L'Eurabie a une capitale: Rotterdam |
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Rome, le 21 mai 2009 -
(E.S.M.)
- L’un des résultats les plus incontestables du voyage de Benoît
XVI en Terre Sainte est l’amélioration des rapports avec l'islam.
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Bat Ye'or, une
chercheuse née en Egypte et de nationalité britannique
L'Eurabie a une capitale: Rotterdam
Le 21 mai 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
-
Ici, des quartiers entiers donnent une impression de Moyen Orient, les
femmes circulent voilées, le maire est musulman, les tribunaux et les
théâtres appliquent la charia. Un grand reportage dans la ville la plus
islamisée d'Europe
L’un des résultats les plus incontestables du voyage de Benoît XVI en Terre
Sainte est l’amélioration des rapports avec l'islam. Les trois jours passés
en Jordanie, puis la visite à la Coupole du Rocher à Jérusalem ont fait
passer dans le grand public musulman – pour la première fois aussi largement
– l'image d’un pape ami, entouré de leaders musulmans heureux de
l’accueillir et de collaborer avec lui pour le bien de la famille humaine.
Mais la distance entre cette image et la réalité crue des faits est
également incontestable. Non seulement dans les pays sous domination
musulmane, mais aussi là où les disciples de Mahomet sont minoritaires, par
exemple en Europe.
En 2002 Bat Ye'or, une chercheuse née en Egypte et de nationalité
britannique, spécialiste de l’histoire des minorités chrétiennes et juives –
dites "dhimmi" – dans les pays musulmans, a créé le mot "Eurabie"
pour définir le destin vers lequel elle voit se diriger l'Europe. Un destin
de soumission à l'islam, de "dhimmitude".
Oriana Fallaci a repris le mot "Eurabie" dans ses écrits et lui a
donné une résonance mondiale. Le 1er août 2005, Benoît XVI l’a reçue en
audience privée, à Castel Gandolfo. Elle refusait le dialogue avec l'islam,
lui le voulait et le veut. Mais ils sont tombés d'accord – comme elle l’a
raconté ensuite – pour reconnaître "la haine de soi" dont l'Europe fait
preuve, son vide spirituel, sa perte d'identité, alors même que le nombre
d’immigrés de confession musulmane y augmente.
La Hollande est à cet égard un test extraordinaire. C’est le pays où le
libre arbitre individuel est le plus développé – au point que l'euthanasie
des enfants y est permise – où l'identité chrétienne s’est le plus effacée,
où la présence musulmane devient la plus arrogante.
Le multiculturalisme y est la règle. Mais les contrecoups sont également
dramatiques: de l’assassinat du leader politique anti-islamiste Pim Fortuyn
à la persécution de la dissidente somalienne Ayaan Hirsi Ali et au meurtre
du metteur en scène Theo Van Gogh, condamné à mort pour le film "Submission"
qui dénonce les crimes de la théocratie musulmane. Le successeur de Fortuyn,
Geert Wilders, vit depuis six ans sous protection policière 24 heures sur
24.
Il y a en Hollande une métropole où cette nouvelle réalité se voit à l’œil
nu, plus qu’ailleurs. Où des quartiers entiers sont des morceaux de
Moyen-Orient, où se dresse la plus grande mosquée d'Europe, où les tribunaux
et les théâtres appliquent des éléments de la loi islamique, la charia, où
beaucoup de femmes circulent voilées, où le maire est musulman et fils
d’imam.
Cette métropole, c’est Rotterdam, deuxième ville de Hollande pour la
population, premier port d'Europe pour le volume des échanges.
Le reportage qui suit, réalisé à Rotterdam et publié par le quotidien
italien "il Foglio" le 14 mai 2009, est le deuxième d’une série de
sept qui constitue une grande enquête sur la Hollande.
L'auteur, Giulio Meotti, écrit aussi pour le "Wall Street Journal". Il
publiera en septembre prochain un livre-enquête sur Israël.
