Comme le dit Benoît XVI, le
Camillianum prend à cœur la “guérison intégrale de l’homme” |
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Cité du Vatican, le 15 juillet 2008 -
(E.S.M.)
- Le Camillianum est une une théologie qui réfléchit sur l’action
de la communauté croyante qui, à l’exemple de Jésus, prend à cœur la
“guérison intégrale de l’homme” (selon les mots de Benoît XVI à
l’Angélus, il y a quelques dimanches.
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Saint Camille de Lellis
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Le Camillianum prend à cœur la “guérison intégrale de l’homme” comme le dit
Benoît XVI
“Découvrir dans la santé un ‘itinéraire’ de salut, dans la
souffrance une ‘voie’ pour l’espérance”- Interview du Directeur de du Camillianum, le Père Luciano Sandrin, par l’Agence Fides
L’Institut international de Théologie pastorale sanitaire “Camillianum” est
un centre de recherche, de formation théologique et de pratique pour le
monde de la santé, qui appartient à l’Ordre des Ministres des infirmes (Camilliens).
Cette année le Camillianum fête sa vingtième année d’activité, et pour la
circonstance, l’Agence Fides a posé quelques questions au Directeur, le Père
Luciano Sandrin, réélu récemment pour les trois prochaines années.
Mon Père, pourquoi il y a 20 ans est né le Camillianum?
Qui le fréquente et quels sont ses principaux enseignements ?
Le Camillianum est né du charisme de Saint Camille de Lellis, un saint qui à
travers son expérience de malade a découvert l’importance de « prendre soin
» de ceux qui souffrent dans leur intégrité, « âme et corps », de « sauver »
les personnes s’engageant pour leur santé. Comme Institut académique,
incorporé au Teresianum, le Camillianum est appelé à faire un travail de
recherche pour fonder théologiquement ce « prendre soin » et trouver les
voies relationnelles pour le transmettre. L’approfondissement des problèmes
liés à la vie, à la santé et à la souffrance des personnes, est fait dans
une perspective théologique et pastorale, dans laquelle « dialoguent » la
théologie, la philosophie, la médecine, la bioéthique, le counseling et les
sciences humaines. Une approche qui ouvre l’esprit, élargit la capacité de
lecture des situations et stimule à donner des réponses spirituelles moins
standardisées (et aussi moins banales). Les étudiants viennent des
différentes parties du monde. Ce sont des prêtres, des religieux et des
laïcs, qui veulent s’engager dans le vaste domaine de la santé, en accordant
une attention particulière à la dimension spirituelle des personnes
impliquées.
Les malades et leurs parents, les médecins, les opérateurs sanitaires... Que
trouvent-ils dans le contact et dans le rapport avec ceux qui ont fréquenté
le Camillianum ? Quelle est la valeur ajoutée qui enrichit le travail et la
vie de vos étudiants et anciens étudiants ?
Je crois qu’ils peuvent trouver, chez ceux qui ont été formés au Camillianum,
une façon particulière d’entrer en contact avec les personnes “là où elles
en sont”, de cheminer avec les malades et tous ceux qui les assistent et qui
les soignent, en partageant avec eux “les joies et les espérances, les
tristesses et les angoisses”, en citant
Gaudium et
Spes, leurs doutes et
leurs questions, en communiquant la Parole de Dieu qui réconforte et en
célébrant les sacrements qui guérissent, en partant de la « diakonia » de la
présence, de l’écoute et de la relation. La valeur ajoutée est une
sensibilité empathique capable d’exprimer la compassion divine, une présence
qui sache transmettre la miséricorde du Père.
Vous arrive-t-il de rencontrer des personnes malades
qui demandent pourquoi Dieu permet leur souffrance et ne la fait pas
s’arrêter ? De quelle façon êtes-vous leurs compagnons, dans cette question
? Réussissez-vous à transmettre à ceux que vous assistez l’expérience de la
force de votre foi ?
