L’Église est vivante et elle est
jeune exprimait
Benoît XVI |
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Vannes, le 11 Mai 2007 -
(E.S.M.) - Mgr Centène, évêque de Vannes, a
présenté dernièrement sa pastorale des jeunes. Il rappelle qu'Il n’y
aura pas d’avenir s’il n’y a pas l’appropriation d’un passé. C’est une
question qui touche profondément ce que l’Eglise est en train de vivre
sous le pontificat de Benoît XVI.
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Mgr Centène lors de son
voyage au Cameroun
Mgr Centène rappelle les paroles exprimées par le pape Benoît XVI: "L’Église
est vivante, l'Eglise est jeune"
Allocution de Mgr Centène à l’occasion
De l’ouverture des Assises de la Pastorale des Jeunes
Nous sommes réunis pour réfléchir, penser, évaluer notre action pastorale
auprès des jeunes et proposer, pour le futur, des orientations, des
directives, des perspectives, pour annoncer le Christ.
Annoncer le Christ n’est pas une action facultative,
ce n’est pas une option parmi d’autres. C’est un impératif, une nécessité.
Saint Paul écrivait : « Pour moi, évangéliser n’est pas un titre de gloire,
c’est une obligation. Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile. »
(1 Co 9,16)
L’évangélisation n’est pas une mission que chacun s’attribue, une décision
autonome, une inspiration plus ou moins personnelle, elle est un acte
ecclésial. Voilà pourquoi nous sommes réunis.
L’évangélisation doit tenir compte des conditions particulières de notre
temps.
«
Gaudium et Spes
» nous l’a rappelé : « La transformation des
mentalités et des structures conduit souvent à une remise en question des
valeurs reçues tout particulièrement chez les jeunes […] C’est pourquoi il
n’est pas rare que parents et éducateurs éprouvent des difficultés
croissantes dans l’accomplissement de cette tâche. »
Après avoir lu ce que vous avez préparé pour ces Assises, j’aimerais
m’arrêter avec vous sur quelques éléments, très exactement trois, qui, dans
le contexte où nous vivons me paraissent importants pour fonder une «
Pastorale et Évangélisation des jeunes ».
Il faut d’abord que l’évangélisation annonce un
message explicite, c’est le premier point.
C’est le premier qualificatif que je voudrais retenir. Parmi les jeunes, la
personne de Jésus-Christ n’est plus, pour beaucoup, qu’un vague souvenir.
La référence à l’Eglise se limite souvent à un bâtiment situé sur la place,
à côté de la mairie.
La vie sociale n’est plus imprégnée par une culture chrétienne.
Dans ces conditions, l’annonce de la Bonne Nouvelle, qui doit être mise en
évidence par le témoignage de notre vie, doit être proclamée, tôt ou tard,
par la parole, explicitement.
Paul VI, écrivait dans «
Evangelii Nuntiandi » : « Il n’y a
d’évangélisation vraie que si le Nom de Jésus, son Enseignement, sa Vie, son
Mystère et son Règne sont annoncés ».
Dans le monde actuel, un témoignage de foi qui resterait implicite serait
inaudible. La foi doit être annoncée explicitement et exposée ouvertement.
Il faut proposer un apprentissage de ses symboles, de ses pratiques, de ses
rites, parce que les clés de lecture manquent.
Une annonce qui resterait implicite n’aurait pas plus de valeur pour nos
contemporains que des hiéroglyphes dans un musée.
On peut les admirer pour leur beauté, mais ils sont totalement privés de
sens pour ceux qui ne sont pas initiés à leur langage.
Le deuxième qualificatif que je voudrais retenir pour l’annonce faite aux
jeunes, c’est celui d’apologétique.
Il ne suffit pas que l’annonce soit explicite, il faut qu’elle soit
attrayante pour l’intelligence, pour la raison et pour le cœur. Il faut
proposer aux jeunes une foi intelligente et décomplexée.
Il faut rendre aux jeunes la fierté de la foi par rapport à l’intelligence
(je l’ai dit dimanche dernier à la messe des scouts, « si la foi apparaît
comme un enfantillage on la laisse tomber à l’adolescence ») et par rapport
à une relecture de l’histoire.
L’histoire de l’Eglise ne se limite pas à l’inquisition.
Je voudrais revenir sur ces deux points qui me paraissent très importants.
En tant qu’animateur, il faut être convaincu qu’il est plutôt intelligent de
croire (le livre du Père de
Montalembert qui porte ce titre peut être travaillé avec profit par des
étudiants ou des grands jeunes).
Il faut être persuadé que l’intelligence humaine est faite pour la vérité et
que le Christ est la Vérité.
La foi ne viole pas l’intelligence, elle est faite pour elle.
J’ai développé cette idée dans une homélie le 11 mars 2007. Le thème était
l’apparition dont a bénéficié Moïse au buisson ardent.
« La première réaction de Moïse, et c’est la deuxième piste de réflexion que
nous donne la liturgie d’aujourd’hui, c’est l’inquiétude qui naît de ses
propres incapacités :
- « tu m’envoies vers les fils d’Israël, ils vont m’interroger. Que leur
répondrai-je ?
