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19 Avril 2005
 

La restauration liturgique telle que souhaitée par Benoît XVI

 

Le 16 mars 2008 - (E.S.M.) - Pour les simples fidèles, Benoît XVI, qui ne semble pas se soucier outre mesure de l'opinion des pasteurs français pour ce qui concerne la liturgie, voit la réalité de façon bien plus objective, plus constructive et plus saine, et insiste sur l'urgence d'une restauration de la liturgie romaine dont les caractères essentiels ont été rappelés par Jean-Paul II : unité, sainteté, catholicité, apostolicité.

La cathédrale d'Évry Pour agrandir l'image: C'est ici

La restauration liturgique telle que souhaitée par Benoît XVI

LITURGIE: COMMENT SURMONTER LA CRISE ?

Pourquoi parle-t-on aujourd'hui d'une crise de la liturgie ? Pourquoi observe-t-on une crise de la liturgie ? En partie parce que les grandes décisions du concile Vatican II sont tombées sur un terrain insuffisamment préparé sur le plan spirituel, théologique, historique: les efforts du renouveau dans le domaine de la liturgie romaine, entrepris par les bénédictins belges, allemands et français depuis la fin du XIXème siècle, n'ont pas eu le temps d'être assimilées; leurs justes orientations n'ont donc pas été comprises.

En pratique, le clergé a été obligé de partir d'un ensemble d'habitudes correspondant à un état antérieur à ces efforts: un état encore très marqué par des siècles de décadence liturgique (le XVIIème, le XVIIIème et surtout le XIXème siècles). La liturgie dite "tridentine", telle qu'elle était célébrée durant ces époques et jusqu'au concile Vatican II, surtout dans les paroisses, restait - contrairement à ce qui est encore affirmé et cru ici ou là -très loin des exigences d'une liturgie "traditionnelle" au vrai sens du mot. En réalité, elle offrait peu d'éléments vécus en profondeur par les fidèles, et à partir desquels il aurait été possible de poursuivre, au moment de Vatican II, la grande Tradition de la prière ecclésiale. (1)

C'est probablement parce que les éléments de la liturgie n'étaient plus toujours vécus en profondeur dans bien des paroisses, que très facilement, la liturgie a été confondue avec une théâtralisation aussi savante que routinière qui a fini par se déliter dans une sorte d'indifférence des fidèles. L'expression souvent entendue à la sortie des églises en ces années-là: "C'était une belle messe", montre bien que pour de nombreux pratiquants réguliers ou occasionnels, c'était davantage la forme théâtrale et la mise en scène que le fond théologal de la liturgie qui marquaient les esprits. Et cette théâtralisation a fini par aboutir, essentiellement à partir de Vatican II, à des célébrations de type "je-me-regarde-et-je-me-plais" telles qu'on les trouve aujourd'hui dans toutes les paroisses où règnent un célébrant et une équipe liturgique qu'on pourrait qualifier de narcissiques, c'est-à-dire avant tout préoccupés par leur ego. (2) (Le Père Tony ANATRELLA, du diocèse de Paris, parle de certains prêtres qui ont tendance à détourner leur fonction "à des fins narcissiques", qui sont "dans la séduction" et ont "de sérieuses difficultés pour se situer institutionnellement dans la coopération avec les autres". Il parle aussi de prêtres qui "adoptent des conduites affectives douteuses, formulent des critiques mettant en cause des réalités essentielles de la vie sacerdotale et contestent les vérités enseignées par l'Église").

La célébration "face au peuple" n'a certainement pas arrangé les choses puisque, au lieu de permettre aux fidèles de voir ce qui se fait à l'autel, on a donné aux célébrants l'occasion de regarder vers la nef pour voir l'effet qu'ils produisaient sur les fidèles. Ici encore, on est plus dans le domaine du spectacle que dans le domaine liturgique.

Ainsi donc, dans l'Église romaine, les décisions de Vatican II sont tombées sur un sol mal préparé. Il en résultera cette situation que l'on déplore actuellement et qui est faite des maladresses que l'on remarque chez les personnes peu formées chargées d'appliquer pratiquement les normes liturgiques, et des crispations qui marquent les fidèles lassés d'avoir été les objets de toutes les fantaisies liturgiques.

