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Benoît XVI pour la continuité et non pas la rupture
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SAMEDI 18 NOVEMBRE 2006 -
(E.S.M.) - Famille chrétienne nous habitue à des
commentaires sur l'actualité liturgique.
L'hebdomadaire sacrifie de nouveau au genre, avec cet article
du P. Alain Bandelier.
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La messe du Pape Benoît, par exemple, pas conforme à la Tradition ? Soyons
sérieux...
Benoît XVI pour
la continuité et non pas la rupture.
C'est une erreur grave de désigner par le vocable
"messe traditionnelle" la célébration de la liturgie avec les livres de
1962. Employer cette expression sous-entend que la liturgie post-conciliaire
non seulement n'est pas traditionnelle mais qu'elle ne peut pas l'être. Ce
qui est profondément choquant. La messe du Pape Benoît, par exemple, pas
conforme à la Tradition ? Soyons sérieux...
LA RESTAURATION DU "RITE DE S. PIE V": UN PAS VERS L'UNITE
OU UNE AGGRAVATION DES OPPOSITIONS EXISTANTES?
par le Père Alain BANDELIER
Parler du "rite de Pie V" et du "rite de Paul VI" est une erreur. A plus
forte raison, parler de "biritualisme" comme certaines personnes, y compris
des responsables, le font (pour le réclamer aussi bien que pour le refuser).
En effet, de quoi s'agit-il? De la célébration de l'Eucharistie dans l'Eglise
latine, selon le missel romain. Dans la tradition romaine de l'Eglise
latine, il n'y a et il ne peut y avoir qu'un rite,
le rite romain. C'est une erreur de perspective que d'opposer le
missel dit de Pie V au missel dit de Paul VI. Ils sont deux moments de
l'unique rite romain.
Cela appelle deux remarques, car beaucoup qui
donnent leur avis ont la mémoire courte. Premièrement, le rite romain est
une réalité vivante. Il n'a cessé de s'enrichir (et parfois de s'alourdir).
Saint Pie V a été lui-même artisan d'une réforme. Et avant lui, il y a
quinze siècles de vie liturgique. Après lui, c'est vrai, il y a eu une
certaine fixation du rituel, ce qui ne fut pas forcément une bonne chose.
En tous cas, Jean XXIII et surtout Pie XII ont introduit des
modifications non négligeables dans le missel qu'on ne peut plus dire de
saint Pie V et qu'on désigne comme le missel de 1962. Le concile Vatican II,
à la quasi unanimité des voix (y compris celle de Mgr Lefebvre), a voulu
"restaurer et faire progresser"("instaurandam atque fovendam") la liturgie -
l'idée d'une "réforme" liturgique ne traduit pas la pensée des Pères
conciliaires et même la trahit.
Deuxièmement, il ne faut pas
l'oublier, dans l'Eglise catholique il n'y a pas que le rite romain. Les
Eglises catholiques orientales ont chacune leur rite: maronite, syrien,
chaldéen, copte, etc. Nos disputes sont vraiment étranges, vues
d'Alexandrie, de Bagdad ou de Kiev. Et même dans l'Eglise latine, si le rite
romain est majoritaire, il peut coexister avec des rites régionaux
(mozarabe, milanais, etc.) ou des rites particuliers comme le rite
dominicain.
La question posée aujourd'hui est simple: est-il
souhaitable de permettre la célébration de messes selon l'une ou l'autre
forme du rite romain, celle d'avant le Concile et celle d'après le Concile?
Les deux formes qui auraient dû être successives peuvent-elles être
simultanées?
Jean-Paul II a répondu par le Motu proprio Ecclesia Dei
adflicta ((lire:
Ecclesia Dei
du 2 juillet 1988)
en ouvrant cette possibilité et en demandant aux évêques de l'accorder
généreusement (ce qui n'a guère été le cas en France, il faut l'avouer).
Faut-il faciliter davantage encore cette coexistence? C'est un choix
pastoral qui ne nous appartient pas. Quel qu'il soit, nous le ferons nôtre,
dans la confiance, car l'obéissance est la clé de l'unité. Les
désobéissances des uns comme des autres ont fait suffisamment de dégâts pour
qu'on n'ait pas le coeur d'en rajouter.
Il me semble évident qu'en
toute hypothèse cette dualité est un pis-aller et qu'elle ne peut se
prolonger indéfiniment. La communion de la foi et de l'agapè ("Deus
Caritas Est") doit se manifester par une communion visible,
tout particulièrement par la communion liturgique.
Il faudra bien
qu'un jour les "traditionalistes" cessent d'excommunier le "nouveau" missel.
Mais il faudra aussi que les autres célèbrent selon ce missel, tout ce
missel, rien que ce missel. Ce qui est loin d'être acquis.
Il faudra
enfin que dans chaque diocèse il y ait des églises où l'on célèbre en latin
et en grégorien la liturgie officielle: loin de l'interdire, le Concile l'a
demandé.
Repères:
L'essentiel de la dissension vient en réalité non
pas tellement d'une sorte de droit des uns ou des autres à une "sensibilité"
liturgique qu'elle soit dite "tradi" ou pas, mais dans l'acceptation vraie
et sans arrière pensée de l'herméneutique du Concile, qui comme le rappelait
Benoît XVI à la curie romaine en décembre 2005 est une herméneutique de
la continuité et non pas de la rupture.
Or, c'est bien sur la rupture que capitalisent à la fois les "tradis" et les
"autres" (on ne sait pas très bien comment les appeler : "progressistes". Le
pape Benoît XVI appelle à une herméneutique de la continuité, c'est à dire à
un développement harmonieux. Croire que le Concile Vatican II a été une
refondation de l'Eglise plutôt qu'une étape dans le développement
doctrinal et l'action pastorale de l'Eglise est une erreur.
(Discours de Benoît XVI à la Curie Romaine ►
Benoît XVI)
Une citation:
L’effrayant appauvrissement qui se manifeste là où
l’on chasse la beauté et où l’on s’assujettit seulement à « l’utile », est
devenu de plus en plus évident. L’expérience a montré que le fait de s’en
tenir à la seule notion de « Inaccessible à tous » n’a pas rendu les
liturgies véritablement plus compréhensibles ou plus ouvertes, mais
seulement plus indigentes. Liturgie « simple » ne signifie pas misérable ou
à bon marché : il y a une simplicité qui vient du banal, et une autre qui
découle de la richesse spirituelle, culturelle et historique... Là encore,
poursuit-il, on a banni la grande musique de l’Église au nom de la «
participation active » : mais cette « participation » ne peut-elle pas
signifier aussi perception par l’esprit et par les sens ?
Cardinal
Joseph Ratzinger, pape Benoît XVI, Entretien sur la foi, Fayard 1985
Source: Schola St Maur
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) - 18.11.2006 - BENOÎT XVI |