Benoît XVI assiste à la Huitième
Congrégation générale du Synode des évêques d'Afrique |
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Le 09 octobre 2009 -
(E.S.M.)
- Aujourd’hui, vendredi 9 octobre 2008, à 09h00, mémoire
facultative de saint Denis évêque et ses compagnons, martyrs, et
de saint Jean Léonardi, prêtre, en présence du Saint-Père Benoît
XVI, avec le chant de l’Heure Tierce, a débuté la Huitième
Congrégation générale, pour la continuation des interventions
des Pères synodaux
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Benoît XVI assiste à la Huitième
Congrégation générale du Synode des évêques d'Afrique
HUITIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE (VENDREDI 9 OCTOBRE 2009 - MATIN)
Le 09 octobre 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Aujourd’hui, vendredi 9 octobre 2008, à 09h00, mémoire facultative de saint
Denis évêque et ses compagnons, martyrs, et de saint Jean Léonardi, prêtre,
en présence du Saint-Père Benoît XVI, avec le chant de l’Heure Tierce, a
débuté la Huitième Congrégation générale, pour la continuation des
interventions des Pères synodaux en Salle sur le thème L’Église en Afrique
au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. “Vous êtes le
sel de la terre ... Vous êtes la lumière du monde” (Mt 5, 13.14).
Le Président délégué du jour était S. Ém. le Card. Théodore-Adrien SARR,
Archevêque de Dakar (SÉNÉGAL).
À l’ouverture de la Huitième Congrégation générale, le Secrétaire général du
Synode des Évêques a communiqué la composition de la Commission pour le
Message, publiée dans ce Bulletin.
Au cours de l’intervalle de 10h30, le Saint-Père Benoît XVI a reçu en
audience les Carrefours Gallicus A et Gallicus B.
À cette Congrégation générale qui s’est conclue à 12h30 avec la prière de
l’Angelus Domini, étaient présents 219 Pères.
INTERVENTIONS EN SALLE (CONTINUATION)
Sont ensuite intervenus les Pères suivants:
- S. Ém. le Card. Tarcisio BERTONE, S.D.B., Secrétaire d'État
(CITÉ DU VATICAN)
- S. Exc. Mgr Jan OZGA, Évêque de Doumé-Abong' Mbang (CAMÉROUN)
- S. Exc. Mgr Albert VANBUEL, S.D.B., Évêque de Kaga-Bandoro (RÉPUBLIQUE
CENTRAFRICAINE)
- S. Exc. Mgr Jean-Baptiste TIAMA, Évêque de Sikasso, Président de la
Conférence Épiscopale (MALI)
- Rév. P. Edouard TSIMBA, C.I.C.M., Supérieur Général de la Congrégation du
Coeur Immaculé de Marie (Missionnaires de Scheut) (UNION SUPÉRIEURS
GÉNÉRAUX)
- S. Ém. le Card. Christian Wiyghan TUMI, Archevêque de Douala (CAMÉROUN)
- S. Exc. Mgr Claudio Maria CELLI, Archevêque titulaire de Civitanova,
Président du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales (CITÉ DU
VATICAN)
- S. Exc. Mgr Joseph KUMUONDALA MBIMBA, Archevêque de Mbandaka-Bikoro
(RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
- S. Ém. le Card. Renato Raffaele MARTINO, Président du Conseil Pontifical
"Justice et Paix" (CITÉ DU VATICAN)
- Rév. P. Gérard CHABANON, M. Afr., Supérieur Général des Missionnaires
d’Afrique (Pères Blanc) (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)
- S. Exc. Mgr Joachim NTAHONDEREYE, Évêque de Muyinga (BURUNDI)
- S. Exc. Mgr Jean-Claude BOUCHARD, O.M.I., Évêque de Pala, Président de la
Conférence Épiscopale (TCHAD)
- Rév. Francesco BARTOLONI, C.PP.S., Modérateur Général des Missionnaires du
Précieux-Sang (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)
