Benoît XVI explique comment le
dialogue et la mission ne s'excluent pas |
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Cité du Vatican, le 16 février 2008 -
(E.S.M.)
- Un jeune indien,
vicaire de la paroisse de Saint Joseph à Valle Aurelia, de
passage pour ses études à Rome interroge le pape Benoît XVI sur
l'unicité de la foi en ce qui concerne le dialogue interreligieux.
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Benoît XVI explique comment le dialogue et la mission ne s'excluent pas
Question N°5 :
Un jeune indien, vicaire de la paroisse de Saint Joseph à
Valle Aurelia, de passage pour ses études à Rome interroge le pape
Benoît XVI sur l'unicité de la foi en ce qui concerne le dialogue
interreligieux.
Je m’appelle don Chungat, indien, actuellement vicaire de la paroisse de
Saint Joseph à Valle Aurelia. Je voudrais vous remercier pour l'opportunité
qui m'a été donnée de servir dans le diocèse de Rome pendant trois ans. Cela a
été pour moi, pour mes études, une grande aide, ainsi que je crois que ce
l'est pour tous les prêtres étudiants qui sont à Rome. Le moment de retourner dans mon diocèse en Inde où les catholiques sont seulement
un pour cent tandis que quatre-vingt-dix-neuf pour cent ne sont pas
chrétiens, est maintenant arrivé. La chose qui ces derniers jours m'a beaucoup fait réfléchir, est la
situation de l'Évangélisation missionnaire dans ma patrie. Dans la récente
note de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, il y a quelques mots
difficiles à comprendre dans le domaine du dialogue interreligieux. Par
exemple au numéro 10, il est écrit « plénitude du salut », et dans la partie
introductive « nécessité d'incorporation formelle dans l'Église
». Il s'agit de concepts difficiles à faire comprendre lorsque j'emmènerai
ces documents en Inde et devrai parler à mes amis indous et aux fidèles
d'autres religions. Ma question est : plénitude du salut se comprend-elle dans le
sens qualitatif ou quantitatif ? Si c'est quantitatif, j'ai quelques
difficultés. Le Concile Vatican II dit qu'il y a une possibilité d'une graine de
lumière même dans les autres fois. Si c'est dans le sens qualitatif, outre
l'historicité
et la plénitude de la foi, quelles sont les autres choses pour montrer
l'unicité de notre foi en ce qui concerne le dialogue interreligieux ?
Réponse du pape Benoît XVI
Merci pour cette intervention. Je sais bien que par l'ampleur de vos
questions, on aurait besoin d'un semestre de théologie ! Je chercherai à
être bref. Je connais la théologie, il y a de grands maîtres et de nombreux
livres. Avant tout, merci pour votre témoignage, parce que vous vous dites joyeux de
pouvoir travailler à Rome tout en étant indien. Ne serait-ce que cela,
c'est un phénomène merveilleux de la catholicité. Maintenant, non seulement
des missionnaires
vont de l'occident vers les autres continents, mais il y a un échange de
dons : des Indiens, des africains, des sud-américains travaillent chez nous et les
nôtres vont dans les autres continents. C'est un 'donner' et 'recevoir'
partout ; c'est précisément cela, la vitalité de la catholicité, où nous sommes
tous des débiteurs des dons du Seigneur, et ensuite nous pouvons donner
l'un à l'autre. C'est dans cette réciprocité des dons, de donner et de
recevoir, que vit l'Église catholique, ajoute Benoît XVI. Vous pouvez apprendre de ces
milieux et expériences occidentales et nous non moins de vous. Je vois vraiment que cet esprit de religiosité qui existe en Asie, comme en Afrique,
surprend les européens qui sont souvent un peu froids dans la foi. Et ainsi
cette vivacité, au moins de l'esprit religieux qui existe dans ces
continents, est un grand don pour nous tous, surtout pour nous Évêques du
monde occidental et en particulier de ces Pays dans lesquels, les
Philippines, l'Inde, et cetera, le phénomène de l'immigration est plus
marqué. Notre catholicisme froid est ravivé par cette ferveur qui vient de vous.
La catholicité est donc un grand don.
Nous en venons aux questions que vous m'avez posées. Je n'ai pas devant moi
en cet instant, les mots exacts du document de la Congrégation pour la
Doctrine de la Foi que vous avez rappelés ; mais dans tous les cas, je voudrais dire deux choses.
