Synode des évêques d'Afrique: Benoît XVI
va leur remettre l'Instrumentum laboris |
|
Le 20 février 2009 -
(E.S.M.)
- Il y a dix ans, l'exhortation apostolique Ecclesia in Africa,
rédigée par Jean-Paul II à partir des propositions du Synode, désignait
les grandes plaies dont souffre l'Afrique. Annoncé par Benoît XVI en
juin 2006, le Synode des évêques d'Afrique a comme thème : « L'Église en Afrique. Réconciliation, justice
et paix ».
|
Synode des évêques d'Afrique: Benoît XVI
va leur remettre l'Instrumentum laboris
Hors-série de la revue Mission de l’Église, juillet-septembre 2008
(revue
des Œuvres Pontificales
Missionnaires).
▪ D’un synode africain à l'autre, sous la direction de Joseph Ndi-Okalla et
Mgr Antoine Ntalou, Karthala
L'Afrique se prépare à une nouvelle assemblée du Synode des évêques. Si le
premier « synode africain », tenu en 1994, s'était concentré sur l'héritage
et les perspectives d'inculturation, le prochain se veut avant tout attentif
au « cri de l'homme africain » (Jean-Marc Ela). Annoncé par Benoît
XVI en
juin 2006, il a comme thème : « L'Église en Afrique. Réconciliation, justice
et paix ». Son objectif est de promouvoir la justice sociale et la
libération de toutes les aliénations qui affligent l'Afrique, avec
l'ambition de faire naître une nouvelle espérance.
Centrée sur l'inculturation, l'assemblée de 1994 partait de la conviction
que Jésus-Christ est une « Bonne Nouvelle pour l'Afrique ». Cette conviction
n'a pas changé. Quelles figures du Christ l'expérience synodale africaine
a-t-elle permis d'approfondir ? Quel visage des communautés chrétiennes
donne-t-elle à voir ? En posant ces questions, le présent volume évite de
s'attarder dans les considérations dogmatiques. Très vite, il en vient à
s'interroger sur l'impact de l'Évangile sur les situations concrètes.
Il y a dix ans, l'exhortation apostolique
Ecclesia in Africa, rédigée par
Jean-Paul II à partir des propositions du Synode, désignait les grandes
plaies dont souffre l'Afrique : violences, guerres, oppositions tribales,
détournement des richesses nationales, connivence avec les intérêts privés,
etc. Son paragraphe 110 constatait : « Beaucoup de problèmes du continent
sont la conséquence d'une manière de gouverner souvent entachée de
corruption. » La liste des malheurs de l'Afrique n'a guère varié. Au regard
de ce sombre tableau, on comprend que la prochaine assemblée « africaine
»
du Synode ait choisi de porter sa réflexion sur la justice et la paix.
Ce choix s'impose comme une urgence au regard des bilans établis dans les
différents pays. C'est dans ce sens que s'orientent les Lineamenta, le
document préparatoire en vue du synode. Ils encouragent l'Église d'Afrique à
développer la solidarité inter ecclésiale, le dialogue interreligieux, etc.
Elle est surtout invitée à consacrer ses efforts à la formation des laïcs et
à leur responsabilité.
Dix ans après le premier Synode et à l'aube du second, il convenait de
regarder la situation en Afrique en face. L'ouvrage collectif qui nous
parvient aujourd'hui le fait sans complaisance. Le Synode est, pour les
auteurs, l'occasion non seulement d'établir un bilan, mais surtout de miser
sur l'avenir. Le tableau n'est pas brillant, mais il interdit de baisser les
bras. L'Église fait le pari de l'espérance.
Ce travail collectif reflète le regard d'Africains sur l'Afrique. C'est un
bon aperçu sur ce que vivent les communautés chrétiennes du continent et sur
leur volonté de prendre leurs pleines responsabilités dans la société. Parmi
les résolutions formulées lors du dixième anniversaire d'Ecclesia in Africa
figurait la question suivante : « Où nous faut-il semer la Bonne Nouvelle du
Christ ? » C'est à cette question, toujours actuelle, que devra répondre
cette seconde assemblée spéciale du Synode des évêques consacrée à
l'Afrique. Le présent travail en balise le chemin.