- tu leur répondras : celui qui m’a envoyé vers vous c’est Yahvé, le
Seigneur, le Dieu de vos pères. »
Frères et Sœurs, nous aussi, nous pouvons avoir ce type d’inquiétude. Le
Seigneur nous invite, comme Moïse, à être habité par l’humble certitude de
la foi.
Ce n’est pas en notre nom que nous prenons la parole.
Ce que nous avons à apporter aux hommes ne leur est pas étranger.
Nous ne leur parlons pas au nom de quelqu’un qui leur serait inconnu.
Nous allons vers eux, au nom du « Dieu de leurs pères ».
Nous les invitons à prendre possession de l’héritage qui est le leur, à
devenir ce qu’ils sont, à assumer de façon objective leur histoire et leur
hérédité, à s’enraciner dans leur culture.
En même temps qu’elle apporte du sens, l’évangélisation est aussi porteuse
de l’identité, de la connaissance de soi-même.
Nous devons avoir, toujours chevillée au corps, la certitude que le message
du Christ n’est pas étranger à ceux à qui il s’adresse !
Il n’est pas contraire à leur nature !
L’intelligence humaine est faite pour la vérité et si la vérité ne séduit
pas les hommes c’est peut-être parce que nous la leur présentons mal.
C’est peut-être parce que nous leur disons autre chose que ce que veut leur
dire le Dieu de leurs pères.
Notre rôle se borne à être des éclaireurs, des initiateurs qui mettront en
contact la raison de l’homme et l’intelligence qui l’a créée, l’image et son
modèle, l’homme qui cherche Dieu parfois sans le savoir en recherchant le
bonheur, et l’objet de sa quête qui est près de lui, qui est dans son cœur,
dans son intelligence et qu’il ne voit pas ! »
Dans cette perspective, il ne faut pas avoir peur d’affronter les questions
de nos contemporains. Il faut se former au débat.
Mais pour cela, il faut sortir d’un Christianisme honteux, d’un
Christianisme repentant.
Sous prétexte de liberté de conscience, de laïcité, on a parfois
l’impression que le Christianisme est une maladie honteuse. Cette
perspective paralyse notre volonté de l’annoncer.
Non seulement il faut revendiquer pour lui la même liberté d’expression, le
même temps de parole et le même respect que pour les autres courants de
pensée, mais à la lumière de la foi nous devons aussi le considérer comme la
Vérité.
Sur le plan historique, il faut mettre les jeunes en contact avec les
grandes figures du Christianisme, avec les grandes institutions du
Christianisme, avec la force de progrès du Christianisme
(dans cette perspective, on
lira avec intérêt « Le Livre des Merveilles » publié à l’occasion du Jubilé
de l’an 2000 et qui nous met en contact chaque jour de l’année avec un des
aspects, une des conséquences ou un des grands témoins du mystère chrétien).
La question des racines chrétiennes de l’Europe aura été un des derniers
grands combats de Jean-Paul II.
Ce qui est en jeu là-dessous, c’est de pouvoir affirmer que la société
moderne ne peut pas être considérée comme une alternative au Christianisme.
On ne peut pas en faire une opposition au Christianisme car elle en est
l’héritière.
Dans quel contexte culturel les valeurs de l’humanisme ont-elles pu voir le
jour ?
On oppose parfois « les Lumières » au Christianisme. Mais où « Les Lumières
» se sont-elles allumées ?
La volonté de construire une société moderne, centrée sur la personne, ne
peut pas être opposée au Christianisme. Ce n’est pas une alternative au
Christianisme parce que la notion de personne est
proprement chrétienne.
La volonté de construire une société moderne, centrée sur le progrès, ne
peut pas être opposée au Christianisme. Ce n’est pas une alternative au
Christianisme parce que la notion de progrès est
proprement chrétienne.
La volonté de construire une société moderne, centrée sur la liberté, ne
peut pas être opposée au Christianisme. Ce n’est pas une alternative au
Christianisme parce que la notion de liberté est
proprement chrétienne.
J’ai parlé d’une annonce explicite, d’une annonce apologétique qui puissent
donner des raisons de croire et la fierté d’être chrétien. Il me semble
aussi, et je terminerai par là, que l’annonce faite aux jeunes doit être une
annonce intergénérationnelle.
Ce n’est pas seulement pour qu’il y ait une guitare pour soutenir la chorale
du 3ème âge, ce n’est pas seulement parce c’est mignon de voir des enfants
dans les maisons de retraite, cela s’impose pour plusieurs raisons.
Il y a d’abord des raisons de pastorale pratique que j’ai déjà évoquées
dimanche dernier à l’occasion de la messe des scouts.
Si la pastorale des jeunes ne vise que les jeunes, si la pastorale des
enfants ne concerne que les enfants, on fait de la religion un enfantillage.
Il faut des activités spécifiques, c’est évident, mais il ne faut pas en
rester là. Autrement, quand on n’a plus l’âge d’aller à des célébrations
pour enfants, on ne va plus à des célébrations du tout !
