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19 Avril 2005
 

Un nouveau Syllabus pour le XXIe siècle

 

Rome, le 15 janvier 2011  - (E.S.M.) - C'est-à-dire un document condamnant les erreurs d'interprétation du concile Vatican II. C'est un évêque du Kazakhstan qui l'a demandé lors d'un colloque à Rome avec d'autres évêques et cardinaux. Et l'annonce par Benoît XVI d'une nouvelle rencontre interreligieuse à Assise suscite également des réactions

Un nouveau Syllabus pour le XXIe siècle

par Sandro Magister

Le 15 janvier 2011 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - L’annonce par Benoît XVI, à l’issue de l’Angelus du 1er janvier, de son déplacement à Assise en octobre prochain pour une nouvelle rencontre interreligieuse pour la paix, a ranimé les controverses à propos de ce que l’on appelle "l’esprit d’Assise" mais également à propos du concile Vatican II et de l’après-concile.

Le professeur Roberto de Mattei – qui a publié récemment une réécriture de l’histoire du concile qui culmine en une demande adressée à Benoît XVI de promouvoir "un nouvel examen" des documents conciliaires afin de dissiper le soupçon qu’ils aient rompu avec la doctrine traditionnelle de l’Église – a signé, avec d’autres personnalités catholiques, un appel au pape pour que la nouvelle rencontre d’Assise "ne rallume pas les confusions syncrétistes" de la première, qui avait eu lieu le 27 octobre 1986 dans la ville de saint François, à l’instigation de Jean-Paul II.

En effet, en 1986, celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger ne s’était pas rendu à cette première rencontre, qu’il avait critiquée. En revanche il participa à une rencontre semblable qui eut également lieu à Assise, le 24 janvier 2002, et à laquelle il adhéra "in extremis" après s’être assuré que les équivoques de la précédente n’y seraient pas renouvelées.

La principale équivoque alimentée par la rencontre d’Assise en 1986 a été que celle-ci mettait toutes les religions au même niveau en tant que sources de salut pour l'humanité. En 2000, la congrégation pour la doctrine de la foi publia contre cette équivoque la déclaration "Dominus Jesus", pour réaffirmer que tout homme n’a pas d’autre sauveur que Jésus.

Mais, en tant que pape, Ratzinger a également formulé une nouvelle mise en garde contre les confusions. Dans un message adressé à l’évêque d’Assise le 2 septembre 2006, il écrivait ceci :

"Pour ne pas se méprendre sur le sens de ce que Jean-Paul II a voulu réaliser en 1986 et que l’on appelle habituellement, en reprenant l'une de ses expressions, 'l’esprit d'Assise', il est important de ne pas oublier combien on a alors été attentif à ce que la rencontre interreligieuse de prière ne se prête à aucune interprétation syncrétiste, fondée sur une conception relativiste. [...] C'est pourquoi, même lorsque l'on se réunit afin de prier pour la paix, il faut que la prière se déroule selon les chemins distincts propres aux diverses religions. Tel fut le choix de 1986 et ce choix ne peut manquer d’être valable aujourd'hui encore. La convergence des différences ne doit pas donner l'impression que l’on cède au relativisme qui nie le sens même de la vérité et la possibilité d'y puiser".

Et, en visite à Assise le 17 juin 2007, le pape a déclaré dans son homélie :

"Le choix d’organiser cette rencontre à Assise a été dicté précisément par le témoignage de François comme homme de paix, lui que beaucoup de gens regardent avec sympathie même si leurs positions culturelles et religieuses sont différentes. En même temps, la lumière jetée par le 'Poverello' sur cette initiative était une garantie d’authenticité chrétienne, parce que sa vie et son message reposent si visiblement sur le choix du Christ qu’ils repoussent a priori toute tentation d’indifférentisme religieux, qui n’aurait rien à voir avec l’authentique dialogue interreligieux. [...] Il ne serait ni évangélique ni franciscain de ne pas réussir à associer l’accueil, le dialogue et le respect de tous avec la certitude de la foi que tout chrétien, comme le saint d’Assise, est tenu de pratiquer, en annonçant le Christ comme le chemin, la vérité et la vie de l’homme et comme l’unique sauveur du monde".

