Hans Küng exige que Benoît XVI fasse
son mea culpa |
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Le 17 mars 2010 -
(E.S.M.)
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Hans Küng et Benoît XVI se connaissent bien et depuis fort longtemps: le
premier est
devenu un
acariâtre
vieillard
persuadé d’être
le seul à
détenir le
savoir, la
connaissance,
les mots qui
conviennent pour
notre temps et
qui ne décolère
pas de ne pas
détenir le
pouvoir des
conceptions dans
l’Église.
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Hans Kung
Hans Küng exige que Benoît XVI fasse
son mea culpa
Le 17 mars 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Le théologien catholique très critique envers l'Eglise, Hans Küng, exige
que le pape fasse son "mea culpa" sur la façon dont les affaires de
pédophilie ont été gérées depuis des décennies, dans une tribune publiée
mercredi par le Süddeutsche Zeitung.
"Cinq ans de pontificat sans rien modifier à ces pratiques funestes. La
décence exigerait que le principal responsable de la dissimulation depuis
des décennies, en l'occurrence Joseph Ratzinger, fasse son propre mea
culpa", écrit le théologien suisse.
"Aucune personne au sein de l'Eglise n'a vu autant de cas des maltraitances
passer sur son bureau que lui", continue Hans Küng, citant ses 24 ans à la
tête de la Congrégation pour la doctrine de la Foi où il a traité toutes les
affaires de délits sexuels dans le monde entier "dans le plus grand secret",
selon lui
Un article de Dominique Daguet
Hans Küng et Benoît XVI se connaissent bien et depuis fort longtemps: le
premier est devenu un acariâtre vieillard persuadé d’être le seul à détenir
le savoir, la connaissance, les mots qui conviennent pour notre temps et qui
ne décolère pas de ne pas détenir le pouvoir des conceptions dans l’Église.
Le second est pape, d’une douceur évangélique en même temps que d’une
fermeté qui rassure le peuple chrétien mais fait enrager ceux qui ne songent
qu’à tout « réformer » dans le sens de ce que dit « le monde
», et donc une excellente cible pour celui qui se sait parce qu’il se veut
supérieur à celui que le Saint-Esprit a mis sur le siège de Pierre. D’où des
prises de position du premier qui manifestent à la fois la certitude de son
infaillibilité et ses errements.
Hans Küng hait, disons déteste l’Église d’aujourd’hui, le « système
romain » qu’il rend responsable de la « crise profonde » qui
l’accable et la détruit. Il se livre dans l’Express du 26 février et dans
une demi-page du Monde du 5 mars, à des attaques frontales qui feraient
sourire s’il ne s’agissait d’une vieille guerre sournoise, où l’hypocrisie
se cache sous le manteau d’une compétence prétendue. « La papauté
actuelle, écrit-il, est un système médiéval, absolutiste. L’Église
fonctionne aujourd’hui comme un système totalitaire, c’est un autre Kremlin
! » Pauvre homme, qui en est à écrire des sottises.
Il prend prétexte d’un certain nombre de tragédies qui ont abîmé le visage
de notre Église ces dernières années, toutes ayant pour cause l’affreux
penchant pédomane de certains prêtres. Je n’ai aucune indulgence pour ce
crime, mais j’éprouve une gêne viscérale quand j’entends la haine l’emporter
et exprimer des jugements péremptoires concernant les pauvres hommes qui ont
succombé à ces tentations, péchés dont on sait qu’ils ne peuvent que marquer
le visage du Christ et son corps tout au long de sa Passion. Qu’ils ne
peuvent sur des lustres que rendre les victimes prisonnières de blessures
dont on se demande si elles peuvent réellement cicatriser.
Hans Küng veut nous persuader que le Vatican est un nid de vipères : en
effet, soutient-il, les crimes sexuels commis par des prêtres sont comme mis
sous scellés puisque relevant du « secret pontifical », c’est-à-dire
une expression équivalente à secret de l’instruction. Secret nécessaire
jusqu’au moment du jugement. Quand la sanction est prononcée, rien ne
s’oppose à sa divulgation. Mais, pour Hans Küng, peut-il sortir quelque
chose de bien du Vatican ?
