Deux
voyages significatifs du pape Benoît XVI |
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Rome, le 13 septembre 2007 -
(E.S.M.) - Dans tout ce qu’a dit et fait le
pape Benoît XVI pendant ses deux voyages de début septembre, il y a deux
moments qui sont tout à fait caractéristiques de son pontificat. Ils
concernent tous les deux la visibilité de l’Église, sa capacité de
communiquer: à propos non pas d’elle-même mais des "choses d’en haut".
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Deux voyages significatifs du pape Benoît XVI
Une leçon venue de Vienne : comment chanter la messe
Dans la capitale de l'Autriche, la polyphonie de Haydn et les antiennes
grégoriennes de l'ancien missel ont accompagné la messe du pape Benoît XVI,
célébrée entièrement avec le "regard tourné vers Dieu". Un modèle pour les
liturgies catholiques de rite latin dans le monde entier.
par Sandro Magister
Dans tout ce qu’a dit et fait Benoît XVI pendant ses deux voyages de début
septembre, à
Lorette et en
Autriche, il y a deux moments qui sont tout à
fait caractéristiques de son pontificat.
Ils concernent tous les deux la visibilité de l’Église, sa capacité de
communiquer: à propos non pas d’elle-même mais des "choses
d’en haut".
A Lorette, au cours de la veillée du samedi 1er septembre, le pape a montré
comment il entend agir pour que le monde et en particulier le monde des
jeunes, puisse le voir et l’entendre.
En Autriche, Benoît XVI a fait comprendre, à travers la messe qu’il a
célébrée à la cathédrale de Vienne le dimanche 9 septembre, comment il veut
que l’Église apparaisse aux hommes au moment où elle est le plus
reconnaissable: la célébration de l'Eucharistie.
* * *
A Lorette, la veillée avec trois cent mille jeunes venus d'Italie et du
monde entier s’est déroulée en deux temps: dans l’après-midi, une phase de
réflexion et de prière; dans la soirée, une phase musicale, avec des
célébrités de la chanson.
Cette soirée musicale, transmise en direct par la première chaîne de la
télévision d’état italienne, était conçue par Bibi Ballandi, manager
d’artistes célèbres et grand organisateur d’événements télévisuels. C’est
lui qui, lors d’une soirée semblable au cours du congrès eucharistique
international de Bologne, en 1997, avait fait chanter Bob Dylan et Adriano
Celentano devant Jean-Paul II, présent sur l’estrade pendant toute la durée
du spectacle.
Cette fois-ci, à Lorette, il y avait Claudio Baglioni, Lucio Dalla et le
groupe rock "Vibrazioni". Mais le pape Benoît XVI n’était pas présent
pendant que les chanteurs se produisaient. Il priait,
dans le sanctuaire, devant la relique de la Sainte Maison de Nazareth.
Au cours de la soirée, une seule liaison télévisée a montré le pape, pendant
quelques minutes. Elle l’a montré à genoux devant la statue de la Vierge et
de l’Enfant Jésus, alors qu’il lisait une
prière avec recueillement.
De la part de Joseph Ratzinger, il fallait s’y attendre. Dans un texte
publié en 1998, il avait manifesté son désaccord avec ce qui s’était passé
l’année précédente au congrès eucharistique de Bologne: "Bob Dylan et les
autres avaient un message complètement différent de celui sur lequel le pape
s’engage; c’est pourquoi on pouvait douter de l’opportunité de faire
intervenir ce genre de prophètes", porteurs d’un message "vieilli et pauvre"
si on le compare avec celui qu’a communiqué le pape.
En revanche, à Lorette, Benoît XVI a participé personnellement, dans
l’après-midi, à la
rencontre avec les jeunes, organisée par les responsables
de la pastorale des jeunes à la conférence épiscopale italienne.