« Pourquoi ? », « Pourquoi moi ? », « Qu’ai-je fait de mal ? », « Pourquoi
Dieu me punit-il ? » : ce sont des questions récurrentes, que le malade et
sa famille posent notamment aux personnes (aumôniers, sœurs, opérateurs
pastoraux) qui symbolisent de plus près le divin. Diverses sont les réponses
que « l’on peut donner théologiquement », mais dans les moments de
souffrance particulière, elles n’arrivent pas au cœur de la question. Elles
ne sont pas écoutées car les personnes sont « pré-occupées », sont déjà
occupées par des émotions qui peuvent supprimer à la pensée sa lucidité. Aux
côtés de ceux qui souffrent, il est important de redécouvrir la « théodicée
pastorale » faite d’accompagnement patient mais constant, de proximité et
d’amour, fragiles mais précieuses traductions de la présence divine
silencieuse. Jésus a guéri en profondeur les personnes qui accouraient à
lui, en partant parfois du pardon des péchés, parfois de la guérison du
corps, parfois de la réconciliation relationnelle, etc. Le but est de sauver
« la personne », la route doit être « personnalisée ». Le témoignage de foi,
offert au moment opportun et de façon discrète, laisse toujours un signe. Il
peut être un réconfort mais aussi une provocation.
Etre quotidiennement digne face à la vie, à la mort et
à la douleur: comment se prépare-t-on à affronter ces problématiques, à une
époque historique où, très souvent, c’est plus l’âme que le corps qui est
malade et inquiète ?
Ce n’est pas facile de rester quotidiennement aux côtés de ceux qui
souffrent et qui meurent, de « veiller avec eux » dans le moment de
l’angoisse la plus forte. Même les disciples se sont « endormis » et presque
tous ont fui. Pour pouvoir aider le malade et sa famille quotidiennement, et
pendant de longues périodes, il est important aussi d’« avoir soin de soi »,
de se connaître (ses points forts et ses points faibles), de maintenir vive
sa capacité de penser et surtout de devenir « compétent » du point de vue
relationnel. Je me permets de citer, à ce propos, mon dernier livre : Aie
soin de toi. Il y a un temps pour les autres et un temps pour soi. Les
inquiétudes de l’âme se reflètent dans le corps, et quand le corps devient
malade, les grandes « questions » oubliées reviennent. Pour une relation
d’aide, efficace aussi spirituellement, il est important d’aider les malades
et ceux qui les assistent à redécouvrir l’âme, à rendre la parole à ce qui
donne une signification à la vie, à la souffrance et à la mort. Mais si
nous-mêmes nous avons oublié notre âme, et si notre vie est devenue sans
saveur ? Il est important de prendre soin de soi, de son corps et de son âme
». Cela se reflètera positivement dans l’amour des autres, dans les
relations d’aide et de soin.
Quel est le coeur de la théologie sanitaire pastorale,
dont se nourrit toute l’activité du Camillianum?
Il s’agit d’une théologie qui réfléchit sur l’action de la communauté
croyante qui, à l’exemple de Jésus, prend à cœur la “guérison intégrale de
l’homme” (selon les mots de Benoît XVI à l’Angélus, il y a quelques
dimanches). Annonce du Règne et guérison des malades étaient pour le Christ
l’expression d’une mission unique. Cela doit l’être aussi pour la pastorale
de l’Eglise. Réfléchir théologiquement sur l’aspect multidimensionnel de cet
action signifie comprendre que la pastorale de la santé a sa spécificité
dans les structures sanitaires, mais qu’elle ne peut s’arrêter à ces lieux.
De plus en plus elle est appelée à s’intégrer aux autres sensibilités
pastorales et à influencer la pastorale quotidienne des diocèses et des
communautés paroissiales. Qu’il suffise de penser à tous ces malades et ces
personnes souffrantes qui vivent en famille, derrière la porte voisine.
Souvent nous ne nous en rappelons que lorsque arrivent les nouvelles
dramatiques, quand la charge de douleur a le dessus sur l’amour. La
pastorale de la santé a son expression spécifique qui s’exprime dans des
lieux déterminés d’assistance et de soin, mais elle est aussi une importante
dimension pastorale à l’intérieur d’une pastorale complète. Faire
aujourd’hui de la santé une pastorale, et réfléchir théologiquement sur
cela, signifie surtout redécouvrir la dimension « guérissante »
(salvifique-salutaire) de toute l’action ecclésiale (annonce, célébrations,
diaconies et relations de communion).