▪ Paroles et silences du synode africain (1989-1995), René Luneau,
Karthala
Le synode africain, célébré en avril-mai 1995, commence à se perdre dans les
brumes du passé. Pourtant, présentant ses fruits en Afrique en septembre de
la même année, Jean-Paul II a eu cette expression : « Le synode est terminé.
Le synode vient à peine de commencer. » On comprend dès lors le souci de
René Luneau de revenir sur cet événement important. Surtout si l'on songe
que « le christianisme du siècle qui vient sera, pour une part essentielle,
africain ».
Additionnant les compétences du sociologue, de l'homme d'Église et du
théologien, l'auteur a fait un véritable travail... de journaliste ! Rien ne
lui a échappé de ce qui s'est écrit, dit, réfléchi pendant les années de
préparation et le synode lui-même. Il nous présente donc un tableau
parfaitement informé et pondéré des forces et des faiblesses de l'Église
d'Afrique. Du côté des forces, on retiendra la problématique de
l'inculturation, avec la mise en valeur des petites communautés chrétiennes
et la définition de l'Église comme famille de Dieu. La formation du laïcat
est considérée comme cruciale pour l'avenir politique du continent. Du côté
des faiblesses, on remarque dans le texte final l'absence de certaines
propositions des Pères du synode, concernant par exemple le culte des
ancêtres, la création d'un ministère de consolation et de divers ministères
féminins. La question du ministère et de l'Eucharistie, d'ailleurs, n'a pas
été sérieusement examinée. Et on a oublié en cours de route l'existence
d'Églises indépendantes ou afro-chrétiennes. Pour nombre de questions,
l'absence d'experts et la méfiance à l'égard des théologiens se sont
cruellement fait sentir. Au total, un ouvrage référence pour tous ceux qui
veulent mieux apprécier le dynamisme, mais aussi les lourdeurs, de l'Église
catholique qui est en Afrique.
▪ Dieu peut-il mourir en Afrique ? Essai sur l'indifférence religieuse et
l'incroyance en Afrique noire, Eloi Messi Metogo, Karthala
Eloi Messi Metogo est dominicain et camerounais. Il prend le contrepied du
constat, si souvent répété qu'on oublie de le vérifier : l'Africain aurait
l'âme « incurablement religieuse ». Il s'efforce au contraire de montrer,
analyses du passé et du présent à l'appui, que l'indifférence et
l'incroyance ne sont pas importés de l'extérieur en Afrique, mais se
manifestent dans le tissu même de la société.
C'est ainsi que les récits traditionnels mettent souvent en scène le thème
de l'éloignement de Dieu. Plusieurs ethnies se contentent du culte des
ancêtres en faisant l'impasse sur le Dieu suprême. La religion africaine est
plus anthropocentrique que théocentrique, axée sur le culte de la vie, de la
force et de la fécondité. Critiquant sévèrement la théologie de
l'inculturation, Metogo plébiscite une problématique de libération à la
manière de Jean-Marc Ela. Il souhaite des Églises vraiment responsables de
leur foi, avec des laïcs formés. Il appelle surtout à un travail de la
raison qui permette de prendre la mesure de toutes les pratiques magiques.
▪ Note en vue du deuxième synode africain
Note établie par Maurice Cheza, et comportant une bibliographie d’appui pour
les groupes voulant s’investir dans une démarche de réflexion et de
discussion sur les thèmes synodaux. La Note a été publiée dans la Lettre n°
81 d’Afrique et Parole (mars 2008). Elle est disponible à l’adresse :
ici
Le premier synode africain «
Ecclesia in Africa »
La genèse : L'idée d'un « concile de l'Église catholique en Afrique » est
lancée en 1977, reprise en partie par les évêques du Zaïre lors de la visite
du Pape à Kinshasa en 1980. Jean-Paul II reconnaîtra plus tard qu'une
concertation est nécessaire, « sous une forme ou sous une autre ». Mais, en
1987, l'Assemblée plénière du Symposium des conférences épiscopales
d'Afrique et de Madagascar (SCEAM) se montre défavorable à un concile
africain.