Mais, là encore, il a pris ses distances par rapport au scénario. D’un côté
il y avait de jeunes acteurs qui récitaient tour à tour, avec une bonne
technique théâtrale mais de manière un peu artificielle, les textes, souvent
tirés de la Bible, qu’avaient choisis les organisateurs. De l’autre,
il y avait le pape qui écartait les textes préparés
pour lui par les services de la curie et répondait aux
questions des jeunes avec des mots spontanés, improvisés: ses mots à lui,
indiscutablement, mais capables, justement pour cette raison, d’entrer dans
les cœurs. Pendant qu’il parlait et disait des choses profondes,
importantes, touchantes, le silence et l’attention de ses trois cent mille
jeunes qui l’écoutaient étaient impressionnants.
En tout cas Benoît XVI ne paraissait pas isolé. Garçons et filles étaient en
pleine harmonie avec lui. Ils racontaient leur vie, parfois dramatique, et
lui posaient des questions. Près de lui se trouvait le missionnaire
Giancarlo Bossi, libéré depuis peu après avoir été séquestré par des
islamistes aux Philippines. Le père Bossi a parlé peu et simplement mais ses
propos pouvaient faire comprendre à tous ce que signifie être un authentique
missionnaire de l’Évangile de Jésus et non un assistant social ou un
activiste alter mondialiste.
* * *
Autre musique à Vienne aussi, au sens propre. Par la messe qu’il a célébrée
à la cathédrale Saint-Etienne le dimanche 9 septembre,
Benoît XVI a redonné vie à une tradition musicale et
liturgique interrompue depuis plusieurs décennies.
De mémoire d'homme, en effet, la dernière
célébration pontificale accompagnée de l'exécution intégrale – Kyrie,
Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei – d’une grand-messe polyphonique remonte à
la lointaine année 1963. Cette messe avait été célébrée à
Saint-Pierre et le compositeur choisi était Giovanni Pierluigi da
Palestrina, chef de file de la polyphonie romaine du XVIe siècle.
Cette fois-ci, la
messe était célébrée à Vienne et le compositeur était, à
juste titre, l'autrichien Franz Joseph Haydn, avec sa magnifique "Mariazeller
Messe" de 1782, pour choeur, soli et orchestre.
Le chant grégorien a également fait une importante réapparition au cours de
la messe du pape le 9 septembre. Pendant la communion, le chœur a chanté
plusieurs fois l'antienne "Vovete", propre à ce dimanche dans le missel de
l’ancien rite, en alternance avec des versets du psaume 76 chantés eux aussi
en latin: "Faites des vœux à l'Éternel, votre Dieu, et accomplissez-les!
Que tous ceux qui l'environnent apportent des dons au Dieu terrible! Il abat
l'orgueil des princes, Il est redoutable aux rois de la terre".
Un critique musical aurait totalement approuvé la splendide exécution,
dirigée par Markus Landerer, maître de chapelle de la cathédrale de Vienne.
Mais il s’agissait d’une messe et pas d’un concert. Et Benoît XVI a donné à
ce sujet une leçon très claire, à deux moments de la journée.
Lors de l'Angélus, quelques minutes après la fin de la messe, il a commencé
ainsi:
"Célébrer avec vous tous le jour du Seigneur, de manière si digne, dans la
magnifique cathédrale Saint-Etienne a été pour moi, ce matin, une expérience
particulièrement belle. Le rite eucharistique accompli avec le décorum
nécessaire nous aide à prendre conscience de l’immensité du don que Dieu
nous fait dans la sainte messe. C’est vraiment ainsi que nous nous
approchons l’un de l’autre et que nous ressentons la joie de Dieu. Je suis
donc reconnaissant à tous ceux qui, par leur contribution active à la
préparation et au déroulement de la liturgie ou par leur participation
recueillie aux saints mystères, ont créé une atmosphère dans laquelle la
présence de Dieu était vraiment perceptible".
