Du respect inconditionnel de la
dignité humaine |
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Le 17 février 2009 -
(E.S.M.)
- Un vaste chantier consacré à la révision de la loi sur la bioéthique
de 2004, incluant de très nombreux interlocuteurs, débute en France.
Suite à ces états généraux, nos parlementaires seront chargés d’adopter
une nouvelle loi en la matière en 2010.
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Du respect inconditionnel de la
dignité humaine
Le 17 février 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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« Experte en humanité, l’Église, sans prétendre aucunement s’immiscer
dans la politique des Etats, “ne vise qu’un seul but : continuer, sous
l’impulsion de l’Esprit consolateur l’œuvre même du Christ venu dans le
monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour
condamner, pour servir, non pour être servi.”
(Gaudium
et Spes, n° 3, § 2.). » Paul VI,
Populorum Progressio, 26 III 1967, n°13.
Un vaste chantier consacré à la révision de la loi sur la bioéthique de
2004, incluant de très nombreux interlocuteurs, débute en France. Suite
à ces états généraux, nos parlementaires seront chargés d’adopter une
nouvelle loi en la matière en 2010. Cet échéancier, déjà bien rodé,
pourrait laisser à penser, que de révision en révision, on accoutume
l’opinion publique « à des transgressions qu’on fi nit tôt ou tard par
entériner » (Prof. J. Testard, cité dans le document provisoire du
groupe de travail "bioéthique" de la Conférence des Évêques de France,
sous dir. de Mgr d'Ornellas, 17 XII 2008). A moins qu’un dialogue s’instaure et qu’une véritable
éthique réponde à la logique implacable des techniques biomédicales.
L’enjeu est de taille : jamais la science n’a pu aller aussi loin dans
la « production d’un homme parfait ». Les évêques
français, décidés à se faire entendre, se sont lancés dans la bataille,
dans le but de favoriser un dialogue constructif avec les scientifiques
et les parlementaires. Car la vraie valeur de la science se mesure à son
respect inconditionnel de la dignité humaine.
Parallèlement, le 8 décembre 2008, la Congrégation pour la doctrine de
la foi publiait l’instruction
Dignitas
Personae,
sur certaines questions de bioéthique. Dans ce document, adressé à tout
homme de bonne volonté, et dont on ne saurait trop recommander la
lecture, l’Église catholique réitère son attachement au principe
fondamental de toute civilisation digne de ce nom : « La dignité de la
personne doit être reconnue à tout être humain depuis sa conception
jusqu’à sa mort naturelle. Ce principe fondamental (…) exprime un grand
« oui » à la vie humaine »
(n° 1). Or, force est de
constater qu’une partie de la recherche scientifique considère « le
développement croissant des technologies biomédicales dans une
perspective essentiellement eugénique »
(n° 2). Et les mass media, qui
s’en font l’écho, et dont le pouvoir sur l’opinion publique est énorme,
brouillent bien des consciences. Mais l’Église ne perd jamais confiance
: « La vie vaincra : pour nous, cela est une espérance certaine. Oui, la
vie vaincra, car la vérité, le bien, la joie, le véritable progrès sont
du côté de la vie. Dieu, qui aime la vie et la donne avec générosité,
est du côté de la vie » (Jean-Paul II,
Discours à l ’Ass. Générale de l ’Académie Pontificale pour la Vie, 3
III 2001, n. 3, D.C. 98 (2001), p. 405.). Ceci dit, elle estime essentiel son rôle
d’éducatrice et de promotrice de la vérité. De fait, les débats, qui
agitent autant les assemblées parlementaires que l’opinion publique,
soit manquent d’informations scientifiques fiables et compréhensibles
aux non-spécialistes, soit abondent d’inventions sémantiques ou d’autres
manipulations pour couvrir l’injustifiable.
Afin d’illustrer l’enjeu de cette discussion, voici deux des sept
points actuellement débattus et repris par nos évêques : la recherche
sur l’embryon et les cellules souches (1) et la maternité pour autrui
(2).