Pour en revenir à la controverse relative au concile Vatican II, il faut signaler un important colloque qui a eu lieu du 16 au 18 décembre dernier à Rome, à quelques pas de la basilique Saint-Pierre, "pour une herméneutique correcte du concile à la lumière de la Tradition de l’Église".

Ce qui était soumis au jugement critique des orateurs, c’était surtout la nature "pastorale" de Vatican II et les abus qui ont été commis en son nom.

Parmi les orateurs figuraient le professeur de Mattei et le théologien Brunero Gherardini, 85 ans, chanoine de la basilique Saint-Pierre, professeur émérite de l’Université Pontificale du Latran et directeur de la revue de théologie thomiste "Divinitas".

Gherardini est l’auteur d’un livre consacré au concile Vatican II qui se conclut par une "Supplique au Saint Père" demandant à celui-ci de soumettre les documents du concile à un réexamen, pour décider une fois pour toutes "si, en quel sens et jusqu’à quel point" Vatican II est ou non dans la continuité du précédent magistère de l’Église.

Ce livre de Gherardini est préfacé par Albert Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo et ancien secrétaire de la congrégation vaticane pour le culte divin, créé cardinal au consistoire du mois de novembre dernier.

Ranjith est l’un des deux évêques auxquels www.chiesa a consacré récemment un article intitulé Les meilleurs élèves de de Ratzingersont au Sri Lanka et au Kazakhstan

Le second de ces deux évêques, Athanasius Schneider, évêque auxiliaire de Karaganda, était présent en tant qu’orateur au colloque organisé à Rome du 16 au 18 décembre.

On trouvera ci-dessous la partie finale de sa conférence. En conclusion, il demande au pape deux remèdes contre les abus de l’après-concile : d’une part la publication d’un "Syllabus" contre les erreurs doctrinales d’interprétation de Vatican II et d’autre part la nomination d’évêques "saints, courageux et profondément enracinés dans la tradition de l’Église".

Des cardinaux, des dirigeants de la curie et des théologiens de haut niveau étaient là pour écouter Schneider. Nous nous contenterons d’indiquer que le cardinal Velasio de Paolis, l'archevêque Agostino Marchetto, l’évêque Luigi Negri et Mgr Florian Kolfhaus de la secrétairerie d’état du Vatican figuraient au nombre des orateurs.

L’auditoire comprenait un groupe nombreux de Franciscains de l'Immaculée, jeune congrégation religieuse - née dans le sillage de saint François, riche en vocations et d’orientation résolument orthodoxe, aux antipodes de "l’esprit d’Assise" - qui était l’organisatrice du colloque.

LE DÉFI DES INTERPRÉTATIONS CONTRADICTOIRES

par Athanasius Schneider

[...] Pour interpréter correctement le concile Vatican II, il est nécessaire de tenir compte des intentions manifestées dans les documents conciliaires eux-mêmes et dans ce qu’en ont dit spécifiquement les papes qui l’ont convoqué et présidé, Jean XXIII et Paul VI.

Il est par ailleurs nécessaire de découvrir quel est le fil conducteur de toute l’œuvre du concile, c’est-à-dire son intention pastorale. Or celle-ci est "salus animarum", le salut des âmes. À son tour celui-ci est dépendant et subordonné à la promotion du culte divin et de la gloire de Dieu, c’est-à-dire qu’il dépend de la primauté de Dieu.

Cette primauté de Dieu dans la vie de l’Église et dans toute son activité se manifeste sans équivoque dans le fait que la constitution sur la liturgie occupe intentionnellement et chronologiquement la première place dans la vaste œuvre du concile. [...]

*

Le concept de rupture dans l’interprétation des textes conciliaires se manifeste de manière la plus stéréotypée et la plus répandue dans la thèse d’un virage anthropocentrique, sécularisant ou naturaliste du concile Vatican II par rapport à la tradition ecclésiale précédente.

