Comprendre Sacrosanctum Concilium |
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Le 16 décembre 2008 -
(E.S.M.)
- Bien comprendre la constitution sur la Sainte Liturgie du Concile
Vatican II est d’une importance capitale pour qui s’intéresse à la
liturgie.
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Concile Vatican II -
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Comprendre Sacrosanctum Concilium
Le 16 décembre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
-
Bien comprendre la constitution sur la Sainte Liturgie du Concile
Vatican II est d’une importance capitale pour qui s’intéresse à la
liturgie. C’est l’application de son contenu, réel ou supposé
(vous savez ce fameux «
esprit du concile » dont beaucoup ont entendu parler mais que nul n’a
jamais rencontré), qui conditionne la pratique
liturgique actuelle. Que ce soient celles des groupes plus progressistes
ou celles des groupes plus traditionalistes. Il conditionne les uns et
les autres dans la mesure où les uns comme les autres n’y sont pas
indifférents. Malheureusement peu de nos contemporains ont pourtant pris
la peine de le lire avec attention.
Le but de ces quelques lignes n’est pas de fournir une exégèse de cette
constitution, mais d’apporter modestement quelques éléments qui
permettent d’en aborder la lecture plus facilement et de mieux en
appréhender le contexte.
La constitution
De Sacra Liturgia Sacrosanctum Concilium a été promulguée le 4
décembre 1963, c’est-à-dire un peu plus d’un an après l’ouverture du
Concile par le Bienheureux Jean XXIII. Ce texte est le fruit de la
deuxième session du Concile ainsi que la première des quatre
constitutions à avoir été promulguée. En effet la première session,
ajournée rapidement après l’ouverture du concile, n’a donnée lieu à
aucune promulgation. Comme la plupart des textes du Concile, elle fut
approuvée par les pères conciliaires avec moins d’une dizaine de vote
contre
(2 en l’occurrence) et aucune
abstention. Les autres constitutions furent terminés lors des troisième
(Lumen
Gentium) et quatrième sessions du Concile
(Dei
Verbum et
Gaudium
et Spes).
Il faut rappeler que dès l’ouverture de la deuxième session, les travaux
des Pères conciliaires se sont structurés autour de dix-sept schémas qui
ont donné naissance à
seize documents : quatre
constitutions, neuf décrets et trois déclarations. On peut donc
légitimement penser que les textes promulgués en premier sont ceux qui
ont obtenu en premier un consensus au sein du Concile. Cette
constitution est considérée par les observateurs du Concile, de l’époque
ou d’aujourd’hui, comme ne présentant pas de difficulté particulière et
permettant aux Pères conciliaires de s’approprier les mécanismes du
Concile. (Comment celui qui deviendra Benoît XVI
analyse cette première constitution :
Lire)
Elle comporte sept chapitres d’inégale longueur. Le premier chapitre
porte sur les principes généraux pour la
restauration de la liturgie. Viennent ensuite trois chapitres qui
traitent des différentes formes de liturgie : l’Eucharistie
en premier, les autres sacrements et
les sacramentaux ensuite, puis enfin
l’office divin. Le lien entre ces
différentes formes de liturgie se fait notamment par l’année liturgique
qui est l’objet du cinquième chapitre. On trouve ensuite deux chapitres
sur les arts déployés dans la liturgie :
la musique sacrée et l’art sacré.
Les premiers paragraphes constituent un chef d’œuvre de synthèse en
moins d’une dizaine paragraphes de théologie de la liturgie. Ces
paragraphes montrent d’abord comment la liturgie participe à l’œuvre du
salut. Les Pères conciliaires en rappellent la nature profonde : œuvre
du Christ prêtre et affirment ainsi « Par conséquent, toute
célébration liturgique, en tant qu’œuvre du Christ prêtre et de son
Corps qui est l’Église, est l’action sacrée par excellence dont nulle
autre action de l’Église ne peut atteindre l’efficacité au même titre et
au même degré ». Les Pères rappellent immédiatement qu’il ne s’agit
pas de l’unique activité de l’Église, mais qu’elle
est la source et le sommet de ces activités : «
Toutefois, la liturgie est le sommet vers lequel
tend l’action de l’Église, et en même temps la source d’où découle toute
sa vertu. ». Les Pères affirment encore que la liturgie n’a
pas le monopole de la relation à Dieu « car le chrétien est appelé à
prier en commun : néanmoins, il doit aussi entrer dans sa chambre pour
prier le Père dans le secret ».
Le développement naturel de ces préceptes mène les Pères l’affirmation
que la liturgie n’est pas une action passive, mais bien une œuvre à
laquelle nous sommes conviés à participer de tout notre être, en «
harmonisant notre âme à notre voix ». Elle nécessite donc une
transmission, un apprentissage pour y entrer pleinement, elle est aussi
un apprentissage, tradition, c’est-à-dire au sens propre
une transmission. La participation pleine et entière à cette
action ne peut se faire sans la pleine conscience de la nature de
l’action liturgique, aussi les Pères associent « actuosa participatio
» à la formation non seulement des professeurs mais aussi des
acteurs de la liturgie, c’est-à-dire les clercs comme les fidèles.
Acteur qu’il ne faut pas comprendre au sens théâtral du terme mais au
sens premier celui qui mène l’action. Hors dans la liturgie, c’est bien
l’ensemble du corps du Christ qui mène l’action, chacun selon son
ministère.