Après Vatican II, un clergé souvent peu versé dans le domaine de l'histoire de la liturgie et des principes de son établissement et de son développement (disciplines qui n'ont pas été enseignées dans les séminaires ni avant ni après le Concile), a interprété les décisions conciliaires dans un sens partiel et parfois même totalement opposé à l'esprit de ces décisions [(3) BENOÎT XVI aux prêtres des diocèses de Bellune, Feltre et Trévise (été 2007)]. Dans la pratique, aucune attention n'a été accordée aux textes qui affirmaient pourtant très clairement que la liturgie devait permettre une expérience anticipée de la vie éternelle, que les modifications des rites ne pouvaient se faire que par une évolution harmonieuse à partir de traditions déjà existantes, qu'il fallait veiller à sacraliser tous les actes de l'action liturgique. Par contre, sous prétexte d'une efficacité pastorale plus grande, on s'est partout lancé, avec une avidité inattendue et sans la moindre réflexion préalable, dans la simplification et la banalisation des rites, dans la suppression du latin et du chant grégorien (que Vatican II demandait pourtant de conserver!), dans la suppression de tout vocabulaire théologique spécifique, aussi bien dans les homélies que dans les prières, dans un retournement généralisé des autels.

Très rares ont été les paroisses échappant à un vent de désacralisation des gestes et du langage liturgique. La traduction française des textes de la messe en fournit un témoignage probant: elle-même n'a pas été faite avec le souci de maintenir le sens profond des formules rituelles et d'adapter la langue française au rythme de la liturgie. On a plutôt cherché à accommoder les oraisons et les chants à l'état actuel de la langue française, lequel se révèle souvent fort limité.

Il en sera de même pour la musique: très peu d'efforts seront faits pour adapter la technique de la musique actuelle aux exigences strictes de l'esprit liturgique et ainsi aménager une transition organique entre le chant destiné à la liturgie romaine célébrée en langue française et la tradition grégorienne propre à la même liturgie, mais célébrée en latin. Tout au contraire, on a fait appel à des compositeurs sans grand génie - il faut bien le reconnaître - qui ont cherché à faire cadrer les chants destinés à la célébration liturgique avec les exigences d'une musique soi-disant "moderne" et sensée plaire aux nouvelles générations - cette musique dite "moderne" appartenant dans la plupart des cas à une époque déjà démodée -. Même dans les efforts louables du Père Deiss et du Père Gelineau, pour ne citer que ces deux exemples, n'apparaît à aucun moment le courage de prolonger la tradition de la musique du siècle passé dans un esprit de nouveauté permettant d'assurer une transition directe du chant grégorien vers un chant liturgique en langue française. Dans la plupart des cas, on n'obtiendra que de brefs refrains rappelant plus où moins la ligne mélodique du grégorien.

Le résultat obtenu sera donc le suivant : plus de chant grégorien, mais rien non plus pour le remplacer. Plus de célébrations en latin, mais rien non plus pour les remplacer avantageusement. Une seule génération de clercs peu versés en liturgie aura introduit de tels changement dans la façon de célébrer la liturgie, que la tradition est aujourd'hui rompue - c'est un fait -, et que la règle du Concile qui voulait une évolution organique et réfléchie de la liturgie n'est nulle part exaucée et ne peut même plus être envisagé. N'est-ce pas cette situation qui rend parfois hypothétique dans nos paroisses - au moins à court terme - toute tentative de restauration liturgique telle que souhaitée par Benoît XVI ?

Dans le domaine de l'architecture, on a observé un phénomène analogue: au lieu d'utiliser les possibilités de la technique moderne pour la construction de sanctuaires parfaitement adaptés aux exigences du culte chrétien, on a imposé aux églises, et ainsi indirectement à la mise en œuvre du culte, des formes dictées par le matériel employé et par des références à d'autres constructions publiques telles qu'usines, théâtres, music-halls ou même cirques. On songe ici à la cathédrale d'Évry. (la photo)

Quant aux symboles chrétiens qui ornaient les vêtements liturgiques, ils ont souvent été remplacés par de simples "logos": souvenons-nous des "chasubles JMJ" ou encore des chasubles aux couleurs de la gay-pride utilisées en France au cours des messes célébrées par Jean-Paul II.

