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19 Avril 2005
 

Pour donner le goût de la liturgie aux plus jeunes

 

Le 15 Juin 2008 - (E.S.M.) - La liturgie propose la foi non comme un discours sur les choses de la foi mais comme une expérience ecclésiale de la rencontre entre Dieu et son peuple, de la rencontre personnelle et communautaire de cet Autre que nous nommons Dieu et qui seul peut nous sauver.

La liturgie, c'est le mystère du Christ qui est présent -  Pour agrandir l'image: Clique

Pour donner le goût de la liturgie aux plus jeunes

En préambule nous rappelons que le pape Benoît XVI indiquait, dans son Exhortation post Synodale "Sacramentum Caritatis", que "l' art de la célébration" consiste à mettre "en lumière la valeur des normes liturgiques" et "favoriser le sens du sacré" par l'utilisation de tout ce qui "éduque à un tel sens". (...) "L'attention et l'obéissance à la structure propre du rite, précise le pape, tout en exprimant la reconnaissance du caractère de don de l'Eucharistie, manifestent la volonté du ministre d'accueillir, avec une docile gratitude, ce don ineffable."

Première partie : La liturgie est l'exercice du sacerdoce du Christ

(suite)

4.- La liturgie est source de vie spirituelle parce qu'elle propose la foi

Depuis une dizaine d'années, j'ai beaucoup travaillé pour déployer une intuition exprimée dans un texte de référence pour les catholiques de France : la Lettre aux catholiques de 1996 sur la proposition de la foi.

Dans ce texte, les évêques de France ont osé placer la liturgie comme premier lieu de la proposition de la foi. Il s'agit d'une certaine audace quand on sait les débats des années 70 autour de la question foi et religion : c'était l'époque où certains théologiens ont parié sur la mort de la religion pour développer une théologie chrétienne qui se passerait de l'héritage de rites, de croyances et même d'institutions qui leur paraissaient relever d'un autre âge, d'un âge de l'Ancien Testament qui ne ferait pas droit à la mystique de la fraternité dont témoignent les Évangiles. C'était l'époque, et cette époque reste dans beaucoup de têtes encore aujourd'hui, où l'on disait : « oui à l'Évangile », « oui à Jésus de Nazareth, le prophète de l'amour et de la liberté », mais « non à l'Église », non à ses dogmes et à sa morale et même parfois, pour les plus radicaux, « non au Christ lui-même », en tant que ce terme renvoie à une confession de foi garantie par des dogmes.

Dire que la liturgie propose la foi, et même qu'elle est le premier lieu de la proposition de la foi, ne signifie pas que la messe doit être transformée en grande catéchèse. Il faut distinguer « proposer la foi » et « proposer les contenus de la foi ».

Beaucoup de nos contemporains ont une approche de la foi que je qualifie d'intellectuelle, c'est-à-dire qui fait une part trop grande au discours, au savoir ou à ce que l'on croit du savoir sur Dieu.

Ce n'est pas parce que l'on sait bien parler, que l'on sait bien discuter sur telle ou telle question, que nous avons progressé dans l'ordre de la foi. Je ne tiens pas ici un discours qui ferait l'apologie de ce qu'on appelle parfois la foi du charbonnier, cette attitude qui consiste à dire, moins je comprends, plus je crois. Mais je mets en garde contre une vision réductrice de la foi qui la confond avec des convictions ou des croyances.
Dès lors dire que la liturgie propose la foi est souvent mal compris : on croit que la liturgie sera nourriture pour les chrétiens dans la mesure où l'on va « bien expliquer » ce que signifient les textes, les rites et les symboles, et cela éventuellement en faisant appel, comme on l'entend souvent ici à « des visuels » bien conçus.

Dire que la liturgie propose la foi, c'est autre chose car c'est dire quelque chose d'éminemment spirituel. C'est dire que le plus important n'est pas de comprendre - cela ne veut pas dire pour autant comme je le disais tantôt que c'est mieux si on ne comprend rien, mais cela veut dire que nous acceptons de ne pas comprendre tout et tout de suite.

Qui d'ailleurs peut prétendre comprendre la Sainte Écriture ou la Messe : on n'a jamais fini de comprendre ?

La question est moins de comprendre que de se laisser comprendre par le mystère. C'est cela entrer et progresser dans la foi.

C'est pour cela que la liturgie procède par répétition: on dit toujours le Notre Père, voilà plus de 20 siècles que cela dure; on dit toujours les mêmes psaumes, on passe toujours par les mêmes fêtes au cours desquelles on lit les mêmes lectures. C'est parce que nous avons besoin de cette répétition pour approfondir, pour découvrir autrement.

Nous avons moins besoin d'explication que de familiarité.

