Benoît XVI : Moralité et
anti-moralité |
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CITE DU VATICAN, le 16 Janvier 2007 -
(E.S.M.) - Début novembre, le pape Benoît XVI avait reçu les évêques
de Suisse et depuis nombreux sont ceux qui attendent le texte en
français, le Saint-Siège ne l'ayant pas encore publié.
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La vie humaine est un don qui
exige notre amour et notre respect du premier au dernier instant
Benoît XVI : Moralité et anti-moralité
Début novembre le pape Benoît XVI avait reçu les évêques de Suisse et depuis,
nombreux sont ceux qui nous ont demandé le texte en français, le Saint-Siège
ne l'ayant pas encore publié. Ce texte avait été controversé, le service de
presse du Vatican ayant publié un texte qui n'était pas le bon.
A l'occasion de la marche silencieuse, le 21 janvier prochain contre
l'avortement et pour la vie, organisée par le Collectif "30
ans, ça suffit" nous vous communiquons une partie de ce texte
pour illustrer par les propos du pape: la moralité et l'anti-moralité
Le Pape Benoît XVI avait prononcé un discours totalement improvisé pour lequel il présenta ses excuses
avec beaucoup de délicatesse, invoquant sa lourde charge de travail : « Je
me présente devant vous, avait dit Benoît XVI, avec cette pauvreté, mais
peut-être le fait d’être pauvre dans tous les sens du mot convient-il aussi
à un Pape à ce moment de l’histoire de l’Eglise».
Parce qu’il n’a pas été traduit ni vraiment évoqué en français, nous vous
proposons ici une tentative de traduction de l’intégralité de sa seconde partie
qui concerne au fond la culture de vie et la culture de mort : une
traduction non officielle et que nous ne garantissons pas absolument, mais le
texte nous a semblé trop important pour le laisser « dormir ». Le texte a été
traduit en [Anglais,
Espagnol,
Italien,
Portugais] sur le site du Vatican. On notera que la
conclusion, qui appelle à une lecture « plus large » (plus approfondie,
ai-je traduit) et « nouvelle » du Décalogue avec le Christ et avec l’Eglise
devient une lecture « progressive », voire un appel à une « interprétation
nouvelle et progressive en ce temps » !
Texte original en allemand :ici.
ou
ici
Paroles du pape Benoît XVI
J‘ai souvent entendu dire que les gens d’aujourd’hui ont une nostalgie de
Dieu, de la spiritualité, de la religion, et que l’Eglise elle aussi
recommence à être considérée comme une interlocutrice possible (il fut un
temps où l’on ne cherchait cela que dans les autres religions). Une
certitude grandit à nouveau : l’Eglise est une grande porteuse d’espérance
spirituelle, elle est comme un arbre où les oiseaux peuvent construire leurs
nids, même s’ils veulent s’envoler plus tard…
Mais ce qui se révèle très difficile à accepter pour les gens, c’est la
moralité proclamée par l’Eglise.
J’ai réfléchi à cela – j’y réfléchissais déjà depuis quelque temps – et je
vois de plus en plus clairement que tout se passe comme si, en notre temps,
la moralité avait été scindée en deux parties. La société moderne n’est pas
purement et simplement sans moralité, mais elle a, en quelque sorte, «
découvert », et elle revendique une partie de la moralité qui, dans sa
proclamation par l’Eglise pendant des dernières décades et même au-delà, n’a
peut-être pas été suffisamment présentée. Ce sont les grands thèmes de la
paix, de la non-violence, de la justice pour tous, de la sollicitude à
l’égard des pauvres et du respect de la Création. Tout cela est rassemblé
dans un ensemble éthique qui, y compris en tant que force politique, a un
grand pouvoir, et constitue pour beaucoup un substitut ou un héritage de la
religion. Au lieu de la religion, considérée comme une métaphysique ou une
chose de l’au-delà – voire comme une affaire individualiste – les grands
thèmes moraux font leur entrée comme l’essentiel capable de conférer à
l’homme sa dignité et à forcer son engagement. Cet aspect de la moralité
existe, et elle fascine les jeunes qui s’engagent en faveur de la paix, pour
la non-violence, pour la justice, pour la Création. Ce sont en vérité de
grands thèmes moraux, qui appartiennent du reste à la tradition de l’Eglise
elle-même. Les moyens proposés pour leur solution sont bien souvent très
univoques, pas toujours crédibles, mais nous n’allons pas nous étendre
là-dessus maintenant. Les grands thèmes sont présents.
