Une délégation de la Communauté de Sant'Egidio aux
funérailles d'Olivier Clément |
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Le 22 janvier 2009 -
(E.S.M.)
- Une délégation de la Communauté de Sant'Egidio de Rome et de Paris a
participé hier aux funérailles d'Olivier Clément dans l'église orthodoxe
russe Saint-Serge à Paris.
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Le Pr.
Andrea Riccardi -
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Une délégation de la Communauté de Sant'Egidio aux funérailles d'Olivier
Clemént.
Nous publions
ci-dessous le discours prononcé par Andrea Riccardi à l'issue de la
célébration.
Le 22 janvier 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
-
La liturgie contient en elle la lamentation, l'action de grâce, le
silence. Mes paroles ne peuvent rien ajouter. Je voudrais seulement
m'incliner devant une vie, celle d'Olivier Clément, mais aussi devant
l'Église qui l'a nourri, devant son épouse Monique qui l'a constamment
accompagné jusqu'au seuil au-delà duquel on avance seul, devant sa
famille, ses amis, le monde de foi et de culture qui a été le sien.
Clément n'a pas été un homme d’importance, si l’on entend par importance
une de ces sortes de pouvoir : sa vie a été sobre, modeste, quelquefois
marginale. Pourtant, au terme d’une intense recherche, il a connu la
force de la transfiguration. Il a compris que, plus que tout pouvoir,
c’est la voie du cœur qui fait être au centre. Son pouvoir est devenu le
pouvoir de la parole, de l'écriture, de l'amitié. C'est avec cela qu'il
a aidé de nombreuses personnes, bien davantage qu’on ne le pense. Je
voudrais témoigner de cette présence qui a été la sienne dans l'amitié
profonde avec moi, avec la Communauté de Sant’Egidio, pour laquelle il a
écrit son dernier livre. Et nous pourrions dire – nous l'avons
d’ailleurs écrit - combien la force de son amitié et de sa parole a
soutenu beaucoup de monde, ouvert des horizons, créé des ponts. Ce n'est
toutefois ni le lieu ni le moment.
Chaque vie est unique : la sienne a accueilli le souffle des grands
maîtres de l’émigration russe, en le vivant dans son être d'occidental
et de Français de souche. Ainsi a-t-il été un homme capable de respirer
et de parler avec ses deux poumons, mais capable aussi de comprendre les
différences sans accepter passivement la distance froide, l'ignorance
réciproque et le conflit. En cela, bien avant son œuvre très riche,
c’est sa vie même qui porte l’empreinte d'un homme d'unité, sans
irénisme facile. Il a connu personnellement la logique du don et de la
communion. Il connaissait la valeur de l'unité et de la paix, comme tous
ceux qui ont vécu le drame de la guerre ; tout comme aussi ces Européens
d’envergure, pour qui, on ne renonce jamais à porter un regard aux
dimensions plus vastes que celles de son pays, un regard, en somme
universel, qui porte jusque là où il peut porter.
A une époque de réalisme résigné sur l'avenir, il n'a pas renoncé à
espérer en un monde meilleur. Pendant la révolte
de 1968, il s'est mis à l'écoute de ce grand ancien de la tradition,
qu'était le patriarche Athënagoras, et a mieux compris qu'il n'y a pas
de nouveauté sans la tradition. C’est pour cela qu’il a parlé de révolte
de l'Esprit. Cela était palpable jusque dans les dernières
conversations avec lui, lorsque, devenu un ermite,
il montrait un véritable intérêt pour les nouvelles, pour les points
douloureux du monde, pour les retards des chrétiens, tout en souffrant
de l'absence d'espérance. Et l'on comprenait alors combien le
pessimisme pesait sur un homme qui ne pouvait pas bouger, mais qui
n'avait pas renoncé à espérer.
J'exprime ma gratitude envers lui pour le don de son amitié profonde,
affectueuse, capable d’orienter ; j'exprime ma gratitude envers le
Seigneur, envers la famille et la communauté qui ont été pour lui des
mères et des compagnes. Ce n'est pas l'heure des bilans, mais celle de
la confrontation avec le vide de la mort, qui nous incite à chercher des
signes et des promesses de la résurrection dans sa vie. Alors que sa vie
se défaisait dans la dignité, malgré la difficulté qu’il avait à parler,
malgré une situation objectivement difficile, j'ai perçu au cours des
visites de ces dernières années, une beauté qui m'attirait : celle d'un
homme qui aimait beaucoup la vie, mais qui regardait la mort en face
comme un passage. C'était la beauté d'un vieil
homme chrétien qui se faisait petit dans les bras du Seigneur.
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Deux maîtres qui nous quittent - Olivier
Clément et Henri Cazelles
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Sources : Communauté de Sant’Egidio
-
(E.S.M.)
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un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
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22.01.2009 -
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