Pourquoi cette virulence hexagonale
contre Benoît XVI ? |
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Le 24 mars 2009 -
(E.S.M.)
- Il est vrai que la communication du Vatican a un peu cafouillé
ces derniers temps et qu’il est grand temps qu’à Rome on reprenne les
choses en main. Cela n’excuse pas pour autant la hargne des media
beaucoup plus préoccupés de salir le Pape Benoît XVI que d’informer
sérieusement.
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Le pape Benoît XVI à
bord de l'avion pour l'Afrique -
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Pourquoi cette virulence hexagonale
contre Benoît XVI ?
Gérard LECLERC : Lettre à mon ami Jacques Julliard
Le 24 mars 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
-
Mon cher Jacques, nous avons déjà longuement parlé ensemble de la crise qui
secoue l’opinion à propos de l’Église et dont les effets sont profonds. Vous
vous êtes d’ailleurs fait l’interprète de l’émotion publique dans vos
éditoriaux du Nouvel Observateur. Le dernier d’entre eux, que j’ai lu et
relu, m’a incité à reprendre notre controverse ouvertement, tant il me
paraît de salut public de discuter franchement et avec la plus grande
rigueur des sujets qui troublent au point d’ébranler la confiance de
certains dans l’Église catholique. Je reviendrai rapidement sur la
lamentable affaire Williamson, pour m’étonner que des media n’aient pas
compris sur le champ que Benoît XVI n’avait jamais eu l’intention de «
réintégrer un négationniste ». Donner à penser le contraire était une
ignominie. D’ailleurs la communauté juive, après un premier moment de
flottement, n’a pas été dupe de la manipulation, et l’État d’Israël
s’apprête à recevoir Benoît XVI avec une grande satisfaction. Je ne reviens
sur l’éprouvante affaire du Brésil, que pour mentionner la mise au point du
porte-parole officiel du Pape, le Père Lombardi qui a, enfin, livré le
jugement que l’on attendait en rappelant simplement la compassion maternelle
et évangélique de l’Église pour une petite fille que le Christ aurait
consolé dans sa détresse.
Oui, il est vrai que dans les deux cas, et même dans un troisième qui
concerne la question du sida, la communication du Vatican a cafouillé et
qu’il est grand temps qu’à Rome on reprenne les choses en main. Cela
n’excuse pas pour autant la hargne des médias beaucoup plus préoccupés de
salir le Pape que d’informer sérieusement. Mais j’espère, comme vous que,
selon le proverbe, « Le diable porte pierre » et que tout cela débouchera
sur des clarifications et des approfondissements. Car le déchaînement
médiatique cache trop souvent la véritable nature des enjeux et notre
vocation, à nous, est de les rappeler sans relâche. Ainsi, à propos de la
défense de la vie et des fondements de la bioéthique. Là-dessus, je dois
vous signifier un désaccord radical. Comment pouvez-vous incriminer un
prétendu « vitalisme » de l’Église qui la conduirait dans une
attitude de refus à l’égard des progrès scientifiques ?
L'Église n’est pas vitaliste, elle est personnaliste, et défend la dignité
de la personne contre vents et marées. C’est ce qu’a compris le grand
philosophe et compatriote de Benoît XVI qu’est Jürgen Habermas. Un des
enjeux majeurs actuels, c’est que la science médicale ne cherche plus à
guérir les malades. Elle fait du tri génétique, sélectionne impitoyablement
les embryons non conformes, selon des critères d’éradication qui rendront
bientôt improbable l’existence des personnes trisomiques. Un Jacques Testart
l’avait prévu de longue date. Comment ne voyez-vous pas que l’Église se bat
contre la barbarie, au seul service de la dignité humaine ? Et c’est sans
doute pour cela qu’on la déteste autant.
Cordialement.
Gérard LECLERC
Au-delà de la question du préservatif
Dans l’avion qui le conduisait vers l’Afrique le 17 mars, le Pape a répondu
oralement à une
question de Philippe Visseyrias de France 2 qui lui avait
préalablement été soumise par écrit : « Saint-Père, parmi les multiples
maux dont souffre l’Afrique, il y a aussi en particulier celui de l’épidémie
du sida. La position de l’Église catholique quant aux moyens de lutter
contre ce fléau est souvent considérée comme irréaliste et inefficace.
Aborderez-vous ce thème durant le voyage ? » Deux phrases de cette réponse,
effectuée en Italien, ont aussitôt fait le tour de la planète.