Ainsi, dans leur ensemble, les applications concrètes de la réforme liturgique, surtout dans les paroisses, ne réalisent pas le souhait du Concile exprimé dans l'article 8 de la Constitution Sacrosanctum Concilium et qui dit: "Dans la liturgie terrestre, nous participons par un avant-goût à cette liturgie céleste qui se célèbre dans la sainte cité de Jérusalem à laquelle nous tendons comme des voyageurs". Désormais, le fidèle a trop souvent l'impression, quand il participe à une messe paroissiale, qu'au lieu de chercher à libérer l'homme des contingences matérielles en créant un dépaysement certain au cours du culte, on cherche à aliéner le pratiquant en introduisant dans la liturgie les éléments même de ce "monde" dont on devrait le libérer. Les efforts du concile Vatican II semblent donc se solder, tout spécialement en France et dans bon nombre de pays francophones, par un échec dont, pour des raisons qu'on ne s'explique pas, les évêques se montrent satisfaits puisqu'ils disent eux-mêmes qu'il n'y a pas de problèmes en liturgie. (4) (Cf. les déclarations de Mgr Le Gall ou de Mgr Vingt-Trois)

Heureusement pour les simples fidèles, Benoît XVI, qui ne semble pas se soucier outre mesure de l'opinion des pasteurs français pour ce qui concerne la liturgie, voit la réalité de façon bien plus objective, plus constructive et plus saine, et insiste sur l'urgence d'une restauration de la liturgie romaine dont les caractères essentiels ont été rappelés par Jean-Paul II : unité, sainteté, catholicité, apostolicité. (5) (Cf. Lettre apostolique Vicesimus Quintus Annus)

Aujourd'hui, près d'un demi-siècle après Vatican II, bien des fidèles sont dans l'attente d'une authentique mise en oeuvre de la liturgie romaine dont la forme a été définie par la Constitution Sacrosanctum Concilium, tout en sachant bien qu'un redressement de la situation ne sera pas chose facile tant la ligne préconisée par le Concile, à savoir celle qui permet de situer la liturgie dans la vraie Tradition, semble avoir été lâchée par les clercs. Quelles que pourront être les orientations données par le Souverain Pontife pour amorcer le redressement attendu, il y aura deux erreurs à ne pas faire : la première consistant à croire que la solution se trouve dans une rupture avec la Tradition vivante, la seconde à croire que la solution peut être trouvée dans la restauration d'habitudes anciennes confondues avec la Tradition qui, parce qu'elles avaient souvent sclérosé la liturgie avant Vatican II, ont contribué pour une large part à l'échec de la restauration conciliaire.

Pour redresser la situation en liturgie, c'est-à-dire aboutir à la "réforme de la réforme" préconisée de longue date par le Cardinal Ratzinger et qui permettrait de sortir de la crise actuelle, il sera peut-être opportun de suivre le conseil donné par Isaac le Syrien, qui écrivait en toutes lettres: "Craignez les habitudes plus que vos ennemis". Il y a là, au fond, une idée assez simple qui oppose ce que l'on aurait aujourd'hui tendance à confondre: la "tradition" et l' "habitude". L'habitude est souvent le lieu du moindre effort; c'est l'attitude statique et passive. La tradition, par contre, exige un effort incessant de recherche pour se conformer progressivement à un idéal : c'est ce qui dicte le comportement de celui qui vit et qui se montre dynamique (ce qui ne signifie pas être agité ou sans cesse occupé à "faire" quelque chose).

Dès que cette recherche de conformité à un idéal - il s'agit ici de l'idéal liturgique - s'arrête, la tradition se transforme en simple habitude qui conduit inéluctablement à la mort de la liturgie. Quand la routine s'introduit non seulement dans le domaine spirituel, mais aussi dans celui du contexte dans lequel s'accomplit la liturgie en tant qu'elle est la plus haute manifestation du spirituel, elle devient contrainte: la contrainte alourdit et sclérose les célébrations liturgiques, les transformant en quelque chose d'ennuyeux auquel on assiste plus par devoir que par désir de "gaspiller" son temps pour Dieu. (6) En liturgie, les "bonnes habitudes" sont celles qui libèrent l'esprit autant que le corps en évitant les efforts inutiles: tel est le rôle joué par les rites. Ces derniers nous apprennent à faire de la liturgie un acte moins contraignant, moins laborieux, moins factice. Les "bonnes habitudes" sont acquises lorsque les gestes, les chants, les déplacements, les signes, les attitudes... sont effectués dans l'ordre voulu et aux moments prévus, de façon juste, afin de communiquer à l'assemblée bien plus que ne peut communiquer la seule sympathie du célébrant ou le caractère artificiel de pratiques ajoutées au culte ou encore les modifications inopportunes dans l'ordre des rites.

