Benoît XVI pour l'universalité de
l'homme |
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Cité du Vatican, le 19 avril 2008 -
(E.S.M.)
- A New-York hier matin, Benoît XVI s'est rendu au siège de
l'Organisation des Nations-Unies, où l'ont accueilli le
Secrétaire-général et le Président de l'Assemblée-générale. Il est le
troisième Pape à prendre la parole dans cette enceinte internationale
après Paul VI le 4 octobre 1965, et Jean-Paul II les 2 octobre 1979 et 5
octobre 1995.
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Benoît XVI pour l'universalité de l'homme
Synthèse du discours du Saint-Père
A New-York hier matin, Benoît XVI s'est
rendu au siège de l'Organisation des Nations-Unies, où l'ont accueilli le
Secrétaire-général et le Président de l'Assemblée-générale. Il est le
troisième Pape à prendre la parole dans cette enceinte internationale après
Paul VI le 4 octobre 1965, et Jean-Paul II les 2 octobre 1979 et 5 octobre
1995. Après un entretien privé avec M. Ban Ki-moon, le Pape a gagné la grande
salle pour s'adresser aux délégués des 192 états membres. Voici quelques
passages de son intervention:
"A travers les Nations-Unies, les états ont établi des objectifs universels
qui, même s'ils ne coïncident pas avec la totalité du bien commun de la
famille humaine, n'en représentent pas moins une part fondamentale. Les
principes fondateurs de l'organisation - le désir de paix, le sens de la
justice, le respect de la dignité de la personne, la coopération et
l'assistance humanitaires - sont l'expression des justes aspirations de
l'esprit humain et constituent les idéaux qui devraient sous-tendre les
relations internationales... Les Nations-Unies concrétisent l'aspiration à
un degré supérieur d'organisation à l'échelle internationale qui doit être
inspiré et guidé par le principe de subsidiarité et donc être capable de
répondre aux exigences de la famille humaine, grâce à des règles
internationales efficaces et à la mise en place de structures aptes à
assurer le déroulement harmonieux de la vie quotidienne des peuples. Cela
est d'autant plus nécessaire dans le contexte actuel où l'on fait
l'expérience du paradoxe évident d'un consensus multilatéral qui continue à
être en crise parce qu'il est encore subordonné aux décisions d'un petit
nombre, alors que les problèmes du monde exigent, de la part de la
communauté internationale, des interventions sous forme d'actions communes".
"En effet, les questions de sécurité, les objectifs de développement, la
réduction des inégalités au niveau local et mondial, la protection de
l'environnement, des ressources et du climat, requièrent que tous les
responsables de la vie internationale agissent de concert et soient prêts à
travailler en toute bonne foi, dans le respect du droit, pour promouvoir la
solidarité dans les zones les plus fragiles de la planète. Je pense en
particulier à certains pays d'Afrique et d'autres continents qui restent
encore en marge d'un authentique développement intégral, et qui risquent
ainsi de ne faire l'expérience que des effets négatifs de la mondialisation.
Dans le contexte des relations internationales, il faut reconnaître le rôle
primordial des règles et des structures qui, par nature, sont ordonnées à la
promotion du bien commun et donc à la sauvegarde de la liberté humaine. Ces
régulations ne limitent pas la liberté. Au contraire, elles la promeuvent
quand elles interdisent des comportements et des actions qui vont à
l'encontre du bien commun, qui entravent son exercice effectif et qui
compromettent donc la dignité de toute personne humaine".
"Nous pensons ici à la manière dont les résultats de la recherche
scientifique et des avancées technologiques ont parfois été utilisés. Tout
en reconnaissant les immenses bénéfices que l'humanité peut en tirer,
certaines de leurs applications représentent une violation évidente de
l'ordre de la création, au point non seulement d'être en contradiction avec
le caractère sacré de la vie, mais d'arriver à priver la personne humaine et
la famille de leur identité naturelle. De la même manière, l'action
internationale visant à préserver l'environnement et à protéger les
différentes formes de vie sur la terre doit non seulement garantir un usage
rationnel de la technologie et de la science, mais doit aussi redécouvrir
l'authentique image de la création. Il ne s'agira jamais de devoir choisir
entre science et éthique, mais bien plutôt d'adopter une méthode
scientifique qui soit véritablement respectueuse des impératifs éthiques".
