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Un compatriote de Benoit XVI à la tête de la banque du Vatican, dans
l'ombre de Bertone
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Le 22 février 2013 -
(E.S.M.)
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Un compatriote du pape Benoit XVI à la tête de la banque du
Vatican. Mais Nicora quitte la commission cardinalice de contrôle,
où entre un protégé du secrétaire d'état. La nomination du prélat
reportée au prochain pontificat
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La banque du Vatican
Un compatriote de Benoit XVI à la tête de la banque du Vatican, dans l'ombre
de Bertone
par Sandro Magister
Le 22 février 2013 - E.
S. M. -
Parmi les derniers actes de
gouvernement de Benoît XVI, les nominations concernant l’Institut pour les
Œuvres de Religion [IOR] - l’organisme financier ayant son siège au Vatican
où sont conservés, pour le compte de 20 772 clients, des dépôts qui
s’élevaient, au mois de novembre 2011, à 6,3 milliards d’euros - ont eu un
impact médiatique notable.
Pour commencer, le bureau de presse du Vatican a communiqué, le 15 février,
le nom du nouveau président du conseil de surveillance de I’IOR.
Il s’agit de l’Allemand Ernst von Freyberg, qui prend ainsi la succession
d’Ettore Gotti Tedeschi. Celui-ci a occupé ce poste de septembre 2009 à mai
2012, date à laquelle il a été brusquement évincé par ses collègues du
conseil.
Cette nomination a été annoncée par un communiqué du bureau de presse du
Vatican qui a été également publié à la page 2 de "L'Osservatore Romano"
daté du 16 février.
"La commission cardinalice de contrôle de l’Institut pour les Œuvres de
Religion (IOR) – indique ce document – a procédé à la nomination,
conformément aux statuts, du nouveau président du conseil de surveillance en
la personne d’Ernst von Freyberg. Les quatre autres membres du conseil de
surveillance conservent leur poste".
En vertu de l’article 8 des statuts de l’IOR de 1990, en effet, c’est à la
commission cardinalice qu’il incombe de nommer et de révoquer les membres
laïcs du conseil de surveillance.
Les quatre membres maintenus à leur poste sont l’Allemand Ronaldo Hermann
Schmitz, l'Américain Carl Albert Anderson, l’Espagnol Manuel Soto Serrano et
l'Italien Antonio Maria Marocco.?
"Cette décision – poursuit le communiqué – est le résultat d’une évaluation
en profondeur et de nombreux entretiens menés par la commission cardinalice,
toujours avec l’appui du conseil de surveillance. Cette démarche méticuleuse
et structurée a duré plusieurs mois et elle a permis d’évaluer de nombreux
candidats d’un haut niveau professionnel et moral, avec l’assistance d’un
cabinet international indépendant, leader de la sélection de hauts
dirigeants d’entreprise. Le Saint-Père, qui a suivi de près tout le
processus de sélection et de choix du nouveau président du conseil de
surveillance de l’IOR, a exprimé son plein accord quant à la décision prise
par la commission cardinalice".?
S’entretenant avec les journalistes, le père Federico Lombardi, directeur du
bureau de presse, a précisé que la décision avait été prise "à l’unanimité"
par les cardinaux dans la matinée du 13 février et que le pape en avait été
informé dans l’après-midi du 14, rappelant que, de toute façon, il ne
s’agissait pas en soi d’une nomination pontificale.
"La procédure de recherche du nouveau président de l’IOR a été lancée au
cours de l’été dernier", a expliqué Lombardi, avant d’ajouter : "C’est le
cabinet Spencer Stuart qui en a été chargé et la commission cardinalice lui
a donné mandat pour agir de cette façon".
"Le personnel du cabinet a traité cette mission d’une manière remarquable" a
continué le père Lombardi, qui a expliqué que "le cabinet a présenté
quarante candidats. La sélection a réduit ce nombre tout d’abord à six et
ensuite à trois candidats. Ceux-ci ont eu des entretiens avec la commission
cardinalice, les deux cardinaux qui résident hors de Rome [Scherer et Toppo
- ndlr] étant informés par téléphone".
