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François fustige la curie. Mais quelle distance entre ce qui est dit
et ce qui est fait !
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Le 24 janvier 2015 -
(E.S.M.)
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Alors qu’approche le sommet qui va être consacré à la réforme du
gouvernement central de l’Église, le pape avance en agissant tout
seul. Dans certains cas en chassant les bons et en récompensant les
mauvais.
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Le
21 janvier, fête de ste Agnès, présentation au pape des agneaux dont la
laine sera utilisée pour tisser les palliums des nouveaux archevêques
métropolitains.
François fustige la curie. Mais quelle distance entre ce qui est dit et ce
qui est fait !
par Sandro Magister
Le 24 janvier 2015 - E.
S. M. -
Il y a de cela un an, le pape François a réuni les cardinaux à huis clos,
pour des discussions portant sur des questions relatives à la famille,
pendant deux jours. Deux journées de feu.
Le mois prochain, il les réunira de nouveau. Cette fois, pour discuter de la
réforme de la curie et il y aura de nouveau des affrontements.
Parce que des idées de réformes, il s’en est trouvé une grande quantité ;
elles sont en contradiction les unes avec les autres, au moins autant que
les têtes des neuf cardinaux qui conseillent le pape, et certaines d’entre
elles sont même carrément inacceptables. Par exemple celle qui propose que
les divers degrés et institutions du système judiciaire du Vatican, y
compris la pénitencerie apostolique qui juge au for interne, soient soumis à
un dicastère de la justice qui est encore à créer. Au cas où cette réforme
se concrétiserait, elle porterait une atteinte très grave à la séparation
des trois pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, qui est considérée
depuis l’époque de Montesquieu comme l’une des caractéristiques des États
modernes.
En réalité, François s’est donné du temps. Il a déclaré qu’il ne mettrait
pas la réforme en route avant 2016. Et, pour le moment, il procède à la
manière d’un général des jésuites, en décidant tout seul de ce qui lui
paraît devoir être fait immédiatement, bien qu’il ait affirmé qu’il voulait
donner un caractère collégial à sa manière de gouverner.
Lorsqu’il a présenté, à Noël, ses vœux aux dirigeants de la curie,
il leur a
jeté au visage un diagnostic catastrophique, celui des "maladies" dont ils
souffrent : il en a en cité quinze, plus affreuses les unes que les autres.
Mais si, d’autre part, on examine les évictions et les promotions, peu
nombreuses, auxquelles le pape a procédé jusqu’à maintenant, il y a de quoi
être surpris.
Le plus illustre de ceux qui ont été évincés est le cardinal Raymond L.
Burke, grand canoniste dont les adversaires eux-mêmes reconnaissent la
compétence et la droiture morale.
En revanche, si l’on examine les promotions, la plus incroyable est celle
dont a bénéficié Mgr Battista Ricca, un fonctionnaire du service
diplomatique du Vatican qui avait été rappelé à Rome il y a de cela
plusieurs années, après avoir provoqué des scandales dans trois nonciatures
différentes, la dernière en date étant celle de Montevideo où il avait fait
venir son amant. Mais, par la suite, il a miraculeusement poursuivi sa
carrière, en tant que directeur de deux résidences pour ecclésiastiques
situées à Rome, celle de la via della Scrofa et celle de Santa Marta, et
surtout en tant qu’ami de très nombreux cardinaux et évêques du monde entier
qui viennent y loger, y compris celui qui est pape aujourd’hui et qui l’a
nommé prélat de l’IOR [Institut pour les Œuvres de Religion], c’est-à-dire
son homme de confiance à la banque du Vatican.
Jusqu’à présent on n’a pas constaté qu’il y ait eu la moindre mise en œuvre
d’un projet dont Bergoglio avait parlé il y a deux printemps de cela : celui
de faire disparaître le "lobby gay" de la curie, qu’il avait trouvé bien
vivant.
Beaucoup plus qu’à la curie, c’est dans le cadre du synode des évêques que
ce pontificat innove.
François a fait du synode une structure presque permanente, en redonnant
libre cours à des discussions auxquelles les papes précédents avaient mis
fin, comme celle qui concerne la distribution de la communion aux divorcés
remariés et, en définitive, celle qui concerne l'acceptation ou non du
remariage des divorcés.
Cela a fait naître entre les courants opposés une bataille très dure, à
laquelle prennent part principalement les évêques des "périphéries", en
particulier ceux d'Afrique et d'Europe de l'Est, qui manifestent une
opposition intransigeante d’une part au divorce et d’autre part à
l’acceptation des unions homosexuelles.