- S. Exc. Mgr Robert Christopher NDLOVU, Archevêque d'Harare, Président de
la Conférence Épiscopale (ZIMBABWE)
- S. Exc. Mgr Evaristus Thatho BITSOANE, Évêque de Qacha's Nek, Président de
la Conférence Épiscopale (LÉSOTHO)
- S. Exc. Mgr Franklyn NUBUASAH, S.V.D., Évêque titulaire de Pauzera,
Vicaire Aostolique de Francistown (BOTSWANA)
- Rév. P. Jacob BEYA KADUMBU, C.I., Vicaire Général des Joséphites de
Belgique (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)
- S. Exc. Mgr Cyprian Kizito LWANGA, Archevêque de Kampala (OUGANDA)
- S. Exc. Mgr Jorge Enrique JIMÉNEZ CARVAJAL, C.I.M., Archevêque de
Cartagena en Colombie (COLOMBIE)
- S. Exc. Mgr Velasio DE PAOLIS, Archevêque titulaire de Telepte, Président
de la Préfecture pour les Affaires Économiques du Saint-Siège (CITÉ DU
VATICAN)
- S. Exc. Mgr Joseph Mukasa ZUZA, Évêque de Mzuzu (MALAWI)
Nous publions, ci-dessous, les résumés des interventions:
- S. Ém. le Card. Tarcisio BERTONE, S.D.B., Secrétaire d'État (CITÉ DU
VATICAN)
Dans l’Exhortation apostolique post-synodale “Ecclesia
in Africa”, le Pape
Jean-Paul II de vénérée mémoire a voulu souligner combien le Synode des
Évêques “constitue un instrument particulièrement apte à promouvoir la
communion ecclésiale” (n. 15). Cette communion affective et effective des
Églises particulières avec l’Église universelle trouve dans l’action des
Nonces apostoliques un lien irremplaçable et particulièrement important dans
la réalité du Continent africain. Il s’agit d’un réseau dense de présences
qui n’a pas pour but seulement de promouvoir et de soutenir les relations
entre le Saint-Siège et les autorités étatiques mais entend avant tout
“rendre toujours plus solides et efficaces les liens d'unité qui existent
entre le Siège Apostolique et les Églises particulières” (can. 364), par le
biais de l’assistance et du conseil que les Représentants pontificaux
prêtent aux Évêques. C’est dans cette optique de communion que doit être
considérée la mission diplomatique du Saint-Siège qui, surtout au cours de
la dernière décennie, a favorisé l’avènement d’accords et autres conventions
avec les autorités étatiques.
Les Représentants pontificaux donnent voix au Saint-Père dans la défense de
la dignité de la personne et de ses droits fondamentaux et œuvrent, en
collaboration avec les Épiscopats, en faveur de la liberté religieuse et de
la promotion d’un authentique dialogue tant avec les autres Églises ou
communautés ecclésiales qu’avec les membres d’autres religions tout comme,
naturellement, avec les autorités civiles. Un tel amour pour l’homme, la
paix et la justice, qui veut regarder l’Afrique “à la lumière de Dieu” ne
peut que pousser les Représentants pontificaux à témoigner la sollicitude du
Saint-Père et, en lui, de l’Église universelle pour le bien commun de chaque
pays.
- S. Exc. Mgr Jan OZGA, Évêque de Doumé-Abong' Mbang
(CAMÉROUN)
Cette deuxième Assemblée synodale pour l'Afrique, pour produire les fruits
escomptés, me semble-t-il, extrêmement important de passer par la famille
africaine. Car, la formation d'une nouvelle culture de la réconciliation, de
la justice et de la paix est d'abord une œuvre familiale, avant d'être
sociale. Si ces trois valeurs prennent racine et trouvent un fondement et un
sens dans la famille, leur culture peut s'étendre au niveau de toute la
société africaine.