La photo ci-dessus, intitulée "Musulmanes à Rotterdam", a figuré dans
une exposition de deux photographes hollandais, Ari Versluis et Ellie
Uyttenbroek en 2008.
Dans la casbah de Rotterdam
par Giulio Meotti
A Feyenoord, on voit partout des femmes voilées filer comme l’éclair dans
les rues du quartier, évitant tout contact, surtout avec les hommes, même un
contact visuel. Feyenoord a la taille d’une ville, 70 nationalités y
cohabitent, on y vit de subventions et d’habitat populaire. C’est là que
l’on comprend le mieux que la Hollande – avec toutes ses lois
anti-discrimination et toute son indignation morale – est une société à
ségrégation totale. Bombardée deux fois par la Luftwaffe pendant la seconde
guerre mondiale, Rotterdam est une ville neuve. Comme Amsterdam, elle est en
dessous du niveau de la mer mais, contrairement à la capitale, elle n’a pas
de charme libertin. A Rotterdam ce sont les vendeurs arabes d’aliments halal
qui dominent l'esthétique urbaine, pas les néons des prostituées. Partout on
voit des casbah-cafés, des agences de voyages qui offrent des vols pour
Rabat et Casablanca, des posters de solidarité avec le Hamas et des cours de
néerlandais à prix avantageux.
Deuxième ville du pays, c’est une ville pauvre mais aussi le moteur de
l'économie avec son vaste port, le plus important d'Europe. Peuplée
majoritairement d’immigrés, elle possède la mosquée la plus haute et la plus
imposante de toute l’Europe. 60 % des étrangers qui arrivent en Hollande
viennent habiter ici. Ce qui frappe le plus quand on entre dans la ville en
train, ce sont les mosquées énormes, fascinantes, dans un paysage verdoyant,
luxuriant, boisé, humide : on dirait des corps étrangers par rapport au
reste. On l’appelle "Eurabie". Imposante, la mosquée Mevlana des
Turcs a les minarets les plus hauts d'Europe, plus hauts même que le stade
de l’équipe de football Feyenoord.
Beaucoup de quartiers de Rotterdam sont sous le contrôle de l'islamisme le
plus sombre et le plus violent. La maison de Pim Fortuyn se détache comme
une perle dans une mer de tchadors et de niqabs. Elle se trouve au 11
Burgerplein, derrière la gare. De temps à autre, quelqu’un vient poser des
fleurs devant la maison de ce professeur assassiné à Amsterdam le 6 mai
2002. D’autres laissent un papier: "En Hollande on tolère tout, sauf la
vérité". Un millionnaire nommé Chris Tummesen a acheté la maison de Pim
Fortuyn pour qu’elle reste intacte. Le soir précédant le meurtre, Pim était
nerveux, il avait dit à la télévision qu’un climat de diabolisation s’était
créé contre lui et ses idées. Et puis c’est arrivé, avec ces cinq coups de
feu dans la tête, tirés par Volkert van der Graaf, militant de la gauche
animaliste, un jeune maigrelet, calviniste, aux cheveux rasés, aux yeux
sombres, habillé comme un écologiste pur - gilet fait main, sandales,
chaussettes en laine de chèvre - végétarien absolu, "un garçon impatient
de changer le monde", disent ses amis.
Depuis peu, on a vu apparaître, au centre de Rotterdam des photos mortuaires
de Geert Wilders, placées sous un arbre avec une bougie indiquant sa mort
prochaine. Aujourd’hui l’homme politique le plus populaire de la ville est
Wilders, héritier de Fortuyn, ce professeur homosexuel, catholique,
ex-marxiste, qui avait lancé un parti pour sauver le pays de l'islamisation.
A ses funérailles il ne manquait que la reine Béatrice pour que l'adieu au
"divin Pim" devienne royal. D’abord présenté comme un monstre
(un ministre hollandais l’a traité d’"untermensch", sous-homme pour les
nazis), il a ensuite été idolâtré. Les prostituées d’Amsterdam
ont déposé une couronne de fleurs au pied de l'obélisque des victimes sur la
place Dam.