Mais en fin de compte, après la session du synode qui aura lieu au mois
d’octobre prochain, c’est le pape qui décidera, en monarque absolu, et il a
tenu à le rappeler en citant le code de droit canonique.
Sa sympathie va manifestement à la tendance progressiste, qui est animée par
les cardinaux allemands, et à la pratique, tolérante, des Églises orthodoxes
d'Orient qui bénissent déjà les remariages de divorcés.
Mais d’autre part François dit qu’il est fasciné par Paul VI et il continue
à citer comme un modèle de courage prophétique l'encyclique "Humanae
Vitae" dans laquelle ce pape a condamné les contraceptifs et
approuvé uniquement les méthodes naturelles de contrôle des naissances.
Il l’a fait pour l’énième fois à Manille, il y a de cela quelques jours, en
faisant toutefois remarquer que Paul VI était également "très miséricordieux
envers les cas particuliers et qu’il demandait aux confesseurs d’être très
compréhensifs".
Et c’est probablement ainsi que cette affaire va finir.
Dans ses propos François maintiendra fermement la doctrine catholique de
l'indissolubilité et, en même temps, il encouragera les évêques et le clergé
à faire preuve de compassion et de compréhension "pastorale", c’est-à-dire
pratique, pour les mariages qui finissent mal et sont suivis d’un autre
mariage.
Paul VI, qui a été proclamé bienheureux à la fin du dernier synode, s’était
attiré, en publiant "Humanæ vitæ", un déluge de critiques, venant de
l’extérieur et de l’intérieur de l’Église.
Pour François, c’est le contraire qui pourrait se produire, parce qu’il
semble donner satisfaction à la fois aux intransigeants et aux novateurs.
***
Cette note est parue dans "L'Espresso" n° 4 de 2015, en vente en kiosque à
partir du 23 janvier, à la page d'opinion intitulée "Settimo cielo", confiée
à Sandro Magister.
Voici la liste de toutes les précédentes notes
►"L'Espresso"
au septième ciel
***
Les scandaleux antécédents de Mgr Battista Ricca ont été révélés de manière
détaillée par "L'Espresso" au mois de juillet 2013, après sa promotion au
poste de prélat de l’IOR par le pape François
►Le
prélat du lobby gay
Un mois plus tard, interpellé par une journaliste brésilienne au cours du
vol qui le ramenait de Rio de Janeiro à Rome, François s’était borné à dire
qu’il n’avait rien trouvé à propos de ces antécédents scandaleux dans le
dossier officiel de Ricca qui lui avait été remis pour information avant la
nomination.
Cependant il existe un grand nombre de témoins directs de ces faits qui, dix
ans auparavant, avaient provoqué le rappel de Ricca à Rome et son exclusion
des fonctions en nonciature, ainsi qu’une documentation irréfutable, que le
pape François lui-même s’était déjà fait adresser par la nonciature de
Montevideo.
Cela veut donc dire que Ricca, qui ne s’est pas repenti, a bénéficié,
lorsqu’il est revenu à Rome, d’appuis à la curie qui étaient loin d’être
marginaux, puisqu’ils ont été capables de faire disparaître des archives du
Vatican les traces infamantes de son passé et de relancer avec succès sa
carrière. À tel point que le pape actuel lui a manifesté sa confiance et
accordé une récompense.
Lors de cette même conférence de presse tenue à bord de l’avion qui le
ramenait de Rio à Rome, François avait déclaré qu’il n’avait rien – "qui
suis-je pour juger ?" – contre quelqu’un qui "est gay et cherche le Seigneur
avec bonne volonté".
Mais il avait ajouté : "Le problème, c’est quand on fait de cette tendance
un lobby, comme celui des milieux d’affaires, ou des hommes politiques, ou
des francs-maçons. Il y a tant de lobbys. Pour moi, ce problème-là est plus
grave".
Ce qui est certain, c’est qu’un an plus tard, au mois de juillet 2014, le
pape François, loin de mettre Ricca à l’écart et de s’attaquer au lobby qui
le protège, l’a confirmé à titre définitif dans les fonctions de prélat de
l’IOR, qu’il exerçait, jusqu’alors, seulement "ad interim", à titre
provisoire.
***
La conférence de presse du 28 juillet 2013, avec la question posée au pape à
propos de l’affaire Ricca et du "lobby gay" et sa réponse, où figure la
phrase : "Mais qui suis-je pour juger?"
►
Conférence
de presse du Saint-Père
Les discours du voyage du pape François au Sri Lanka et aux Philippines,
avec les références à l'encyclique "Humanæ vitæ" de Paul VI
►
Voyage apostolique 12-19 janvier 2015
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 24.01.2015 -
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