Voilà pourquoi Jean-Paul II, puis Benoît XVI à sa suite, ont pu enseigner que c'est l'attention et l'obéissance à la structure propre du rite qui manifestent la volonté du ministre d'accueillir avec une docile gratitude le don ineffable du Seigneur, pour le transmettre aux fidèles dans son intégrité et sa plénitude. (7) (Cf. Du pape Jean-Paul II : Mane nobiscum Domine; Ecclesia De Eucharistia; et du pape Benoît XVI : Sacramentum Caritatis)

Denis CROUAN docteur en théologie, Pdt de Pro Liturgia
Nombreux liens dans la rubrique liturgie : Articles sur la Liturgie

NOTES :

(1) Qui se souvient aujourd'hui de ces messes paroissiales des années 1950-60 qui voyaient l'église se vider de moitié au moment où quelques fidèles s'avançaient vers l'autel pour communier ? Qui parle aujourd'hui de ces messes dominicales de villages durant lesquelles on occupait les fidèles à chanter des cantiques sans rapports avec la liturgie du jour ("Je m'avancerai jusqu'à l'autel de Dieu" un dimanche sur deux, "Tu es mon berger ô Seigneur" à chaque grande fête, "Voici l'offrande de tes enfants" quand il fallait meubler un offertoire un peu trop long et que la personne qui tenait l'harmonium était en mal d'inspiration pour improviser...) tandis qu'un célébrant plus ou moins pressé par le temps faisait une sorte de chorégraphie savante à l'autel en tâchant de ne pas se laisser distraire par les fous rires d'enfants de choeur espiègles ?

(2) Le Père Tony ANATRELLA, du diocèse de Paris, parle de certains prêtres qui ont tendance à détourner leur fonction "à des fins narcissiques", qui sont "dans la séduction" et ont "de sérieuses difficultés pour se situer institutionnellement dans la coopération avec les autres". Il parle aussi de prêtres qui "adoptent des conduites affectives douteuses, formulent des critiques mettant en cause des réalités essentielles de la vie sacerdotale et contestent les vérités enseignées par l'Église".

(3) BENOÎT XVI aux prêtres des diocèses de Bellune, Feltre et Trévise
(été 2007) : "J'ai vécu, moi aussi, l'époque du Concile Vatican II (...) On avait vraiment l'impression d'une nouvelle Pentecôte, où l'Église pouvait de nouveau convaincre l'humanité. Le monde s'était éloigné de l'Église aux XIXème et XXème siècles, mais il semblait qu'ils se rencontraient à nouveau et que renaissaient un monde chrétien et une Église du monde, vraiment ouverte au monde. Nous avons beaucoup espéré mais, en réalité les choses se sont révélées plus difficiles que prévues. Cependant, il nous reste le grand héritage du Concile, qui a ouvert une voie nouvelle; c'est toujours une "grande charte" du cheminement de l'Église, tout à fait essentielle et fondamentale. Mais pourquoi en a-t-il été ainsi ? (...) nous devons constater que dans la vie de l'après-Concile, il y a deux grandes coupures historiques. La première est celle de 1968, qui marque le début ou l'explosion - si j'ose dire - de la grande crise culturelle en Occident. C'était la fin de notre génération de l'après-guerre, une génération qui, après toutes les destructions, et ayant vu les horreurs de la guerre et des combats, ayant constaté le drame des grandes idéologies qui avaient véritablement conduit les gens vers l'abîme de la guerre, avait redécouvert les racines chrétiennes de l'Europe et commencé à reconstruire l'Europe sur la base de ces grandes inspirations. Mais une fois passée cette génération, on a vu aussi tous les échecs et les lacunes de cette reconstruction, la grande misère qui existait dans le monde. C'est ainsi qu'a commencé puis explosé la crise de la culture occidentale, ou plutôt d'une révolution culturelle qui voulait tout changer radicalement.Cette révolution culturelle disait: "En deux mille ans de christianisme, nous n'avons pas créé un monde meilleur; nous devons donc repartir de zéro, d'une manière absolument nouvelle." Et le marxisme paraissait être la formule scientifique permettant d'établir enfin ce monde nouveau. Dans ce que j'appellerai un grave et grand conflit entre la nouvelle et saine modernité voulue par le Concile et la crise de la modernité, tout est devenu difficile, comme après le premier Concile de Nicée. Certains pensaient que cette révolution culturelle était ce qu'avait véritablement voulu le Concile. Ils identifiaient cette nouvelle révolution culturelle - marxiste - avec la volonté du Concile. Ils disaient: "Le Concile, c'est ça; quand on les prend au pied de la lettre, les textes sont encore un peu vieillots; mais derrière les mots écrits, il y a cet "esprit" du Concile. C'est cela la volonté du Concile; voilà comment il faut faire." Les autres, naturellement, réagissaient et disaient: "En vous comportant ainsi, vous détruisez l'Église." La réaction absolue contre le Concile fut l'anticonciliarisme et, disons-le, un timide et humble effort pour concrétiser le véritable "esprit" du Concile. (....) Pendant que le progressisme erroné et l'anticonciliarisme absolu faisaient grand bruit, le chemin de l'Église progressait très silencieusement, avec beaucoup de souffrances et de pertes dues à la construction d'un nouveau passage culturel.