"La reconnaissance de l'unité de la famille humaine et l'attention portée à
la dignité innée de toute femme et de tout homme reçoivent aujourd'hui un
nouvel élan dans le principe de la responsabilité de protéger. Tout état a
le devoir primordial de protéger sa population contre les violations graves
et répétées des Droits de l'homme, de même que des conséquences de crises
humanitaires liées à des causes naturelles ou provoquées par l'action de
l'homme. S'il arrive que les états ne soient pas en mesure d'assurer une
telle protection, il revient à la communauté internationale d'intervenir
avec les moyens juridiques prévus par la Charte des Nations-Unies et par
d'autres instruments internationaux. L'action de la communauté
internationale et de ses institutions, dans la mesure où elle est
respectueuse des principes qui fondent l'ordre international, ne devrait
jamais être interprétée comme une coercition injustifiée ou comme une
limitation de la souveraineté".
"Le principe de la responsabilité de protéger était considéré par l'antique Ius Gentium comme le fondement de toute action entreprise par l'autorité
envers ceux qui sont gouvernés par elle... Aujourd'hui comme alors, un tel
principe doit faire apparaître l'idée de personne comme image du Créateur,
ainsi que le désir d'absolu et l'essence de la liberté. Le fondement des
Nations-Unies, nous le savons bien, a coïncidé avec les profonds
bouleversements dont a souffert l'humanité lorsque la référence au sens de
la transcendance et à la raison naturelle a été abandonnée et que par
conséquent la liberté et la dignité humaine furent massivement violées.
Face à des défis nouveaux répétés, c'est une erreur de se retrancher
derrière une approche pragmatique, limitée à mettre en place des bases
communes, dont le contenu est minimal et dont l'efficacité est faible".
"La référence à la dignité humaine, fondement et fin de la responsabilité de
protéger, nous introduit dans la note spécifique de cette année, qui marque
le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de
l'homme. Ce document était le fruit d'une convergence de différentes
traditions culturelles et religieuses, toutes motivées par le désir commun
de mettre la personne humaine au centre des institutions, des lois et de
l'action des sociétés, et de la considérer comme essentielle pour le monde
de la culture, de la religion et de la science. Les droits de l'homme sont
toujours plus présentés comme le langage commun et le substrat éthique des
relations internationales. Tout comme leur universalité, leur indivisibilité
et leur interdépendance sont autant de garanties de protection de la dignité
humaine. Mais il est évident que les droits reconnus et exposés dans la
Déclaration s'appliquent à tout homme, cela en vertu de l'origine commune
des personnes, qui demeure le point central du dessein créateur de Dieu pour
le monde et pour l'histoire. Ces droits trouvent leur fondement dans la loi
naturelle inscrite au cour de l'homme et présente dans les diverses cultures
et civilisations. Détacher les droits humains de ce contexte signifierait
restreindre leur portée et céder à une conception relativiste, pour laquelle
le sens et l'interprétation des droits pourraient varier et leur
universalité pourrait être niée au nom des différentes conceptions
culturelles, politiques, sociales et même religieuses".
"A la fois nationale et internationale, la vie de la communauté met
clairement en évidence que le respect pour les droits et pour les garanties
qui leur sont attachées sont la mesure du bien commun, utilisée pour
apprécier le rapport entre justice et injustice, développement et pauvreté,
sécurité et conflits. Le mérite de la Déclaration universelle a été
d'ouvrir à des cultures, à des expressions juridiques et à des modèles
institutionnels divers la possibilité de converger autour d'un noyau
fondamental de valeurs et donc de droits. Mais c'est un effort qui, de nos
jours, doit être encore plus soutenu face à des instances qui cherchent à
réinterpréter les fondements de la Déclaration et à compromettre son unité
interne pour favoriser le passage de la protection de la dignité humaine à
la satisfaction de simples intérêts, souvent particuliers".
"Nous constatons souvent dans les faits une prédominance de la légalité par
rapport à la justice quand se manifeste une attention à la revendication des
droits qui va jusqu'à les faire apparaître comme le résultat exclusif de
dispositions législatives ou de décisions normatives prises par les diverses
instances des autorités en charge. Quand ils sont présentés sous une forme
de pure légalité, les droits risquent de devenir des propositions de faible
portée, séparés de la dimension éthique et rationnelle qui constitue leur
fondement et leur fin. La Déclaration universelle a en effet réaffirmé avec
force la conviction que le respect des Droits de l'homme s'enracine avant
tout sur une justice immuable, sur laquelle la force contraignante des
proclamations internationales est aussi fondée. C'est un aspect qui est
souvent négligé quand on prétend priver les droits de leur vraie fonction au
nom d'une perspective utilitariste étroite. Parce que les droits et les
devoirs qui leur sont liés découlent naturellement de l'interaction entre
les hommes, il est facile d'oublier qu'ils sont le fruit du sens commun de
la justice, fondé avant tout sur la solidarité entre les membres du corps
social et donc valable dans tous les temps et pour tous les peuples".