Allemand, âgé de 55 ans, marié, von Freyberg est chevalier de l’ordre de
Malte et codirigeant de l’Association pour les pèlerinages à Lourdes du
diocèse de Berlin. Mais c’est un autre élément de son curriculum vitae qui a
déchaîné l’attention des médias.
En effet le nouveau président laïc de l’IOR est également président des
chantiers navals Blohm & Voss Group de Hambourg, dont "l’activité
fondamentale – a précisé Lombardi – est aujourd’hui la transformation et la
réparation de bateaux de croisière, l’activité concernant l’industrie
offshore, et la construction de yachts. Cette société fait également partie
d’un consortium qui construit quatre frégates pour la marine militaire
allemande".
Le porte-parole du groupe de chantiers navals a expliqué qu’il s’agissait de
bateaux qui étaient destinés à aider l’Allemagne et l’OTAN à combattre les
terroristes et les pirates et que, de toute façon, c’était la dernière
commande de ce genre que le groupe exécuterait, après quoi Blohm & Voss ne
s’occuperait plus de fournitures militaires.
*
Le lendemain du jour où la nomination de von Freyberg a été annoncée, on a
également appris que la commission cardinalice qui préside l’IOR avait été
renouvelée.
En effet, le 16 février, le bureau de presse a diffusé un communiqué,
également publié dans "L'Osservatore Romano" daté du jour suivant, par
lequel on a appris que Benoît XVI "a renouvelé pour une période de cinq ans"
la commission cardinalice de l’IOR.
Concrètement, le souverain pontife a confirmé dans leurs fonctions le
cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’état, qui reste donc président de la
commission, ainsi que les cardinaux Jean-Louis Tauran, président du conseil
pontifical pour le dialogue interreligieux, Odilo P. Scherer, archevêque de
São Paulo au Brésil, et Telesphore P. Toppo, archevêque de Ranchi en Inde.
Le seul membre de la commission qui ait été remplacé a été le cardinal
Attilio Nicora, président de l'Autorité d’Information Financière, l’AIF, à
la place de qui le pape a nommé le cardinal Domenico Calcagno, président de
l’Administration du Patrimoine du Siège Apostolique, l’APSA.
Ce changement n’a en soi rien de surprenant. En effet, dans le rapport
qu’ils ont rédigé, au mois de juillet dernier, à propos de l’entrée du
Saint-Siège dans le groupe des pays vertueux en matière de lutte contre le
terrorisme et contre le blanchiment de l’argent sale, les experts de
Moneyval avaient demandé qu’il soit mis fin au conflit d’intérêts créé par
la présence de Nicora à la fois au sein de l’organisme contrôleur, l'AIF, et
au sein d’un organisme contrôlé, l’IOR.
Toujours le 16 février, le père Lombardi a expliqué qu’il était prévu que le
conseil laïc, c’est-à-dire le conseil de surveillance de l’IOR, y compris
son nouveau président, von Freyberg, resterait en place jusqu’en 2015.
Le double changement survenu à la tête de l’IOR a provoqué une vague de
commentaires dans la presse ainsi que dans le monde ecclésiastique,
cardinaux compris.
D’aucuns se sont en effet demandé s’il était vraiment nécessaire de nommer
le nouveau président laïc du conseil de surveillance et, surtout, de
procéder au renouvellement des membres de la commission cardinalice
précisément au lendemain de l’annonce de la démission de Benoît XVI et à
quelques jours du début de la vacance du Saint-Siège. C’est-à-dire sans
attendre l’élection du nouveau pape, qui aura de toute façon, s’il le
désire, le pouvoir de modifier à son gré la composition de la commission
cardinalice.
En vertu des statuts de 1990, en effet, le pape intervient dans la
governance de l’IOR uniquement en ce qui concerne la nomination des cinq
cardinaux membres de la commission. En revanche, toutes les autres
nominations se font “en cascade”, c’est-à-dire qu’elles n’impliquent pas une
intervention directe du souverain pontife.
