Homélie du pape Benoît XVI, messe de
canonisation de quatre bienheureux |
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Cité du Vatican, le 13 octobre 2008 -
(E.S.M.)
- Aujourd'hui, XXVIIIe dimanche du Temps Ordinaire, à
10h00, le Saint-Père Benoît XVI a célébré la sainte Eucharistie sur le
parvis de la Basilique du Vatican et a procédé à la Canonisation de
quatre Bienheureux : Gaetano Errico, Maria Bernarda Bütler, Alfonsa de
l’Immaculée Conception, Narcisa de Jesús Martillo Morán. Homélie du
Saint-Père :
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Le pape Benoît XVI lors
de la messe de canonisation - Pour
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Homélie du pape Benoît XVI, messe de canonisation de quatre bienheureux
Le 13 octobre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Hier 12 octobre 2008, XXVIIIe Dimanche du temps “per annum”, à 10
heures, le Saint-Père Benoît XVI a célébré l’Eucharistie sur le parvis de la
Basilique vaticane et procédé à la canonisation des Bienheureux Gaetano
Errico, prêtre, fondateur des Missionnaires des Sacrés Coeurs de Jésus et de
Marie; Maria Bernarda (Verena) Bütler, vierge,
fondatrice de la Congrégation des Soeurs franciscaines missionnaires de
Marie Auxiliatrice; Alphonsine de l’Immaculée Conception
(Anna Muttathupadathu), vierge de la Congrégation des Clarisses
franciscaines; Narcisa de Jesús Martillo Morán, laïque.
Les membres de la Chapelle Papale et 40 autres concélébrants ont concélébré.
Les Cardinaux Diacres, S.Ém. le Card. Jorge María Mejia et S. Ém. le Card.
Georges Marie Martin Cottier, O.P. Parmi les concélébrants, les Évêques des
Procès en Canonisation : S.Ém. le Card. Crescenzio Sepe, Archevêque de
Naples; S.Exc. Mgr Antonio Arregui Yarza, Archevêque de Guayaquil; S.Exc.
Mgr Jorge Enrique Jimenez Carvajal, Archevêque de Cartagena; S.Exc. Mgr
Joseph Kallarangatt, Évêque de Palai. Le rite d’introduction de la
Célébration Eucharistique a été accompagné du chant d’entrée “Viderunt
omnes termini terrae salutare Dei nostri” (Toutes les
frontières de la terre ont vu le salut de notre Dieu).
Après le Rite de Canonisation et la proclamation de l'Évangile,
le Pape Benoît XVI a prononcé l'homélie que nous reportons ci-dessous :
Texte intégral de l'homélie du Saint-Père
Chers frères et soeurs,
Quatre nouvelles figures de saints sont aujourd’hui proposées à la
vénération de l’Église universelle : Gaetano Errico, Maria Bernarda Bütler,
Alphonsine de l’Immaculée Conception et Narcisa de Jésus Martillo Morán. La
liturgie nous les présente sous l’image évangélique des invités qui prennent
part au banquet revêtus de l’habit nuptial. Cette image du banquet, nous la
retrouvons également dans la première Lecture et dans d’autres pages
différentes de la Bible : c’est une image joyeuse parce que le banquet
accompagne une fête de noces, l’Alliance d’amour entre Dieu et son Peuple.
C’est vers cette Alliance que les prophètes de l’Ancien Testament ont
constamment orienté l’attention d’Israël. Et dans une époque marquée par des
épreuves en tous genres, quand les difficultés risquaient de décourager le
Peuple élu, voici que se lève la Parole rassurante du prophète Isaïe : “Le
Seigneur, Dieu de l'univers - affirme-t-il -, préparera pour tous les
peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux,
un festin de viandes succulentes et de vins décantés”
(25, 6). Dieu mettra un terme à la
tristesse et à la honte de son Peuple, qui pourra finalement vivre heureux
en communion avec Lui. Dieu n’abandonne jamais son Peuple : c’est
pour cela que le prophète l’invite à la joie : “Voici notre Dieu, en lui
nous espérions, et il nous a sauvés ; (...) exultons, réjouissons-nous : il
nous a sauvés !” (v. 9).