"A mesure que l'on avance dans l'histoire, de nouvelles situations
surgissent et l'on cherche à y attacher de nouveaux droits. Le discernement,
c'est-à-dire la capacité de distinguer le bien du mal, est encore plus
nécessaire quand sont en jeu des exigences qui appartiennent à la vie et à
l'action de personnes, de communautés et de peuples".
"Le discernement nous amène alors à souligner que laisser aux seuls états,
avec leurs lois et leurs institutions, la responsabilité ultime de répondre
aux aspirations des personnes, des communautés et de peuples tout entier
peut parfois entraîner des conséquences rendant impossible un ordre social
respectueux de la dignité de la personne et de ses droits. Par ailleurs, une
vision de la vie solidement ancrée dans la dimension religieuse peut
permettre d'y parvenir, car la reconnaissance de la valeur transcendante de
tout homme et de toute femme favorise la conversion du cour, ce qui conduit
alors à un engagement contre la violence, le terrorisme ou la guerre, et à
la promotion de la justice et de la paix. Cela favorise aussi un milieu
propice au dialogue interreligieux que les Nations-Unies sont appelées à
soutenir comme elles soutiennent le dialogue dans d'autres domaines de
l'activité humaine".
"Les droits de l'homme doivent évidemment inclure le droit à la liberté
religieuse, comprise comme l'expression d'une dimension à la fois
individuelle et communautaire, perspective qui fait ressortir l'unité de la
personne tout en distinguant clairement entre la dimension du citoyen et
celle du croyant. Il n'est donc pas imaginable que des croyants doivent se
priver d'une partie d'eux-mêmes -de leur foi- afin d'être des citoyens
actifs. Il ne devrait jamais être nécessaire de nier Dieu pour jouir de ses
droits. Il est d'autant plus nécessaire de protéger les droits liés à la
religion s'ils sont considérés comme opposés à une idéologie séculière
dominante ou à des positions religieuses majoritaires, de nature exclusive.
La pleine garantie de la liberté religieuse ne peut pas être limitée au
libre exercice du culte, mais doit prendre en considération la dimension
publique de la religion et donc la possibilité pour les croyants de
participer à la construction de l'ordre social".
"Ma présence au sein de cette assemblée est le signe de mon estime pour les
Nations-Unies et elle veut aussi manifester le souhait que l'organisation
puisse être toujours davantage un signe d'unité entre les états et un
instrument au service de toute la famille humaine. Elle manifeste aussi la
volonté de l'Eglise catholique d'apporter sa contribution aux relations
internationales d'une manière qui permette à toute personne et à tout peuple
de sentir qu'ils ont leur importance".
"Les Nations-Unies demeurent un lieu privilégié où l'Eglise s'efforce de
partager son expérience en humanité, qui a mûri tout au long des siècles
parmi les peuples de toute race et de toute culture, et de la mettre à la
disposition de tous les membres de la Communauté internationale. Cette
expérience et cette activité, qui visent à obtenir la liberté pour tout
croyant, cherchent aussi à assurer une protection plus grande aux droits de
la personne. Ces droits trouvent leur fondement et leur forme dans la nature
transcendante de la personne, qui permet aux hommes et aux femmes d'avancer
sur le chemin de la foi et de la recherche de Dieu dans ce monde. Il faut
renforcer la reconnaissance de cette dimension si nous voulons soutenir
l'espérance de l'humanité en un monde meilleur et si nous voulons créer les
conditions pour la paix, le développement, la coopération et la garantie des
droits pour les générations à venir".
Après le discours, le Saint-Père s'est successivement entretenu avec le
Président de l'Assemblée et avec celui du Conseil de sécurité, l'ambassadeur
macédonien et l'Ambassadeur sud-africain.
Texte intégral du
discours du Saint Père
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Allocution de Benoît XVI à l’Assemblée générale de l'Organisation des
Nations Unies
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Sources : www.vatican.va
080419 (2100) -
E.S.M.
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un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 18.04.2008 -
T/USA |