L’une des manifestations les plus connues d’une telle interprétation erronée a été, par exemple, ce que l’on appelle la théologie de la libération et la pratique pastorale dévastatrice qui en découle. Le contraste entre d’une part cette théologie de la libération et sa pratique et d’autre part le concile, apparaît de manière évidente dans l’enseignement conciliaire suivant : “La mission propre que le Christ a confiée à son Église n’est ni d’ordre politique, ni d’ordre économique ou social : le but qu’il lui a fixé est d'ordre religieux” (cf. "Gaudium et Spes", 42). [...]

Une interprétation de rupture moins lourde au point de vue doctrinal s’est manifestée dans le domaine pastoral-liturgique. On peut mentionner, à ce sujet, la diminution du caractère sacré et sublime de la liturgie et l’introduction d’éléments gestuels plus anthropocentriques.

Ce phénomène apparaît clairement dans trois pratiques liturgiques très connues et que l’on rencontre dans la quasi-totalité des paroisses du monde catholique : la disparition presque totale de l’utilisation du latin ; le fait que l’on reçoit le corps eucharistique du Christ directement dans la main et debout ; et le fait que l’on célèbre le sacrifice eucharistique en formant un cercle fermé dans lequel le prêtre et l’assemblée ne cessent de se regarder mutuellement.

Se tourner tous dans la même direction pour prier est une façon corporelle et symbolique plus naturelle d’exprimer cette vérité : tous sont tournés spirituellement vers Dieu dans le culte public. Ne pas le faire contredit la pratique observée par Jésus lui-même et par ses apôtres dans la prière publique, que ce soit au temple ou à la synagogue. De plus cela contredit le témoignage unanime des Pères de l’Église et de toute la tradition postérieure de l’Église en Orient et en Occident.

Ces trois pratiques pastorales et liturgiques - qui constituent une rupture éclatante avec les normes en matière de prière conservées par les générations de fidèles catholiques pendant un millénaire au moins - ne trouvent aucun appui dans les textes conciliaires. Au contraire elles sont plutôt en contradiction avec un texte spécifique du concile (à propos du latin : cf. "Sacrosanctum Concilium", 36 et 54) et avec la "mens", la véritable intention des pères conciliaires, comme on peut le vérifier dans les actes du concile.

*

Dans le tapage herméneutique des interprétations contradictoires et dans la confusion des applications pastorales et liturgiques, c’est le concile lui-même, en accord avec le pape, qui apparaît comme le seul interprète authentique des textes conciliaires.

On pourrait établir une analogie avec le climat herméneutique confus qui régnait aux premiers siècles de l’Église en raison d’interprétations bibliques et doctrinales arbitraires provenant de groupes hétérodoxes. Dans son célèbre ouvrage "De præscriptione hæreticorum" Tertullien pouvait opposer aux hérétiques de diverses tendances le fait que seule l’Église possède la "præscriptio", c’est-à-dire que seule l’Église est la légitime propriétaire de la foi, de la parole de Dieu et de la tradition. Cela permet à l’Église, dans les controverses relatives à la véritable interprétation, de repousser les hérétiques. D’après Tertullien, seule l’Église peut dire : “Ego sum hæres Apostolorum”, je suis l’héritière des apôtres. Pour parler par analogie, seul le magistère suprême du pape ou d’un éventuel concile œcuménique à venir pourra dire : “Ego sum hæres Concilii Vaticani II”.

Au cours des dernières décennies il a existé - et il existe encore à l’heure actuelle - au sein de l’Église des groupes qui ont énormément abusé du caractère pastoral du concile et de ses textes, textes écrits en fonction de cette intention pastorale, puisque le concile ne voulait pas présenter ses enseignements comme définitifs ou irréformables. Du fait même de la nature pastorale des textes du concile, il est évident que ces textes sont par principe susceptibles de compléments et de nouvelles précisions doctrinales. Si l’on tient compte de l’existence désormais pluri-décennale d’interprétations erronées au point de vue doctrinal et pastoral et contraires à la continuité bimillénaire de la doctrine et de la prière de la foi, on comprend qu’une intervention du magistère pontifical, spécifique et faisant autorité, est nécessaire et urgente pour assurer une interprétation authentique des textes conciliaires, avec des compléments et des précisions doctrinales : une sorte de "Syllabus" des erreurs en matière d'interprétation du concile Vatican II.

