Benoît XVI a appelé l'ensemble des chrétiens à réaffirmer la centralité du Christ, parfois atténuée ou même cachée dans les rencontres entre religions. Le pape s'est exprimé, le soir du 12 septembre, devant des représentants orthodoxes et protestants, lors de vêpres oecuméniques célébrées dans la cathédrale gothique de Ratisbonne.

"Nous savons qui est Dieu par Jésus-Christ: par le seul qui est Dieu", a déclaré le pape devant les leaders des autres confessions chrétiennes. "C'est par lui que nous entrons en contact avec Dieu", a expliqué Benoît XVI pour qui, "en cette époque de rencontres interreligieuses nous sommes facilement tentés d'atténuer un peu cette confession centrale ou même de la cacher". Ainsi, a prévenu le pape, "nous ne rendons pas service à la rencontre, ni au dialogue".

"Dans cette communion commune et dans cette tâche qui nous est commune, il n'existe aucune division entre nous", a soutenu le pape devant les pasteurs et les métropolites. Puis, il les a invités à prier pour que ce fondement commun se renforce toujours plus, pour que les chrétiens soient comme "des voyants" qui donnent un témoignage aux hommes d'aujourd'hui, afin qu'ils réussissent à redécouvrir Dieu.

"Dans un monde plein de confusion, nous devons de nouveau donner le témoignage des orientations qui rendent la vie véritablement vie", a encore souligné Benoît XVI. Le souverain pontife, les épaules recouvertes d'une chape dorée, a aussi tenu à souligner les progrès en cours dans les rapports oecuméniques, notant sa "gratitude" pour le fait de pouvoir "prier ensemble", et souhaitant qu'en priant, tous puissent "croître simultanément dans l’unité".

Le pape a ainsi particulièrement salué les représentants de l’Eglise orthodoxe, parmi lesquels "des visages familiers", se félicitant de la tenue, fin septembre prochain à Belgrade, de la session plénière de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre orthodoxes et catholiques, après 6 ans d'interruption. Ce dialogue théologique, a précisé le pape, concernera "le thème de la koinonia", la communion avec Dieu, la communion entre les hommes.

"J’espère et je prie pour que ces discussion portent des fruits et que la communion avec le Dieu vivant qui nous unit, tout comme la communion entre nous dans la foi portée par les apôtres, s’approfondissent et mûrissent jusqu’à la pleine unité", a affirmé le pape. Il a souhaité une unité "par laquelle le monde peut reconnaître que Jésus-Christ est vraiment l’envoyé de Dieu, le Fils de Dieu, le sauveur du monde". "Le sérieux de cet engagement doit animer notre dialogue", a-t-il encore précisé.

Adresse aux représentants de la Réforme

Benoît XVI s’est ensuite adressé "aux amis des différentes traditions de la Réforme". Il s’est dit satisfait des rencontres avec ces derniers afin d’avancer dans le dialogue. "Evidemment, je pense en particulier à l’engagement de recherche pénible pour trouver un consensus autour de la justification", cette doctrine à l'origine du schisme protestant au 16e siècle sur le fait de savoir si l'homme était sauvé par sa foi ou par ses actes.

"Je me souviens de toutes les phases de ce processus", a expliqué l'ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, faisant part de sa satisfaction que le Conseil mondial des Eglises méthodistes ait, après-coup, adhéré à la déclaration d'Augsbourg signée en 1999 entre catholiques et luthériens.

"Le consensus autour de la justification reste pour nous un grand engagement", a souligné Benoît XVI, estimant qu'il n'était pas complètement accompli, car "dans la théologie, la justification est un thème essentiel, mais dans la vie des fidèles (…) il est aujourd’hui à peine présent". "Même si, à cause des événements dramatiques de notre époque, le thème du pardon réciproque se révèle de nouveau plus urgent, on est peu conscients du fait que le pardon de Dieu est nécessaire avant tout", a ainsi expliqué le souverain pontife.

La célébration des vêpres oecuméniques, à laquelle participaient aussi quelques représentants juifs, a été marquée par les chants des fidèles orthodoxes et une intervention d'un évêque protestant autour du thème du voyage pontifical "Celui qui croit n'est jamais seul". Après l'intervention du pape, la bénédiction a été donnée par chacun des représentants des confessions présentes. Benoît XVI a enfin réservé une surprise au choeur des "voix blanches" qui avait animé la célébration. Le temps d'une photo, il est venu s'asseoir au milieu du choeur que son propre frère, Georg Ratzinger, a dirigé pendant une vingtaine d'années.

Texte intégral du discours du saint Père, dès traduction

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Eucharistie sacrement de la miséricorde - 13.09.2006 - BENOÎT XVI

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