Mais affirmer que c’est le célibat des prêtres qui pousse ces hommes
consacrés à de tels agissements, c’est purement et simplement une imposture.
C’est déjà très probablement n’avoir rien compris aux éminentes raisons qui
ont fait que l’Église catholique a choisi de demander à ses prêtres
d’observer une chasteté totale – je ne veux ici, pour justifier ce propos
que reprendre les paroles de Jésus : «Les disciples lui dirent : “Si
telle est la condition de l’homme à l’égard de la femme, mieux vaut ne pas
se marier.” Il leur répondit : “Tous ne comprennent pas ce langage,
mais seulement ceux à qui c’est donné. Car il y a des eunuques qui le sont
dès le sein maternel ; d’autres le sont devenus par le fait des hommes ; il
y en a enfin qui se sont rendus tels par eux-mêmes à cause du Royaume des
Cieux. Comprenne qui peut comprendre.” » Matthieu XIX, 3-12), et encore
:Saint Mathieu et l'ange par Rembrandt van Rijn« Entrez par la porte
étroite. Large est la porte et spacieux le chemin qui conduisent à la
perdition ; beaucoup s’y engagent. Mais étroite est la porte et resserré le
chemin qui conduisent à la vie ; il en est peu qui les trouvent »
(Matthieu VII, 13-14).
Il en va des prêtres comme des hommes ordinaires : pécheurs comme nous tous,
parfois jusqu’au crime. Le prêtre, s’il ne vise pas la sainteté avec
constance, se retrouve désarmé devant les agissements de l’Ennemi ! Et ce
n’est pas le mariage qui est la solution : combien d’hommes et de femmes
mariés, père et mère de famille, succombent à cette horreur, qu’ils doublent
le plus souvent du crime d’inceste ? Combien d’hommes politiques, de
professeurs, de sportifs, d’hommes en apparence estimables, se révèlent
soudain inscrits au club des monstres ? Mais le péché, quel qu’il soit,
ouvre la porte à l’influence du démon, et donc expose le pécheur à sombrer
dans des gouffres de plus en plus ténébreux.
Il n’y a guère que la prière, le recours constant et très humble à la grâce,
la vision jamais perdue de la Passion et de la Résurrection du Christ qui
peuvent protéger ceux qui se retrouvent sans cesse harcelés par ce type de
tentation – mais la remarque vaut en vérité pour n’importe quel type de
tentation, et cela va de celles qui semblent anodines (mais y en a-t-il
d’anodines aux yeux de Dieu) aux plus épouvantables !
Le péché est un ravageur dont il faut connaître les risques qu’il fait
courir à ceux qui ne le prennent pas au sérieux, ou qui le minimisent, ou
qui le nient. Nous l’avons bien vu avec l’avortement banalisé comme un des
nouveaux droits de la femme, alors qu’il n’est qu’un permis légal de
supprimer une vie. Le péché fait sombrer l’être dans les ténèbres où règne
cet Ennemi qui a réussi à soumettre le Christ à une suite d’épouvantes dont
il est toujours difficile de comprendre à la fois l’horreur et l’intensité.
Et parmi tous les esclavages auxquels l’homme peut-être livré celui de la
chair est un des plus déroutants et des plus tenaces.
Vouloir, comme le suggère Hans Küng « décrisper » les esprits en ce
qui concerne l’usage de la sexualité que nous pouvons faire, c’est déjà
avoir cédé la moitié du terrain menant au naufrage. Il y a un usage saint de
la sexualité, il y en a d’autres qui n’ouvrent que les portes de l’enfer.
Han Küng voudrait-il que l’imprudence devienne la règle ? Et que signifie
l’expression « décrisper » ? Dans l’évangile, Jésus est très clair et
ne cache ni la beauté du mariage ni la laideur de ce qui le détruit : pas
plus il n’hésite à proposer le plus difficile, qui devient aisé quand on ne
cherche à le vivre qu’en se soumettant à la miséricorde du Père.
D’ailleurs, Hans Küng sait-il de quoi il parle dans ce qu’il avance au sujet
de la pédophilie ? Puisqu’en fait il ne prend prétexte d’elle que pour
s’occuper d’un autre sujet ? Démontrer qu’elle a pour cause le célibat des
prêtres aurait dû logiquement être sa préoccupation : non, il lui suffit
d’affirmer qu’il en est ainsi, alors que toutes les statistiques démontrent
le contraire.