Un nouveau Syllabus est nécessaire, dirigé cette fois non pas tellement contre les erreurs provenant de l’extérieur de l’Église, mais contre celles que répandent à l’intérieur de l’Église ceux qui soutiennent la thèse de la discontinuité et de la rupture, avec ses applications doctrinales, liturgiques et pastorales.

Un tel Syllabus devrait être composé de deux parties : une partie qui signalerait les erreurs et une partie positive contenant des propositions d’éclaircissements, de compléments et de précisions doctrinales.

*

On constate l’existence de deux groupes qui soutiennent la théorie de la rupture. L’un de ces groupes essaie de "protestantiser" doctrinalement, liturgiquement et pastoralement la vie de l’Église. Du côté opposé il y a ces mouvements traditionnalistes qui, au nom de la tradition, rejettent le concile et se soustraient à la soumission au magistère suprême et vivant de l’Église, au chef visible de l’Église, au vicaire du Christ sur terre, et ne se soumettent pour le moment qu’au chef invisible de l’Église, en attendant des jours meilleurs. [...]

Il y a eu, au fond, deux obstacles qui se sont opposés à ce que la véritable intention du concile et son magistère puissent porter des fruits abondants et durables.

Le premier se trouvait hors de l’Église, dans le violent processus de révolution culturelle et sociale des années 60 qui, comme tout phénomène social fort, s’est répandu dans l’Église en transmettant son esprit de rupture à de vastes ensembles de personnes et d’institutions.

L’autre obstacle consistait en un manque de pasteurs de l’Église à la fois savants et intrépides, prêts à défendre la pureté et l’intégrité de la foi et de la vie liturgique et pastorale, en ne se laissant influencer ni par les louanges ni par la crainte.

Déjà le concile de Trente affirmait dans l’un de ses derniers décrets portant sur la réforme générale de l’Église : “Le saint synode, préoccupé par les maux très graves qui tourmentent l’Église, ne peut pas ne pas rappeler que ce qui est le plus nécessaire à l’Église de Dieu, c’est de choisir des pasteurs excellents et capables ; et cela d’autant plus que Notre Seigneur Jésus-Christ demandera compte du sang des brebis qui auraient été amenées à mourir en raison du mauvais gouvernement de pasteurs négligents et oublieux de leur devoir” (Session XXIV, Décret "De reformatione", canon 1).

Le concile ajoutait : “Quant à tous ceux qui, pour quelque raison que ce soit, ont reçu du Saint-Siège un droit d’intervention dans la promotion des futurs prélats, ou à ceux qui y prendront part d’une autre manière, le saint concile les exhorte et les met en garde pour qu’ils se rappellent avant tout qu’ils ne peuvent rien faire de plus utile pour la gloire de Dieu et le salut des peuples que de s’employer à choisir des pasteurs bons et capables de gouverner l’Église”.

Un Syllabus conciliaire ayant valeur doctrinale est donc vraiment nécessaire ; d’autre part il faut qu’augmente le nombre de pasteurs saints, courageux et profondément enracinés dans la tradition de l’Église, dépourvus de toute espèce d’esprit de rupture, que ce soit dans le domaine doctrinal ou dans le domaine liturgique.

Ces deux éléments sont la condition indispensable pour que la confusion doctrinale, liturgique et pastorale diminue notablement et que l’œuvre pastorale du concile Vatican II puisse porter des fruits nombreux et durables dans l’esprit de la tradition, qui nous rattache à l’esprit qui a régné en tout temps, partout et chez tous les vrais fils de l’Église catholique, qui est la seule et la vraie Église de Dieu sur terre.

 Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.


 

Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 15.01.2011 - T/International

 

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