Discours de Benoît XVI lors de sa
visite au Président de l'Etat d'Israël, Shimon Peres |
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Le 11 mai 2009 -
(E.S.M.)
- Cet après midi à 15h15, le pape Benoît XVI s'est rendu au
palais présidentiel pour rendre une visite de courtoise au
Président de l'Etat d'Israël, Shimon Peres.
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Le pape Benoît XVI
Discours de Benoît XVI lors de sa
visite au Président de l'Etat d'Israël, Shimon Peres
Le 11 mai 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Cet après midi à 15h15, le pape Benoît XVI s'est rendu au
palais présidentiel pour rendre une visite de courtoise au
Président de l'Etat d'Israël, Shimon Peres.
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
En signe de cordiale hospitalité, le Président Peres nous accueille ici dans
sa résidence, me permettant ainsi de vous saluer tous et de saisir cette
occasion pour partager quelques réflexions avec vous. Je vous remercie,
Monsieur le Président, de cet aimable accueil et des vœux courtois que vous
m’avez adressés, vous offrant à mon tour ceux que je forme cordialement à
votre intention. Je remercie également les musiciens qui nous ont réjoui par
leur belle interprétation.
Monsieur le Président, dans le message de félicitations que je vous avais
adressé au moment où vous inauguriez votre mandat, j’évoquais avec plaisir
votre remarquable service du bien commun caractérisé par un engagement
résolu à poursuivre les efforts de justice et de paix, et je vous assurais
alors de ma prière. Cet après-midi, je souhaite vous redire, à vous-même, au
Premier Ministre Netanyahu et aux membres du Gouvernement qu’il vient de
former, ainsi qu’à tout le peuple de l’État d’Israël, que le pèlerinage que
j’accomplis aux Lieux Saints, est une démarche de prière pour le don
précieux de l’unité et de la paix pour le Moyen-Orient et pour toute
l’humanité. Oui, je prie chaque jour pour que la paix, née de la justice,
revienne en Terre Sainte et dans toute la région, apportant la sécurité et
une espérance renouvelée pour tous.
La paix est avant tout un don divin. Car la paix est la promesse du
Tout-Puissant à l’humanité et elle est porteuse d’unité. Dans le Livre du
prophète Jérémie nous lisons : « Car je sais, moi – c’est le Seigneur qui
parle – les desseins que je forme pour vous, desseins de paix et non de
malheur, pour vous donner un avenir et une espérance »
(29, 11). Le prophète nous rappelle la promesse du Tout-Puissant,
disant qu’Il « se laisse trouver », qu’Il « écoutera », et
qu’Il « nous rassemblera ». Mais il y a une condition : nous devons «
le chercher » et le « chercher de tout notre cœur » (cf.
ibid. 12-14).
Aux Chefs religieux qui sont ici présents, je souhaite dire que la
contribution spécifique des religions à la recherche de la paix se trouve
essentiellement dans une recherche de Dieu authentique, ardente et unifiée.
Il nous revient de proclamer - et d’en être les témoins -, que le
Tout-Puissant est présent, qu’Il peut être connu même s’il semble caché à
notre regard, qu’Il agit dans notre monde pour notre bien et que l’avenir de
la société est marqué du sceau de l’espérance quand elle se met en syntonie
avec l’ordre divin. C’est la présence dynamique de Dieu qui pousse les cœurs
à se rassembler et qui assure l’unité. En effet, le fondement ultime de
l’unité entre les personnes se trouve dans la parfaite unité et universalité
de Dieu, qui a créé l’homme et la femme à son image et à sa ressemblance
afin de nous attirer dans sa propre vie divine pour que tous soient un.
Les Chefs religieux doivent donc être attentifs au fait que toute division
ou tension, toute tendance au repliement sur soi ou à la suspicion parmi les
croyants ou entre des communautés, peut facilement conduire à une
contradiction qui masque l’unité du Tout-Puissant, trahit notre propre unité
et s’oppose à l’Unique qui se révèle lui-même comme Celui qui est « riche en
grâce et en fidélité » (Ex 34, 6 ; Ps 138, 2 ; Ps 85, 11).