D'où actuellement, il y a souvent une grande impasse dans les discours que l'on entend dans nos communautés chrétiennes.

On entend en effet souvent l'objection suivante : comment voulez-vous que la liturgie soit source pour ces jeunes qui ne la connaissent pas, qui n'y comprennent rien et pour couronner le tout qui n'y viennent que de temps en temps ? Et souvent, en s'appuyant sur ce constat, on explique qu'il faudrait inventer une liturgie qui correspondent aux goûts et aux attente des jeunes. Et parfois, on le fait. Et qu'est-ce qu'ils expérimentent ? Que la liturgie, c'est un discours de plus - éventuellement un discours en images ou comme on dit en « symboles » - tenu par certains, et destinés à communiquer des convictions. Et comme il y a autant de discours que d'animateurs de ces liturgies, ils ont souvent l'impression que tout cela ne vaut pas vraiment la peine. Ce n'est pas solide... Et certains, comme cet étudiant de l'Université Laval rencontré récemment, viennent vous expliquer que la messe tridentine, en latin dos au peuple, c'est quand même bien plus respectueux du sacré... et donc bien plus nourrissant spirituellement. Et j'ai la conviction que si ce type de jeune catholique est encore rare au Québec, l'exemple de la France - où sur ce point nous sommes en avance sur le Québec - indique que dans l'avenir, il sera beaucoup plus fréquent. Cela tient aussi au fait que la recherche spirituelle est aujourd'hui inséparable de la quête d'identité. Et dans la post-modernité, la recherche d'identité va de pair avec des choix quant à la manière de vivre sa religion et donc des choix quant à la vie liturgique. En d'autres termes, alors que les générations précédentes ont cherché à adapter la religion à ce qu'ils croyaient être les requêtes de la modernité, voilà que les nouvelles générations demandent des choix clairs et parfois empruntés au passé pour pouvoir se construire une identité. Mais attention, ne leur reprochons pas de revenir au passé: ils n'y reviennent pas parce qu'ils ne l'ont pas connu. Mais ils cherchent les chemins de leur vie spirituelle en choisissant dans ce qu'ils trouvent, ce qui leur paraît convenir. Ceci vaut non seulement de certaines formes liturgiques mais aussi des figures spirituelles ou encore des pratiques de piété.

Au lieu de proposer l'expérience de la liturgie, nous proposons bien souvent un discours qui réduit la liturgie à ce que nous en percevons. Je suis bien persuadé que c'est en favorisant l'expérience de la rencontre personnelle avec soi et avec Dieu que nous donnerons le goût de la liturgie aux plus jeunes. C'est bien ce qui se passe d'ailleurs dans un lieu comme Taizé : une liturgie très sobre, silencieuse où la répétition de brèves phrases souvent en latin est le chemin d'une expérience spirituelle qui donne le goût.

La liturgie propose la foi non comme un discours sur les choses de la foi mais comme une expérience ecclésiale de la rencontre entre Dieu et son peuple, de la rencontre personnelle et communautaire de cet Autre que nous nommons Dieu et qui seul peut nous sauver. Et pour que cette rencontre ait lieu, le rite est décisif: car il introduit le croyant dans ce qui le dépasse.

Nous avons trop facilement admis que le rite serait aliénant parce que la loi du rite s'impose à ce que nous croyons être notre liberté et notre créativité. En réalité, le rite est libérant, car il nous ouvre un espace où nous n'oserions pas aller. Le rite est source de vie spirituelle parce qu'il nous déprend de l'enfermement sur nous-mêmes.

5.- La liturgie est source de vie spirituelle car elle est entrée dans le Mystère

Je viens d'utiliser un mot très lourd de sens qui lui aussi est souvent objet de méprises : le mystère.

Trop souvent, on l'entend comme ce qui est incompréhensible. « Mystère de la chambre jaune ». Le mystère chrétien n'est pas une « énigme » qui renverrait à des choses cachées, secrètes, incompréhensibles. Il y a là un vrai risque pour les chrétiens d'aujourd'hui: parce que dans notre monde contemporain, l'attrait pour l'ésotérisme, mais aussi pour les pseudo-révélations, - on pense bien sûr à l'annonce récente de la découverte de la tombe de Jésus! - est très important, certains croient que c'est en retrouvant du mystérieux, y compris dans la liturgie, que l'on va retrouver la foi. Le goût du mystérieux peut aller de pair avec les croyances les plus extravagantes.

Plus encore, le mot de mystère est piégé parce qu'il évoque aussi ces choses qu'on ne vous a jamais dites et même qu'on vous avait toujours cachées. C'est bien sur cette vague que surfe un ouvrage et un film comme Da Vinci Code. Le mystère serait alors quelque chose dont il convient de s'emparer pour détenir un pouvoir que les autres n'auraient pas.

