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19 Avril 2005
 

Dialogue entre les religions. La Dominus Jesus est de nouveau mise en accusation

Le 12 janvier 2015 - (E.S.M.) - Ces accusations ont eu comme point de départ la publication posthume de deux textes du théologien Jacques Dupuis. Et elles cherchent à atteindre les deux auteurs de cette déclaration: Joseph Ratzinger et Jean-Paul II. Mais le pape émérite y a répondu coup pour coup.

Dialogue entre les religions. La Dominus Jesus est de nouveau mise en accusation

par Sandro Magister

Le 12 janvier 2015 - E. S. M. - Quelques jours après le terrible carnage qui vient d’avoir lieu à Paris, le pape François part aujourd’hui pour le Sri Lanka, avec l'intention déclarée de "promouvoir et consolider" le dialogue entre les religions. Il sait bien à quel point, dans ce pays, la cohabitation est difficile entre la majorité bouddhiste et les minorités hindouiste, musulmane et chrétienne.

Par une singulière coïncidence, la discussion théologique à propos du rapport entre les religions a été caractérisée, précisément en ce début d’année, par une recrudescence de polémique, due principalement à un livre et à un compte-rendu qui a été fait du livre en question.

Le livre réunit deux textes posthumes du théologien jésuite Jacques Dupuis, qui ont été publiés, sous des titres très éloquents, dans un premier temps aux États-Unis et ensuite en Italie à l’occasion du dixième anniversaire de sa mort :

"Jacques Dupuis Faces the Inquisition. Two Essays on 'Dominus Iesus' and the Roman Investigation on His Work", Pickwick Publ., Eugene, OR, 2012.

J. Dupuis, "Perché non sono eretico. Teologia del pluralismo religioso : le accuse, la mia difesa", EMI, Bologna, 2014

Le compte-rendu de ce livre, quant à lui, a été publié le 4 janvier dans le supplément littéraire du "Corriere della Sera" sous la signature du professeur Alberto Melloni, directeur de cette "école de Bologne" qui est devenue célèbre pour avoir publié en plusieurs langues et en cinq volumes l’histoire du concile Vatican II la plus lue au monde  Attacco a Dupuis, per colpire Wojtyla

Melloni s’est appuyé sur le procès intenté à Dupuis, entre 1998 et 2000, par la congrégation pour la doctrine de la foi qui était dirigée à cette époque par le cardinal Joseph Ratzinger, pour attaquer de manière frontale non seulement Ratzinger et son supérieur direct Jean-Paul II, mais surtout la déclaration "Dominus Iesus" relative à l’unicité et à l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Église, qui fut publiée par la congrégation pendant l’été 2000  Dominus Iesus

L’historien bolonais liquide "Dominus Iesus" en la qualifiant de "document le plus fragile de tout le pontificat de Wojtyla" et il affirme qu’elle n’est "pas reçue par les théologiens". Il en attribue la rédaction – ainsi que la notification que l’on fit signer à Dupuis en cette circonstance – à l'"incompétence" de "collaborateurs de la congrégation" dont il ne précise pas l’identité, disant que Ratzinger "lors des entretiens directs montrait qu’il ne les connaissait pas et qu’il ne les appréciait pas", et par rapport à qui Jean-Paul II "ne manifesta pas de réaction". Et pourtant la "manœuvre" avait comme "cible"– toujours d’après Melloni – précisément "le pontificat de Wojtyla et sa fidélité particulière à Vatican II, la prière d’Assise d’un côté et le 'mea culpa' du Jubilé de l’autre, son attitude œcuménique, ses thèses à propos du Dieu du Coran et de l’éternité de l'alliance d’Israël".

En effet, lorsqu’on lit ces deux textes que Dupuis n’avait pas pu publier à l'époque  – l’un concerne la déclaration "Dominus Iesus" et l’autre la notification de la congrégation pour la doctrine de la foi qui venait en conclusion du procès fait à son ouvrage publié en 1997 "Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux" – on constate que les critiques contre l'un et l'autre textes sont nombreuses et pointues.

