Homélie de Benoît XVI, messe des
Cendres |
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Le 19 février 2010 -
(E.S.M.)
- Dans son homélie des Cendres, le pape Benoît XVI souligne aussi une autre condition : « toute expression pénitentielle » n’a de « valeur aux yeux de Dieu » que si elle est « le signe de cœurs sincèrement repentis ».
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Le pape Benoît XVI en
procession
Homélie de Benoît XVI, messe des
Cendres
Le 19 février 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Benoît a déclaré la guerre à la suffisance. Il raconte, dans son
Message
de carême, la tentation et le péché de nos premiers parents : « En
s’emparant du fruit mystérieux, ils ont désobéi au commandement divin. Ils
ont substitué une logique du soupçon et de la compétition à celle de la
confiance en l’Amour, celle de l’accaparement anxieux et de l’autosuffisance
à celle du recevoir et de l’attente confiante vis-à-vis de l’autre
(cf. Gn 3, 1-6) de sorte qu’il en est résulté un sentiment
d’inquiétude et d’insécurité. Comment l’homme peut-il se libérer de cette
tendance égoïste et s’ouvrir à l’amour ? »
Dans son homélie des Cendres, le Saint-Père souligne aussi une autre condition : «
toute expression pénitentielle » n’a de « valeur aux yeux de Dieu
» que si elle est « le signe de cœurs sincèrement repentis ».
Un repentir auquel ouvre l’expérience de l’amour – « confiance en l’Amour
» -, qui précède toujours l’aveu. Le pape évoque, dès le début de son
homélie cette « toute puissance d’amour de Dieu, sa souveraineté absolue sur
toute créature, qui se traduit par une indulgence infinie, animée d’une
volonté de vie constante et universelle ».
Homélie du Saint-Père
« Tu aimes toutes tes créatures,
Seigneur,
et tu ne méprises rien
de ce que tu as créé ;
tu oublies les péchés
de ceux qui se convertissent
et tu leur pardonnes,
parce que tu es le Seigneur
notre Dieu »
(Antienne d'ouverture)
Vénérés frères dans l'épiscopat,
Chers frères et sœurs !
C'est par cette invocation émouvante, tirée du Livre de la Sagesse
(cf. 11, 23-26), que la liturgie introduit la
célébration eucharistique du mercredi des cendres. Ce sont des paroles qui,
d'une certaine manière, ouvrent tout l'itinéraire du carême, en posant à sa
base la toute puissance d'amour de Dieu, sa souveraineté absolue sur toute
créature, qui se traduit par une indulgence infinie, animée d'une volonté de
vie constante et universelle. De fait, pardonner à quelqu'un, cela revient à
lui dire : je ne veux pas que tu meures, mais que tu vives ; je veux
toujours et uniquement ton bien.
Cette certitude absolue a soutenu Jésus durant ses quarante jours passés
dans le désert de Judée, après le baptême reçu de Jean au Jourdain. Ce long
temps de silence et de jeûne a été pour lui un abandon complet au Père et à
son dessein d'amour ; ce fut un « baptême », c'est-à-dire une «
immersion » dans sa volonté, et dans ce sens, une anticipation de la Passion
et de la Croix. Avancer au désert et y demeurer longtemps, seul, signifiait
s'exposer volontairement aux assauts de l'ennemi, le tentateur, qui a fait
tomber Adam et par l'envie duquel la mort est entrée dans le monde
(cf. Sg 2, 24) ; cela signifiait engager la
bataille avec lui en terrain découvert, le défier sans autres armes que la
confiance sans limite dans l'amour tout puissant du Père. Ton amour me
suffit, je me nourris de ta volonté (cf. Jn 4, 34)
: cette conviction habitait l'esprit et le cœur de Jésus durant son «
carême ». Ce ne fut pas un acte d'orgueil, une entreprise titanesque,
mais un choix d'humilité, cohérent avec l'Incarnation et avec le baptême au
Jourdain, dans la ligne même de l'obéissance à l'amour miséricordieux du
Père qui a « tant aimé le monde qu'il lui a donné son Fils unique »
(Jn 3, 16).
Tout ceci, le Seigneur Jésus l'a fait pour nous. Il l'a fait pour nous
sauver, et en même temps, pour nous montrer le chemin pour le suivre. Le
salut est en effet don, il est grâce de Dieu, mais pour qu'il ait des effets
dans mon existence, il requiert mon consentement, un accueil démontré dans
les faits, c'est-à-dire dans la volonté de vivre comme Jésus, de marcher
derrière lui. Suivre Jésus au désert du carême est donc la condition
nécessaire pour participer à sa Pâque, à son « exode ». Adam a été
chassé du paradis terrestre, symbole de la communion avec Dieu ; pour
revenir à cette communion, et donc à la vraie vie, la vie éternelle, il faut
maintenant traverser le désert, l'épreuve de la foi. Non pas seuls, mais
avec Jésus ! Lui, comme toujours, nous a précédés et il a vaincu le combat
contre l'esprit du mal. Voilà le sens du carême, un temps liturgique qui
nous invite chaque année à renouveler le choix de suivre le Christ sur le
chemin de l'humilité pour participer à sa victoire sur le péché et sur la
mort.
