Le 14 février 2009 - (E.S.M.) - Au sujet de "l'affaire Williamson",  faudra quelques mois pour que la vérité soit rétablie. Mais non sans dégâts, déplore Mgr A.-M LEONARD, évêque de Namur.

Mgr A.-M LEONARD, évêque de Namur

Le Pape Benoît XVI veut résorber un schisme avant qu’il ne soit irréversible

L'affaire Williamson - des semaines difficiles

Le 14 février 2009 -  Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Les dernières semaines ont été difficiles pour les évêques. Et pour beaucoup d’autres… En soi, la question est simple : le Pape veut résorber un schisme avant qu’il ne soit irréversible. La levée de l’excommunication de 4 évêques schismatiques est donc en principe une bonne chose. C’est une main tendue en vue de l’unité. S’il y avait eu davantage de mains tendues au 11ème siècle quand les tensions s’exacerbèrent entre l’Église d’Orient et l’Église d’Occident, et au 16ème siècle quand Luther commença à se distancer de l’Église de Rome, peut-être aurions-nous évité les douloureuses fractures qui divisèrent l’Église.

Le problème commence avec les confusions de toute sorte. Certaines ont probablement été liées à un manque de communication de la part de Rome. D’autres sont imputables aux amalgames entretenus par certains organes de presse. Que de fois n’a-t-on pas présenté la levée de l’excommunication comme une réhabilitation ou comme le signe d’une pleine communion. En fait, il s’agissait seulement d’ouvrir une porte au dialogue en vue d’un long chemin de réconciliation. Car ces évêques et leurs disciples ne pourront être réintégrés dans la pleine communion de l’Église catholique que lorsqu’ils auront adhéré à l’autorité du Concile Vatican II et au magistère des Papes après Pie XII. Un long chemin... Espérons qu’il aboutira et que le geste généreux du Pape Benoît XVI sera récompensé.

Une comparaison peut nous éclairer. En 1965, le Patriarche orthodoxe Athénagoras et le Pape Paul VI ont levé les excommunications mutuelles qui avaient scellé la division entre l’Orient et l’Occident. Ce fut un geste splendide. Mais cela ne signifiait pas que la communion était désormais rétablie entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique ! Mais une porte était ouverte en vue d’y parvenir grâce à un long chemin de clarification théologique et ecclésiale.

Puis, il y a eu les déclarations inacceptables de Mgr Williamson. Là aussi, les responsabilités semblent partagées. Il y a tout d’abord celle, gravissime, de cet évêque lui-même. Il y a peut-être celle de la Commission « Ecclesia Dei », qui n’aurait pas suffisamment examiné le passé personnel des 4 évêques. Il y a celle de certains media qui ont sorti une interview enregistrée en novembre 2008 juste au moment où la levée de l’excommunication venait d’être formellement décidée et où l’information la concernant commençait à circuler. Tout cela n’est pas innocent : le but évident était de suggérer que le Pape avait voulu réhabiliter un évêque négationniste et de le discréditer.

Il faudra quelques mois pour que la vérité soit rétablie. Mais non sans dégâts, hélas !

Mgr A.-M LEONARD,
évêque de Namur.