Reprenant le songe de Jacob, Benoît XVI
explique que Jésus est la porte du ciel |
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Le 16 décembre 2007 -
(E.S.M.) - L'appel des disciples est un
événement lié à la prière, ils sont pour ainsi dire engendrés dans la
prière, dans la relation avec le Père. Loin de se réduire à l'aspect
purement fonctionnel, le choix des Douze revêt ainsi un sens
profondément théologique.
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Les douze -
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Reprenant le songe de Jacob, Jésus est la porte du
ciel
Sixième chapitre - Les disciples
(pages 193 à 206)
1) Le choix des douze
Dans toutes les étapes de l'activité de Jésus évoquées jusqu'ici, est
apparue évidente l'étroite connexion entre Jésus et le «
nous » de la
nouvelle famille qu'il rassemble par sa prédication et son action. Il est
aussi évident que ce « nous », selon sa position fondamentale, est conçu
comme universel : il n'est plus fondé sur la généalogie de chacun, mais sur
la communion avec Jésus qui est lui même la Torah vivante de Dieu. Ce « nous
» que constitue la nouvelle famille est structuré. Jésus appelle un noyau
d'intimes, tout particulièrement choisis par lui, qui doivent poursuivre sa
mission et donner à cette famille sa structure et sa forme. C'est pour cela
que Jésus a créé le groupe des Douze. À l'origine, le titre d'apôtre
concernait un groupe plus large, mais ensuite, il a été de plus en plus
étroitement associé aux Douze : Luc parle toujours des douze Apôtres et pour
lui, les deux termes se confondent. Il est inutile, d'entrer ici dans le
détail des questions si souvent débattues que pose l'usage du mot « apôtre »
et son évolution, écoutons simplement ce que disent les textes les plus
importants qui parlent de la façon dont s'est formée la communauté la plus
restreinte des disciples de Jésus.
Le texte fondamental auquel se référer se trouve dans l'Évangile de Marc
(cf.
3, 13-19). Au verset 13, il est dit : « Jésus gravit la montagne, et il
appela ceux qu'il voulait. Ils vinrent auprès de lui. » Les événements qui
précèdent se sont déroulés au bord du lac, et voici que Jésus gravit « la
montagne », le lieu de sa communion avec Dieu, sur les hauteurs, au-dessus
des faits et gestes du quotidien. Dans le récit parallèle de Luc, cet aspect
est encore renforcé : « En ces jours-là, Jésus s'en alla dans la montagne
pour prier, et il passa la nuit à prier Dieu. Le jour venu, il appela ses
disciples, en choisit douze, et leur donna le nom d'apôtres »
(Lc 6, 12-13).
L'appel des disciples est un événement lié à la prière, ils sont pour ainsi
dire engendrés dans la prière, dans la relation avec le Père. Loin de se
réduire à l'aspect purement fonctionnel, le choix des Douze revêt ainsi un
sens profondément théologique. Leur appel est issu du dialogue du Fils avec
le Père, c'est là son point d'ancrage. C'est à partir de là qu'il faut
comprendre la parole de Jésus : « Priez donc le maître de la moisson
d'envoyer des ouvriers pour sa moisson » (Mt 9, 38). On ne peut choisir les
ouvriers de la moisson de Dieu simplement comme un patron sélectionne sa
main-d'œuvre, ils doivent toujours être demandés à Dieu et désignés par lui
pour ce service. Ce caractère théologique est encore plus marqué dans le
texte de Marc, qui dit que Jésus appelle ceux qu'il voulait. On ne peut pas
s'instituer soi-même disciple, cet événement résulte d'une élection, d'une
décision issue de la volonté du Seigneur, qui est elle-même ancrée dans son
unité de volonté avec son Père.
On lit ensuite chez Marc : « Et il en institua [littéralement fit] douze
pour qu'ils soient avec lui, et pour les
envoyer » (3, 14). Il faut tout d'abord réfléchir à l'expression « il en
institua douze », inhabituelle pour nous. En fait, l'évangéliste reprend ici
la terminologie par laquelle, dans l'Ancien Testament, on désigne
l'investiture des prêtres (cf. 1 R 12, 31 ; 13, 33).
