Dans le prolongement de Sacramentum Caritatis de Benoît XVI |
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Le 15 octobre 2007 -
(E.S.M.) - Dans l'exhortation Sacramentum
Caritatis, le pape Benoît XVI nous indique dès la première phrase que la
sainte Eucharistie est le don que Jésus Christ fait de lui-même, nous
révélant l'amour infini de Dieu pour tout homme. Quelle merveille doit
susciter aussi dans notre cœur, le Mystère eucharistique !
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Le saint
sacrement, c’est l’Eucharistie - Pour agrandir l'image:
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Dans le prolongement de Sacramentum Caritatis de Benoît XVI
Dans l'exhortation
Sacramentum Caritatis, le pape Benoît XVI nous indique dès
la première phrase que la sainte Eucharistie est le don que Jésus Christ
fait de lui-même, nous révélant l'amour infini de Dieu pour tout homme.
Quelle merveille doit susciter aussi dans notre cœur,
le Mystère eucharistique ! Ce souhait du Saint-Père, nous allons
essayer de le relayer en publiant, ces prochains jours, des commentaires
(toujours valides !) sur
les différentes parties de la Messe, à l'attention des lecteurs qui désirent
raviver leurs connaissances.
"Aujourd'hui - écrivait le pape Benoît XVI - il est nécessaire de redécouvrir
que Jésus Christ n'est pas une simple conviction privée ou une doctrine
abstraite, mais une personne réelle, dont l'insertion dans l'histoire est
capable de renouveler la vie de tous". (ibid.
77)
1)
LA MESSE
Avant de suivre pas à pas les cérémonies de la messe, il nous semble
important de rappeler brièvement ce qu’elle est, et de nous arrêter quelques
instants sur la place qu’elle tient dans la vie de l’Eglise.
En effet, Notre-Seigneur a institué l’Eglise afin de poursuivre, jusqu’à la
fin des temps, l’œuvre de justification qu’il était venu accomplir parmi
nous : «Voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles
(Mt 28 20).» Avec nous par son
Eglise, qui est, selon le mot bien connu de Bossuet, «Jésus-Christ
répandu et communiqué» (Lettre IV sur
le mystère de l’unité de l’Eglise). Comment ? Principalement par
le moyen des sacrements, qui nous mettent en contact intime avec la
puissance sanctificatrice de Jésus-Christ. Qu’est-ce qu’un sacrement ? Nous
l’avons appris au catéchisme : c’est un signe sensible, institué par
Jésus-Christ, et produisant la grâce qu’il signifie. Expliquons chacun des
termes : Signe sensible. Saint Paul définit
ainsi le baptême : «Le bain d’eau qu’une parole accompagne»
(Ep 5 26). Le signe sensible,
c’est exactement cela. Une parole sacrée, «Je te baptise au nom du Père,
et du Fils, et du Saint-Esprit», est appelée la forme, tandis que
l’élément matériel (l’ablution d’eau) est appelé matière du sacrement.
Institué par Jésus-Christ. Le Catéchisme de l’Eglise catholique
(n° 1114) et le Catéchisme pour
adultes des évêques de France (Paris,
1991, n os 372 & 383) rappellent, à la suite du Concile de Trente
(Session VII, Décret sur les sacrements),
qu’il est de foi que les sept sacrements,
baptême, confirmation, eucharistie, pénitence, extrême-onction, ordre et
mariage, ont été institués par le Christ lui-même. Produisant la
grâce. Les sacrements ne sont pas de purs symboles qui ne feraient que
témoigner de l’action de Dieu dans l’âme. Ils sont vraiment la cause de
cette grâce, ex opere operato, «en vertu même du rite accompli»
(Les évêques de France, Catéchisme pour
adultes, Paris, 1991, n° 375). Saint Augustin le dit dans une
formule très imagée : «L’eau touche le cœur tandis qu’elle lave le corps.»
La grâce qu’ils signifient. En effet, la grâce produite par un sacrement est
en rapport très étroit avec l’élément matériel : l’eau du baptême évoque la
vie, l’idée de purification, le pain et le vin de l’eucharistie évoquent la
nourriture, etc… Notons de plus que la forme vient
préciser la signification de cet élément matériel : les paroles que
prononce le prêtre qui baptise montrent qu’il s’agit d’une vie et d’une
purification spirituelles, etc.
Les sacramentaux sont aussi des signes
sensibles de la grâce, mais, à la différence des sacrements, ils n’ont pas
tous été institués par Notre-Seigneur, et, surtout, ils ne causent pas la
grâce ex opere operato, mais ex opere operantis Ecclesiæ,
c’est-à-dire en vertu des prières de l’Eglise. On compte généralement parmi
les sacramentaux certaines prières (le Notre Père, le Confiteor…), les
bénédictions, le signe de la croix, l’encens, l’eau bénite, etc.