La culture de la réconciliation se distingue de l'acte de réconciliation,
puisque ce dernier est ponctuel et circonstanciel, tandis que la première
est un état d'esprit, fondé sur la promotion de l'amour, la charité, la
conversion, la miséricorde et bien d'autres valeurs. Ce rôle prépondérant
incombe d'abord aux parents puis aux institutions scolaires, sociales et
ecclésiales, selon le principe de correction fraternelle: "Si ton frère
vient à pécher, va le trouver et reprends-le seul à seul..." (Mt 18, 15-18). ►
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- S. Exc. Mgr Albert VANBUEL, S.D.B., Évêque de Kaga-Bandoro (RÉPUBLIQUE
CENTRAFRICAINE)
Ces dernières années, au moment des différentes crises politiques et
sociales que la République centrafricaine a connues, nous n'avons pas manqué
de rappeler les valeurs humaines et chrétiennes nécessaires pour arriver à
une vie dans la paix. À tout moment, l'Église a été présente et solidaire
avec les joies et les peines du peuple, dont elle veut le bonheur et la
rédemption véritables. Les Évêques de Centrafrique, n'ont cessé de voir
l'aurore et l'avènement d'un temps favorable de paix, de justice et de
réconciliation pour tous.
Notre Église prend de plus en plus conscience des zones d'ombre qui
persistent en son sein; et aspire de tout son être, à la paix et la
communion à l'intérieur même de l'Église-Famille. Malheureusement certains y
voient des motifs de découragement ou des occasions de baisser les bras.
C'est vrai, des malentendus, des gestes perçus comme blessants ont fait
souffrir les uns et les autres. Mais le temps est venu de nous montrer à la
hauteur des enjeux du monde d'aujourd'hui. Au moment où injustice,
corruption, égoïsme, rébellions ... sont rejetés à l'unanimité, notre Église
est sommée de présenter un témoignage selon l'Évangile qui est Parole de
Vie: un témoignage de réconciliation, de justice et de paix; et surtout un
témoignage de communion.
Nous avons déploré ces derniers mois des gestes de division entre prêtres,
entre prêtres et Évêques, entre prêtres et laïcs; sans doute cela n'est pas
l'Évangile que nous avons à annoncer. Nous sommes envoyés pour construire
l'Église unie par l'Esprit de Dieu qui nous dirige. ►
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- S. Exc. Mgr Jean-Baptiste TIAMA, Évêque de Sikasso, Président de la
Conférence Épiscopale (MALI)
L'Église au Mali oeuvre aux côtés des autres fils du pays, pour qu'advienne
pour les Maliens la paix profonde que tous espèrent, malgré les situations
difficiles qu'ils traversent.
Vivant en régime de démocratie, le pays alterne bien les régimes politiques
sans affrontements armés. Mais la démocratie a parfois été mise à mal par
des manipulations constitutionnelles et des rebellions armées. Dans le nord
du pays les soulèvements Touareg ont menacé de compromettre la paix
nationale. Cependant grâce à un réel attachement à la valeur de la paix, les
pertes en vies humaines ont été limitées. Les cérémonies symboliques de la
reconquête de la paix ont permis de panser les blessures.
En 2003, par leur lettre pastorale "Et si nous réhabilitions la politique!",
les évêques ont attiré l'attention des partis politiques sur leur rôle
d'éducation des militants, d'animation de la scène politique et de
subordination au prima du service de la nation et non des intérêts partisans
des coalitions ou de leur membre.
Avec un taux de croissance de 5% en 2008, le Mali accumule actuellement de
la richesse; cependant, la pauvreté sévit partout, avec ses corollaires de
corruptions et de détournements; les pauvres semblent être les proies
faciles de l'injustice. ►
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- Rév. P. Edouard TSIMBA, C.I.C.M., Supérieur Général de la Congrégation du
Cœur Immaculé de Marie (Missionnaires de Scheut) (UNION SUPÉRIEURS
GÉNÉRAUX)
Des hommes et des femmes, fidèles à l’Évangile, s’engagent, parfois jusqu’au
martyre, pour un monde plus juste et plus solidaire. Nos populations ont
réussi certaines réconciliations nationales qui sont des modèles pour les
autres continents. Le regard que beaucoup jettent sur des sociétés qu’on dit
en panne de croissance doit donc changer.
