Homélie de Benoît XVI, Vêpres
solennelles pour l'Ouverture de l'Année Sacerdotale |
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Le 20 juin 2009 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI a présidé les Vêpres solennelles pour
l'Ouverture de l'Année Sacerdotale, début d’une année importante
pour l’Église : une année jubilaire, une année sainte, une Année
du Sacerdoce.
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Le pape Benoît XVI
Homélie de Benoît XVI, Vêpres
solennelles pour l'Ouverture de l'Année Sacerdotale
Le 20 juin 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Le pape Benoît XVI a présidé les Vêpres solennelles pour l'Ouverture
de l'Année Sacerdotale, en cette Journée pour la sanctification des prêtres
et la solennité du Sacré Cœur de Jésus.
Le Pape a rappelé aux prêtres de se mettre à l'écoute de Saint Jean-Marie
Vianney, le curé d'Ars, proclamé à l'occasion "patron des prêtres du monde",
et dont les reliques ont été apportées spécialement à Rome par l'évêque du
diocèse d'Ars-Bellay.
Chers frères et sœurs,
Dans l'antienne du Magnificat, nous chanterons d'ici peu : « Le Seigneur
nous a accueillis dans son cœur - Susceptit nos Dominus in sinum et cor suum
». Dans l'Ancien Testament, il est question 26 fois du cœur de Dieu,
considéré comme l'organe de sa volonté : c'est par rapport au cœur de Dieu
que l'homme est jugé. A cause de la douleur que son cœur éprouve pour les
péchés de l'homme, Dieu décide le déluge, mais s'émeut ensuite face à la
faiblesse humaine et pardonne. Il y a ensuite un passage vétérotestamentaire
dans lequel le thème du cœur de Dieu est exprimé de façon absolument claire
: c'est dans le chapitre 11 du livre du prophète Osée, où les premiers
versets décrivent la dimension de l'amour avec lequel le Seigneur s'est
adressé à Israël à l'aube de son histoire : « Quand Israël était jeune,
je l'aimais, et d'Egypte j'appelai mon fils » (v. 1).
En vérité, à l'inlassable prédilection divine, Israël répond avec
indifférence et même ingratitude. « Mais plus je les appelais - est
obligé de constater le Seigneur - plus ils s'écartaient de moi»
(v. 2). Toutefois, Il n'abandonne jamais Israël
aux mains des ennemis, lit-on au verset 8 car «mon cœur - observe le
Créateur de l'univers - en moi est bouleversé, toutes mes entrailles
frémissent ».
Le cœur de Dieu frémit de compassion ! Aujourd'hui, en la solennité du Sacré
Cœur de Jésus, l'Eglise offre à notre contemplation ce mystère, le mystère
du cœur d'un Dieu qui s'émeut et reverse tout son amour sur l'humanité. Un
amour mystérieux, qui dans les textes du Nouveau Testament, nous est révélé
comme une passion incommensurable de Dieu pour l'homme. Il ne se rend pas
face à l'ingratitude et pas même devant le refus du peuple qu'il a choisi ;
au contraire, avec une infinie miséricorde, il envoie dans le monde son Fils
unique afin qu'il prenne sur lui le destin de l'amour détruit ; afin que,
vainquant le pouvoir du mal et de la mort, il puisse rendre la dignité de
fils aux êtres humains devenus esclaves par le péché. Tout cela a un prix
élevé : le Fils unique du Père s'immole sur la croix : « Ayant aimé les
siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin »
(cf. Jn 13, 1). Le symbole de cet amour qui va au-delà de la mort
est son côté transpercé par une lance. A cet égard, le témoin oculaire,
l'apôtre Jean, affirme : « L'un des soldats, de sa lance, lui perça le
côté et il sortit aussitôt du sang et de l'eau » (cf.
Jn 19, 34).
Chers frères et sœurs, merci car, répondant à mon invitation, vous êtes
venus nombreux à cette célébration par laquelle nous entrons dans l'Année
sacerdotale. Je salue Messieurs les cardinaux et les évêques, en particulier
le cardinal-préfet et le secrétaire de la Congrégation pour le clergé avec
ses collaborateurs, et l'évêque d'Ars. Je salue les prêtres et les
séminaristes des divers séminaires et collèges de Rome ; les religieux et
les religieuses, ainsi que tous les fidèles. J'adresse un salut spécial à Sa
Béatitude Ignace Youssef Younan, patriarche d'Antioche des Syriens, venu à
Rome pour me rencontrer et signifier publiquement l'« ecclesiastica
communio » que je lui ai accordée.