Quel lien existe-t-il entre les sacrements, les
sacramentaux, et la liturgie ? Un lien essentiel, car les rites
utilisés par l’Eglise dans l’administration des sacrements sont des rites
liturgiques à part entière, et l’on peut dire que toute la liturgie
elle-même est un grand sacramental.
On touche ici du doigt l’importance fondamentale des
signes dans la liturgie : tournant résolument le dos au manichéisme
(d’après lequel l’univers matériel est intrinsèquement mauvais, voué au
péché par nature) aussi bien qu’au protestantisme (pour lequel l’ordre
matériel est impuissant à véhiculer la grâce), l’Eglise reconnaît au monde
matériel une place de premier plan dans l’univers de la rédemption.
Sans la flamme du cierge, sans la fumée de l’encens,
sans le parfum du Chrême, sans le vêtement sacré du prêtre, pas de
liturgie. Au cœur de l’organisme sacramentel de l’Eglise, où
nous puisons la grâce de notre sanctification, rayonne un sacrement plus
éminent que les autres, à tel point qu’on le nomme le
saint sacrement, c’est l’Eucharistie.
A la différence des autres sacrements, qui ne font que communiquer la grâce,
l’Eucharistie contient l’auteur même de la grâce. Le Catéchisme de saint Pie
X en donne cette définition : «L’Eucharistie est un
sacrement qui, par l’admirable changement de toute la substance du pain au
Corps de Jésus-Christ et de celle du vin en son Sang précieux, contient
vraiment, réellement et substantiellement le Corps, le Sang, l’Ame et la
Divinité de Jésus-Christ Notre-Seigneur, sous les espèces du pain et du vin,
pour être notre nourriture spirituelle.»
(Grand catéchisme, IV e partie, chap. IV, §
1). (Ed. DMM, 1984, p. 131)
En effet, si Notre-Seigneur a institué l’Eucharistie, c’est tout d’abord
afin qu’elle serve à notre âme de nourriture. Saint Thomas le dit en une
formule concise : consecratur ut sumatur, (ce sacrement) est consacré
pour être mangé.
Mais l’Eucharistie est aussi un sacrifice. Il
fallait en effet que l’Eglise ait un sacrifice capable de nous appliquer les
mérites de Jésus-Christ, par lesquels nous avons été rachetés. Nous avons vu
que le propre du sacrement est de réaliser ce qu’il signifie. Dans le cas de
l’Eucharistie, la présence, au cours de la messe, du corps de Notre-Seigneur
sous les espèces du pain d’une part, et la présence de son sang comme
recueilli dans le calice d’autre part, signifient précisément son sacrifice
sur la croix : le corps vidé de son sang. A la messe, par les mains du
prêtre, le Christ s’offre à son Père, perpétuant l’acte précis accompli une
fois pour toutes sur le Calvaire. Le sacrifice de la croix rendu présent sur
nos autels selon le mode sacramentel, c’est ce que nous nommons le saint
sacrifice de la messe : «A chaque fois que nous célébrons le mémorial de
cette Victime, c’est l’œuvre de notre rédemption qui s’accomplit.»
(Secrète du IX e dimanche après la
Pentecôte). L’agneau pascal, que, dans l’Ancien Testament, les
Hébreux offraient en sacrifice, et à la chair duquel ils communiaient
ensuite, était une préfiguration de ce sacrement. Qui est le ministre du
saint sacrifice de la Messe ? Le Catéchisme de saint Pie X répond : «Le
premier et le principal dans l’oblation du sacrifice de la sainte Messe est
Jésus-Christ, et le prêtre est le ministre qui, au nom de Jésus-Christ,
offre ce sacrifice au Père Éternel» (Op.
cit., p. 144). D’où l’expression sacerdos alter Christus,
le prêtre est un autre Christ. Écartons donc dès à présent les théories
modernes selon lesquelles le célébrant ne serait qu’une émanation de la
communauté, et tiendrait de cette délégation la mission de “célébrer
l’Eucharistie”, indépendamment de toute ordination sacramentelle reçue de
l’évêque. Et affirmons, avec le Catéchisme de l’Eglise catholique : «Seuls
les prêtres validement ordonnés peuvent présider l’Eucharistie et consacrer
le pain et le vin pour qu’ils deviennent le Corps et le Sang du Seigneur.»