Votre oeuvre a une dimension internationale: comment
se conjuguent médecine et mission?
Si le modèle auquel se référer est le Christ lui-même, je ne crois pas que
ce soit difficile. On ne peut annoncer l’amour de Dieu sans s’engager en
faveur de la vie, notamment dans ses moments les plus fragiles, de la
qualité de vie et de la santé des personnes. Parfois cet engagement se
concrétise dans des structures médicales spécifiques, parfois il s’exprime
dans un travail de prévention des maladies et de promotion de la santé,
d’autres fois dans un travail de formation sanitaire ou plus spécifiquement
pastorale. Intégrer dans la culture le commandement de Jésus d’« annoncer et
guérir » est le but de la mission camillienne, dans ses différents modes
d’expression. Le camillien est appelé à s’engager en faveur de la dignité
des personnes, dans la totalité de leur vie, de leurs relations, de leur
souffrance et de leur mort.
Mi-mai, dans le cadre des évènements pour ses 20 ans
d’activité, un congrès s’est déroulé au Camillianum, sur le thème « Santé et
Salut » : quel est le rapport entre ces deux grandes exigences
-morales et matérielles- de l’homme ?
La mission que Jésus a confiée à sa communauté est d’annoncer un salut (salus)
qui est “participation à la vie divine”, qui ne sera pleinement telle que
lorsque nous pourrons voir Dieu face à face et qui n’est donc aujourd’hui
“pas encore pleinement exprimée”, et de la rendre présente “déjà” dans nos
diaconies de soin et de guérison, par le lavement des pieds, l’amélioration
de la vie des personnes, la défense de leur pleine dignité dans tous les
moments de leur vie, à travers une charité qui s’exprime dans la justice,
mais qui sache de façon « créative » et communautaire aller au-delà.
L’engagement pour la santé est ce signe « déjà » efficace d’un « pas encore
», du salut dont l’expression pleine sera seulement dans l’escaton de Dieu.
Le but est de découvrir dans la santé un « itinéraire » pour le salut, dans
la souffrance une « voie » pour l’espérance. La dernière encyclique de
Benoît XVI parle de la souffrance comme un lieu d’apprentissage de
l’espérance, et de nous tous comme « ministres de l’espérance ». Le
Camillianum est sur la même longueur d’onde.
Récemment vous avez été confirmé comme Directeur pour
le prochain triennat: que souhaitez-vous ces prochaines années pour votre
charge et pour la vie du Camillianum?
Je souhaite que le Camillianum soit de plus en plus apprécié comme un
don à l’Eglise et comme une école de théologie pastorale où l’on apprenne
non seulement à être de bons aumôniers d’hôpital, mais aussi à diriger un
bureau diocésain qui coordonne les nombreux sujets et les associations qui
travaillent dans ce cadre, à donner des cours sur la pastorale de la santé,
sur la théologie de la douleur et sur l’accompagnement de la mort, dans les
séminaires et dans les facultés théologiques, mais aussi à sensibiliser
toute la communauté chrétienne sur les grands thèmes de la vie, de la
maladie, de la faiblesse, de la douleur et de la mort, en sachant accueillir
les questions radicales (et sérieuses) qui sont posées dans ces domaines. En
sachant surtout rester avec les personnes (comme Marie au pied de la croix,
stabat mater) même quand nous ne pouvons « résoudre » leurs problèmes. Je
rêve d’une communauté chrétienne (dans tous ses membres) qui comprenne la
provocation pastorale inhérente à ces expériences de vie et qui soit plus
proche, non seulement en paroles mais aussi dans la pratique pastorale, de
ceux qui les vivent. Et surtout qui comprenne que la personne malade (ayant
un handicap, ou souffrant de différentes façons), est « sujet
d’évangélisation et de salut » : ce sont des mots de Jean-Paul II dans la
Chritifideles laici, que certains n’ont pas encore lue ou ont trop
hâtivement oubliée.
Sources : www.vatican.va
(P.C.)
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.07.2008 -
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