la part de clercs et de
laïcs catholiques, devant ce qui paraissait au bas mot une inexcusable
bourde en communication.
En revanche, l’éditorialiste de France Catholique, un des rares journalistes
à s’être rendu en Suisse pour interroger le supérieur de la Fraternité
Saint-Pie X, note les réactions mesurées de Mgr Bernard Fellay, soucieux de
ne pas laisser son incontrôlable confrère gâcher le dialogue de
réconciliation proposé par le Pape.
Or la lecture de la lettre apostolique
Ecclesiae Unitatem permet de préciser les intentions de Rome : c’est une
« mesure prise dans le cadre de la discipline ecclésiastique, destinée à
libérer les personnes du poids de conscience représenté par la sanction
ecclésiastique la plus grave ». Cette indulgence disciplinaire doit
permettre d’ouvrir le débat avec les dissidents sous l’angle même qui a
motivé leur rupture, à savoir les questions doctrinales qui, poursuit le
texte, « … bien évidemment, demeurent et, tant qu’elles ne seront pas
résolues, la Fraternité Saint-Pie X ne jouira d’aucun statut canonique dans
l’Église et ses ministres ne peuvent exercer de façon légitime aucun
ministère. »
La levée des sanctions ne valait donc pas quitus aux traditionalistes,
encore moins aux inepties de l’évêque Williamson. Mais le fait qu’elle ait
tant nourri de polémiques contre le pape confirme que Joseph Ratzinger, même
élu Benoît XVI, reste, dans l’Église comme au dehors, l’objet d’un procès
latent qui, recouvre peut-être une querelle plus vaste, impliquant le
christianisme et ses rapports au monde. D’où l’intérêt de suivre l’auteur
dans le résumé de ces quarante années de désaccord.
En remontant d’abord à la personne de Marcel Lefebvre, fils d’industriels du
Nord, à sa formation romaine dominée par le thomisme figé de son maître le
cardinal Billot, à sa vocation missionnaire en Afrique où il se révéla un
pasteur estimé de ses ouailles comme de son successeur le cardinal Thiandoum,
enfin à la grande tribulation que fut pour lui le concile Vatican II. Sur ce
point, Gérard Leclerc n’isole pas l’épreuve du futur rebelle de celle des
évêques, théologiens et même des papes qui, ayant lancé l’élan
d’aggiornamento, souffrirent qu’il fût parfois jugé et appliqué dans un
esprit progressiste plus mondain qu’évangélique.
Mais à la différence des Daniélou, Lubac, voire Wojtyla, « la formation de
Mgr Lefebvre à la Grégorienne des années vingt l’avait enfermé dans un type
de doctrine, qui l’avait rendu imperméable à tous les courants auxquels la
théologie au vingtième siècle s’était renouvelée ». Dès lors, trop mal armé
pour surmonter ces contradictions - évêque en porte-à-faux à Tulle puis
supérieur élu des Pères Spiritains - il devint l’un des môles de résistances
aux réformes, notamment liturgiques, imposées avec une égale raideur par les
apôtres du changement. On connaît la suite : le séminaire d’Écône,
l’extension de la Fraternité, les ordinations de prêtres, puis la rupture,
avec les sacres épiscopaux contre la volonté de Rome. L’affaire serait
restée ecclésiale sans les provocations publiques inattendues du dissident :
sa condamnation de l’Islam, son plaidoyer pour le dictateur argentin Videla
et les cautions offertes au Front national marquèrent du même coup
l’entreprise lefebvriste du sceau de la droite extrême. La question que
Leclerc traite en introduction quant aux filiations idéologiques du
lefebvrisme est donc d’un intérêt certain pour qui veut éviter la confusion
des concepts.
Plutôt que de « relier la rupture de l’évêque rebelle avec la condamnation
de l’Action française en 1926 », il faut remonter à « l’intransigeantisme
qui caractérise un catholicisme en opposition radicale avec les principes
révolutionnaires de 1789 », donc une tendance lourde de l’Église, qui
présente le vice d’oblitérer chez ses tenants toute perception des signes
des temps. Si Marcel Lefebvre a été touché par le sort de l’AF, ce ne fut ni
du fait de Maurras qu’il n’a pas lu (et dont il aurait refusé le
positivisme), ni même par royalisme, mais au nom d’un antimodernisme qui lui
tenait lieu de credo séculier.
(...) Reste à l’Église à passer encore
une fois au crible son rapport à l’histoire. S’incarner dans le siècle sans
être du siècle ? La citoyenneté céleste n’est décidément pas de tout repos.
Luc de GOUSTINE
Gérard Leclerc - « Rome et les lefebvristes »,
Éd. Salvator, prix franco : 11 €.
Sources : Francecatholique
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 24.09.09 -
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