L'annonce
Le 6 janvier 1989, Jean-Paul II annonce une Assemblée spéciale pour
l'Afrique du synode des évêques. Une commission se met au travail et
détermine le thème général : « L'Église en Afrique et sa mission
évangélisatrice vers l'an 2000, « Vous serez mes témoins » (Ac 1, 8). »
Le travail
En juillet 1990 sont présentées les
Lineamenta (lignes générales) lors de la
9e Assemblée du SCEAM à Lomé (Togo). 81 questions sont posées, et donnent le
départ au travail préparatoire effectué dans toutes les Églises
particulières d'Afrique. Les réponses doivent remonter à Rome avant fin
novembre 1991. En juin 1992 est mis au point l'Instrumentum laboris
(instrument de travail). L'Assemblée plénière s'est réunie à Rome du 10
avril au 8 mai 1994.
Le résultat
Le 6 mai, le texte du message synodal est rendu public. Par le contre, le
texte final des propositions (dont le nombre est passé de 61 à 64)
est voté
par les membres du synode et transmis au pape. Il reste secret
(voir une
version dans le livre : Le Synode africain: histoire et textes, Maurice Cheza, Karthala, 1994). Le 14 septembre 1995, à Yaoundé au Cameroun, en
présence des évêques de 29 pays d'Afrique de l'Ouest, d'Afrique centrale et
du Maghreb, l’exhortation apostolique «
Ecclesia in Africa », est
promulguée.
Les acteurs de ce premier synode
151 évêques élus par les Conférences épiscopales d'Afrique, auxquels se sont
joints 47 membres de droit (responsables de la Curie romaine, cardinaux
africains) et 37 membres nommés personnellement par Jean-Paul II, 8
religieux et 5 « délégués fraternels » d'autres confessions
chrétiennes.
▪ Le thème du second synode en octobre 2009
Le premier synode africain de 1994 avait cinq thèmes :
- évangélisation,
- inculturation,
- dialogue avec les autres religions,
- moyens de communication sociale,
- justice et paix.
Le second a pour thème la justice et la paix. Ainsi, le
thème du prochain synode porte une préoccupation très vive pour les
questions de société en Afrique. Déjà le premier synode en 1994 et les
innombrables propositions portant sur les questions économiques et
politiques faites par les évêques au Pape Jean-Paul II en vue de son
exhortation post-synodale, étaient des signaux forts d’urgence sociale.
C’est à ces appels qu’avait répondu la deuxième assemblée du SCEAM
(Association des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar) en 2000
et la publication de la Lettre pastorale « Le Christ est Notre Paix ».
Mais la préoccupation majeure de ces deux synodes reste l’évangélisation,
avec comme axe l’inculturation dans le premier et la justice et la paix dans
le second.
▪ Les Lineamenta
Elles sont divisées en une introduction et cinq chapitres :
▪ Le premier chapitre, "L'Afrique à l'aube du XXI siècle", décrit brièvement
l'état socio-économique,
politique, culturel et religieux de l'Afrique, le rôle des religions et en
particulier les rapports entre Islam et
Christianisme.
▪ Le deuxième chapitre, "Le Christ, parole et pain de vie,
notre réconciliateur, notre justice et notre paix",
souligne combien le "Christ apparaît comme le Sauveur des Africains et
Africaines" face aux graves
problèmes du continent.
▪ Le troisième chapitre, "L'Église, sacrement de
réconciliation, de justice et de paix en Afrique", expose
l'état d'un continent marqué par la guerre. "L'Église est appelée à
développer sa mission prophétique de
réconciliation".
▪ Le quatrième chapitre, "Le témoignage d'une Église reflétant la lumière du
Christ sur le monde", met en
évidence la priorité de la formation de laïcs qui "soient guidés par les
principes chrétiens et tendus vers le
bien commun", de manière "à influencer positivement les contextes
socio-politiques des divers pays".