L’enregistrement audiovisuel de la séquence donne comme traduction : « Je
dirais qu’on ne peut pas surmonter ce problème du sida seulement avec de
l’argent, qui est nécessaire, mais s’il n’y a pas l’âme, qui sait
l’utiliser, il n’aide pas. On ne peut pas le surmonter avec la distribution
de préservatifs, au contraire, ils augmentent le problème. » C’est cette
dernière affirmation qui a provoqué l’ire de nombreuses personnalités qui
ont aussitôt traité le Saint-Père, au mieux d’irresponsable et au pire de
meurtrier. Ces propos se situaient dans une réponse beaucoup plus riche du
Pape que les services de communication du Vatican ont ensuite rendue
publique, en ajustant légèrement la formulation de la séquence qui faisait
scandale. Certains ont pu croire qu’on avait délibérément dénaturé la
réponse papale. Le préservatif peut-il augmenter la pandémie ?
Certes, il est indéniable qu’une relation sexuelle avec une personne
contaminée utilisant un préservatif est moins risquée qu’une relation sans
préservatif. Mais 7 fois moins seulement, d’après certaines études
officielles, car il demeure un risque « résiduel » de contamination. L’OMS
n’a d’ailleurs pas classé le préservatif parmi les « méthodes contraceptives
très efficaces », notant un taux de 2% de grossesses après un an
d’utilisation correcte.* Pour ceux qui le croient infaillible, le danger
vient donc d’une illusion d’invulnérabilité. La France a connu ce phénomène
avec sa ligne Maginot qu’on voulait croire protectrice de toute invasion
germanique. Elle fut inviolée : l’envahisseur est passé par la frontière
Belge où la défense avait baissé sa garde. La fiabilité du préservatif peut
être comparée à celle d’un casque de moto avec lequel un motard
s’autoriserait à rouler sans limite de vitesse. Une dérive de toute
puissance menace ceux pour lesquels le préservatif fait figure de sésame
pour la débauche. Sur le seul plan moral, on déresponsabilise les êtres
humains en leur laissant croire que tout est permis, y compris les violences
sexuelles dont les plus vulnérables sont toujours victimes. Sur le plan
sanitaire, le retour de bâton menace également : il y a toujours une
différence entre un taux d’efficacité théorique d’une technique et son taux
d’efficacité pratique plus faible. Les aléas de fabrication, de pose, de
retrait, les ruptures du latex, sans compter d’autres éléments encore
inexpliqués, sont occultés. Nous avons déjà eu l’occasion de signaler les
limites du tout préservatif en Afrique (FC n°3069). Et si le Pape avait
raison ?
Pourquoi cette virulence hexagonale contre le Vatican ?
Les tremblements de terre sont consécutifs à des bouleversements des
profondeurs de la planète. Entre l’enseignement de l’Église catholique sur
la sexualité ou la vie et la réalité législative, sociale et médiatique
française, la fracture augmente depuis des années. Déjà en 1995, Act up
Paris avait fait imprimer et diffuser en kiosque, par les Nouvelles
messageries de la presse parisienne, 200 000 exemplaires d’une édition
pirate de l’encyclique l’Évangile de la Vie qui venait de sortir. En
quatrième de couverture figurait la marque d’une main ensanglantée sur un
visage de Jean-Paul II avec le slogan « Non aux sermons, oui aux capotes. Ce
pape est un assassin ». Les pouvoirs publics n’avaient pas protesté et Mgr
Billé l’avait déploré par un communiqué officiel. Désormais 52% des enfants
naissent hors mariage, ce que l’Église considère comme une atteinte à leurs
droits. Des centaines de milliers de vies conçues en France sont détruites
chaque année en toute légalité (220 000 avortements officiellement recensés,
238 000 embryons conçus dans le cadre de la fécondation in vitro, pour
14 000 naissances liées à cette technique). L’Église affirme que chacune de
ces vies est aussi respectable que celle d’une personne déjà née. Nous ne
sommes plus au temps où les « hussards noirs de la République »
professaient, malgré leurs convictions anticléricales, des valeurs de
fidélité conjugale et de tempérance. Le président de France Inter, radio
publique, s’est récemment permis de poser à demi-nu en tenue sadomasochiste
avec son compagnon pour le calendrier d’Act up. Même si le président de la
République s’en est ému, il ne faut pas s’étonner que celui de France 2,
télévision publique, ait décidé – en réponse aux propos du Pape –
d’incruster sur l’écran de la messe télévisée du Jour du Seigneur du 22 mars
le logo du Sidaction. La morale chrétienne fut d’abord marginalisée ; elle
est désormais accusée d’être transgressive.
Pourquoi la parole de l’Église fait-elle violence en matière de morale
sexuelle ?