Ce n’est pas de la mauvaise volonté, c’est parce qu’on ne connaît pas le
wagon suivant.
Quand on n’a plus l’âge d’aller au « pélé-jeunes », on ne va plus en « pélé
».
Il y a une deuxième raison, c’est qu’après la rupture dans la transmission
que nous avons connue, il faut aujourd’hui recréer un tissu social chrétien
qui puisse faire grandir.
L’inter-génération ce n’est pas seulement l’enfant et la grand-mère. Il faut
aussi un maillage plus étroit avec des jeunes de divers âges engagés dans un
même projet.
C’est le génie de la pédagogie du scoutisme d’avoir su créer une émulation
entre l’imitation et l’exemplarité.
Les plus jeunes ont besoin de référents adultes mais aussi de grands frères
à qui s’identifier, à peine plus grands qu’eux.
Dans l’inter-génération il y a aussi toute la dimension de la culture, de la
mémoire, et de l’identité.
Il n’y a pas d’identité sans mémoire, ni sans culture.
Il n’y aura pas d’avenir s’il n’y a pas
l’appropriation d’un passé. C’est une question qui dépasse le travail de
notre assemblée et qui touche profondément ce que l’Eglise est en train de
vivre sous le pontificat de Benoît XVI.
Il faut permettre aux jeunes de s’approprier l’histoire, l’héritage,
autrement il ne peut pas y avoir de persévérance dans la durée.
Ici, en Bretagne, nous avons tout ce qu’il faut pour donner corps à cette
réalité, pour répondre à cette nécessité.
La richesse de notre patrimoine est un outil de premier choix pour faire
comprendre aux jeunes qu’ils appartiennent à un grand peuple et pour fonder
par là, leur identité personnelle.
L’inter-génération n’est pas seulement une réalité pratique, sociologique,
ou psychologique. Comme tout ce qui est important, elle a un fondement
théologique.
L’acte de foi n’est pas seulement un acte individuel subjectif.
Le Catéchisme de l’Église Catholique nous dit que : «
la foi de l’Eglise est antérieure à la foi du fidèle
qui est invité à y adhérer.» (CEC
1124).
On ne se donne pas la foi, on la reçoit. On la reçoit de Dieu. Mais toujours
par la médiation de l’Eglise.
Il est donc essentiel d’inscrire notre foi et la foi des jeunes dans le
temps, dans le cycle des générations.
S’il est essentiel d’avoir une pastorale des jeunes, il ne faut pas en faire
une entité séparée.
Comme je le disais au début : « l’Évangélisation est un acte ecclésial ».
Il est important de permettre aux jeunes de se retrouver entre eux, pour
fortifier leur foi, pour la vivre selon les modalités propres de leur temps,
pour approfondir les difficultés spécifiques de leur âge, mais il serait
insuffisant voire dangereux de penser que l’on peut construire une annonce
de la foi aux jeunes qui ne s’inscrirait pas dans le cycle des générations.
Il faut favoriser les lieux d’échanges où les générations pourront se
rencontrer.
On peut penser ici aux Pardons, aux Calvaires. Je sais que pendant tout le
Carême des jeunes vont au chemin de croix de Callac. C’est bien. Mais le
dimanche des Rameaux où plus de 2000 personnes sont présentes à Callac, il
n’y a pas de jeunes. C’est dommage.
C’est là qu’une transmission pourrait se faire.
L’inter-génération d’ailleurs n’est pas seulement à l’avantage des jeunes.
Elle est aussi à l’avantage des anciens.
Les jeunes témoignent auprès des vieux que l’Eglise est jeune, comme le
rappelait le pape Benoît XVI au lendemain de son élection : « la chiesa e
viva, la chiesa e giovane ! ».
"L’Église est vivante. Et l’Église est jeune. Elle porte en
elle l’avenir du monde et c’est pourquoi elle
montre aussi à chacun de nous le chemin vers l’avenir. L’Église
est vivante – elle est vivante parce que le Christ
est vivant, parce qu’il est vraiment ressuscité.
: ►
"L’Église est vivante. Et l’Église
est jeune. Elle porte en elle l’avenir du monde, exprimait Benoît
XVI et c’est pourquoi elle montre aussi à chacun de
nous le chemin vers l’avenir. L’Église est vivante –
elle est vivante parce que le Christ est vivant,
parce qu’il est vraiment ressuscité. : ►
Messe inaugurale du pontificat de Benoît XVI
Voilà, j’ai été bien long. J’ai bien réfléchi à cette question. Ce sont des
thèmes que je porte depuis longtemps et qui me tiennent à cœur.
Je crois que ces trois caractères : explicite,
apologétique, et intergénérationnel, sont vraiment indispensables «
pour que la génération à venir Le connaisse ».
En dehors de cette réflexion, en dehors de cet approfondissement, j’ai bien
peur qu’on ne construise rien de solide. Je vous remercie de votre
attention. Je vous souhaite un bon travail.
Table:
►
Les Jeunes
Table:
►
JMJ 2008
Sources: évêché de
Évêché de Vannes-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 11.05.2007 - BENOÎT XVI -
Jeunes |