Cour de Strasbourg :
le crucifix, les juges et Natalia Ginzburg |
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Le 10 novembre 2009 -
(E.S.M.)
- Le jugement de la Cour de Strasbourg, en voulant protéger
les droits de l'homme, finit par remettre en
question les racines sur lesquelles ces mêmes
droits se fondent, en niant l'importance du rôle
de la religion - et en particulier du
christianisme - dans la construction de
l'identité européenne et dans l'affirmation de
la place centrale de l'homme dans la société.
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Cour de Strasbourg :
le crucifix, les juges et Natalia Ginzburg I
Giuseppe Fiorentino Francesco Valiante
Le 10 novembre 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Parmi tous les symboles perçus quotidiennement par les jeunes, le jugement
émis mardi 3 novembre par la Cour de Strasbourg - qui interdit l'exposition
du crucifix dans les écoles italiennes, car cela serait contraire au droit
des parents à éduquer leurs enfants selon leurs propres convictions et au
droit des enfants à la liberté religieuse - a frappé ce qui représente le
plus une grande tradition, non seulement religieuse, du continent européen.
"Le crucifix n'engendre aucune discrimination. Il est silencieux. C'est
l'image de la révolution chrétienne qui a diffusé dans le monde l'idée de
l'égalité entre les hommes jusqu'alors absente". Ces paroles ont été
écrites le 22 mars 1988 par Natalia Ginzburg, sur les pages de "l'Unità",
le quotidien fondé par Antonio Gramsci, alors organe du parti communiste
italien.
Vingt ans plus tard, les paroles de l'écrivain expriment un sentiment encore
amplement partagé en Italie. C'est ce que démontrent les nombreuses
réactions suite au jugement de la Cour européenne. Tandis que le
gouvernement italien a annoncé avoir présenté un recours contre cette
sentence, le monde politique a souligné de façon quasi unanime le manque de
bon sens contenu dans cette mesure, en répétant que la laïcité des
institutions est une valeur bien différente de la négation du rôle du
christianisme. "Etonnement et regret" ont été exprimés en particulier
par le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le père jésuite
Federico Lombardi, dans une sévère déclaration retransmise par Radio Vatican
et par le journal télévisé de la chaîne Rai 1. "Il est grave - a-t-il
affirmé - de vouloir écarter du monde de l'éducation un signe fondamental
de l'importance des valeurs religieuses dans l'histoire et la culture
italiennes". Et il a poursuivi: "Il est également étonnant qu'une
Cour européenne intervienne avec tant de poids sur un thème si profondément
lié à l'identité historique, culturelle et spirituelle du peuple italien. Ce
n'est pas de cette manière que l'on est encouragé à aimer et partager
davantage l'idée européenne que, en tant que catholiques italiens, nous
avons fortement soutenue dès ses origines". La Conférence épiscopale
italienne a parlé de "vision partielle et idéologique", en soulignant
que dans la décision de la Cour, "la signification multiple du crucifix,
qui n'est pas seulement un symbole religieux, mais également un signe
culturel, apparaît ignorée ou négligée".
Il faut rappeler qu'en Italie, en 2006, le Conseil d'Etat avait déjà
considéré comme légitime les normes qui prévoient l'exposition du crucifix
dans les écoles, en affirmant que celui-ci ne revêtait aucune valeur
discriminatoire pour les non-croyants, car il représentait "des valeurs
importantes sur le plan civil, particulièrement des valeurs qui sous-tendent
et inspirent notre ordre constitutionnel".
En effet, le jugement de la Cour de Strasbourg, en voulant protéger les
droits de l'homme, finit par remettre en question les racines sur lesquelles
ces mêmes droits se fondent, en niant l'importance du rôle de la religion -
et en particulier du christianisme - dans la construction de l'identité
européenne et dans l'affirmation de la place centrale de l'homme dans la
société. Sous un autre aspect, la décision des juges de Strasbourg semble
inspirée par une idée de laïcité de l'Etat qui conduit à marginaliser la
contribution de la religion dans la vie publique. On pourrait ainsi imaginer
un avenir assez proche fait de lieux publics privés de toute référence
religieuse et culturelle par peur d'offenser la sensibilité d'autrui. En
réalité, ce n'est pas dans la négation, mais dans l'accueil et le respect
des diverses identités que l'on défend l'idée de laïcité de l'Etat et que
l'on favorise l'intégration entre les diverses cultures. "Le crucifix
représente tout le monde" - expliquait Natalia Ginzburg - car "avant
le Christ, personne n'avait jamais dit que les hommes sont égaux et tous
frères, riches et pauvres, croyants et non-croyants, juifs et non-juifs,
noirs et blancs".
Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
(©L'Osservatore Romano - 10 novembre 2009)
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.11.2009 -
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