En effet le président de la commission cardinalice – qui a pour mission de
veiller "sur la fidélité de l’Institut aux normes statutaires" – "est
désigné par les membres de la commission elle-même". Le conseil de
surveillance composé de cinq professionnels laïcs – qui a la responsabilité
de l’administration et de la gestion de l’IOR, ainsi que celle de la
surveillance et de la supervision de ses activités sur le plan financier –
est, quant à lui, nommé par les cardinaux membres de la commission. Ensuite
le conseil de surveillance lui-même, après avoir obtenu l’approbation de la
commission cardinalice, nomme le directeur général et l’adjoint de celui-ci,
qui assurent la direction opérationnelle de l’Institut et qui sont, depuis
2007, Paolo Cipriani et Massimo Tulli.
Il n’existe, par ailleurs, aucune règle indiquant que le secrétaire d’état
est également président de la commission cardinalice de l’IOR. En effet, si
Jean Villot a dirigé la commission jusqu’à sa mort en 1979, son successeur,
Agostino Casaroli, bien qu’il ait été membre de la commission de 1979 à
1994, n’en est jamais devenu le président. Angelo Sodano, nommé secrétaire
d’état à la fin de 1990, a succédé à Casaroli en 1994 et il est devenu
immédiatement président de la commission. Tarcisio Bertone, pour sa part, a
commencé à faire partie de la commission cardinalice au mois d’octobre 2006,
un mois après avoir été nommé secrétaire d’état, mais il en est devenu
président seulement à la fin de 2007, après que Sodano eut quitté la
commission.
De plus l’IOR, bien qu’il soit qualifié d’"organisme central" de l’Église
catholique, ne fait pas partie de la curie romaine et il est donc
partiellement dégagé des règles qui régissent la vie du Saint-Siège.
On le constate, par exemple, en ce qui concerne les limites d’âge. Dans de
nombreux cas, en effet, lorsque les cardinaux membres de la commission sont
parvenus à l’âge de 80 ans, ils ont dû renoncer aux autres fonctions qu’ils
exerçaient à la curie, mais pas à celle de membre de l’IOR. C’est ce qui
s’est passé pour le cardinal Maximilien de Fürstenberg, qui a conservé cette
fonction jusqu’à sa mort, survenue en 1988, alors qu’il avait 84 ans, ou
pour Jozef Tomko, qui l’a conservée jusqu’en 2006, date à laquelle il a eu
82 ans. Les cardinaux Casaroli, John J. O'Connor, Carlo Furno, Rosalio José
Castillo Lara ont également été remplacés après avoir atteint l’âge de 80
ans.
Reste en suspens la question du prélat, personnage prévu par les statuts
comme charnière entre la commission cardinalice et le conseil de
surveillance laïc. Jusqu’en 1993, ce poste était occupé par Mgr Donato De
Bonis qui, antérieurement, à l’époque où les anciens statuts étaient en
vigueur, avait été le secrétaire du service administratif de l’IOR dont le
président était l’évêque Paul C. Marcinkus. De Bonis a quitté ces fonctions
en 1993 pour devenir prélat de l’Ordre de Malte et, depuis lors, le poste de
prélat de l’IOR est resté vacant, même si, dans les faits, la fonction était
exercée par le secrétaire particulier du secrétaire d’état.
Le poste de prélat fut même supprimé à la page de l’Annuaire pontifical 2000
consacrée à l’IOR. Mais pas dans les statuts. C’est ainsi que, au cours de
l’été 2006, la commission cardinalice présidée par le cardinal Sodano (qui
allait devoir abandonner sa charge de secrétaire d’état au mois de
septembre) nomma un nouveau prélat en la personne de Mgr Piero Pioppo, qui
était le secrétaire particulier de Sodano.
Au mois de janvier 2010, Pioppo a été fait archevêque et envoyé comme nonce
apostolique au Cameroun et en Guinée Équatoriale. Cela a eu comme
conséquence que le poste de prélat s’est trouvé vacant. En 2012, les
inspecteurs de Moneyval ont indiqué dans leur rapport qu’ils avaient appris,
à l’occasion des entretiens qu’ils avaient eus au Vatican, qu’un nouveau
prélat avait déjà été nommé. Mais il ne s’est rien passé.
Et lorsque Lombardi a présenté aux journalistes les toutes dernières
nominations à l’IOR, il a aussi déclaré que, en ce qui concernait la
nomination du prélat, il faudrait patienter encore. Il sera donc nécessaire,
au moins dans ce cas, d’attendre le prochain pontificat.
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 22.02.2013-
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