Mais beaucoup reste à faire. Nos belles déclarations, nos documents ne
changent pas automatiquement la réalité de nos peuples. Les messages de
réconciliation, de paix, de justice et d’unité ne sont pas d’abord pour
l’extérieur. Il sont aussi pour nous-mêmes parce que la crise dehors est
aussi “ad intra”. La réconciliation ne se fera pas par des discours et des
déclarations. Elle est une option fondamentale de vie qui demande de notre
part une conversion quotidienne, à l’intérieur de notre Église et de nos
communautés. Notre mission de guérir les relations entre les personnes ne
s’accomplira que si déjà dans nos propres communautés se pratiquent le vrai
pardon, la recherche de la vérité, le souci de justice, bref un vrai amour
dans une vraie communauté de frères et de sœurs ... Rien ne sert d’aller
parler de la paix aux autres si une vraie paix ne règne pas dans nos propres
communautés.
Il nous faut rafraîchir la manière de penser nos engagements religieux. Des
temps de formation permanente deviennent indispensables. Il est aussi
indispensable que nous promouvions un mouvement efficace de re-fondation.
Que nos écoles et nos universités catholiques forment des cœurs et pas
seulement des têtes; que les usines de fabrication d’armes de guerres
cessent d’exister.
- S. Ém. le Card. Christian Wiyghan TUMI, Archevêque de Douala (CAMÉROUN)
Le péché en éloignant l’homme de Dieu, le constitue en ennemi de Dieu. Dieu
prend l’initiative de sauver l’homme. Ce dernier revient à Dieu par la
prière moyennant le repentir. Ses sacrifices tendent “à apaiser Dieu” jusque
là irrité par sa désobéissance.
C’est en Jésus-Christ que l’homme est pleinement réconcilié avec Dieu.
Effaçant la désobéissance d’Adam (Rm 5, 19), Jésus fait la paix par le sang
de sa Croix. Le Christ accomplit la réconciliation de l’homme avec Dieu.
Réconciliés avec Dieu en Jésus-Christ, les hommes sont frères et sœurs
entre eux.
L’accueil de la Parole du Christ entraîne les hommes à se laisser
réconcilier avec Dieu. Les fidèles du Christ deviennent missionnaires du
pardon.
Ainsi donc, pour se réconcilier avec le prochain, la réconciliation avec
Dieu est un préalable inévitable. La réconciliation dans nos familles, entre
les peuples de la terre n’est pas possible sans Dieu. Seuls les hommes
réconciliés avec Dieu peuvent bâtir un monde de paix et de justice.
- S. Exc. Mgr Claudio Maria CELLI, Archevêque titulaire de Civitanova,
Président du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales
(CITÉ DU
VATICAN)
Le message final de la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode
des Évêques, qui s’était tenue en 1994, soulignait les défis de la
communication pour l’Église-famille de Dieu en Afrique, mentionnant la
nécessité d’être créative dans le premier aréopage du temps moderne: “Tant
que nous serons seulement des consommateurs dans ce secteur, nous courrons
le risque de changer de culture sans le vouloir, sans même le savoir”.
L’exhortation “Ecclesia in Africa” a consacré 11 articles aux médias et à la
communication sociale, et en a fait l’un des 5 pilastres pour l’édification
de l’ “Église-famille de Dieu”. A la suite de ce premier synode, des
facultés de communication sociale ont été créées au sein des universités
catholiques, des stations de radiodiffusion et de télévision. Aujourd’hui,
il y a au moins 163 radios opérationnelles réparties dans 32 pays (avant
1994 on en comptait à peine 15), qui sont gérées et animées par des
diocèses, des congrégations et organisations catholiques. Certains diocèses
possèdent un site internet; les publications sont innombrables, tant au
niveau régional que diocésain ou paroissien.
En août 1999, le CEPACS a publié un plan pastoral continental intitulé “Pour
une Afrique communicative” reprenant les recommandations de l’ “Ecclesia in
Africa”.
Il n’y a aucun doute que des “évolutions positives” ont eu lieu, mais l’Instrumentum
Laboris” confirme que les décisions prises n’ont pas été beaucoup suivies. ►
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- S. Exc. Mgr Joseph KUMUONDALA MBIMBA, Archevêque de
Mbandaka-Bikoro (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
Depuis l'implantation de l'Église en Afrique et plus spécialement en RD
Congo, l'éducation scolaire a toujours bénéficié d'une singulière attention
de l'Église. Pour celle-ci, les écoles de tous les niveaux ainsi que les
instituts supérieurs et les universités constituent des Iieux d'apostolat.