Mais il y a un abîme entre les objections formulées par Dupuis et l'offensive tous azimuts qui a été lancée par Melloni.

*

Quoi qu’il en soit, la thèse selon laquelle la déclaration "Dominus Iesus" aurait été universellement rejetée "par les théologiens catholiques" est dépourvue de fondement. Comme chacun sait, il y a aussi des théologiens de valeur parmi les cardinaux. L’un d’eux est le cardinal Walter Kasper, qui en effet n’a pas manqué, à l’époque, de lancer des critiques contre le document.

Toutefois le cardinal Giacomo Biffi est, lui aussi, un théologien de première grandeur. Et, en sens inverse, il a formulé, à propos de "Dominus Iesus", des jugements extrêmement positifs.

Pour s’en rendre compte, il suffit de relire ce qu’il avait déclaré à ce sujet, en 2005, aux cardinaux réunis pour le conclave qui allait élire, quelques jours plus tard, le pape Benoît XVI :

"Je voudrais dire au futur pape de faire attention à tous les problèmes. Mais avant cela, et plus encore, de se rendre compte de l’état de confusion, de désorientation, d’égarement qui afflige actuellement le peuple de Dieu, et surtout les ‘petits’.

"Il y a quelques jours, j’ai écouté à la télévision une religieuse âgée et pieuse qui répondait en ces termes au journaliste: ‘Ce pape qui est mort a surtout été grand parce qu’il nous a appris que toutes les religions sont égales’. Je ne sais pas si Jean-Paul II aurait beaucoup apprécié un éloge tel que celui-là.

"Je voudrais signaler au nouveau pape l’affaire incroyable de la déclaration ‘Dominus Iesus’ : un document explicitement partagé et approuvé publiquement par Jean-Paul II ; un document pour lequel je tiens à remercier vivement le cardinal Ratzinger.

"Jamais, en 2 000 ans – depuis le discours de Pierre après la Pentecôte – on n’avait ressenti la nécessité de rappeler cette vérité : Jésus est l’unique et indispensable Sauveur de tous. Cette vérité est, pour ainsi dire, le degré minimum de la foi. C’est la certitude primordiale, c’est pour les croyants la donnée la plus simple et la plus essentielle. Jamais, en 2 000 ans, elle n’a été remise en doute, pas même pendant la crise de l’arianisne ni à l’occasion du déraillement de la Réforme protestante. Qu’il ait fallu rappeler cette vérité à notre époque montre à quel point la situation est grave aujourd’hui.

"Pourtant, ce document, qui rappelle la certitude primordiale, la plus simple, la plus essentielle, a été contesté. Il a été contesté à tous les niveaux. À tous les niveaux de l’action pastorale, de l’enseignement de la théologie, de la hiérarchie. On m’a raconté qu’un bon catholique avait proposé à son curé de faire une présentation de la déclaration ‘Dominus Iesus’ à la communauté paroissiale. Le curé (un prêtre par ailleurs excellent et bien intentionné) lui a répondu : Laissez tomber. C’est un document qui divise’. ‘Un document qui divise’. Belle découverte ! Jésus lui-même a dit : ’Je suis venu apporter la division’ (Luc, 12, 51). Mais trop de paroles de Jésus se retrouvent aujourd’hui censurées par la chrétienté ; au moins par la chrétienté la plus bavarde".

L'intégralité du discours qui fut prononcé par le cardinal Biffi au cours du pré-conclave de 2005   "Ce que j'ai dit au futur pape"

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D’autre part un démenti en ce qui concerne la timidité et le manque de force morale de Ratzinger et de Jean-Paul II - qui, d’après Melloni, auraient subi plutôt qu’ils n’auraient voulu la rédaction et la publication de la déclaration "Dominus Iesus" et auraient laissé faire on ne sait qui - est apporté de manière incontestable par un texte qui a été écrit, il y a un an de cela, par le pape émérite dans un livre consacré au pape Wojtyla :