Si la première Lecture exalte la fidélité de Dieu à sa promesse, l’Évangile
par la parabole du banquet nuptial nous fait réfléchir à la réponse de
l’homme. Certains invités de la première heure ont refusé l’invitation,
parce qu’ils étaient attirés par des intérêts différents ; d’autres ont même
méprisé l’invitation du roi provoquant un châtiment qui s’est abattu non
seulement sur eux, mais sur toute la ville. Cependant, le roi ne se
décourage pas et envoie ses serviteurs chercher d’autres convives pour
remplir la salle de son banquet. Le refus des premiers a ainsi eu comme
effet d’étendre l’invitation à tous, avec une prédilection pour les pauvres
et les déshérités. C’est ce qui est advenu dans le mystère pascal : le
pouvoir incontesté du mal est vaincu par la Toute-puissance de l’amour de
Dieu. Le Seigneur ressuscité peut désormais inviter tout le monde au banquet
de la joie pascale, et fournir Lui-même aux convives les habits nuptiaux,
symbole du don gratuit de la grâce qui sanctifie.
À la générosité de Dieu doit cependant répondre la libre adhésion de
l’homme. C’est justement ce chemin qu’ont parcouru également ceux que nous
vénérons aujourd’hui comme saints. Ils ont reçu par le baptême l’habit
nuptial de la grâce divine, l’ont conservé pur ou l’ont purifié et rendu
splendide au cours de leur vie par les Sacrements. Ils prennent désormais
part au banquet nuptial du Ciel. Une anticipation de cette fête finale du
Ciel est le banquet de l’Eucharistie auquel nous invite chaque jour le
Seigneur et auquel nous devons prendre part vêtus de l’habit nuptial de sa
grâce. S’il nous arrive de tâcher voire de déchirer par le péché cet habit,
la bonté de Dieu ne nous repousse pas, ni ne nous abandonne à notre destin,
mais nous offre par le sacrement de la Réconciliation la possibilité de
rétablir dans son intégrité l’habit nuptial nécessaire pour la fête.
Le ministère de la Réconciliation est donc toujours un ministère actuel. Le
prêtre Gaetano Errico, fondateur de la
Congrégation des Missionnaires des Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie, s’est
dévoué à ce ministère avec application, assiduité et patience, sans jamais
se refuser, ni s’épargner. Il s’inscrit ainsi parmi les figures
extraordinaires des prêtres qui, inlassables, ont fait
du confessionnel le lieu de dispense de la miséricorde de Dieu, en
aidant les hommes à se retrouver eux-mêmes, à lutter contre le péché et à
progresser sur le chemin de la vie spirituelle. La route et le confessionnel
furent les lieux privilégiés de l’action pastorale de ce nouveau saint. La
route lui permettait de rencontrer les personnes auxquelles il adressait son
invitation coutumière : “Dieu t’aime, quand nous verrons-nous ?”, et
dans le confessionnel, il rendait possible leur rencontre avec la
miséricorde du Père céleste. Combien de blessures d’âmes il a ainsi soignées
! Combien de personnes il a amenées à se réconcilier avec Dieu par le
Sacrement du pardon ! De cette manière, saint Gaetano Errico est devenu un
expert dans la “science” du pardon, et s’est employé à l’enseigner à ses
missionnaires en leur recommandant : “Dieu, qui ne veut pas la mort du
pécheur, est toujours plus miséricordieux que ses ministres ; aussi soyez
aussi miséricordieux qu’il vous est possible, parce que vous obtiendrez
miséricorde auprès de Dieu”.
Maria Bernarda Bütler, née à Auw, dans
le canton suisse d’Argovie, a vécu l’expérience d’un amour profond pour le
Seigneur, alors qu’elle était encore très jeune. Elle a dit : “Il est
presque impossible de l’expliquer à ceux qui ne l’ont pas éprouvé
personnellement”. Cet amour a conduit Verena Bütler, tel était son nom à
l’époque, à entrer dans le monastère des capucines de Marie Auxiliatrice à
Altstätten où, à l’âge de 21 ans, elle a émis les voeux. À 40 ans, elle a
reçu sa vocation missionnaire et s’est rendue en Équateur, puis en Colombie.
Pour sa vie et son engagement en faveur des autres, le 29 octobre 1995, mon
vénérable prédécesseur Jean-Paul II l’a élevée aux honneurs des autels des
bienheureux.