▪ Le cinquième chapitre, intitulé "Les
ressources spirituelles pour la promotion de la réconciliation, de la
justice et de la paix en Afrique", demande à tous les catholiques d'annoncer
l'Évangile "en parole et parl'exemple de leur vie". Pour ce, il faut recourir aux "sources spirituelles
que sont la vie liturgique, la messeavant tout, l'adoration eucharistique puis les diverses autres formes de
prière".
▪ Enfin, les Lineamenta se terminent par un questionnaire dont le
but "est de faciliter la réflexion et le débat en vue des propositions
qui seront étudiées durant l'assemblée synodale".
▪ L’Instrumentum Laboris
Les 32 Conférences épiscopales d'Afrique ainsi que les Églises catholiques
orientales (Patriarcat copte d'Alexandrie) et le Conseil des Églises
éthiopiennes, devaient répondre aux 32 questions des
Lineamenta avant
novembre 2008. Le Conseil spécial pour l'Afrique s’est chargé de rassembler
toutes ces contributions. A partir
de ces contributions, le Secrétariat général du Synode et son Conseil
spécial pour l'Afrique rédigent
l'Instrumentum Laboris, c'est-à-dire le document de travail pour le Synode
qui se tiendra du 4 au 25 octobre
2009.
La dernière session de ce Conseil spécial pour l'Afrique a eu lieu fin
janvier 2009 à Rome. La précédente avait
eu lieu en novembre 2008. Dix évêques africains de toutes les régions du
continent ont participé à cette réunion
préparatoire, sous la conduite du cardinal Francis Arinze, préfet émérite de
la Congrégation pour le culte divin
et la discipline des sacrements.
Les participants ont travaillé à la rédaction l'Instrumentum laboris, dont
la version définitive, sera remise au
pape Benoît XVI pour son prochain voyage au Cameroun et en Angola en mars 2009.
Lors de la réunion, les évêques ont évoqué la situation politique et sociale
du continent, soulignant la présence
« d'éléments d'espérance », « dus en particulier au dynamisme de l'Église ».
Ainsi, comme pour le dernier synode, il est probable que l'accent soit mis
sur l'Évangile car l'Évangile est « source d'espérance, d'optimisme et de paix » ; et un appel fort à « la
réconciliation, au dialogue, à la solidarité
», pour surmonter les divisions dues à la diversité des traditions, des
religions, des ethnies et des langues ».
► L'Instrumentum laboris est donc l’ordre du jour proposé pour le Synode. Il
est aussi une nouvelle étape dans le processus de consultation en
rassemblant et en structurant les réponses aux Lineamenta qui ont été
envoyées. Il doit aider les évêques et les autres délégués au Synode à
choisir les points à examiner au cours du Synode et à décider des priorités
à proposer.
▪ Les responsables du prochain Synode pour l’Afrique
Le Synode d’octobre 2009 sera présidé par le pape lui-même. Il sera assisté
de trois présidents délégués : le cardinal nigérian Francis Arinze, membre
de la curie et ancien préfet de la Congrégation pour le culte divin et la
discipline des sacrements, le cardinal sénégalais Théodore-Adrien Sarr,
archevêque de Dakar, et le cardinal sud-africain Wilfrid Fox Napier,
archevêque de Durban. Est nommé rapporteur général le cardinal ghanéen Peter
Kodwo Appiah Turkson. L’archevêque de Cape Coast (Ghana), qui fêtera ses 61
ans au cours de l’assemblée synodale, en conduira les travaux et en rédigera
les conclusions. Une charge qui est toujours confiée à un prélat de premier
plan dont le souverain pontife souhaite mettre en avant les compétences
devant les évêques du monde entier. Enfin, le pape a nommé secrétaires
spéciaux du Synode Mgr Damião António Franklin, archevêque de Luanda
(Angola), et Mgr Edmond Djitangar, évêque de Sarh
(Tchad).
►
Le pape Benoit XVI se rend bientôt en visite au Cameroun et en Angola
►
Les thèmes africains de Benoît XVI à la veille de son voyage
Sources : (mission.catholique) E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 20.02.2009 -
T/Afrique |