D'une part, le dialogue, se connaître
réciproquement, se respecter et chercher à collaborer de toutes les façons
possibles pour les grands buts de l'humanité, ou pour ses grands besoins,
pour dépasser les fanatismes et créer un esprit de paix et d'Amour, est
absolument nécessaire. Et c'est aussi dans l'esprit de l'Évangile, dont le sens est
justement que
l'esprit d'Amour, que nous avons appris de Jésus, la paix de Jésus qu'Il
nous a donnée par la croix, devient présente de manière universelle dans
le monde. En ce sens, le dialogue doit être un vrai dialogue, dans le respect de
l'autre et dans l'acceptation de sa différence ; mais il doit être aussi
évangélique, dans le sens que son but fondamental est d'aider les hommes à
vivre dans l'Amour et à faire en sorte que cet Amour puisse se répandre dans
le monde entier.
Mais cette dimension du dialogue si nécessaire, c'est-à-dire celle du
respect de l'autre, de la tolérance, de la coopération, n'exclut pas
l'autre, à savoir que l'Évangile a un grand don, le don du grand Amour, de la
grande vérité, que nous ne pouvons pas posséder seulement pour nous-mêmes, mais
que nous devons offrir aux autres, en considérant que Dieu donne la
liberté et la lumière nécessaire pour trouver la vérité. C'est cela
la vérité, souligne Benoît XVI. Et donc, c'est aussi ma voie. La mission n'est pas
une imposition, mais c'est offrir le don de Dieu, en laissant à Sa bonté
d'éclairer les personnes pour que s'étende le don de l'amitié concrète avec
le Dieu au visage humain. Nous voulons donc et devons toujours témoigner
cette foi et l'Amour qui vit dans notre foi. Nous aurions négligé un
véritable devoir, humain et divin, si nous avions laissé les autres seuls et si
nous avions gardé la foi que nous avons, seulement pour nous. Nous serions
des infidèles même à nous-mêmes, si nous n'offrions pas cette foi au monde,
aussi en respectant toujours la liberté des autres. La présence de la foi
dans le monde est un élément positif, même si on ne convertit personne ; c'est un point de référence.
Des représentants de religions non chrétiennes m'ont dit : la présence
du christianisme est un point de référence qui nous aide, même si nous ne
nous convertissons pas. Pensons à la grande figure de Mahatma Gandhi
: en étant lié aussi fermement à sa religion, le discours de la
montagne était un point fondamental de référence, qui a orienté toute sa
vie. Et ainsi, le ferment de la foi, même en ne se convertissant pas au
christianisme, est entré dans sa vie. Et il me semble que ce ferment de
l'Amour chrétien qui transparaît de l'Évangile est - outre le travail
missionnaire qui cherche à élargir les espaces de la foi - un service que
nous rendons à l'humanité.
Pensons à Saint Paul. J'ai approfondi il y a peu de temps, explique Benoît
XVI, sa motivation missionnaire. J'en ai parlé même à la Curie à l’occasion
de la rencontre de fin d'année. Il était ému de la Parole du Seigneur dans
ses sermons eschatologiques. Avant chaque événement, avant le retour du Fils
de l'homme, l'Évangile doit être prêché à tout le monde. Condition pour que
le monde atteigne sa perfection, pour son ouverture au paradis, est que
l'Évangile soit annoncé à tous. Il mit tout son zèle missionnaire pour que
l'Évangile puisse arriver déjà si possible à tous dans sa génération, pour
répondre aux commandements du Seigneur « pour qu'il soit annoncé à toutes
les personnes ». Son désir était aussi bien de baptiser tout le monde, que
la présence de l'Évangile dans le monde et donc l'accomplissement de
l'histoire comme tel. Il me semble qu'aujourd'hui, en voyant le cours de
l'histoire, on puisse mieux comprendre que cette présence de la Parole de
Dieu, que cette annonce qui arrive à tous comme un ferment, est nécessaire pour que
le monde puisse réellement arriver à son but. En ce sens, oui, nous voulons
la conversion de tous, mais laissons le Seigneur agir. Il est important que
celui qui veut se convertir, en ait la possibilité et que toute cette lumière du Seigneur
apparaisse sur le monde comme point de référence
et comme lumière qui aide, sans laquelle, le monde ne peut pas se retrouver
lui-même.