Chers frères et sœurs, arrêtons-nous ensemble pour contempler le Cœur
transpercé du Crucifié. Nous avons écouté à nouveau tout à l'heure, dans la
brève lecture tirée de la Lettre de saint Paul aux Ephésiens, que « Dieu,
riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, alors que
nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le
Christ [...] avec lui Il nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux, dans
le Christ Jésus » (Ep 2, 4-6). Etre en
Jésus Christ c'est déjà être assis dans les Cieux. Dans le cœur de Jésus est
exprimé le noyau essentiel du christianisme ; dans le Christ nous a été
révélée et donnée toute la nouveauté révolutionnaire de l'Evangile : l'Amour
qui nous sauve et nous fait vivre déjà dans l'éternité de Dieu.
L'évangéliste Jean écrit : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son
Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la
vie éternelle » (3, 16). Son cœur divin
appelle alors notre cœur ; il nous invite à sortir de nous-mêmes, à
abandonner nos certitudes humaines pour placer notre confiance en Lui, et,
suivant son exemple, à faire de nous-mêmes un don d'amour sans réserve.
S'il est vrai que l'invitation de Jésus à « demeurer dans son amour »
(cf. 15, 9) s'adresse à chaque baptisé, dans la fête du
Sacré-Cœur de Jésus, Journée de sanctification sacerdotale, cette invitation
retentit avec une plus grande force pour nous, prêtres, en particulier ce
soir, début solennel de l'Année sacerdotale, que j'ai voulu proclamer à
l'occasion du 150e anniversaire de la mort du saint curé d'Ars. Il me vient
immédiatement à l'esprit une belle et émouvante affirmation, reportée dans
le Catéchisme de l'Eglise catholique, où il dit : « Le sacerdoce est
l'amour du Cœur de Jésus » (n. 1589).
Comment ne pas rappeler avec émotion que c'est directement de ce Cœur qu'a
jailli le don de notre ministère sacerdotal ? Comment oublier que nous,
prêtres, sommes consacrés pour servir, humblement et avec autorité, le
sacerdoce commun des fidèles ? Notre mission est une mission indispensable
pour l'Eglise et pour le monde et elle demande une pleine fidélité au Christ
et une union incessante avec Lui ; c'est-à-dire qu'il exige que nous
tendions constamment à la sainteté, comme l'a fait saint Jean Marie Vianney.
Dans la Lettre qui vous a été adressée à l'occasion de cette année jubilaire
particulière, chers frères prêtres, j'ai voulu mettre en lumière certains
aspects caractéristiques de notre ministère, en faisant référence à
l'exemple et à l'enseignement du saint curé d'Ars, modèle et protecteur de
tous les prêtres, et en particulier des curés. Que ma lettre soit pour vous
une aide et un encouragement à faire de cette année une occasion propice
pour croître dans l'intimité avec Jésus, qui compte sur nous, ses ministres,
pour diffuser et consolider son Royaume, pour diffuser son amour, sa vérité.
C'est pourquoi, « à l'exemple du saint curé d'Ars, - ainsi ai-je
conclu ma
Lettre - laissez-vous conquérir par Lui et vous serez vous aussi,
dans le monde d'aujourd'hui, des messagers d'espérance, de réconciliation et
de paix !».
Se laisser conquérir pleinement par le Christ ! Tel a été le but de toute la
vie de saint Paul, vers qui nous avons tourné notre attention au cours de
l'Année paulinienne qui touche désormais à son terme ; cela a été l'objectif
de tout le ministère du saint curé d'Ars, que nous invoquerons
particulièrement durant l'Année sacerdotale ; que cela soit aussi l'objectif
principal de chacun de vous. Pour être des ministres au service de
l'Evangile, l'étude et une formation pastorale soignée et permanente est
certainement utile et nécessaire, mais cette «science de l'amour» que l'on
n'apprend que dans le «cœur à cœur» avec le Christ est encore plus
nécessaire. En effet, c'est Lui qui nous appelle pour rompre le pain de son
amour, pour remettre les péchés et pour guider le troupeau en son nom. C'est
précisément pour cela que nous ne devons jamais nous éloigner de la source
de l'Amour qui est son Cœur transpercé sur la croix.
Ce n'est qu'ainsi que nous serons en mesure de coopérer avec efficacité au
mystérieux « dessein du Père » qui consiste à « faire du Christ le
cœur du monde » ! Un dessein qui se réalise dans l'histoire, à mesure
que Jésus devient le Cœur des cœurs humains, en commençant par ceux qui sont
appelés à être les plus proches de lui, précisément les prêtres. Les «
promesses sacerdotales », que nous avons prononcées le jour de notre
ordination et que nous renouvelons chaque année, le Jeudi saint, lors de la
Messe chrismale, nous rappellent à cet engagement constant. Même nos
carences, nos limites et nos faiblesses doivent nous reconduire au Cœur de
Jésus. En effet, s'il est vrai que les pécheurs, en le contemplant, doivent
apprendre de Lui la nécessaire « douleur des péchés » qui les
reconduit au Père, cela vaut encore davantage pour les saints ministres.
