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Benoît XVI recommande la promotion de "l'oecuménisme de l'amour"
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Cité du Vatican, le 20 novembre 2006 -
(E.S.M.) - Le Pape Benoît XVI recommande la promotion de
"l'oecuménisme de l'amour" à l'Assemblée Plénière du Conseil
Pontifical pour l'Unité des Chrétiens: Le dialogue de la charité par
sa nature encourage et éclaire le dialogue de la vérité".
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Sa Sainteté Bartholomé Ier
Benoît XVI
recommande la promotion de "l'oecuménisme de l'amour"
Le Pape Benoît XVI recommande la promotion de "l'oecuménisme de l'amour" à
l'Assemblée Plénière du Conseil Pontifical pour l'Unité des Chrétiens: Le
dialogue de la charité par sa nature encourage et éclaire le dialogue de la
vérité. Ce ne sont certainement pas le relativisme ou le facile et faux
irénisme qui vont résoudre la recherche oecuménique"
"Ce qui est
encouragé avant tout, c'est l'oecuménisme de l'amour, qui descend
directement du commandement nouveau laissé par Jésus à ses disciples" :
c'est ce que le Saint-Père Benoît XVI a recommandé aux participants de
l'Assemblée Plénière du Conseil Pontifical pour la promotion de l'Unité des
Chrétiens, reçus en audience en fin de matinée, le 17 novembre. "L'amour
accompagné de gestes cohérents crée la confiance, fait ouvrir les coeurs et
les yeux - poursuit le Saint-Père. Le dialogue de la charité par sa nature
encourage et éclaire le dialogue de la vérité:
c'est en effet dans la pleine vérité que s'amorce la rencontre définitive à
laquelle conduit l'Esprit du Christ. Ce ne
sont certainement pas le relativisme ou le facile et faux irénisme qui vont
résoudre la recherche oecuménique. Et même ils la déforment et la
désorientent. La formation oecuménique s'intensifie en partant des
fondements de la foi chrétienne, c'est-à-dire de l'annonce de l'amour de
Dieu qui s'est révélé dans le regard de Jésus-Christ, et qui en même temps
dans le Christ a révélé l'homme à l'homme et lui a fait comprendre sa haute
vocation".
Partant du thème d'étude de l'Assemblée Plénière - "La
situation oecuménique en changement", le Pape a montré que "nous vivons dans
une période de grands changements dans presque tous les secteurs de la vie,
il n'y a donc pas à s'étonner si cela influe aussi sur la vie de l'Eglise et
sur les rapports entre les chrétiens. Il faut toutefois rappeler que même en
présence de changements de situation, de sensibilité, de problématiques, le
but du mouvement oecuménique reste inchangé:
l'unité visible de l'Eglise". Puis le Pape Benoît XVI a rappelé
son engagement, exprimé dès le début de son pontificat, pour le
rétablissement de la pleine unité entre tous les chrétiens souhaitée par le
Concile Vatican II.
Du Concile Vatican II à aujourd'hui, beaucoup de
pas ont été faits vers la pleine communion, a rappelé le Pape. "Un énorme
travail a été accompli au niveau universel et au niveau local. La fraternité
entre tous les chrétiens a été redécouverte et rétablie comme condition de
dialogue, de coopération, de prière commune, de solidarité. Ma
visite imminente à Sa Sainteté Bartholomé Ier et au Patriarche
Oecuménique sera un signe supplémentaire de considération pour les Eglises
orthodoxes, et agira comme un stimulant - nous confie-t-il - pour accélérer
le pas vers le rétablissement de la pleine communion". Le Pape Benoît XVI a
poursuivi : "Concrètement, cependant, nous devons reconnaître qu'un grand
chemin reste encore à parcourir. Depuis le Concile Vatican II la situation,
sous de nombreux aspects, a changé. Les changements rapides dans le monde
ont eu leurs répercussions sur l'oecuménisme". De nombreuses Eglises
d'Orient, une fois la liberté retrouvée, sont aujourd'hui engagées dans un
large processus de réorganisation et de revitalisation. "Les parties
occidentale et orientale de l'Europe se rapprochent;
cela stimule les Eglises à coordonner leurs efforts pour la sauvegarde de la
tradition chrétienne et pour l'annonce de l'Evangile aux nouvelles
générations. Cette collaboration est rendue particulièrement urgente
par la situation de sécularisation avancée, surtout dans le monde
occidental". Le dialogue théologique entre l'Eglise catholique et les
Eglises orthodoxes a pris un nouvel élan, et à ce propos le Pape a dit
nourrir de grandes espérances "pour le futur chemin qui sera fait dans le
respect des différences théologiques, liturgiques et disciplinaires
légitimes". A enregistrer également les progrès faits par les Communautés
ecclésiales d'occident "dans la connaissance réciproque, dans le dépassement
des préjugés, dans la confirmation de quelques convergences, et dans
l'identification plus précise des vraies divergences".