Il caractérise donc
l'apostolat comme un ministère sacerdotal. Chacun des élus est ensuite
désigné nommément, ce qui établit un rapport entre eux et les prophètes
d'Israël, que Dieu appelle par leur nom, de sorte que, dans le ministère
apostolique, mission sacerdotale et mission prophétique se confondent
(A. Feuillet, Études d'exégèse et de
théologie biblique, p. 178, voir bibliographie, p. 400.) « II
en institua douze » : douze était le chiffre symbolique d'Israël désignant
le nombre des fils de Jacob. C'est d'eux que sont issues les douze tribus
d'Israël qui toutefois, après l'exil, se réduisaient quasiment à la tribu de
Juda. Le nombre douze est donc un retour aux origines d'Israël, mais aussi
un symbole d'espérance : Israël, est rétabli dans son intégrité, les douze
tribus sont à nouveau rassemblées.
Douze : le nombre des tribus est aussi un nombre cosmique qui symbolise le
caractère universel du peuple de Dieu en train de renaître. Les Douze sont
présentés comme les pères de ce peuple universel fondé sur les apôtres. Dans
l'Apocalypse, dans la vision de la Jérusalem nouvelle, le symbolisme des
Douze est développé en une magnifique image
(cf. Ap 21, 9-14) qui aide le
peuple de Dieu en marche à comprendre son présent, partant de son avenir, et
qui l'éclaire avec une perspective d'espérance : passé, présent et avenir s'interpénètrent
à partir de la figure des Douze.
C'est dans ce même contexte qu'il faut placer la prophétie par laquelle
Jésus laisse entrevoir à Nathanaël qui il est vraiment : « Vous verrez les
cieux ouverts, avec les anges de Dieu qui montent et descendent au-dessus
du
Fils de l'homme » (Jn 1, 51). Jésus se révèle ici comme le nouveau
Jacob. Dans son rêve, le patriarche voyait, dressée à hauteur de sa tête et
touchant le ciel, l'échelle sur laquelle des anges de Dieu montaient et
descendaient, et ce songe est devenu réalité en Jésus. Il est lui-même «
la
porte du ciel » (cf. Gn 28, 10-22)
; il est le vrai Jacob, le «
Fils de
l'homme », le père de l'Israël définitif.
Revenons au texte de Marc. Jésus désigne les Douze en leur assignant la
double mission « d'être avec lui et d'être envoyés ». Il faut qu'ils soient
avec lui pour apprendre à le connaître, à connaître de lui ce que ne
pouvaient comprendre « les gens » qui le voyaient seulement de l'extérieur
et qui le considéraient comme un prophète, comme une grande figure de
l'histoire des religions, sans pour autant être capables de percevoir son
caractère unique (cf. Mt 16, 13-14). Il faut que les Douze soient avec
Jésus, afin de reconnaître qu'il ne fait qu'un avec le Père et de porter
témoignage de son mystère. Comme le dira Pierre avant le choix de Matthias,
il faut qu'ils aient été là « durant tout le temps où le Seigneur Jésus a
vécu parmi nous » (Ac 1, 21). Il faut qu'après avoir vécu extérieurement en
communauté avec Jésus, ils finissent par entrer en communion intérieure avec
lui, pourrait-on dire. Mais en même temps, leur vocation est d'être
précisément des envoyés de Jésus, des « apôtres », à savoir ceux qui portent
son message dans le monde, tout d'abord aux brebis égarées de la maison
d'Israël, puis « jusqu'aux extrémités de la terre ». Accompagner et être
envoyé, qui semblent s'exclure au premier abord, sont visiblement une seule
et même chose. Les Douze doivent apprendre à être avec Jésus de façon que,
même s'ils partent jusqu'aux extrémités de la terre, ils demeurent avec lui.
Par nature, être avec Jésus porte en soi
la dynamique de la mission puisque l'être tout entier de Jésus est en effet
mission.
à suivre...
2) Quel est, d'après
ce texte, le but assigné aux envoyés ?
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"Jésus de Nazareth"
Sources: www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.12.2007 - BENOÎT XVI
- T/J.N. |