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19 Avril 2005
 

Laïcs par amour de la religion dit Benoît XVI

 

Le 17 avril 2008 - (E.S.M.) - Nous revenons à la discussion avec les journalistes : En réponse à la question de Tornielli, quatrième intervention, Benoît XVI a abordé un sujet qui lui est cher, le modèle américain de rapport entre religion et politique :

Le Saint-Père Benoît XVI lors de l'arrivée à l'aéroport  - Pour agrandir l'image Cliquer

Laïcs par amour de la religion dit Benoît XVI

“Il y a une chose que je trouve fascinante aux États-Unis : c’est que ce pays est né avec une conception positive de la laïcité. Ce nouveau peuple était constitué de communautés et de personnes ayant fui des Églises d’état. Elles voulaient un état laïc pour permettre aux gens de toutes les confessions de pratiquer leur propre religion. […] Ils étaient laïcs justement par amour de la religion, de l’authenticité de la religion, qui ne peut être vécue que dans la liberté. […] Je pense que c’est quelque chose de fondamental et de positif, à prendre en considération, y compris en Europe“.

Joseph Ratzinger/Benoît XVI a déjà formulé ces idées plusieurs fois, avant et après son élection en tant que pape. La dernière fois, c’était le 29 février dernier, quand il a reçu au Vatican le nouvel ambassadeur des États-Unis près le Saint-Siège, la catholique Mary Ann Glendon.

Et Benoît XVI a repris ces idées dans le discours qu’il a adressé à George W. Bush, au matin du mercredi 16 avril, à la Maison Blanche.

Mais pour mieux comprendre pourquoi Benoît XVI considère les États-Unis comme un exemple pour le monde entier – et surtout pour l’Europe – de rapport positif entre religion et politique, un éclairage est donné par cette page du livre qu’il a écrit et publié en 2004, étant cardinal, sous le titre “Sans racines. Europe, relativisme, christianisme, islam“:

Laïcs par amour de la religion

par Joseph Ratzinger/Benoît XVI

L’idée d’une religion civile chrétienne me fait penser à l’œuvre d’Alexis de Tocqueville, “La démocratie en Amérique“. Pendant ses recherches aux États-Unis, l’historien français avait constaté – pour faire bref – que le système de règles intrinsèquement instable et fragmentaire sur lequel cette démocratie semblait reposer fonctionnait uniquement parce que la société américaine partageait tout un ensemble de convictions religieuses et morales d’inspiration christiano-protestante. Personne ne les avait prescrites ou définies, mais tout le monde les considérait simplement comme une base spirituelle évidente. La reconnaissance de ces orientations religieuses et morales fondamentales qui dépassaient chacune des confessions mais qui déterminaient la société de l’intérieur, a renforcé l’ensemble des lois et défini les limites de la liberté individuelle depuis l’intérieur, en offrant justement pour cette raison les conditions d’une liberté partagée et participative.

A ce propos, je voudrais citer une formule significative de Tocqueville: “Le despotisme peut se passer de la foi, pas la liberté“. John Adams allait dans le même sens lorsqu’il a affirmé que la constitution américaine “est faite uniquement pour un peuple moral et religieux“. Bien que la sécularisation progresse aussi aux États-Unis à un rythme accéléré et que la rencontre de nombreuses cultures différentes bouleverse le consensus chrétien fondamental, on y perçoit, bien plus clairement qu’en Europe, la reconnaissance implicite des bases religieuses et morales issues du christianisme et qui dépassent les confessions. L’Europe – contrairement aux États-Unis – est en conflit avec son histoire et elle se fait souvent le porte-parole d’un refus quasi viscéral de quelque dimension publique des valeurs chrétiennes que ce soit.

Pourquoi? Comment se fait-il que l’Europe, pourtant riche d’une très ancienne tradition chrétienne, ne connaisse plus un consensus du même genre ? Un consensus qui, indépendamment de l’appartenance à une communauté de foi déterminée, attribue une valeur publique et porteuse aux concepts fondamentaux du christianisme ? Étant donné que les bases historiques de cette différence sont connues, un rapide aperçu suffira.