Il y a trois mois, L'Economist, un hebdomadaire éloigné des thèses
anti-islamiques de Wilders, qualifiait Rotterdam de "cauchemar eurabe".
Pour beaucoup de Hollandais qui y vivent, l'islamisme est aujourd’hui un
danger plus grave que le Delta Plan, le système de digues compliqué qui
empêche les inondations venues de la mer, comme celle de 1953 qui fit 2 000
morts. La pittoresque petite ville de Schiedam, à côté de Rotterdam, a
toujours été un bijou dans l’esprit des Hollandais. Mais elle a perdu cette
aura de mystère il y a trois ans, quand elle est devenue, dans les
quotidiens, la ville de Farid A., l'islamiste qui menaçait de mort Wilders
et la dissidente somalienne Ayaan Hirsi Ali. Depuis six ans, Wilders vit
sous protection policière 24 heures sur 24.
A Rotterdam les avocats musulmans veulent aussi changer les règles de droit,
demandant à pouvoir rester assis quand le juge entre. Ils ne reconnaissent
qu’Allah. L'avocat Mohammed Enait a refusé de se lever quand les magistrats
sont entrés dans la salle, disant que "l'islam enseigne que tous les hommes
sont égaux". Le tribunal de Rotterdam lui a reconnu le droit de rester
assis: "Il n’existe aucune obligation juridique imposant aux avocats
musulmans de se lever devant la cour, dans la mesure où ce geste est en
opposition avec les préceptes de la foi musulmane". Enait, qui dirige le
cabinet d’avocats Jairam Advocaten, a expliqué qu’il "considère tous les
hommes comme égaux et n’admet aucune forme de déférence envers qui que ce
soit". Tous les hommes, mais pas toutes les femmes. Enait est connu pour son
refus de serrer la main aux femmes, dont il a dit plusieurs fois qu’il les
préférait avec la burqa. Et des burqas, on en voit beaucoup à Rotterdam.
Que l'Eurabie existe désormais à Rotterdam, cela a été démontré par une
affaire survenue en avril au Zuidplein Theatre, l’un des plus prestigieux de
la ville, moderniste et fier de "représenter la diversité culturelle de
Rotterdam". Situé au sud de la ville, il est subventionné par la mairie
que dirige Ahmed Aboutaleb, musulman et fils d’imam. Il y a trois semaines,
le Zuidplein a accepté, au nom de la charia, de réserver tout un balcon aux
femmes. Cela se passait non pas au Pakistan ou en Arabie saoudite, mais dans
la ville d’où les Pères Fondateurs sont partis pour les Etats-Unis. Ici les
pèlerins puritains débarquèrent du Speedwell qu’ils échangèrent contre le
Mayflower. Ici a commencé l'aventure américaine. Ici, aujourd’hui, la charia
est légalisée.
A l’occasion du spectacle du musulman Salaheddine Benchikhi, le Zuidplein
Theatre a répondu favorablement à sa demande de réserver les cinq premiers
rangs aux femmes. Salaheddine, éditorialiste du site Morokko.nl, est connu
pour son opposition à l'intégration des musulmans. Le conseil municipal l’a
approuvé: "Selon nos valeurs occidentales, la liberté de vivre sa vie en
fonction de ses convictions est un bien précieux". Un porte-parole du
théâtre a aussi défendu le metteur en scène: "Il est difficile de faire
venir les musulmans au théâtre, alors nous sommes prêts à nous adapter".
Le metteur en scène Gerrit Timmers est également prêt à s’adapter. Ce qu’il
dit est assez symptomatique de ce que Wilders appelle "auto-islamisation".