Mes amis : Jérusalem, qui a longtemps été un carrefour pour de nombreux
peuples d’origines différentes, est une cité qui permet aux Juifs, aux
Chrétiens et aux Musulmans aussi bien d’assumer le devoir et de jouir du
privilège de témoigner ensemble de la coexistence pacifique depuis si
longtemps désirée par ceux qui adorent le Dieu unique ; de mettre en
évidence le dessein du Tout-Puissant sur l’unité de la famille humaine
annoncée à Abraham ; et de proclamer la nature véritable de l’homme qui est
d’être un chercheur de Dieu. Prenons la résolution de faire en sorte que, à
travers l’enseignement et l’orientation que nous donnons à nos communautés
respectives, nous aidions leurs membres à être fidèles à ce qu’ils sont en
tant que croyants, toujours plus conscients de la bonté infinie de Dieu, de
l’inviolable dignité de tout être humain et de l’unité de la famille humaine
tout entière.
La Sainte Écriture nous offre aussi une manière de comprendre la sécurité.
Selon l’usage juif, la sécurité – batah – naît de la confiance, elle ne fait
pas seulement référence à l’absence de menace, mais aussi au sentiment de
quiétude et de confiance. Dans le Livre du prophète Isaïe nous lisons ce qui
a trait à une période de bénédiction divine : « Une fois encore, se répand
sur nous l’Esprit d’en haut… Dans le désert s’établira le droit et la
justice habitera le verger. Le fruit de la justice sera la paix, et l’effet
de la justice repos et sécurité à jamais » (32, 15-17).
La sécurité, le droit, la justice et la paix ! Dans le dessein de Dieu sur
le monde, tout cela est inséparable. Loin d’être le simple fruit des efforts
de l’homme, ce sont des valeurs qui jaillissent de la relation fondamentale
de Dieu avec l’homme et qui demeurent comme un patrimoine commun dans le
cœur de chaque personne.
Il n’y a qu’une manière de protéger et de promouvoir ces valeurs : les
mettre en pratique ! En vivre ! Aucune personne, famille, communauté ou
nation n’est exemptée du devoir de vivre selon la justice et de travailler à
la paix. Il va de soi que l’on attend des dirigeants civils et politiques
qu’ils assurent une sécurité juste et convenable aux personnes qu’ils ont
mission de servir. Cet objectif fait partie de la promotion authentique des
valeurs communes à l’humanité et ne peut donc pas entrer en conflit avec
l’unité de la famille humaine. Les valeurs authentiques et les buts d’une
société, qui protègent toujours la dignité humaine, sont indivisibles,
universels et interdépendants (cf.
Benoît XVI,
Allocution aux Nations Unies, 18 avril 2008). Ils ne peuvent
plus être respectés quand ils deviennent la proie d’intérêts particuliers ou
de politiques sectorisées. Le véritable intérêt d’une nation est toujours
servi par la recherche de la justice pour tous.
Mesdames et Messieurs, la question de la sécurité durable repose sur la
confiance, elle s’alimente aux sources de la justice et du droit, et elle
est scellée par la conversion des cœurs qui nous pousse à regarder l’autre
dans les yeux et à reconnaître le « Toi » comme mon égal, mon frère,
ma sœur. N’est-ce pas de cette manière que la société elle-même devient le «
verger » (Is 32,15) où fleurissent non
pas des blocs opposés et l’obstruction, mais la cohésion et l’accord ? Ne
peut-elle pas devenir une communauté ayant de nobles aspirations où tous
peuvent avoir un accès sans restriction à l’éducation, à un toit, à un
travail, une société décidée à construire sur les fondements solides de
l’espérance,
En concluant, je voudrais me tourner vers les familles simples de cette
ville et de cette terre. Quels sont les parents qui pourraient vouloir la
violence, l’insécurité ou la désunion pour leur fils ou leur fille ? Quel
but politique humain peut-il être jamais servi par le conflit et la violence
? J’entends le cri de ceux qui vivent dans ce pays et qui réclament la
justice, la paix, le respect de leur dignité, la sécurité durable, une vie
quotidienne sans crainte des menaces venant de l’extérieur ou d’une violence
aveugle. Et je sais qu’un nombre important d’hommes et de femmes, de jeunes
aussi, travaillent en faveur de la paix et de la solidarité à travers des
programmes culturels et des initiatives qui manifestent concrètement
compassion et souci de l’autre ; ils sont assez humbles pour savoir
pardonner, ils ont le courage de saisir le rêve auquel ils ont droit.
Monsieur le Président, je vous remercie de votre courtoisie à mon égard et
je vous assure encore de ma prière pour le Gouvernement et pour tous les
citoyens de cet État. Puisse une authentique conversion de tous les cœurs
conduire à un engagement toujours plus résolu et fort en faveur de la paix
et de la sécurité à travers la justice pour chacun ! Shalom !
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Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 11.05.09 -
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