Il ose dire que le phénomène est « massif » dans l’Église : d’où
tient-il cette information, qui n’est qu’une sorte de projection mentale ?
On ne lance pas en l’air de tels crachats sans au moins avoir vérifié qu’on
ne dit que la vérité, une vérité vérifiée. Ainsi écrire : « Il est certes
incontestable que ce genre d’affaire se produit aussi dans des familles, des
écoles, des associations et également au sein d’Églises où la règle du
célibat des prêtres n’existe pas. Mais pourquoi le phénomène est-il à ce
point massif justement dans les Églises catholiques dirigées par des hommes
non mariés ? Bien entendu, ces déviances ne sont pas exclusivement à porter
au débit du célibat. Mais celui-ci est structurellement l’expression la plus
frappante de la relation crispée qu’entretient la hiérarchie catholique avec
la sexualité, celle-là même qui détermine son rapport à la question de la
contraception et à bien d’autres. » On aimerait qu’un théologien aussi
armé intellectuellement n’avance pas de telles approximations sans au moins
tenter de les argumenter avec des tableaux, des graphiques, des
statistiques, des commentaires précis.
Mais voici qu’un des lièvres qu’il court est levé : la sexualité doit
devenir une sorte de liberté tranquille, « décrispée ». Le mensonge
du caractère « massif » de la pédophilie sert d’argument pour
permettre enfin une contraception débridée – or en France pratiquement
toutes les femmes usent de la contraception ce qui ne sert en rien à
diminuer le nombre des avortements, ces actes que l’on dit appartenir à la
catégorie des « droits de la femme », ce qui en soi,
conceptuellement, est bien pire qu’une absurdité, une sottise énorme dont on
devrait rougir en la pensant exacte…
Il n’y a pas, hélas, une seule couche de la société où ne se cachent des
nids de pédomanes. Ou d’incestueux, car la pédomanie accompagne souvent
l’inceste. Ou encore d’adultères ou d’amoureux d’eux-mêmes, pour ne prendre
que des exemples de sexualité plus ou moins délétères. Mortifères.
Tératogènes. Qu’on soit prêtre, qu’on ne le soit pas, célibataire ou non,
catholique ou agnostique, ou athée, qu’importe, quand on se trouve sans
lutter entre les mains de tels démons, si la prière se tait dans la gorge du
pécheur, il est perdu. La fascination le laisse sans ressource devant la
séduction qui s’emploie contre lui. Quelle importance alors, pour lui, qu’il
soit ou non marié, qu’il soit d’Église ou du Grand Orient, de l’Éducation
nationale, de la Poste ou de la BNP ? La question n’est plus soulevée, le «
tenté » sort de sa condition habituelle, il est entré dans un des cercles
qui mène droit à la porte de l’Enfer. La sexualité inchaste est sans doute
l’un des grands pourvoyeurs de la fosse commune où s’entasse le gibier de
Satan.