1) Officiellement la recherche sur l’embryon est interdite en France,
mais une dérogation l’autorise sous certaines conditions. Cette
permission temporaire doit être rediscutée (a), ainsi que l’opportunité
du clonage thérapeutique (b) ; afin de répondre, dit-on, à la
concurrence scientifique mondiale.
a) Face à l’augmentation des maladies liées à la dégénérescence des
tissus nerveux, de grands espoirs sont mis dans la thérapie cellulaire :
c’est-à-dire que l’on puisse un jour soigner les malades atteints
d’affections graves non curables
(Alzheimer, Parkinson, diabète…) par
des greffes de cellules, qui viendraient remplacer les tissus ou organes
défaillants. Avec cet objectif, des chercheurs tentent d’utiliser des
cellules souches (des cellules encore non spécialisées) qui seraient un
jour capables de reconstituer lesdits tissus. Ces cellules proviennent :
- soit d’embryons, ce sont les « cellules souches embryonnaires » ;
- soit de tissus adultes, elles sont alors prélevées dans la moelle
osseuse, le sang, ou encore le cordon ombilical, ce sont les « cellules
souches adultes » ;
- soit enfin, depuis 2006, elles sont obtenues par la reprogrammation
du noyau de cellules prélevées sur des adultes, ce sont les « cellules
souches pluripotentes induites ». Cette « reprogrammation » des cellules
adultes s’opère en y introduisant des gènes qui les transforment en
cellules souches pluripotentes, c’est-à-dire capables de se différencier
ensuite en n’importe quel type de cellules du corps humain. Certes, nous
n’en sommes encore qu’au stade expérimental et de nombreuses difficultés
demeurent, mais les perspectives sont enthousiasmantes. Les recherches
sur les cellules souches adultes et pluripotentes induites ne se
heurtent à aucune objection éthique. L’Église les encourage donc
vivement. En revanche, obtenir des cellules souches embryonnaires
implique la production d’embryons humains ou l’utilisation d’embryons
surnuméraires issus de la fécondation in vitro. Or, « l’embryon humain a
(…) dès le commencement, la dignité propre à la personne » (Instruction
Dignitas Personae, op. cit., n° 5). « La simple
idée de considérer l’embryon humain comme « matériel thérapeutique »
contredit le fondement culturel, civil et éthique sur lequel repose la
dignité de la personne » (Benoit XVI,
discours au Congrès international sur le don d’organes, 7
XI 2008.). Cela est donc tout à fait inacceptable. Outre
le problème de l’origine de ces cellules, qui est essentiel du point de
vue éthique, se pose la question des résultats attendus par la recherche
en la matière. Or, il est notoire que les seuls résultats patents à
l’heure actuelle reviennent aux cellules souches adultes. La thérapie
cellulaire des cellules souches embryonnaires n’offre, pour l’instant,
aucun résultat à court, à moyen et même à plus long terme. On s’étonne
donc qu’en France la recherche sur les cellules souches embryonnaires
soit largement privilégiée. b) Concernant le « clonage thérapeutique »,
il est totalement incompatible avec la dignité humaine, même avec les
meilleures intentions du monde, car il réduit un être humain, l’embryon,
à « un moyen à utiliser et à détruire »
(Instruction
Dignitas Personae, op. cit., n° 30). Pour remédier à cette
objection morale fondamentale, certains scientifiques concentrent leurs
recherches sur d’autres techniques voisines qui permettraient,
semble-t-il, de produire des cellules souches de type embryonnaires,
tout en évitant de fabriquer de véritables embryons humains (Par exemple
: la parthénogenèse appliquée à l'homme, le transfert d'un noyau altéré
et les techniques de reprogrammation de l'ovocyte. Ces techniques
rendraient possible l’obtention de cellules souches dotées d’un
patrimoine génétique prédéterminé
(afin de surmonter le problème du rejet),
notamment par l’insertion du noyau d’une cellule d’un être humain dans
un ovocyte. Signalons, par ailleurs, qu’obtenir des ovocytes de femmes
en grande quantité pose d’autres problèmes à ne pas sous-évaluer
(stimulations hormonales lourdes et non sans effets secondaires,
problème de la vente de ces ovocytes, etc…). Ceci dit,
si le « produit » ainsi obtenu était stimulé et implanté dans le corps
d’une femme, il pourrait peut-être conduire à la naissance d’un enfant.