Parfois aussi, le mot mystère est dévalué parce qu'il a servi - dans un certain passé encore récent - à fournir une réponse facile à des questions difficiles, voire parfois à clouer le bec à des enfants qui cherchent à comprendre, quand ce n'est pas pour abriter la paresse de la réflexion. On sait combien la catégorie de mystère a servi pour sortir de la difficulté à expliquer certains passages de l'Écriture, certains événements de l'histoire du salut, comme par exemple la naissance de Jésus.

Dire que la liturgie est célébration du mystère, plus encore que dans la liturgie, c'est le mystère du Christ qui est présent, c'est dire tout autre chose que ces caricatures.

Le pape Jean-Paul II a exprimé cela avec limpidité dans la lettre pour le 25e anniversaire (Vicesimus Quintus Annus) que j'ai déjà citée, dans un passage où il redit l'un des textes fondamentaux de la Constitution sur la liturgie de Vatican II, à savoir le n. 7 :

« Pour actualiser son mystère pascal, le Christ est toujours là, présent à son Église, surtout dans les actions liturgiques (27). La liturgie est, en effet, le " lieu" privilégié de rencontre des chrétiens avec Dieu et celui qu'il a envoyé, Jésus-Christ (cf. Jn 17,3). Le Christ est présent dans l'Église réunie dans la prière en son nom. C'est précisément cela qui fonde la grandeur de l'assemblée chrétienne et la raison de ses exigences d'accueil fraternel- au besoin jusqu'au pardon (cf. Mt 5, 23-24) - et de dignité dans les attitudes, les gestes et les chants. Le Christ est présent et agit dans le prêtre qui célèbre (28). Celui-ci n'est pas seulement investi d'une fonction, mais, en vertu de l'ordination qu'il a reçue, il a été consacré pour agir "in persona Christi". À cela doit correspondre son attitude intérieure et extérieure, y compris dans les vêtements liturgiques, dans la place qu'il occupe et dans les paroles qu'il prononce. Le Christ est présent dans sa parole, proclamée dans l'assemblée et que l'homélie commente. Cette parole doit être écoutée dans la foi et reçue dans la prière. Cela doit se voir dans la dignité du livre et du lieu de la proclamation de la Parole de Dieu, dans la tenue du lecteur et la conscience qu'il a d'être le porte-parole de Dieu devant ses frères. Le Christ est présent et agit par la puissance de l'Esprit-Saint dans les sacrements et, d'une manière singulière et éminente (sublimiori modo), dans le sacrifice de la messe sous les espèces eucharistiques (29), même lorsqu'elles sont conservées dans le tabernacle, en dehors de la célébration, pour la communion avant tout des malades et l'adoration des fidèles (30). Au sujet de cette réelle et mystérieuse présence, il revient aux pasteurs de rappeler fréquemment dans leur catéchèse la doctrine de la foi, dont, les fidèles doivent vivre et que les théologiens sont appelés à approfondir.

La foi en cette présence du Seigneur implique une marque extérieure de respect envers l'église, lieu saint où Dieu se manifeste dans son mystère (cf. Ex 3,5), mais surtout au cours des célébrations des sacrements: que les choses saintes soient toujours traitées saintement! »

La notion de mystère en régime chrétien renvoie donc au Christ lui-même : car c'est en lui que nous atteignons le Mystère par excellence. Parler de mystère, c'est donc parler d'une personne et non d'une chose. Or une personne, on la connaît, on la reconnaît mais jamais on n'en fait le tour. Les couples qui ont de longues années de vie commune le savent bien: on peut passer des années de vie commune avec la même femme ou le même époux et être surpris un jour de telle ou telle réaction. Je croyais le connaître, et je ne le connaissais pas.

Il en est de même pour le mystère : nous ne le connaissons jamais totalement, nous avons sans cesse à refaire le chemin de la reconnaissance. C'est pourquoi, il nous faut participer régulièrement à l'Eucharistie, lire et relire les saintes Écritures: la messe est toujours identique, la parabole du figuier que nous avions dimanche dernier est toujours identique; mais parce qu'à travers la célébration de l'Eucharistie, à travers la lecture et la méditation des Saintes Écritures, nous est manifesté le mystère d'un Dieu qui se donne à nous, nous n'aurons jamais fini de reconnaître la présence de la personne du Christ ressuscité qui est le centre de notre foi, la manifestation par excellence du mystère de Dieu, Père, Fils et Esprit.

Frère Patrick Prétot, osb, Institut Supérieur de liturgie (ISL) Institut Catholique de Paris
 

Sources :  www.vatican.va - E.S.M.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 15.06.08 - T/Liturgie

 

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