Montrant les
divergences, le Saint-Père affirme qu' "il reste avant tout la difficulté de
trouver une conception commune sur le rapport entre l'Evangile et l'Eglise,
sur le mystère de l'Eglise et de son unité, et sur la question du ministère
dans l'Eglise. De nouvelles difficultés sont ensuite apparues dans le
domaine éthique, où les différentes positions des confessions chrétiennes
sur les problématiques actuelles ont réduit l'influence de l'Eglise à
orienter l'opinion publique. Il faut, de ce point de vue, un dialogue
approfondi sur l'anthropologie chrétienne, sur l'interprétation de l'Evangile
et sur son application concrète".
Enfin le Pape Benoît XVI a rappelé
l'importance particulière de l'oecuménisme spirituel, "insistant sur la
prière, sur la charité, sur la conversion du coeur pour un renouvellement
personnel et communautaire. Je vous exhorte à poursuivre dans cette voie,
qui a déjà donné tant de fruits et en donnera encore"
Texte intégral:
Monsieur le
Cardinal,
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs!
"A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ" (Rm
1, 7). C'est avec ce souhait de saint Paul aux Romains que je m'adresse à
vous, qui consacrez votre intelligence, votre amour et votre zèle à la
promotion de la pleine communion de tous les chrétiens, selon la volonté du
Seigneur lui-même qui a prié pour cette unité à la veille de sa passion, de
sa mort et de sa résurrection. Je remercie avant tout votre Président,
Monsieur le Cardinal Walter Kasper, pour son salut et son riche compte-rendu
du travail de votre Assemblée plénière, et je vous remercie, vous tous qui
avez apporté à cette rencontre votre expérience et votre espérance, en vous
engageant à identifier les réponses adaptées à une situation en évolution.
C'est précisément sur cela que porte le thème que vous avez choisi et
étudié: "La situation oecuménique en évolution". Nous vivons une période de
grands changements dans presque tous les domaines de la vie; il ne faut donc
pas s'étonner si cela a une influence également sur la vie de l'Eglise et
sur les relations entre les chrétiens.
Toutefois, il faut dire dès le départ que, en dépit des changements de
situations, de sensibilités et de problématiques, le but du mouvement
oecuménique demeure inchangé: l'unité visible de l'Eglise. Comme on le sait,
le Concile Vatican II considéra comme l'un des ses principaux objectifs le
rétablissement de la pleine unité entre tous les chrétiens (cf.
Unitatis Redintegratio, n. 1). Cela est également mon intention. Je profite
volontiers de cette occasion pour répéter et confirmer, avec une conviction
renouvelée, ce que j'ai affirmé au début de mon ministère sur la Chaire de
Pierre: "Son successeur actuel [de Pierre] - ai-je dit - prend comme premier
engagement de travailler sans épargner ses forces à la reconstruction de
l'unité pleine et visible de tous les fidèles du Christ. Telle est son
ambition, tel est son devoir pressant". Et j'ai ajouté: "Le Successeur
actuel de Pierre se laisse interpeller personnellement par cette question et
il est disposé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour promouvoir la
cause fondamentale de l'oecuménisme" (Insegnamenti, vol. I, 2005, p. 11).
En vérité, du Concile Vatican II à nos jours, de nombreux pas vers la pleine
unité ont été accomplis. J'ai devant les yeux l'image de la Salle du Concile
où les Observateurs délégués des autres Eglises et communautés ecclésiales
étaient attentifs, mais silencieux. Cette image a laissé la place, dans les
décennies successives, à la réalité d'une Eglise en dialogue avec toutes les
Eglises et communautés ecclésiales d'Orient et d'Occident. Le silence s'est
transformé en une parole de communion. Un immense travail a été accompli au
niveau universel et au niveau local. La fraternité entre tous les chrétiens
a été redécouverte et rétablie comme condition de dialogue, de coopération,
de prière commune, de solidarité. C'est ce que mon prédécesseur, le Pape
Jean-Paul II, de vénérée mémoire, a mis en évidence dans l'Encyclique sur
l'engagement oecuménique, dans laquelle il a, entre autres, affirmé de façon
explicite que "la progression de la communion est le fruit précieux des
relations entre les chrétiens et du dialogue théologique qu'ils
entretiennent. Les relations et le dialogue ont rendu les chrétiens
conscients des données de la foi qu'ils ont en commun" (Enc.
Ut Unum sint,
n. 49). Cette Encyclique soulignait les fruits positifs des relations
oecuméniques entre les chrétiens tant d'Orient que d'Occident. Comment ne
pas rappeler, dans ce contexte, l'expérience de communion vécue avec les
représentants des autres Eglises et communautés ecclésiales venus de tous
les continents pour prendre part aux funérailles de l'inoubliable Pape
Jean-Paul II et également à l'inauguration de mon pontificat? Le partage de
la douleur et de la joie est un signe visible de la nouvelle situation créée
parmi les chrétiens. Que Dieu en soit béni! Ma visite imminente à Sa
Sainteté Bartholomaios I et au Patriarcat oecuménique constituera un signe
supplémentaire de considération pour les Eglises orthodoxes, et agira comme
un encouragement - nous en sommes certains - pour hâter le pas vers le
rétablissement de la pleine communion.