L’autre partie de la morale – et il n’est pas rare qu’elle soit considérée
de façon assez controversée par la politique – concerne la vie. En fait
partie l’engagement pour la vie, depuis la conception jusqu’à la mort,
c’est-à-dire la défense de la vie face à l’avortement, l’euthanasie, les
manipulations et l’autolégitimation de l’homme qui s’autorise à disposer de
la vie. On essaie souvent de justifier ces interventions dans le but
apparemment élevé de pouvoir être ainsi utile aux générations futures, et
ainsi paraît moralement justifié le fait de prendre même la vie de l’homme
entre ses mains afin de la manipuler.
Mais d’un autre côté existe aussi la certitude que la vie humaine est un don
qui exige notre amour et notre respect du premier au dernier instant, y
compris pour ceux qui souffrent, les handicapés, et les faibles. C’est dans
ce contexte que se situe aussi la morale du mariage et de la famille. Le
mariage est, pour ainsi dire, de plus en plus marginalisé. Nous connaissons
l’exemple de certains pays, où l’on a fait une modification législative aux
termes de laquelle le mariage n’est plus défini comme un lien entre un homme
et une femme, mais comme un lien entre personnes ; ainsi, de façon très
évidente, est détruit le concept même et la société, depuis ses racines
mêmes, devient quelque chose de totalement différent. La certitude que la
sensualité, l’éros et le mariage comme union entre un homme et une femme
vont ensemble – « Et les deux seront une seule chair », dit la Genèse –
cette certitude s’atténue toujours davantage ; tous les genres de liens
semblent absolument normaux – tout cela présenté comme une sorte de moralité
de la non-discrimination et une forme de liberté qui est due à l’homme.
Ainsi, naturellement, l’indissolubilité du mariage est devenue une idée
quasi utopique que l’on voit contredite par beaucoup de personnes dans la
vie publique. Et ainsi, progressivement, c’est la famille elle-même qui se
défait. Certes, le problème de la diminution impressionnante du taux de
natalité comporte des explications multiples, mais assurément un rôle
décisif est joué par le fait que l’on veut avoir la vie pour soi-même, que
l’on a peu confiance en l’avenir et que, en outre, on tient comme quasi
irréalisable la famille comme communauté durable, dans laquelle la
génération future pourrait grandir.
Dans ces contextes, donc, notre annonce se heurte à une certitude contraire
de la société, pour ainsi dire, à une espèce d’anti-moralité qui s’appuie sur
une conception de la liberté vue comme la faculté de choisir de façon
autonome, sans orientation prédéfinie ; comme une non-discrimination ; et
donc comme l’approbation de toutes sortes de possibilités, qui se détermine
éthiquement correct de manière autonome.
Mais l’autre certitude n’a pas disparu. Elle existe, et je pense que nous
devons nous efforcer de recoller ces deux parties de la moralité et rendre
évident le fait qu’elles sont inséparablement unies. C’est seulement si l’on
respecte la vie humaine de la conception jusqu’à la mort, qu’est possible et
crédible une éthique de la paix ; c’est alors seulement que la non-violence
peut s’exprimer dans toutes les directions, c’est alors seulement que nous
pouvons véritablement accueillir la création et que nous pouvons atteindre
la vraie justice. Je pense que nous nous trouvons ici face à une grande
tâche : d’une part, ne pas faire apparaître le christianisme comme un simple
moralisme, mais comme le don au sein duquel nous est donné l’amour qui nous
soutient et qui nous donne la force nécessaire pour savoir « perdre sa
propre vie » ; de l’autre, dans ce contexte d’amour donné, de progresser
vers la concrétisation – sur les fondations qu’offre toujours le Décalogue
qu’avec le Christ et avec l’Eglise, nous devons lire en ce temps d’une
manière approfondie et nouvelle.
N'oublions jamais...
On ne peut penser qu’une société puisse combattre efficacement le crime
quand elle le légalise elle-même dans le cadre de la vie naissante.
(Benoît XVI)
Sources:
© Copyright 2006 - Libreria Editrice
Vaticana pour le texte allemand -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel - Jeanne Smits
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.01.2007 - BENOÎT XVI |