L'Église s'y investit pour assurer une formation intégrale de l'homme selon
la vision évangélique aux fins de garantir son épanouissement et de le
rendre apte à mettre ses talents au service de la communauté.
Cependant, la crise multiforme liée à des guerres à répétition a entraîné
des conséquences déplorables dans le secteur de l'éducation. Ces
conséquences déplorables risquent de perdurer trop longtemps si l'on n'y
prend pas garde. Car, une éducation mal assurée compromet l'avenir de
générations de jeunes et sacrifie des potentialités qui auraient servi à
toute la nation. Ce qui est injuste et ne garantit pas la paix. Car les
jeunes frustrés sont à la merci des pêcheurs en eau trouble.
Dans un climat de complaisance engendré par des pratiques malhonnêtes, la
qualité de l'enseignement n'est pas garantie. Les organisateurs, les
gestionnaires et les parents sont conscients que les diplômes délivrés ne
représentent pas un niveau intellectuel et moral approprié aux exigences du
monde scientifique et de travail. ►
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- S. Ém. le Card. Renato Raffaele MARTINO, Président
du Conseil Pontifical "Justice et Paix" (CITÉ DU VATICAN)
Dans son discours de clôture à la Conférence de présentation en Afrique du
Compendium de la doctrine sociale de l'Église (Dar-es-Salaam, Tanzanie,
27-30 août 2008), le Cardinal Renato Raffaele Martino demandait aux
participants d' appliquer ce document avec discernement aux. différentes
réalités socioculturelles de leurs pays, sans attendre que quelqu'un d'autre
le fasse pour eux ni à leur place, car il y va de la responsabilité des
Églises locales du continent. Il était heureux de constater que celles-ci
ont, par de nombreuses initiatives, contribué à la diffusion du Compendium.
C'est aux Africains eux-mêmes qu'il revient d'être le seI de la terre et la
lumière du monde dans ce beau continent, si différent et si riche.
Les évêques sont encouragés à trouver les formes les mieux adaptées à la
diffusion et à l'interprétation correcte de la doctrine sociale, à la
traduire et à l'enseigner, y compris dans les langues africaines, en
particulier dans les maisons de formation sacerdotale et religieuse, dans la
catéchèse, dans les centres et instituts catholiques d' enseignement
supérieur, dans les associations de métiers, notamment auprès des
parlementaires, des politiciens et des magistrats catholiques.
L'engagement pour la réconciliation, la justice et la paix et la tâche de
transformer les réalités sociales ne peuvent être menés à bien sans
l'inspiration de la doctrine sociale de l'Église, qui continue à offrir sa
lumière pour baliser les chemins de l 'homme, de la société et de l'Église
au cœur du monde d'aujourd'hui.
Pour favoriser une connaissance approfondie et une meilleure diffusion de
cette doctrine, je suggère que soit créé, en Afrique, un Institut supérieur
catholique, à vocation continentale et universelle, spécialisé dans l'
enseignement social.
- Rév. P. Gérard CHABANON, M. Afr., Supérieur Général
des Missionnaires d’Afrique (Pères Blanc) (UNION SUPÉRIEURS
GÉNÉRAUX)
J'aimerais développer le thème du Dialogue Interreligieux comme chemin de
réconciliation. La carte de notre monde et celle de l' Afrique en
particulier, est parsemée de conflits meurtriers dont certains
malheureusement durent depuis trop longtemps. Je pense en particulier à la
situation des pays des Grands Lacs mais aussi au Darfour. Ces conflits,
presque tous, sans exception, ont une dimension et des éléments religieux.
Le dialogue interreligieux peut prendre comme nous le savons diverses
formes: du dialogue de vie à la rencontre spirituelle. C'est un chemin
étroit, parfois rude et périlleux qui demande avant tout une grande
confiance dans l'autre. Une confiance qui n'est pas naïveté mais désir de
comprendre, de connaître, d'aimer. Il me semble que les fondements du
dialogue interreligieux sont avant tout des attitudes spirituelles. ►
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- S. Exc. Mgr Joachim NTAHONDEREYE, Évêque de Muyinga
(BURUNDI)
Au Burundi, la double expérience contrastante d'une guerre civile meurtrière
et de la tâche combien ardue de restaurer la paix par la réconciliation dans
la justice, nous a convaincu de l'exigence de travailler ensemble, au niveau
régional et interrégional.