La société américaine a été bâtie en grande partie par des groupes ayant fui le système des Églises d’état alors en vigueur en Europe. Ils avaient trouvé leur positionnement religieux dans les libres communautés de foi, hors de l’Église d’état. La société américaine est donc fondée sur les Églises libres. De par leur approche religieuse, elles ne doivent pas avoir une structure d’Église d’état mais se fonder sur une libre union des individus. En ce sens, on peut affirmer que la société américaine est basée sur une séparation entre l’état et l’Église déterminée et même voulue par la religion. Par conséquent, cette séparation est bien différente, dans ses causes et ses structures, de celle qui a été imposée de manière conflictuelle par la Révolution française et les systèmes qui l’ont imitée. En Amérique, l’état n’est rien d’autre que l’espace libre pour différentes communautés religieuses. Il reconnaît par nature ces communautés dans leurs particularités et dans leur non-appartenance à l’état et il les laisse vivre. Une séparation qui veut laisser à la religion sa nature, qui respecte et protège son espace vital hors de l’état et de ses systèmes, est une séparation conçue de manière positive.

Cela a conduit à un rapport particulier entre sphère d’état et sphère “privée“ totalement différent de celui que nous connaissons en Europe. La sphère “privée“ a un caractère absolument public. Ce qui n’est pas étatique n’est pas pour autant exclu de la dimension publique de la vie sociale. La plus grande partie des institutions culturelles n’appartient pas à l’état. C’est le cas par exemple des universités ou des organismes en charge des disciplines artistiques. Tout le système juridique et fiscal favorise et rend possible ce type de culture non gouvernée par l’état. En Europe, en revanche, les universités privées constituent, par exemple, un phénomène récent et, de fait, marginal. Très certainement, les Églises libres ont pu se juger en termes plutôt relatifs, mais elles se savaient unies par une cause commune qui allait au-delà des institutions et qui était la base de tout.

Bien sûr il y a aussi, dans ce contexte, des dangers qui se cachent. Aujourd’hui, certains cercles semblent remettre à l’honneur l'idéologie du WASP: le vrai américain est blanc, d’origine anglo-saxonne et protestant. Cette idéologie est née quand l’arrivée de groupes d’immigrés catholiques, surtout des Italiens, des Polonais et des gens de couleur, a paru menacer l'identité désormais consolidée de l'Amérique. Celle-ci est restée en vigueur jusqu’au XXe siècle, en ce sens que, pour pouvoir prétendre à une position importante dans la vie publique américaine, il fallait être un WASP. Mais en réalité la communauté catholique s’était déjà intégrée dans l'identité américaine.

Les catholiques ont eux aussi reconnu le caractère positif de la séparation de l’État et de l’Église liée à des motifs religieux, ainsi que l'importance de la liberté religieuse qu’elle garantit. C’est aussi grâce à leur contribution significative qu’une conscience chrétienne s’est maintenue dans la société; cette contribution agit encore, alors que des changements radicaux et profonds ont lieu au sein du protestantisme. Parce qu’elles se conforment de plus en plus à la société sécularisée, les communautés protestantes traditionnelles sont en train de perdre leur cohésion interne et leur capacité à convaincre. Non seulement les "evangelical", jusqu’à présent les ennemis les plus aguerris du catholicisme, gagnent de plus en plus de terrain par rapport aux communautés traditionnelles, mais ils découvrent aussi une nouvelle proximité avec le catholicisme, dans lequel ils reconnaissent un défenseur, contre la pression qu’exerce la sécularisation, des grandes valeurs éthiques qu’eux-mêmes soutiennent; valeurs qu’ils voient disparaître chez leurs frères protestants.

A partir de la structure du christianisme en Amérique, les évêques catholiques américains ont apporté une contribution spécifique au Concile Vatican II. Elle a largement influencé la déclaration "Dignitatis Humanae" sur la liberté religieuse, qui a fait entrer dans la tradition catholique en matière de liberté de la foi, l'expérience du "non étatisme" de l’Église (on a vu que c’était une condition pour garder une valeur publique aux principes chrétiens fondamentaux) comme une forme chrétienne issue de la nature même de l’Église. Aujourd’hui la société américaine doit affronter de nouvelles et graves épreuves, en partie à cause du fort afflux d’hispaniques, en partie à cause de la pression croissante de la sécularisation. En tout cas on peut dire – c’est du moins mon avis – qu’il y a encore en Amérique une religion chrétienne civile, même si elle est sérieusement menacée et si son contenu est devenu incertain.

Tous les articles sur le voyage Benoît XVI aux Etats Unis - du 15 au 20 avril 2008
 

Sources :  La chiesa.it

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 17.04.08 - T/USA

 

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