Le premier cas d’autocensure est apparu justement à Rotterdam, en décembre
2000. Timmers, directeur du groupe théâtral Onafhankelijk Toneel, voulait
mettre en scène la vie de la femme de Mahomet, Aïcha. Mais l'œuvre a été
boycottée par les acteurs musulmans de la compagnie quand il est devenu
évident qu’ils allaient être une cible pour les islamistes. "Nous aimons
beaucoup la pièce, mais nous avons peur", ont-ils dit. Le compositeur,
Najib Cherradi, a déclaré qu’il se retirerait "pour le bien de ma fille". Le
quotidien "Handelsblad" a intitulé un article "Téhéran sur Meuse", du
nom du fleuve qui arrose Rotterdam. "J’avais déjà fait trois spectacles sur
les Marocains et, pour celui-là, je voulais des acteurs et des chanteurs
musulmans", nous raconte Timmers. "Mais ils m’ont dit que c’était un sujet
dangereux et qu’ils ne pouvaient pas y participer parce qu’ils avaient reçu
des menaces de mort. A Rabat un article a dit que nous finirions comme
Salman Rushdie. Pour moi, il était plus important de continuer le dialogue
avec les Marocains que de les provoquer. Voilà pourquoi cela ne me pose pas
de problème si les musulmans veulent séparer les hommes et les femmes dans
un théâtre".
Nous rencontrons le metteur en scène qui a introduit la charia dans les
théâtres hollandais, Salaheddine Benchikhi. Il est jeune, moderne,
orgueilleux, parle un anglais parfait. "Je défends le choix de séparer
les hommes des femmes parce qu’ici il y a la liberté d'expression et
d’organisation. Si les gens ne peuvent pas s’asseoir où ils veulent, c’est
de la discrimination. Il y a deux millions de musulmans en Hollande et ils
veulent que notre tradition devienne publique, tout évolue. Le maire
Aboutaleb m’a soutenu".
Il y a un an, la ville est entrée en ébullition quand les journaux ont rendu
publique une lettre de Bouchra Ismaili, conseillère municipale de Rotterdam:
"Ecoutez bien, freaks fous, nous sommes ici pour y rester. C’est vous qui
êtes des étrangers ici, avec Allah de mon côté je ne crains rien ;
laissez-moi vous donner un conseil: convertissez-vous à l'islam et trouvez
la paix". Il suffit de faire un tour en ville pour comprendre que, dans bien
des quartiers, on n’est plus en Hollande mais dans un morceau de
Moyen-Orient. Certaines écoles ont une "salle du silence" où les
élèves musulmans, majoritaires, peuvent prier cinq fois par jour, avec un
poster de la Mecque, le Coran et des ablutions rituelles avant la prière. Un
autre conseiller municipal musulman, Brahim Bourzik, veut faire dessiner en
divers points de la ville des emplacements où s’agenouiller en direction de
la Mecque.
Sylvain Ephimenco, journaliste franco-hollandais, vit à Rotterdam depuis 12
ans. Il a été pendant 20 ans correspondant de "Libération" en
Hollande et est fier de ses références de gauche. "Même si je n’y crois
plus maintenant", dit-il en nous accueillant dans sa maison qui donne
sur un petit canal de Rotterdam. Non loin de là se trouve la mosquée Al-Nasr
de l'imam Khalil al Moumni, qui, au moment de la légalisation du mariage
gay, a dit que les homosexuels étaient des "malades pires que des porcs". De
l’extérieur, on voit que la mosquée, construite par les premiers immigrés
marocains, a plus de 20 ans. Moumni a écrit une brochure qui circule dans
les mosquées hollandaises, "Le chemin du musulman", dans lequel il
explique qu’il faut couper la tête aux homosexuels et "l’accrocher au
bâtiment le plus haut de la ville". A côté de la mosquée Al-Nasr nous nous
asseyons dans un café réservé aux hommes. En face, il y a un abattoir halal
musulman. Ephimenco a écrit trois essais sur la Hollande et l'islam ;
aujourd’hui c’est un éditorialiste connu du quotidien chrétien de gauche "Trouw".
Il a la meilleure perspective pour comprendre une ville qui, peut-être plus
qu’Amsterdam elle-même, incarne la tragédie hollandaise.