Bien que différente d'un pays à l'autre, l'histoire des conflits
sociopolitiques dans notre région présente des constantes communes qui
réclament la conjugaison et la coordination des efforts dans la recherche de
la réconciliation et de la paix.
Aussi, nous membres de la Conférence des Évêques Catholiques du Burundi,
encouragés par l'expérience faite ensemble avec la Conférence épiscopale de
Tanzanie depuis 2002 dans la pastorale des réfugiés et des personnes
déplacées par la guerre, nous souhaitons proposer ce qui suit :
Que cette assemblée renouvelle encore la recommandation déjà faite par
Ecclesia in Africa d'" une solidarité pastorale organique" (EA, 131-135). ►
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- S. Exc. Mgr Jean-Claude BOUCHARD, O.M.I., Évêque de
Pala, Président de la Conférence Épiscopale (TCHAD)
Durant ce synode nous disons et redisons que l'Église-famille de Dieu est le
lieu et le sacrement du pardon, de la réconciliation et de la paix, mais
comment exerce-t-elle ce ministère? Quel est le lien entre ses diverses
interventions au service de la réconciliation, de la justice et de la paix,
et l'exercice du ministère sacramentel lui-même? Et dans la vie des
chrétiens et des communautés, quel est le lien entre l' exercice de ce
"ministère de la réconciliation" (2 Co 5,18), dont ils sont aussi les
dépositaires comme membres de l'Église, et la célébration en Église du
sacrement de la réconciliation pour eux-mêmes ? En d'autres mots: le
sacrement, tel que célébré dans nos communautés actuellement, est-il
l'aboutissement et la source du ministère de la réconciliation: une Église
réconciliée qui est réconciliatrice? Ou plutôt ce sacrement n'est-il pas
souvent une sorte de rite, vite expédié, pour se mettre en règle
personnellement avec Dieu, loin de ce que dit l'apôtre Paul: " C'est lui qui
nous a rendus capables d'être ministres d'une Alliance nouvelle, non de la
lettre mais de l'Esprit; car la lettre tue mais l'Esprit donne la vie " (2
Co 3,6).
La tenue de ce synode sur l'Église en Afrique au service de la
réconciliation, de la justice et de la paix, doit être pour nos communautés
et nos Églises une occasion de renouveler la façon dont est vécu le
sacrement du pardon et de la réconciliation? Faire que ce sacrement soit
vécu, individuellement et en communauté, "dans l'Esprit qui donne la vie ".
- Rév. Francesco BARTOLONI, C.PP.S., Modérateur
Général des Missionnaires du Précieux-Sang (UNION SUPÉRIEURS
GÉNÉRAUX)
L’Église africaine comprend que la réconciliation est d’abord l’œuvre de
Dieu dans le Christ. Dans ce sens, la réconciliation est plus une
spiritualité qu’une stratégie, mais elle doit être une spiritualité qui
conduise les membres de la famille de Dieu en Afrique à devenir des
ambassadeurs du Christ (2 Co, 5, 20) qui crée un espace de vérité, de
justice, de guérison et l’avènement d’une nouvelle création (2 Co 5, 17).
C’est cette spiritualité qui conduit aussi l’Église, comme les ambassadeurs
du Christ, à s’engager dans le dialogue avec la spiritualité des peuples de
l’islam et des religions traditionnelles africaines.