Comment oublier, à ce propos, que rien ne fait davantage souffrir l'Eglise,
Corps du Christ, que les péchés de ses pasteurs, en particulier ceux qui se
transforment en « voleurs de brebis » (Jn 10, 1sq),
ou parce qu'ils les égarent avec leurs doctrines privées, ou encore parce
qu'ils les enserrent dans le filet du péché et de la mort ? Pour nous aussi,
chers prêtres, le rappel à la conversion et le recours à la Divine
Miséricorde est valable, et nous devons également adresser avec humilité au
Cœur de Jésus la demande pressante et incessante pour qu'il nous préserve du
risque terrible de faire du mal à ceux que nous sommes tenus de sauver.
Il y a quelques instants, j'ai pu vénérer, dans la Chapelle du Chœur, la
relique du saint Curé d'Ars : son cœur. Un cœur enflammé par l'amour divin,
qui s'émouvait à la pensée de la dignité du prêtre et qui parlait aux
fidèles avec des accents touchants et sublimes, affirmant que « après
Dieu, le prêtre est tout ! ... Lui-même ne se comprendra bien qu'au ciel
» (cf. Lettre pour l'Année sacerdotale, p. 2).
Chers frères, cultivons cette même émotion, que ce soit pour exercer notre
ministère avec générosité et dévouement, ou pour conserver dans notre âme
une véritable « crainte de Dieu » : la crainte de pouvoir priver de
tant de bien, par notre négligence ou notre faute, les âmes qui nous sont
confiées, ou de pouvoir - que Dieu nous en garde ! - leur faire du mal.
L'Eglise a besoin de prêtres saints ; de ministres qui aident les fidèles à
faire l'expérience de l'amour miséricordieux du Seigneur et qui en soient
des témoins convaincus. Dans l'adoration eucharistique, qui suivra la
célébration des vêpres, nous demanderons au Seigneur qu'il enflamme le cœur
de chaque prêtre de cette «charité pastorale» capable d'assimiler son «moi»
personnel à celui de Jésus Prêtre, de manière à pouvoir l'imiter dans
l'auto-donation la plus complète. Que la Vierge Mère nous obtienne cette
grâce ; Elle dont nous contemplerons demain avec une foi vive le Cœur
Immaculé. Le saint curé d'Ars nourrissait à son égard une dévotion filiale,
si bien qu'en 1836, en avance sur la proclamation du dogme de l'Immaculée
Conception, il avait déjà consacré sa paroisse à Marie « conçue sans
péché ». Et il garda l'habitude de renouveler souvent cette offrande de
la paroisse à la Sainte Vierge, en enseignant aux fidèles qu'« il suffit
de s'adresser à elle pour être exaucés », pour la simple raison qu'elle
«désire surtout nous voir heureux». Que la Vierge Sainte, notre Mère, nous
accompagne en l'Année sacerdotale que nous commençons aujourd'hui, afin que
nous puissions être des guides solides et éclairés pour les fidèles que le
Seigneur confie à nos soins pastoraux. Amen ! (Trad.
ZF09061906)
***
Un site Internet dédié à l'Année sacerdotale a été inauguré ce vendredi par
Benoît XVI, à l'adresse en ligne :
www.annussacerdotalis.org.
La congrégation romaine pour le Clergé a en effet mis au point ce
rendez-vous en ligne pour l'Année sacerdotale, en six langues : français,
allemand, anglais, italien, espagnol et portugais.
Le cardinal préfet de ce dicastère, Claudio Hummes, franciscain du Brésil,
indique dans un communiqué que cette initiative est au service de la vie des
prêtres spécialement pendant cette année qui leur est consacrée.
Le portail a pour objectif de constituer « une aide concrète » par
des « notes spirituelles » et différentes « informations »
concernant l'année sacerdotale.
« L'Année sacerdotale est très bien reçue dans le monde entier, se
réjouit le cardinal Hummes : la répercussion positive se généralise
rapidement. Participons donc avec engagement et créativité ».
►
Lettre de Benoît XVI aux prêtres à l'occasion de l'ouverture de l'Année
Sacerdotale
Texte original du
discours du Saint Père
►
Italien
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la vidéo en
Italien
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.l
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 20.06.09 -
T/Benoît XVI |