Je ne sais pas si je me suis bien expliqué : le dialogue et la mission
non seulement ne
s'excluent pas, mais l'un demande l'autre.
Question n°6
Du Père Alberto Orlando, vicaire paroissial de « Santa Maria Madre della
Provvidenza » - Repenser les célébrations liturgiques auxquelles participent
des foules.
Je suis le Père Alberto Orlando, vicaire de la paroisse de « Santa Maria
Madre della Provvidenza ». Je voudrais vous soumettre une difficulté que
j'ai vécue à Lorette avec les jeunes l'an dernier. A Lorette nous avons
passé une journée magnifique, mais parmi toutes ces belles choses, nous
avons noté une certaine distance entre Vous-même et les jeunes. Nous sommes
arrivés l'après-midi. Nous ne sommes parvenus ni à nous installer, ni à
voir, ni à entendre. Puis, quand le soir est arrivé, vous êtes parti et nous
nous sommes retrouvés livrés à la télévision, qui dans un certain sens nous
a été imposée. Mais les jeunes ont besoin de chaleur. Une jeune fille par
exemple m'a dit : « Normalement le pape nous appelle "chers jeunes", en
revanche aujourd'hui il nous a appelés "mes jeunes amis" ». Et elle en était
très contente. Pourquoi ne pas souligner ce détail, cette proximité ? La
liaison télévisée avec Lorette était également très froide, très lointaine ;
le moment de la prière aussi a créé des difficultés parce qu'il était lié à
des sources de lumière qui sont restées éteintes très tard, au moins jusqu'à
ce que le spectacle télévisé soit terminé. La deuxième chose qui nous a créé
des difficultés a été la liturgie du lendemain, un peu pesante notamment du
point de vue des chants et de la musique. Au moment de l'Alleluia, pour vous
donner un exemple, une jeune fille a noté que, malgré la chaleur, les chants
et la musique se prolongeaient très longuement, comme si personne ne s'était
préoccupé des désagréments de ceux qui se retrouvaient à l'étroit dans une
foule très dense. Et il s'agissait de jeunes qui vont à la messe tous les
dimanches. J'aurais deux questions : pourquoi cette distance entre eux et
vous ; et comment concilier le trésor de la liturgie dans toute sa solennité
avec le sentiment, l'affection et l'émotivité qui nourrissent les jeunes et
dont ils ont tant besoin ? Je voudrais également un conseil : comment
pouvons-nous régler la mesure entre solennité et émotivité. Notamment aussi
parce nous-mêmes, nous nous demandons souvent en tant que prêtres dans
quelle mesure nous sommes capables de vivre avec simplicité l'émotion et le
sentiment. Puisque nous sommes les ministres du sacrement, nous voudrions
être en mesure d'orienter le sentiment et l'émotivité vers le juste
équilibre.
Réponse du Saint-Père
Le premier point que vous me soumettez est lié à l'organisation : je l'ai
trouvée comme c'était, et je ne sais pas si c'était possible de l'organiser
différemment. En considérant les milliers de personnes qui étaient
présentes, il était impossible, me semble-t-il, de faire que tous soient
proches de la même manière. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous
suivi un parcours en voiture, pour avoir un peu de proximité avec chacun.
Mais nous prendrons cependant cela en compte et nous verrons si à l'avenir,
lors d'autres rencontres avec des milliers de personnes, il
sera possible de faire quelque chose de différent. Il me semble toutefois
important que grandisse le sentiment d'une proximité intérieure, qui trouve
le pont qui nous unit même lorsque l'on est distant dans l'espace.
