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Au sujet d'une possible décision de Benoît XVI
concernant la liturgie eucharistique
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Jeudi 12 octobre 2006
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(E.S.M.) - En lisant dans la presse
ce qui est dit au sujet d'une possible décision de Benoît XVI
concernant la liturgie eucharistique, on a la preuve qu'une majorité
de journalistes ne savent pas de quoi ils parlent et racontent
n'importe quoi.
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La messe miraculeuse, XIVè siècle. Assise, Église de San Francesco. Détail.
IL CONVIENT DE
METTRE UN TERME A LA DESINFORMATION
En lisant dans la presse ce qui est dit au sujet d'une possible décision de
Benoît XVI concernant la liturgie eucharistique, on a la preuve qu'une
majorité de journalistes (ceux du Figaro ou du Nouvel Observateur, par
exemple) ne savent pas de quoi ils parlent et racontent n'importe quoi. En
effet, dans la quasi totalité des articles qu'on peut lire sur le sujet, il
n'est question que d'une possible autorisation donnée par le pape pour
célébrer la messe "en latin" (sic).
Mettons les choses au point: il
n'est besoin de nulle autorisation de qui que ce soit pour célébrer la messe
en latin, pourvu que ce soit dans le rite romain restauré à la suite de
Vatican II. A qui en douterait, nous conseillons vivement de consulter le
texte de la Constitution conciliaire
SACROSANCTUM CONCILIUM
ou encore le
CODE DE DROIT CANONIQUE..
Mais il est vrai que dans les faits, la messe célébrée en latin et
chantée en grégorien a disparu de nos paroisses. Pourquoi? Parce que les
évêques, outrepassant leurs droits, ont purement et simplement interdit
cette forme latine de la liturgie romaine actuelle. Pire (si l'on peut
dire): ces mêmes évêques ont refuser d'ordonner prêtres des jeunes qui, au
nom de l'obéissance due à l'Eglise, souhaitaient favoriser la forme latine
de la liturgie à côté de sa forme en langues courantes.
A plusieurs
reprises, l'Association Pro Liturgia avait demandé que la liturgie actuelle
sous sa forme latine puisse être aussi proposée aux fidèles qui la
souhaitaient, et ce en application du Droit canonique. A chaque fois les
réponses obtenues ont été les mêmes: "Il n'en est absolument pas question."
La décision que va prendre Benoît XVI - si l'on en croit les médias - ne
touchera donc pas la question de la langue liturgique et de l'usage du
latin, mais la question du rite romain ancien, c'est-à-dire du rite romain
qui a été en usage du XVIème siècle à Vatican II. Un rite romain ancien qui,
lui, ne peut être célébré qu'en latin et chanté qu'en grégorien.
Assez curieusement, on constate que les évêques de France sont piégés: eux
qui ont tout fait pour que disparaisse la liturgie latine et grégorienne
vont non seulement devoir accepter le retour de cette langue dont ils ne
voulaient plus, mais vont devoir accepter - en plus - une forme rituelle
qu'ils pensaient définitivement abolie.
Benoît XVI en restera-t-il là?
Peut-être pas. Car si sa décision comblera de joie les fidèles
"traditionalistes" qui sont attachés à la forme préconciliaire du rite
romain, elle n'apportera pas de réponse aux fidèles qui ont accepté la messe
restaurée à la suite du Concile, mais qui n'ont cessé de se plaindre de ne
jamais trouver cette messe dans les paroisses.
Car il faut le dire
clairement: la liturgie romaine restaurées à la suite de Vatican II n'a
jamais existé dans les paroisses de France où, depuis 40 ans, chaque
célébrant est autorisé à bricoler "sa" liturgie en s'éloignant plus ou moins
- plutôt plus que moins, d'ailleurs - des données du missel romain officiel.
Pour continuer à mettre les choses bien au point, rappelons que les
règles liturgiques actuellement en vigueur:
- n'interdisent pas l'emploi du latin; -
n'interdisent pas l'emploi du chant grégorien; - n'autorisent pas un
célébrant à modifier les rites à sa guise; - obligent au respect du
sacré; - n'obligent pas à célébrer la messe "face au peuple"; -
n'autorisent pas un prêtre à célébrer sans revêtir les vêtements liturgiques
prescrits; - n'autorisent pas à ce que l'espace sacré dans lequel sont
accomplis les rites liturgiques soit indistinct de l'espace dans lequel les
fidèles prennent place.
Voilà pour la liturgie actuelle
que très peu de fidèles connaissent et ont vue en France.
Le
document que le pape Benoît XVI s'apprêterait à publier ne touche pas à ces
questions qui sont considérées comme réglées, même si les évêques de France
refusent de les appliquer et de les faire appliquer.
Rien n'empêche
donc de penser qu'en abordant la question de la forme ancienne de la
liturgie, qualifiée "d'extraordinaire", Benoît XVI ne veuille aussi rappeler
les normes de la forme actuelle de la liturgie, qualifiée "d'ordinaire".
Pour éclairer le débat sur la forme "ordinaire" et la forme" extraordinaire"
de la liturgie, rappelons ce qu'enseignait Jean-Paul II:
- "Il existe
un lien très étroit et organique entre le renouveau de la liturgie et le
renouveau de toute la vie de l'Eglise" (Lettre Dominicae Cenae, du
24.2.1980; Lettre Vicesimus quintus annus, du 4.12.1988)
- "La
réforme liturgique [héritée de Vatican II] est strictement traditionnelle ad
normam Sanctorum Patrum." (Lettre Vicesimus quintus annus du 4.12.1988)
- "Les normes liturgiques héritées du concile de Trente ont été sur bien
des points complétées et parachevées par les normes du concile de Vatican II."
(Introduction au Missel romain, édition de 2000)
Benoît XVI, qui
connaît bien ces documents pour avoir participé lui-même à leur rédaction,
ne manquera pas d'en tenir compte pour faire le lien entre ce qui est ancien
et ce qui est nouveau, et pour séparer ce qui est légitime en matière de
culte de ce qui ne peut et ne doit l'être.
SONDAGE: OUI AU LATIN.
Le célèbre
magazine italien "Corriere della Sera" fait un
sondage par internet sur la messe en latin, sans toutefois
préciser s'il s'agit de voter pour l'ancien rite ou le nouveau (on sait que
les confusions sont nombreuses tant les connaissances des fidèles en
liturgie sont faibles). Ce jeudi soir, à 19 heures, on pouvait noter que sur
18 869 votants, 55,7% se prononçaient en faveur d'une liturgie latine, 45,3%
en défaveur. On ne comprend d'ailleurs pas pourquoi des fidèles puissent
être défavorables à la liturgie latine, puisque personne ne les obligera à
assister à celles qui pourront être (enfin!) célébrées à côté de nombreuses
liturgies en langues courantes.
Nombreux liens dans la
rubrique liturgie:
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Liturgie
Sources: Pro Liturgia
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) - 12.10.2006 - BENOÎT XVI |