"Ce n’est pas vrai du tout que Wilders recueille des voix dans les
banlieues ; tout le monde le sait même si on ne le dit pas", nous
dit-il. "Aujourd’hui, les électeurs de Wilders sont des gens cultivés,
même si au début c’était la Hollande des classes modestes, des tatoués.
Beaucoup d’universitaires et de gens de gauche votent pour lui. Le problème,
c’est tous ces voiles islamiques. Derrière chez moi, il y a un supermarché.
Quand je suis arrivé, il n’y avait pas un seul voile. Aujourd’hui, à la
caisse, il n’y a que des musulmanes en tchador. Wilders n’est pas Haider. Il
est de droite mais aussi de gauche, c’est un Hollandais typique. Ici, il y a
des horaires réservés aux femmes musulmanes à la piscine. Voilà l'origine du
vote pour Wilders. Il faut arrêter l'islamisation, la folie du théâtre. A
Utrecht, il y a une mosquée où les services municipaux sont séparés pour les
hommes et les femmes. Les Hollandais ont peur. Wilders s’oppose au
Frankenstein du multiculturalisme. Moi qui étais de gauche et qui
aujourd’hui ne suis plus rien du tout, je dis que nous avons atteint la
limite. J’ai senti que les idéaux des Lumières étaient trahis par cet
apartheid volontaire, je sens que, dans mon cœur, les idéaux d'égalité entre
hommes et femmes et de liberté d'expression sont morts. Ici la gauche est
conformiste et la droite a une meilleure réponse au multiculturalisme fou".
Tariq Ramadan, le célèbre islamiste suisse qui est aussi consultant spécial
de la municipalité, enseigne à l’Erasmus University de Rotterdam. Des
déclarations de Ramadan critiquant les homosexuels ont été découvertes par
la plus connue des revues gay hollandaises, "Gay Krant", dirigée par
un journaliste loquace, Henk Krol. Dans une cassette vidéo, Ramadan définit
l'homosexualité comme "une maladie, un désordre, un déséquilibre". Dans le
même film, Ramadan parle aussi des femmes, "dans la rue, elles doivent
garder les yeux baissés". Le parti de Wilders a demandé que le conseil
municipal soit dissous et l'islamiste genevois chassé, mais ce dernier a vu
son contrat renouvelé pour deux ans. Au même moment, de l’autre côté de
l'océan, l'administration Obama confirmait à Ramadan que l’accès au
territoire des Etats-Unis lui restait interdit. Dans l’un des films que
détient Krol, Ramadan dit aux femmes: "Allah a une règle importante: si tu
cherches à attirer l'attention par du parfum, par ton aspect ou tes gestes,
tu n’es pas dans la bonne direction spirituelle".
"Quand Pim Fortuyn a été tué, cela a été un choc pour tout le monde : un
homme avait été assassiné à cause de ce qu’il disait", nous dit Krol. "Ce
pays n’était plus le mien. Je pense encore à quitter la Hollande, mais pour
aller où? Ici nous avons tout critiqué, l’Eglise catholique et la
protestante. Mais quand nous avons critiqué l'islam, on nous a dit: Vous
êtes en train de créer de nouveaux ennemis! ". D’après Ephimenco, le
secret du succès de Wilders, c’est la rue: "A Rotterdam il y a trois
mosquées énormes, dont l’une est la plus grande d'Europe. Il y a de plus en
plus de voiles islamiques et un élan islamiste venu des mosquées. Je connais
beaucoup de gens qui ont quitté le centre-ville pour la banlieue riche et
blanche. Mon quartier est pauvre et basané. C’est une question d’identité,
dans la rue on ne parle plus néerlandais, mais arabe et turc".
Nous rencontrons l'homme qui a hérité de la rubrique de Fortuyn au quotidien
"Elsevier". Bart Jan Spruyt est un jeune et vigoureux intellectuel
protestant, fondateur de la Edmund Burke Society mais surtout auteur de la
"Déclaration d’indépendance" de Wilders, dont il est le collaborateur depuis
le début. "Ici, un immigré n’a pas besoin de lutter, d’étudier, de
travailler, il peut vivre aux frais de l’Etat", nous dit Spruyt. "Nous
avons fini par créer une société parallèle. Les musulmans sont majoritaires
dans beaucoup de quartiers et demandent la charia. Ce n’est plus la
Hollande. Notre usage de la liberté a fini par se retourner contre nous,
c’est un processus d’auto-islamisation".