(n° 1411) Les prêtres sont-ils
tenus de célébrer la messe chaque jour ? L’Eglise répond très clairement : «Que
les prêtres célèbrent fréquemment, ayant toujours présent à l’esprit le fait
que l’oeuvre de la rédemption se réalise continuellement dans le mystère du
sacrifice eucharistique; bien plus, leur est vivement recommandée la
célébration quotidienne qui est vraiment, même s’il ne peut y avoir la
présence de fidèles, action du Christ et de l’Eglise, dans la réalisation de
laquelle les prêtres accomplissent leur principale fonction»
(Code de Droit canonique, 1983, canon 904).
On rencontre fréquemment cette objection : la messe célébrée ainsi par un
prêtre en l’absence de fidèles a-t-elle un sens ? La réponse est oui, sans
aucune hésitation, car «les raisons que l’on peut avoir d’offrir le
sacrifice ne sont pas à prendre uniquement du côté des fidèles auxquels il
faut administrer les sacrements, mais principalement du côté de Dieu, auquel
un sacrifice est offert dans la consécration de ce sacrement»
(Saint Thomas, Somme théologique, IIIa, q.
82, a. 10). Ces deux derniers
textes sont cités au n° 78 des Directives sur la formation dans les
Instituts religieux, de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée
et les Sociétés de vie apostolique (2 février 1990; D. C. du 15 avril 1990,
p. 408.) La célébration des messes basses, dans nos abbayes, sans
assistance de fidèles, et dont le spectacle frappe toujours beaucoup nos
retraitants, illustre bien cette doctrine; tandis que la messe conventuelle,
avec participation de toute la communauté et des fidèles, met en valeur la
dimension ecclésiale de la messe.
On distingue habituellement quatre fins du sacrifice de la messe. En premier
lieu, rendre à Dieu l’honneur qui lui est dû : c’est un sacrifice
latreutique (du grec latreia, qui signifie le service dû à un
maître). Puis le remercier de ses bienfaits : c’est un sacrifice
eucharistique (le mot grec eucharistia signifie action de grâces,
remerciement). Ensuite, l’apaiser, en lui offrant réparation pour nos péchés
: c’est un sacrifice propitiatoire (il vise à nous rendre Dieu propice). Et
enfin, obtenir les grâces dont nous avons besoin : c’est un sacrifice
impétratoire (du latin impetrare, demander). On distingue de même
plusieurs fruits de la messe. Tout d’abord, le fruit général : toute
l’Eglise, tous les fidèles participent aux fruits de chaque messe célébrée,
les vivants aussi bien que les morts, ainsi qu’il ressort des prières du
canon. En second lieu, le fruit spécial profite à ceux pour qui telle messe
est spécialement célébrée. Cela correspond généralement à l’intention pour
laquelle le célébrant a perçu des honoraires de messe, mais aussi à telle
intention particulière qu’il pourrait y ajouter. Le fruit personnel, enfin,
profite au prêtre célébrant et aux assistants, dont il est fait une mention
toute particulière dans les prières de la messe. Par exemple, à l’offertoire
: «…cette offrande sans tache que je vous présente, à vous, mon Dieu
vivant et vrai, pour mes péchés, offenses et négligences sans nombre, et
pour tous ceux qui m’entourent…».
Nous dirons enfin, avec le Catéchisme du concile de Trente, qu’il
existe un lien très étroit entre la doctrine de la messe, véritable
sacrifice de la nouvelle alliance, et les rites liturgiques qui
accompagnent sa célébration : «Ce Sacrifice se déroule au milieu
de cérémonies imposantes et majestueuses. […] Elles ont toutes pour but de
faire briller davantage la majesté d’un si grand Sacrifice et de porter les
fidèles, par ces signes salutaires et mystérieux qui frappent la vue, à la
contemplation des choses divines voilées dans le Sacrifice»
(Chap. XX, § 9)
à suivre... Demain : 2)
LA SAINTE LITURGIE
En conclusion de cette première page :
Dans Sacramentum Caritatis le pape Benoît XVI rappelle "qu'il est
significatif que la même expression revienne, chaque fois que nous célébrons
la Messe, dans l'invitation faite par le prêtre à s'approcher de l'autel: «
Heureux les invités au repas du Seigneur! Voici
l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Jésus est le
véritable agneau pascal qui s'est spontanément offert lui-même en sacrifice
pour nous, réalisant ainsi la nouvelle et éternelle alliance. L'Eucharistie
contient en elle cette nouveauté radicale, qui se propose de nouveau à nous
dans chaque célébration". (ibid. 9)
Tous les commentaires sur l'Exhortation
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Sacramentum Caritatis
Sources:
abbaye Ste Marie du Barroux
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.10.2007 - BENOÎT XVI
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