Et l’après-midi, au monastère de
Heiligenkreuz où, chaque jour, 80 moines
cisterciens célèbrent l'office divin en pur grégorien et entièrement en
latin, il a déclaré:
"Dans la beauté de la liturgie, [...] là où, ensemble, nous chantons,
louons, exaltons et adorons Dieu, nous faisons apparaître sur terre un petit
morceau du ciel. Il n’est pas vraiment téméraire de voir, dans une liturgie
totalement centrée sur Dieu, dans les rites et dans les chants, une image de
l’éternité. [...] Dans toute forme d’engagement pour la liturgie, le critère
déterminant doit toujours être le regard vers Dieu. Nous sommes devant Dieu:
Il nous parle et nous lui parlons. Là où, quand on réfléchit à la liturgie,
on se demande seulement comment la rendre attrayante, intéressante et belle,
la partie est déjà perdue. Ou bien elle est opus Dei, œuvre de Dieu, avec
Dieu comme sujet spécifique, ou bien elle ne l’est pas. Dans ce contexte, je
vous le demande: célébrez la liturgie sacrée en ayant le regard tourné vers
Dieu dans la communion des saints, de l’Église vivante de tous les lieux et
de tous les temps, pour qu’elle devienne expression de la beauté et de la
sublimité du Dieu ami des hommes".
Benoît XVI a encore dit aux moines de Heiligenkreutz: "Une
liturgie qui oublie de tourner son regard vers Dieu est, par là même, sur le
point de disparaître". Haydn, catholique à la spiritualité
profonde, n’était pas loin de cette vision du beau dans la liturgie
chrétienne quand il écrivait à la fin de chacune de ses compositions
musicales: "Laus Deo", louange à Dieu.
Lorsque, dans le Credo de la "Mariazeller Messe" le soliste entonne l'"Et
incarnatus est" et que, dans le Sanctus, on chante le "Benedictus", des
éclairs d’éternité jaillissent vraiment. La grande musique liturgique
communique mieux que mille mots le mystère de "celui qui vient au nom du
Seigneur", du Verbe qui se fait chair, du pain qui devient le corps du
Christ.
La liturgie qui a inspiré à Haydn – comme à d’autres grands compositeurs
chrétiens – ces mélodies sublimes, étincelantes de joie théologique, était
l’ancienne liturgie tridentine: tout le contraire de cette "sensation de
fermé" auquel certains l'associent. C’est la liturgie que Benoît XVI a voulu
préserver dans ses richesses par son motu proprio "Summorum
Pontificum", du 7 juillet 2007, à côté du rite moderne qu’il a utilisé
pour la messe de Vienne.
Largement diffusées en mondovision, les messes du
pape sont un exemple pour les liturgies de l’Église latine du monde entier.
Celle qui a été célébrée à Vienne du 9 septembre a voulu l’être d’une
manière particulière. Et Benoît XVI l'a remarqué.
On peut regretter que certaines chaînes de télévision chargées de
retransmettre cette messe aient fait disparaître ses particularités. Dans la
diffusion en direct par la télévision italienne d’état, par exemple, les
mélodies grégoriennes de la communion ont été traitées comme ne méritant pas
d’être écoutées, et remplacées par un bavardage sans intérêt sur les
prétendues "grandes questions" de l’Église et de l'Autriche.
Au Vatican, l'événement liturgique de Vienne sera suivi rapidement par le
remplacement du maître des célébrations liturgiques pontificales. A
monseigneur Piero Marini – qui prendra la présidence du comité pontifical
pour les congrès eucharistiques internationaux – succèdera l'actuel maître
des cérémonies de l'archidiocèse de Gênes, monseigneur Guido Marini.
Il est proche de son prédécesseur par le nom, mais de Benoît XVI sur le
fond.
Traduction française
par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Les homélies et discours des deux voyages de Benoît
XVI début septembre :
Voyage à Lorette, 1-2 septembre 2007 : ►
Benoît XVI à Loreto - les 1er et 2 septembre 2007
Voyage en Autriche, 7-9 septembre 2007 :
► Benoît
XVI à Mariazell - du 7 au 9 septembre 2007
A propos de la décision de Benoît XVI de
libéraliser l’usage de l’ancien rite de la messe:►
Benoît XVI contre la lecture idéologique de
Vatican II
Sources:
La chiesa.it
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.09.2007 - BENOÎT XVI |