Les normes générales et particulières pour la restauration de la
liturgie sont issues de ces considérations. Quelques unes méritent
d’être rapidement énoncées : la révision devra être issue d’une
soigneuse étude théologique, historique et pastorale d’où le
sentimentalisme immédiat est absent. L’origine biblique directe et
indirecte de la plupart des textes de la liturgie porte à promouvoir le
« goût savoureux et vivant de la Sainte Écriture ».
Les Pères n’ont pas oublié non plus le caractère didactique de la
liturgie. Caractère que l’on retrouve exprimé dans l’adage « lex
credendi, lex orandi »
[la
lex credendi (la règle de ce qu’il faut
croire) soit ancrée toujours dans la lex orandi (la
règle de ce qu’il faut dire dans la prière)].
Les rites doivent être d’une noble simplicité
pour laisser paraître l’essentiel du sens au plus grand nombre. La
langue utilisée participant aussi à l’efficacité didactique, les Pères
ont proposé un usage plus large de la langue vernaculaire tout en
laissant la première place à la langue latine.
Dans la suite les Pères déclinent à chacun des types de liturgie les
normes générales qu’ils ont établies. Pour l’Eucharistie on peut retenir
particulièrement les indications concernant la révision du missel qui
sera menée « en gardant fidèlement la substance des rites, on les
simplifiera [d’une noble simplicité],
on omettra ce qui, au cours des âges, a été redoublé ou a été ajouté
sans grande utilité ; on rétablira, selon l’ancienne norme des saints
Pères, certaines choses qui ont disparu sous les atteintes du temps,
dans la mesure où cela apparaîtra opportun ou nécessaire ». Cette
même noble simplicité gouverne aussi les indications concernant les
autres sacrements et sacramentaux.
Concernant l’office divin, je ne peux
résister à vous donner l’ensemble du paragraphe 84 à lire : «
L’office divin, d’après l’antique tradition chrétienne, est constitué de
telle façon que tout le déroulement du jour et de la nuit soit consacré
par la louange de Dieu. Lorsque cet admirable cantique de louange est
accompli selon la règle par les prêtres ou par d’autres, délégués à cela
par l’institution de l’Église, ou par les fidèles priant avec le prêtre
selon la forme approuvée, alors c’est vraiment la voix de l’Épouse
elle-même qui s’adresse à l’Époux ; et mieux encore, c’est la prière du
Christ que celui-ci, uni à son Corps, présente au Père. » What
else ? serait-on tenter d’ajouter. En peu de mots, l’essentiel est
dit. Dans la même idée, les Pères incitent
notamment les pasteurs à proposer la célébration en commun d’offices
dans les paroisses.
L’office divin
(Liturgie
des Heures) rythme sanctifie la
journée, l’année liturgique sanctifie l’année. Deux échelles de temps,
un même but de sanctification, deux moyens différents mais pas
dissociés. En effet c’est dans la sanctification des jours l’un après
l’autre que le rythme de l’année liturgique prend tout son sens. Les
Pères viennent donc à évoquer l’année liturgique et les règles de sa
révision future et en cours. En effet l’Église n’a pas attendu le
concile pour réviser une partie du déroulement de l’année liturgique.
Pie XII avait fait une importante de révision de la semaine sainte.
Enfin nous trouvons deux chapitres sur les arts
dans la liturgie. Un pour la musique et un autre pour l’ensemble
des autres arts. On peut se poser la question de la raison d’un tel
découpage. Les Pères y répondent dès l’introduction du chapitre sur la
musique : « La tradition musicale de
l’Église universelle constitue un trésor d’une valeur inestimable qui
l’emporte sur les autres arts, du fait surtout que, chant
sacré lié aux paroles, il fait partie nécessaire ou intégrante de la
liturgie solennelle. » Parce que la musique porte la parole et que
la liturgie est notamment une proclamation de la parole, sa place est
particulière. Plus loin, c’est de manière inédite dans un tel degré du
magistère, une constitution établie par un concile œcuménique, que les
Pères affirment que « L’Église reconnaît
dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine
; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales
par ailleurs, doit occuper la première place.
» Les Pères demandent notamment la révision des livres de chant
grégorien et ajoutent qu’ « il convient aussi que l’on procure une
édition contenant des mélodies plus simples à l’usage des petites
églises ». Ainsi avec sagesse, les Pères rappellent que l’ensemble
des communautés ne peuvent utiliser un répertoire splendide, mais
techniquement difficile. Et qu’il est donc important de proposer à
chaque communauté un répertoire qui soit à sa portée, sans pour autant
transiger sur la qualité de la musique. On retrouve cette idée de noble
simplicité où « simple » ne veut pas dire médiocre. Ce fut fait par la
révision du graduel romain et l’édition du graduel simplex. Ce sont là
deux répertoires musicaux que l’Église donne en exemple pour en bâtir
d’autre en latin ou en langue vernaculaire.
Sur l’art sacré, les Pères rappellent qu’ils sont un moyen de «
signifier et [de]
symboliser les réalités célestes ».
C’est pourquoi les artistes et les clercs doivent se former avec soin.
Il est frustrant d’essayer de rendre les points importants de cette
constitution, car on voudrait la donner en entier ou presque, tant en
grande la synthèse et la précision dont ont fait preuve les Pères
conciliaires. Je ne peux donc que vous encourager à lire le texte dans
son ensemble afin de se l’approprier, en espérant avoir fournis quelques
éléments qui faciliteront cette lecture.
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Sources :
scholasaintmaur
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un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
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16.12.2008 -
T/Liturgie
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