Dans cette perspective, on comprend aussi le signe pénitentiel des cendres
qui sont imposées sur la tête de ceux qui commencent l'itinéraire du carême
avec bonne volonté. C'est essentiellement un geste d'humilité qui signifie :
je me reconnais pour ce que je suis, une créature fragile, faite de terre et
destinée à la terre, mais également faite à l'image de Dieu et destinée à
Lui. Poussière, oui, mais aimée, façonnée par son amour, animée par son
souffle vital, capable de reconnaître sa voix, et de lui répondre ; libre,
et, pour cela, capable aussi de lui désobéir, en cédant à la tentation de
l'orgueil et de l'auto-suffisance. Voilà le péché, maladie mortelle entrée
très tôt pour polluer la terre bénie qu'est l'être humain. Créé à l'image du
Saint et du Juste, l'homme a perdu son innocence et maintenant il ne peut
redevenir juste que grâce à la justice de Dieu, la justice de l'amour qui -
comme l'écrit saint Paul -, « s'est manifestée par la foi dans le Christ
» (Rm 3, 22). De ces paroles de l'Apôtre, j'ai
tiré le suc de mon Message, adressé à tous les fidèles à l'occasion de ce
carême : une réflexion sur le thème de la justice à la lumière des Saintes
Écritures et de leur accomplissement dans le Christ.
Dans les lectures bibliques du mercredi des cendres aussi, le thème de la
justice est bien présent. Avant tout, la page du prophète Joël, et le psaume
responsorial - le Miserere - forment un diptyque pénitentiel qui met en
relief le fait qu'à l'origine de toute injustice matérielle et sociale il y
a ce que la Bible appelle « l'iniquité », c'est-à-dire le péché qui consiste
fondamentalement dans une désobéissance à Dieu, ce qui revient à dire un
manque d'amour. « Oui, confesse le psalmiste, je connais mon iniquité, /
mon péché est toujours devant moi. / Contre toi, et toi seul, j'ai péché, /
ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait » (Ps 50/51,
5-6). Le premier acte de justice est donc de reconnaître son
iniquité, et de reconnaître qu'elle est enracinée dans le « cœur », au
centre même de la personne humaine. Les « jeûnes », les « pleurs
», les « lamentations » (cf. Jl 2, 12)
et toute expression pénitentielle n'ont de valeur aux yeux de Dieu que s'ils
sont le signe de cœurs sincèrement repentis. L'Évangile aussi, tiré du «
discours de la montagne », insiste sur l'exigence de pratiquer sa « justice
» - aumône, prière, jeûne - non pas devant les hommes, mais seulement sous
le regard de Dieu, qui « voit dans le secret »
(cf. Mt 6, 1-6.16-18). La vraie « récompense
» n'est pas l'admiration des autres, mais l'amitié avec Dieu et la grâce qui
en dérive, une grâce qui donne la paix et la force pour accomplir le bien,
aimer aussi qui ne le mérite pas, pardonner à qui nous a offensés.
La seconde lecture, l'appel de Paul à se laisser réconcilier avec Dieu
(cf. 2 Co 5, 20), contient l'un des célèbres paradoxes
pauliniens, qui renvoie toute la réflexion sur la justice au mystère du
Christ. Saint Paul écrit : « Celui qui n'avait pas connu le péché -
c'est-à-dire le Fils fait homme -, Dieu l'a fait péché pour nous, afin qu'en
lui nous puissions devenir justice de Dieu » (2 Co 5,
21). Dans le cœur du Christ, c'est-à-dire au centre de sa
Personne divine et humaine, s'est joué, en termes décisifs et définitifs,
tout le drame de la liberté. Dieu a porté son dessein de salut jusqu'en ses
conséquences extrêmes, en demeurant fidèle à son amour même au prix de
livrer son Fils unique à la mort, et à la mort sur la croix. Comme je l'ai
écrit dans le message de carême, « ici, la justice divine se montre
profondément différente de la justice humaine (...). Grâce à l'action du
Christ, nous pouvons entrer dans une justice "plus grande", celle de l'amour
(cf. Rm 13, 8-10) ».
Chers frères et sœurs, le carême élargit notre horizon, il nous oriente vers
la vie éternelle. Sur cette terre, nous sommes en pèlerinage, « car la
cité que nous avons ici-bas n'est pas définitive : nous attendons la cité
future » dit la Lettre aux Hébreux (He 13, 14).
Le carême fait comprendre le caractère relatif des biens de cette terre et
nous rend ainsi capables des sacrifices nécessaires, nous libérant pour
accomplir le bien. Ouvrons la terre à la lumière du Ciel, à la présence de
Dieu parmi nous. Amen. (ZF10021803)
Texte original du
discours du Saint Père
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Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 19.02.2010 -
T/Benoît XVI
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