Spruyt était un grand ami de Fortuyn. "Pim a dit ce que l’on savait
depuis des décennies. Il a attaqué l’establishment et les journalistes. Il y
a eu un grand soulagement populaire quand il est entré en politique, on
l’appelait le ‘chevalier blanc'. La dernière fois que j’ai parlé avec lui,
une semaine avant sa mort, il m’a dit qu’il avait une mission. Son
assassinat n’a pas été le geste d’un fou solitaire. En février 2001, Pim a
annoncé qu’il voulait que l’article premier de la constitution hollandaise
sur la discrimination soit modifié parce que selon lui, et il avait raison,
cet article tue la liberté d’expression. Le lendemain, dans les églises
hollandaises, en général vides et utilisées pour des réunions publiques, le
journal d’Anne Frank a été lu en guise de mise en garde contre Fortuyn. Pim
était vraiment catholique, plus qu’on ne le croit ; dans ses livres il
critiquait l'actuelle société sans père, sans valeurs, vide, nihiliste".
Chris Ripke est un artiste connu en ville. Son atelier est proche d’une
mosquée dans Insuindestraat. En 2004, choqué par l’assassinat du metteur en
scène Theo Van Gogh par un islamiste hollandais, Chris a décidé de peindre
sur le mur de son atelier un ange et le commandement biblique "Gij zult
niet doden", tu ne tueras pas. Les gens de la mosquée voisine ont trouvé
le texte "offensant" et ont appelé celui qui était alors maire de
Rotterdam, le libéral Ivo Opstelten, qui a ordonné à la police d’effacer la
peinture, jugée "raciste". Wim Nottroth, un journaliste de
télévision, s’est mis devant en signe de protestation. La police l’a arrêté
et le film a été détruit. Ephimenco a fait pareil à sa fenêtre: "J’y ai
placé une grande toile blanche avec le commandement biblique. Des
photographes et la radio sont venus. Si on ne peut plus écrire ‘tu ne
tueras pas' dans ce pays, alors cela veut dire que nous sommes tous en
prison. C’est comme l'apartheid, les blancs vivent avec les blancs et les
noirs avec les noirs. Il y a un grand froid. L'islamisme veut changer la
structure du pays". Ephimenco pense qu’une partie du problème est la
déchristianisation de la société. "Quand je suis arrivé ici, dans les années
Soixante, la religion était en train de mourir, un fait unique en Europe,
une déchristianisation collective. Et puis les musulmans ont remis la
religion au centre de la vie sociale. Aidés par l'élite antichrétienne".
Nous sortons faire un tour dans les quartiers islamisés. A Oude Westen on ne
voit que des arabes, des femmes voilées de la tête aux pieds, des magasins
alimentaires ethniques, des restaurants islamiques et des shopping centers
de musique arabe. "Il y a dix ans, il n’y avait pas tous ces voiles",
dit Ephimenco. Derrière chez lui, dans une zone bourgeoise et verdoyante
avec des maisons à deux étages, il y a un quartier islamisé. Partout des
enseignes musulmanes. "Regardez tous ces drapeaux turcs. Là, il y a une
église importante, mais elle est vide, plus personne n’y va". Au centre
d’une place se dresse une mosquée avec des inscriptions en arabe. "Avant,
c’était une église". Pas très loin, il y a le plus beau monument de
Rotterdam, une petite statue en granit de Pim Fortuyn. Sous la tête en
bronze brillant, la bouche ouverte pour prononcer le dernier discours en
faveur de la liberté de parole, il y a une inscription en latin: "Loquendi
libertatem custodiamus", gardons la liberté de parler. Chaque jour
quelqu’un dépose des fleurs.
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 21.05.2009 -
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