En revanche, un grand problème se pose pour les liturgies auxquelles
participent des foules de personnes. Je me souviens de 1960, au cours du
grand congrès eucharistique international de Munich, qui tentait de donner
une nouvelle physionomie aux congrès eucharistiques, qui jusqu'alors étaient
seulement des actes d'adoration. On souhaitait placer la célébration de
l'Eucharistie au centre comme acte de la présence du mystère célébré. Mais
comment faire ? On peut adorer à distance ; mais pour célébrer, la
communauté doit être limitée, pour pouvoir interagir avec le mystère. Il
fallait donc une communauté qui constitue une assemblée autour de la
célébration du mystère. Beaucoup étaient contraires à la célébration en
public avec cent mille personnes. Ils disaient que cela n'était pas possible
en raison de la structure même de l'Eucharistie, qui exige la communauté
pour la communion. Il y avait également de grandes personnalités, très
respectables, qui étaient contraires à cette solution. Puis le Professeur
Jungmann, un grand liturgiste, l'un des grands architectes de la réforme
liturgique, a créé le concept de statio orbis, c'est-à-dire qu'il est revenu
à la statio Romae où, précisément à l'époque du Carême, les fidèles se
réunissent à un endroit, la statio : ils sont donc en statio comme les
soldats pour le Christ, puis ils se rendent ensemble à l'Eucharistie. Si
cela, a-t-il dit, était la statio de la ville de Rome, où la ville de Rome
se réunit, alors il s'agit d'une statio orbis. Et depuis lors nous avons des
célébrations eucharistiques avec la participation des foules. Selon moi, je
dois dire, un problème demeure, parce que la communion concrète dans la
célébration est fondamentale et donc je ne pense pas qu'une réponse
définitive ait été trouvée. J'ai également soulevé cette question lors du
dernier Synode, qui n'a toutefois pas trouvé de réponse. J'ai fait poser une
autre question, sur la concélébration en masse : parce que si, par exemple,
mille prêtres concélèbrent, on ne sait pas si la structure voulue par le
Seigneur subsiste encore. Mais dans tous les cas, ce sont des questions. Et
ainsi s'est présentée à vous la difficulté de participer à une célébration
de masse au cours de laquelle il n'est pas possible que tous soient
également impliqués. Il faut par conséquent choisir un certain style, pour
conserver la dignité qui est toujours nécessaire à l'Eucharistie. La
communauté n'est donc pas uniforme et l'expérience de la participation à
l'événement est différente ; pour certains, elle est assurément
insuffisante. Mais cela ne dépendait pas de moi, mais plutôt de ceux qui se
sont chargés de la préparation.
Il faut bien réfléchir sur ce qu'il faut faire dans ces situations, comment
répondre aux défis de cette situation. Si je ne me trompe pas, c'était un
orchestre de handicapés qui assurait la musique et sans doute l'idée
était-elle précisément de faire comprendre que les handicapés peuvent être
les animateurs de la sainte célébration, qu'ils ne doivent absolument pas
être exclus mais qu'ils doivent en être les premiers agents. Et ainsi,
puisqu'on les aimait, ils ne se sont pas sentis exclus mais au contraire
impliqués. Cela me semble une réflexion tout à fait respectable et je la
partage. Mais naturellement, le problème fondamental demeure. Ici aussi,
toutefois, je crois, en sachant ce qu'est l'Eucharistie, même si l'on
n'a pas la possibilité d'une activité extérieure comme on le désirerait pour
ressentir une participation, l'on y entre avec le cœur, comme dit l'antique
impératif de l'Eglise, créé peut-être précisément pour ceux qui étaient
derrière la basilique : « Elevons notre cœur ! A présent nous sortons tous
de nous mêmes, ainsi, nous sommes tous avec le Seigneur et nous sommes
ensemble». Comme je l'ai dit, je ne nie pas le problème, mais si nous
suivons réellement cette parole « Elevons notre cœur » nous trouverons tous,
même dans des situations difficiles et parfois discutables, la vraie
participation active.
1e réponse
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Le ministère des diacres permanents
2e réponse
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Les jeunes et le choix de la vie
3e réponse
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Nécessité de suivre le chemin des commandements
4e réponse
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Se créer des espaces de silence
5e réponse
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Le dialogue et la mission
6e réponse
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Repenser les célébrations liturgiques auxquelles participent des foules
7e réponse
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La conversion, la nouveauté de l'expérience chrétienne
8e réponse
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Jésus est vraiment tout
9e réponse
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Une
éducation sans Dieu n'est pas une éducation
10e réponse
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Dialogue et coexistence respectueuse
Synthèse 1e partie
►
Benoît XVI s'exprime devant le Clergé du
diocèse de Rome
Synthèse 2e partie
►
Benoît XVI nous parle d'obéissance et charité
Synthèse de Sandro Magister ►
Benoît XVI invoque le jugement de Dieu sur ce
monde. Par amour de la justice
Texte original du
discours du Saint Père
Benoît XVI ►
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Sources:
www.vatican.va - (© traduction
E.S.M.)
© Copyright 2007 du texte original - Libreria Editrice Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.02.2008 - BENOÎT XVI |