Depuis vingt-cinq ans, on présente en France le préservatif comme « seul
moyen fiable de prévention » renonçant à tout appel à l’abstinence et à la
fidélité. La parole du Pape a logiquement heurté tous ceux qui font de sa
diffusion massive leur unique crédo. Les responsables politiques,
médiatiques et associatifs mais aussi les militants dévoués et les
téléspectateurs sont victimes d’un aveuglement collectif. Face aux fléaux,
les peuples manipulés par leurs leaders d’opinion désignent des
boucs-émissaires sur lesquels ils s’acharnent. Ils les imaginent
responsables de leur malheur. Or, depuis l’origine du Sida, dans
l’inconscient collectif, rôde l’idée folle que l’Église pourrait se réjouir
de cette pandémie, simplement du fait de son mode de contamination. « Les
hommes – et il ne faut pas s’en étonner – paraissent concevoir la vie et le
bonheur selon la vie qu’ils mènent » constatait déjà Aristote, tandis que,
plus récemment, Maurice Zundel notait « la tendance anthropomorphique » de
l’être humain à « donner à la vérité son propre visage ». Or, l’idéologie
hostile à la morale sexuelle prônée par l’Église a envahi notre société. Son
exigence morale, quoique « naturelle », est rejetée jusque dans les rangs
des chrétiens. Elle constitue, en raison de certains modes de vie, une
agression insupportable. Quant au visage et la douceur du Pape, ils peuvent
exaspérer ceux qui jalousent inconsciemment le bien et le vrai.
Vers de nouvelles persécutions pour les chrétiens de France ?
Les interventions médiatiques sont indispensables pour expliquer les
positions de l’Église et la défendre. Mais ce n’est pas un rapport de forces
qui rendra justice à la vérité. La colère compréhensible qui monte quand on
entend son chef spirituel se faire insulter doit être canalisée. Gare à la
tentation de la violence ! Être respectés, reconnus, admirés, célébrés, ce
n’est aucunement cela que promet le Christ à ceux qui renoncent à beaucoup
pour le suivre, mais « des frères en grand nombre et des persécutions ». Les
clercs et les laïcs dont le catholicisme est affiché commencent à endurer
des brimades douloureuses, de l’ordre de celles que le père Maximilien Kolbe
nommait « le martyre blanc » (c’est-à-dire progressif et non sanglant). Il
devient plus difficile pour les chrétiens d’assumer des postes à
responsabilité où il leur est demandé de se taire ou de se compromettre.
Même les puissants qui aiment à dialoguer avec l’Église peuvent se retourner
contre elle quand elle leur rappelle les exigences morales. Hérode
appréciait les conversations avec Jean-Baptiste, mais ce dernier perdit la
vie pour avoir rappelé au Roi qu’il ne devait pas coucher avec sa
belle-sœur. Médecins, sages-femmes, infirmières, pharmaciens, chercheurs,
étudiants qui mettent le Christ avant leur intérêt en payent déjà le prix,
dans leur carrière voire devant la justice. Devenir minoritaires, être
punis, persécutés, c’est peut-être notre lot. Mais les cœurs simples seront
touchés. Aucune raison de perdre l’Espérance.
Tugdual DERVILLE
* La dernière enquête Baromètre santé française révèle également qu’un «
problème de préservatif » est invoqué comme motif de leur demande de pilule
du lendemain par 32 % des jeunes gens de 15 à 24 ans.
La réponse complète écrite de Benoît XVI à bord de l’avion…
« Je dirais le contraire. Il me semble que l’entité la plus efficace, la
plus présente sur le front de la lutte contre le sida est vraiment l’Église
catholique, avec ses mouvements et ses diverses structures. Je pense à la
Communauté Saint Egidio qui fait tant, de manière visible et aussi de
manière invisible pour lutter contre le sida, aux religieux Camilliens, à
toutes les religieuses qui sont au service des malades… Je dirais qu’on ne
peut vaincre ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires.
Si ce n’est pas le cœur, si les Africains ne s’y entraident pas, on ne peut
résoudre ce fléau avec la distribution de préservatifs : au contraire, le
risque est d’accroître le problème. La solution ne peut venir que d’un
double engagement : en premier, une humanisation de la sexualité,
c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui permette une nouvelle
manière de se comporter les uns avec les autres, et deuxièmement une vraie
attention particulièrement à l’égard des personnes qui souffrent, la
disponibilité, les sacrifices aussi, les renoncements personnels pour être
avec les personnes souffrantes. Ce sont les moyens qui aident et permettent
des progrès visibles. C’est pourquoi, je dirais que c’est là notre double
force : renouveler l’homme intérieur, donner une force spirituelle et
morale pour un comportement juste dans la manière de considérer son propre
corps et celui d’autrui, et d’autre part cette capacité à souffrir avec ceux
qui souffrent, d’être présents aux côtés de ceux qui traversent des
épreuves. Je crois que c’est là la juste réponse, que l’Église la met en
œuvre et offre ainsi une aide très grande et importante. Nous remercions
tous ceux qui y participent. »
►
Fidélité, loyauté et affection envers Benoît
XVI - 23.03.09
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Sources : francecatholique
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 24.03.09 -
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