De façon réaliste, toutefois, nous devons reconnaître que beaucoup de chemin
reste encore à accomplir. Depuis le Concile Vatican II, la situation a
changé sous de nombreux aspects et le Cardinal Kasper nous a décrit les
grandes lignes de ces changements. Les bouleversements rapides dans le monde
ont eu des répercussions également sur l'oecuménisme. Un grand nombre des
vénérables Eglises d'Orient, à l'époque du Concile, vivaient dans des
conditions d'oppression à cause des régimes dictatoriaux. Aujourd'hui, elles
ont retrouvé leur liberté et sont engagées dans un vaste processus de
réorganisation et de revitalisation. Nous sommes proches d'elles à travers
nos sentiments et notre prière. La partie orientale et la partie occidentale
de l'Europe se rapprochent; cela encourage les Eglises à coordonner leurs
efforts en vue de la sauvegarde de la tradition chrétienne et pour l'annonce
de l'Evangile aux nouvelles générations. Une telle collaboration devient
particulièrement urgente du fait de la situation de sécularisation avancé,
notamment dans le monde occidental. Heureusement, après une période de
nombreuses difficultés, le dialogue théologique entre les Eglises
catholiques et les Eglises orthodoxes a connu un nouvel élan. La Commission
mixte internationale de dialogue a pu se rencontrer de façon positive à
Belgrade, bénéficiant de l'accueil généreux de l'Eglise orthodoxe de Serbie.
Nous nourrissons de grandes espérances pour le chemin futur qui sera
accompli dans le respect des légitimes différences en matière de théologie,
de liturgie et de discipline, en vue d'atteindre une communion de foi et
d'amour toujours plus pleine, dans laquelle un échange toujours plus profond
entre les richesses spirituelles de chaque Eglise est possible.
Avec les communautés ecclésiales d'Occident également, nous avons instauré
divers dialogues bilatéraux, ouverts et amicaux, qui enregistrent des
progrès dans la connaissance réciproque, dans le dépassement des préjugés,
dans la confirmation de certaines convergences, et dans l'identification
plus précise des véritables divergences. Je voudrais mentionner en
particulier la "Déclaration commune sur la Doctrine de la Justification", à
laquelle nous sommes parvenus dans le dialogue avec la Fédération
luthérienne mondiale et le fait que le Conseil méthodiste mondial, pour sa
part, a donné son assentiment à cette Déclaration. Entre-temps sont apparues
diverses problématiques importantes, qui exigent un approfondissement et un
accord. Il reste avant tout la difficulté de trouver une conception commune
sur la relation entre l'Evangile et l'Eglise et, en relation à cela, sur le
mystère de l'Eglise et de son unité et sur la question du ministère dans l'Eglise.
De nouvelles difficultés sont ensuite apparues dans le domaine éthique;
ainsi, les différentes positions adoptées par les confessions chrétiennes
sur les problématiques actuelles ont affaibli leur influence sur la
formation de l'opinion publique. Précisément de ce point de vue, un dialogue
approfondi sur l'anthropologie chrétienne est nécessaire, ainsi que sur
l'interprétation de l'Evangile et sur son application concrète.
Ce qui, de toutes façons, doit être avant tout promu, est l'oecuménisme de
l'amour, qui découle directement du commandement nouveau laissé par Jésus à
ses disciples. L'amour accompagné de gestes cohérents engendre la confiance,
ouvre les coeurs et les yeux. Le dialogue de la charité, de par sa nature,
promeut et illumine le dialogue de la vérité: c'est en effet dans la pleine
unité qu'aura lieu la rencontre définitive à laquelle conduit l'Esprit du
Christ. Ce ne sont certainement pas le relativisme ou un irénisme facile et
faux qui résolvent la recherche oecuménique. Au contraire, ceux-ci la
déforment et la désorientent. Il faut ensuite intensifier la formation
oecuménique, en partant des fondements de la foi chrétienne, c'est-à-dire de
l'amour de Dieu qui s'est révélé dans le visage de Jésus Christ et qui a en
même temps révélé, dans le Christ, l'homme à l'homme et lui a fait
comprendre sa très haute vocation (cf.
Gaudium et Spes,
n. 22). Ces deux dimensions essentielles sont soutenues par la coopération
pratique entre les chrétiens, qui "exprime vivement l'union déjà existante
entre eux, et [elle] met en plus lumineuse évidence le visage du Christ
serviteur" (Unitatis redintegratio, n. 12).
En conclusion de ces paroles, je veux répéter l'importance tout à fait
particulière de l'oecuménisme spirituel. C'est donc à juste titre que le
Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens s'engage dans
celui-ci, en s'appuyant sur la prière, sur la charité, sur la conversion du
coeur pour un renouveau personnel et communautaire. Je vous exhorte à
poursuivre sur cette voie, qui a déjà porté tant de fruits, et qui en
portera d'autres encore. Pour ma part, je vous assure du soutien de ma
prière tandis que, en gage de ma confiance et de mon affection, je donne à
tous ma Bénédiction apostolique particulière.
© Copyright 2006 - Libreria Editrice Vaticana
Sources: Vatican (S.L.)-
E.S.M.
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 20.11.2006 - BENOÎT XVI |