"Parmi les documents qui concernent différents aspects de l'œcuménisme, celui qui a suscité les plus fortes réactions a été la déclaration 'Dominus Iesus', publiée en 2000, qui résume les éléments non négociables de la foi catholique. […]

"Face au tourbillon qui s’était développé autour de 'Dominus Iesus', Jean-Paul II m’annonça qu’il avait l’intention de défendre ce document de manière tout à fait claire lors de l’Angélus. Il m’invita à rédiger pour l'Angélus un texte qui soit, pour ainsi dire, étanche et qui ne permette aucune interprétation différente. Il fallait montrer de manière tout à fait indiscutable qu’il approuvait inconditionnellement le document.

"Je préparai donc un bref discours. Toutefois je n’avais pas l’intention d’être trop brusque ; je cherchai donc à m’exprimer avec clarté mais sans dureté. Après l’avoir lu, le pape me demanda encore une fois : 'Est-ce que c’est vraiment assez clair ?'. Je lui répondis que oui.

"Ceux qui connaissent les théologiens ne seront pas étonnés d’apprendre que, malgré cela, il y a eu par la suite des gens qui ont soutenu que le pape avait pris prudemment ses distances par rapport à ce texte".

Pour d’autres détails à propos de ce texte de Ratzinger Le pape émérite prie, mais il conseille aussi. Voici comment

*

Enfin, en ce qui concerne la question des rapports interreligieux, il faut garder présent à l’esprit le risque contre lequel le pape émérite a lancé une mise en garde, au mois d’octobre dernier, dans un message adressé à l’Université Pontificale Urbanienne : le risque qu’un dialogue mal conduit soit "mortel pour la foi".

L'Urbanienne est l'université missionnaire par excellence ; elle est liée à la congrégation pour l’évangélisation des peuples. Et c’est précisément sur ce point que le pape émérite a pris appui pour réagir aux doutes qui, aujourd’hui, menacent l'idée même de la mission "ad gentes" que beaucoup de gens voudraient remplacer par un dialogue paritaire entre les religions en vue d’"une force commune de paix".

Mais si l’on fait cela – écrit Ratzinger – on laisse de côté "la vérité qui, à l’origine, a incité les chrétiens" à prêcher l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre :

"On présuppose que l’authentique vérité en ce qui concerne Dieu est, en dernière analyse, impossible à atteindre et que, tout au plus, on ne peut rendre présent ce qui est ineffable qu’en recourant à des symboles variés. Cette renonciation à la vérité semble réaliste et utile à la paix entre les religions du monde. Et cependant elle est mortelle pour la foi. En effet, la foi perd son caractère contraignant et sérieux si tout se réduit à des symboles qui, au fond, sont interchangeables et ne peuvent renvoyer que de loin à l’inaccessible mystère du divin".

Le texte intégral du message adressé par Ratzinger à l'Université Urbanienne  L’"Evangelii gaudium" du pape émérite Benoît

Le document qui conclut l’examen, par la congrégation pour la doctrine de la foi, du livre "Vers une théologie du pluralisme religieux" de Jacques Dupuis. Ce document fut signé par celui qui était alors le cardinal Ratzinger, il fut approuvé par Jean-Paul II le 19 janvier 2001, contresigné (avec des réserves) par Dupuis et publié dans "L'Osservatore Romano" le 27 février   Notification sur le livre…

Et l'article non signé qui fut publié le même jour dans "L'Osservatore Romano" Commentaire de la notification…

Le livre avait été initialement accusé de contenir "des erreurs et des ambigüités doctrinales graves concernant la révélation, la sotériologie, la christologie et la Trinité". Son examen s’est conclu par la constatation qu’il contient "de graves ambiguïtés et des difficultés sur des points doctrinaux importants qui peuvent conduire le lecteur à des opinions erronées ou dangereuses", en particulier en ce qui concerne "la valeur et la signification de la fonction salvifique des religions".

***

Le programme et les discours du voyage du pape François au Sri Lanka et aux Philippines  Voyage apostolique 12-19 janvier 2015

 Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.


 

Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 12.01.2015 - T/International

 

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