Pour l’Église donc,
en l’état actuel des connaissances, « l’enjeu est si important que, du
point de vue de l’obligation morale, la seule probabilité de se trouver
en face d’une personne suffi rait à justifier la plus nette
interdiction de toute intervention conduisant à supprimer l’embryon
humain » (Jean-Paul II,
Evangelium Vitae, n° 60, D.C. 92 (1995), p. 382 ; cf. l’Instruction
Dignitas Personae, n°30). La production d’embryons humains pour la recherche est
également contraire à l’article 18 de la Convention européenne sur la
biomédecine, qui interdit « la constitution d’embryons humains aux fi ns
de recherche ». Qu’à cela ne plaise, on nous explique qu’en l’espèce il
ne s’agit pas d’embryons mais de « pré-embryons », car on utilise du
matériel humain prélevé au stade pré-implantatoire. Outre le fait que
cette distinction est arbitraire et sans fondement scientifique, voilà
un bel exemple de pirouette sémantique pour tenter de contourner la loi
et surtout d’annihiler les consciences.
2) L’article 16-7 du Code civil
(introduit par la loi bioéthique de
1994) prohibe tout contrat portant sur la procréation ou la gestation
pour autrui. Mais un récent rapport du Sénat propose d’autoriser la
pratique des mères porteuses
(ou « gestation pour autrui ») à condition
que cela soit strictement encadré par la loi
(en particulier : la mère
porteuse pourrait décider, et seulement elle, d’interrompre sa grossesse
; elle pourrait, jusqu’à trois jours après l’accouchement, décider
d’être la mère légale de l’enfant ; enfin, elle ne recevrait qu’un «
dédommagement raisonnable » pour ce service) (Rapport
d'information de la Commission des lois du Sénat n°421, 25 juin 2008.)
Des montages juridiques aussi absurdes ont de quoi laisser pantois. Même
s’ils ont malheureusement déjà cours ailleurs. La demande de gestation
pour autrui en France est évaluée à moins d’une centaine par an (Aux
Etats-Unis le marché s’amplifie suite principalement aux demandes de
couples homosexuels), et
pour si peu, nous serions prêts à anéantir le socle sur lequel repose le
droit de la filiation : mater semper certa est ! Qui en effet est la
mère de l’enfant ? La femme du couple demandeur, elle qui l’a tant
désiré, qui en est même, dans la plupart des cas, la mère génétique ?
Mais alors comment justifier que la mère
porteuse ait seule le pouvoir d’interrompre sa grossesse ? Comment
également comprendre que cette dernière puisse avoir le droit de décider
de garder l’enfant, « seulement » parce qu’elle l’a porté pendant neuf
mois ? Et comment peut-on, en même temps, justifier la gestation pour
autrui, et donc la sacralisation des gènes du couple demandeur, en
considérant la grossesse comme secondaire, comme un simple « véhicule »
? Si, en revanche, la mère porteuse est la mère de l’enfant, comment une
loi pourrait-elle organiser par contrat l’abandon de son enfant ? Par
ailleurs, qui s’interroge sur la souffrance de l’enfant qui subit cet
abandon ? Qu’adviendra-t-il de lui si le couple demandeur se sépare
pendant la grossesse, si l’enfant est handicapé, etc… ? Qui peut croire
à l’heure actuelle à des grossesses sans influence sur l’enfant ? Que
dire aux propres enfants de la mère porteuse : l’enfant porté n’est pas
un frère ni une sœur, il n’a pas été conçu avec leur père et il sera
abandonné à une autre famille dès sa naissance ? Est-on conscient des
risques que prend la mère porteuse ? Comment ne pas penser que la vraie
motivation de ces femmes soit économique ? N’est-ce pas alors une forme
majeure d’instrumentalisation et de marchandisation de la femme ?
Autant de questions que le bon sens à lui seul devrait empêcher de
poser. Il suffi rait d’accepter que la médecine ne peut satisfaire tous
les désirs, aussi forts soient-ils. La souffrance des couples sans
enfants est certainement très profonde, elle ne saurait justifier des
souffrances plus terribles encore…
D’autres discussions fondamentales sont prévues en 2009, en particulier
sur le diagnostic préimplantatoire, à l’inquiétant caractère eugénique.
A chaque fois l’Église y aura sa place, pour rappeler à temps et à
contre temps que « la science peut contribuer beaucoup à l’humanisation
du monde et de l’humanité. Cependant, elle peut aussi détruire l’homme
et le monde si elle n’est pas orientée par des forces qui se trouvent
hors d’elle. (…) Ce n’est pas la science qui rachète l’homme. L’homme
est racheté par l’amour » (Benoit XVI,
Spe Salvi, 30 XI 2007, §§ 25 et 26.)
Béatrice Libori
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Sources : Diocèse d'Avignon
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(E.S.M. sur Google actualité)
17.02.2009 -
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