Que cherche à prouver exactement Hans Küng ? Quel est ici son combat ? Il
faut aller chercher dans un article publié par le Monde le 29 octobre 2009 :
« Sous couvert d’unité, le Vatican enterre des décennies d’œcuménisme. Un
vrai drame : après avoir heurté de front les juifs, les musulmans, les
protestants et les catholiques réformistes, voilà que le pape Benoît XVI
s’en prend maintenant aux anglicans [il est à signaler que Hans Küng n’avait
pas apprécié que le Vatican se soit rapproché de « certains » anglicans,
ceux qui justement refusaient le sacerdoce des femmes…]. Forte de 77
millions de membres, cette communauté chrétienne est la troisième en
importance après l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe. Que
s’est-il passé ? Après avoir réintégré les disciples de la Fraternité
Saint-Pie-X, le pape voudrait combler les rangs clairsemés de l’Église
catholique romaine en recrutant des anglicans favorables à Rome. Ces
derniers devraient pouvoir passer du côté de l’Église catholique romaine
plus facilement. »
La vraie cible, comme aperçu au début de cette « humeur », sont bien les
institutions catholiques, elles qui imposent le célibat. Une telle hargne
laisse à penser que Hans Küng aurait aimé être marié… Pour alléger mon
propos, juste un instant, je transcris ici une réflexion du père Denis
Sonnet, spécialiste s’il en est de la condition conjugale : « Plus je
rencontre de couples en difficulté, plus je remercie le Seigneur de m’avoir
gardé célibataire »…
Oui, pour le théologien allemand, le célibat est une invention médiévale en
contradiction avec ce que dit l’évangile… « Pierre, ainsi que les autres
disciples du Christ, écrit-il, ont été mariés tout au long de leur
apostolat. Cela a été le cas, de nombreux siècles durant, pour les évêques
et les prêtres de paroisse, ce qui, comme chacun sait, se perpétue
aujourd’hui dans les Églises d’Orient, y compris chez les uniates restés
liés à Rome, et dans l’orthodoxie dans son ensemble, au moins pour ce qui
est des prêtres. » Quelle étrange méthode est la sienne, que je
synthétiserai ainsi : « Affirmez, affirmez sans preuves mais affirmez, il
en restera toujours quelque chose ». Lisez, cher lecteur, les deux
citations de l’évangile que j’ai pris soin de transcrire au début de ce
texte, et dites-moi s’il ne s’agit pas d’un appel à se donner tout entier à
Dieu, sexualité comprise ? Mais notre homme persiste : « C’est bien le
célibat érigé en règle qui contredit l’Évangile et la tradition du
catholicisme primitif. Il convient de l’abroger. » Voici Hans Küng déguisé
en Pape, en Concile même…
Mais n’en fait-il pas trop ? Le peuple des catholiques n’est pas composé que
d’ignares : la culture n’est pas non plus restée à la porte des églises
paroissiales : oser dire que le célibat est à la racine du mal qui ronge
l’Église est grotesque, et je le dis tout en sachant à quel point Hans Küng
mérite sur d’autres plans le respect, mais pas ici. Ici, en vérité, il perd
toute crédibilité. N’est-il pas d’ailleurs favorable à l’ordination des
femmes, mariées naturellement, pourquoi pas avec un prêtre ? Pas une des
modes dites de progrès et issues du « monde » – ce monde où nous sommes mais
dont nous ne sommes pas – ne lui a échappé : il n’aime rien tant que de les
adopter pour tenter de les faire admettre par l’Église : mais elle n’est pas
un manège pour courbettomanes.
Pour un théologien, fantasmer sur ces questions redoutables est une mauvaise
affaire : une affaire de perdition intellectuelle et de perdition tout
court. Ce qu’il a osé une fois de plus, on est en droit d’espérer que ce
n’est que la courbette de trop : celle qui fait se pencher si en avant
devant ceux qui n’ont rien à suggérer à l’Église car ils ne sont pas de son
bercail.
Il est significatif que le quotidien du soir – le Monde – en ait fait «
son » théologien alors qu’il est probable que peu de gens dans son
équipe d’informateurs aient quelque compétence pour en juger : il est vrai
que les inspirateurs de la rue Cadet ne peuvent être que satisfaits de cette
révérence et même de cette déférence « mondaine », si constamment obéissante
à leurs mots d’ordre occultes. L’on sait l’hostilité du Grand Orient envers
l’Église dont il promet depuis longtemps la mort – et faute de l’obtenir
doit se contenter de faire savoir qu’elle va très mal alors que le nombre
des prêtres dans le monde a augmenté de plus de 2% entre 2002 et 2009…
Pour fermer ce texte sur un propos réjouissant, j’indiquerai à mon lecteur
qu’il peut sans modération aucune lire sur ce sujet le livre du Père
Christian Cochin s.j., Les origines apostoliques du célibat sacerdotal, chez
Ad Solem : « Cet ouvrage est de première importance. Il suppose des
recherches considérables, longues et méthodiques. […] en la matière je ne
pense pas que rien puisse lui être comparé, même de loin », a écrit le
cardinal de Lubac. Une autre pointure…
Sources : Les
manants du roi et
benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 17.03.2010 -
T/Brèves
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