Mère Maria Bernarda, une figure très chère et présente surtout en Colombie,
a compris profondément que la fête que le Seigneur a préparée pour tous les
peuples est représentée d’une manière particulière par l’Eucharistie. En
elle, le Christ lui-même nous reçoit comme des amis et s’offre à nous à la
table du pain et de la parole, en entrant en communion profonde avec chacun.
C’est la source et le pilier de la spiritualité de cette nouvelle Sainte,
ainsi que de son élan missionnaire qui l’a conduite à quitter sa patrie
natale, la Suisse, pour s’ouvrir à d’autres horizons d’évangélisation en
Équateur et en Colombie. Au milieu des graves difficultés auxquelles elle a
dû faire face, notamment l’exil, elle a gardé gravée dans son coeur
l’exclamation du psaume que nous avons écouté aujourd’hui : “Si je
traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi”
(Ps 22,4). Ainsi, docile à la Parole de Dieu, suivant l’exemple
de Marie, elle fit comme les serviteurs dont parle le passage de l’Évangile
que nous avons écouté: elle alla partout proclamant que le Seigneur nous
invite tous à sa fête. Elle fit ainsi part aux autres de l’amour de Dieu
auquel elle consacra, avec fidélité et joie, sa vie tout entière.
“Il détruira la mort pour toujours. Le Seigneur essuiera les larmes sur
tous les visages” (Is 25, 8). Ces paroles
du prophète Isaïe contiennent la promesse qui a soutenu
Alphonsine de l’Immaculée Conception
tout au long d’une vie d’extrême souffrance physique et spirituelle. Cette
femme exceptionnelle, qui est aujourd’hui offerte au peuple de l’Inde, comme
leur première sainte canonisée, était convaincue que sa croix était le
véritable moyen de parvenir au banquet céleste, préparé pour elle par le
Père. En acceptant l’invitation à cette fête de mariage, et en se revêtant
de la grâce de Dieu à travers la prière et la pénitence, elle a conformé sa
vie sur celle du Christ, et savoure maintenant le "festin de viandes
grasses et de vins capiteux” du Royaume céleste" (cf.
Is 25, 6). Elle avait écrit : “Je considère qu’un jour sans
souffrance est un jour perdu”. Puissions-nous l’imiter en portant notre
croix afin de la rejoindre un jour au paradis.
La jeune laïque équatorienne, Narcisa de Jesús
Matillo Morán, nous offre un exemple parfait de réponse prompte
et généreuse à l’invitation que le Seigneur nous fait à prendre part à son
amour. Dès son plus jeune âge, en recevant le Sacrement de la Confirmation,
elle ressentit clairement dans son coeur l’appel à vivre une vie de sainteté
et de dévouement à Dieu. Pour seconder avec docilité l’action de l’Esprit
Saint dans son âme, elle chercha toujours le conseil et le guide de prêtres
experts et bons, considérant la direction spirituelle comme l’un des moyens
les plus efficaces pour parvenir à la sanctification. Sainte Narcisa de
Jesús nous montre un chemin de perfection chrétienne accessible à tous les
fidèles. Malgré les grâces abondantes et extraordinaires qu’elle reçut, son
existence s’écoula dans la plus grande simplicité, se consacrant à son
travail de couturière et à son apostolat de catéchiste. Dans son amour
passionné pour Jésus, qui la mena à entreprendre un chemin d’intense prière
et de mortification, et à s’identifier toujours davantage avec le mystère de
la Croix, elle nous offre un témoignage fascinant et l’exemple parfait d’une
vie totalement dévouée à Dieu et à ses frères.
Chers frères et soeurs, rendons grâce au Seigneur pour le don de la sainteté
qui, aujourd’hui, resplendit dans l’Église d’une beauté singulière.
Jésus invite chacun d’entre nous à le suivre, comme
ces saints, sur le chemin de la croix, pour recevoir ensuite la vie
éternelle dont il nous a fait don en mourant. Que leurs exemples nous
servent d’encouragement ; que leurs enseignements nous guident et nous
confortent ; que leur intercession nous soutienne dans les peines du
quotidien, pour que nous puissions arriver un jour à partager avec eux et
avec tous les saints la joie de l’éternel banquet dans la Jérusalem céleste.
Que Marie, surtout, la Reine des Saints, qu’en ce mois d’octobre nous
vénérons avec une dévotion particulière, nous obtienne cette grâce. Amen.
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Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.10.2008 -
T/Benoît XVI |