La seconde coupure a eu lieu en 1989, au moment de l'effondrement des régimes communistes. Mais la réponse à cette coupure n'a pas été un retour à la foi, comme on pouvait peut-être s'y attendre; elle n'a pas été la redécouverte du fait que c'était justement l'Église, avec l'authentique Concile, qui avait indiqué une solution aux vrais problèmes. La réponse, au contraire, a été un scepticisme total qui a caractérisé ce qu'on a appelé la post-modernité. On disait alors: "Rien n'est vrai: à chacun de voir comment il veut vivre." C'était l'affirmation d'un matérialisme, d'un scepticisme pseudo-rationaliste et aveugle qui finit dans la drogue et dans tous ces problèmes que nous connaissons actuellement et qui, de nouveau, barrent le chemin à la foi. Il est si simple, si évident de dire: "Non, rien n'est vrai; la vérité est intolérante, on ne peut pas prendre ce chemin..." Voilà: dans le contexte de ces deux ruptures culturelles, la première étant la révolution culturelle de 1968 et la seconde la chute dans le nihilisme après 1989, l'Église, humblement, entre les passions du monde et la gloire du Seigneur, a voulu tracer son chemin. Sur ce chemin, nous devons progresser avec patience et apprendre maintenant, dans un monde nouveau, ce que signifie renoncer à un certain triomphalisme. Le Concile lui-même avait dit qu'il fallait renoncer au triomphalisme: il avait surtout pensé à l'héritage du Baroque, à toutes ces grandes cultures de l'Église. On a alors dit: "Commençons de manière moderne, nouvelle..." Mais un autre triomphalisme s'est développé, consistant à penser: "Maintenant nous agissons: nous avons trouvé la voie et nous y trouvons le monde nouveau." Mais l'humilité de la Croix, celle du Crucifié, exclut également un tel triomphalisme. Nous devons renoncer à tout triomphalisme qui nous fait croire que c'est maintenant que naît réellement la grande Église de l'avenir. L'Église du Christ est toujours humble et c'est comme cela qu'elle est grande et joyeuse. (...) nous devons aussi apprendre, en même temps que cette humilité est le vrai triomphalisme de la catholicité, celui qui progresse au cours de tous les siècles. Aujourd'hui encore nous voyons s'étendre la présence du Crucifié-ressuscité qui a ses blessures et les conserve. Il est blessé, mais c'est justement ainsi qu'il renouvelle le monde, qu'il donne son souffle qui renouvelle aussi l'Église malgré toute notre pauvreté. Dans ce mélange d'humilité de la Croix et de joie du Seigneur ressuscité nous avons reçu dans le Concile un grand guide pour la route: nous pouvons donc aller de l'avant, joyeux et pleins d'espérance."


(4) Cf. les déclarations de Mgr Le Gall ou de Mgr Vingt-Trois.
(5) Cf. Lettre apostolique
 Vicesimus Quintus Annus.
(6) Cf. Romano GUARDINI, L'esprit de la liturgie.
(7) Cf. Du pape Jean-Paul II : Mane nobiscum Domine; Ecclesia De Eucharistia;
et du pape Benoît XVI : Sacramentum Caritatis.
 

Sources :  PRO LITURGIA

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 16.03.2008 - T/Liturgie

 

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