Mais l’Afrique n’est pas seulement un lieu de souffrance et d’exploitation;
elle est aussi un continent où de nombreux pays expérimentent un
développement social et économique rapide. L’Église a une occasion
importante d’encourager et de conduire ce développement à travers la
formation au bien et la formation de responsables bons et honnêtes qui
œuvrent en faveur du bonheur et de la croissance sociale de l’ensemble de la
population de leur pays sans distinction de race, de religion ou de statut
social. Nous devons encourager les peuples d’Afrique à reconnaître et
accepter le fait qu’ils ont, avec l’aide de Dieu, l’habileté de prendre en
main leur destin. ►
Lire la suite
- S. Exc. Mgr Robert Christopher NDLOVU, Archevêque
d'Harare, Président de la Conférence Épiscopale (ZIMBABWE)
Tout le monde dans l’Église quelque soit sa position ou son statut a le
devoir et la responsabilité d’être un agent de l’évangélisation et un agent
du témoignage chrétien. Cela vaut également pour les institutions dont nous
disposons au sein de l’Église. Les Évêques doivent être des agents
prophétiques de la Parole sur notre continent africain troublé. Ils doivent
parler pour les opprimés qui crient vers leur Seigneur pour obtenir leur
libération. Dans l’accomplissement de leurs charges, ils devraient aussi
montrer le bon exemple de la paternité au sein de l’Église-Famille de Dieu
et de l’unité de la famille chrétienne. Ils devraient également travailler
étroitement avec les prêtres qui sont, après tout, leurs principaux
collaborateurs dans la mission d’évangélisation. Un motif de préoccupation,
selon moi, est le soutien que certains prêtres ou religieux apportent aux
partis politiques. Cela a pour conséquence de diviser les communautés
chrétiennes qu’ils servent. Il n’est pas rare non plus d’entendre que
certains prêtres ne soutiennent pas les activités de Justice et Paix dans
leurs paroisses. Il est par conséquent vital que les candidats au sacerdoce
ministériel étudient la Doctrine sociale de l’Église au cours de leurs
années de formation. Je pense que l’Église n’a pas suffisamment investi dans
ce domaine. Le clergé doit également comprendre constamment le besoin de
guérison à tous les niveaux de la souffrance humaine, qu’il s’agisse de
conflits familiaux, ethniques ou de traumatismes dus à la guerre. ►
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- S. Exc. Mgr Evaristus Thatho BITSOANE, Évêque de
Qacha's Nek, Président de la Conférence Épiscopale (LÉSOTHO)
L’Église au Lesotho, comme de nombreuses autres Églises en Afrique, est
engagée dans le domaine de la santé, de l’éducation et du service envers les
pauvres.
Le Lesotho est pour 50% environ catholique, et l’Église possède la majorité
des écoles du pays. En fonction de ce nombre, on pourrait espérer que les
principes catholiques puissent prévaloir dans le fonctionnement du pays. Au
contraire, les personnes adhèrent à tout ce qui leur permettra d’avoir du
pain sur la table, même si cela doit être en opposition avec l’enseignement
de l’Église.
Un grand nombre de pays d’Afrique ont signé le Protocole de Maputo, et le
Lesotho n’en a pas fait exception. Bien que les services de nos hôpitaux
catholiques soient appréciés par beaucoup, nous craignions qu’un grand
nombre d’avortements sera pratiqué dans des hôpitaux privés.
Ce dont l’Église du Lesotho a besoin d’une manière urgente, afin de
poursuivre son service envers les pauvres, c’est que les Églises Sœurs du
monde développé influencent leur gouvernement afin de ne pas imposer des
idéologies qui soient étrangères à l’Afrique. Durant cette période de
transition jusqu’à son autonomie financière, l’Afrique a encore besoin du
soutien de ses Églises Sœurs du monde développé.
- S. Exc. Mgr Franklyn NUBUASAH, S.V.D., Évêque
titulaire de Pauzera, Vicaire Aostolique de Francistown
(BOTSWANA)
Le Botswana est un petit pays stable et démocratique caractérisé par une
bonne gouvernance et par l’autorité de la loi. Nous sommes un pays
moyennement riche qui attire des personnes provenant d’autres régions
d’Afrique. Nous constituons un havre de paix dans la mesure où nous n’avons
aucune expérience de guerre ou de conflit dans notre pays. Nous accueillons
un bon nombre de réfugiés demandant l’asile. Nous avons la paix parce qu’au
sein de notre mécanisme traditionnel appelé kgotla, c’est-à-dire cour de la
règle, le dialogue est respecté. Pour nous, la plus grande guerre est faite
de mots. L’Église a introduit cette pratique culturelle dans les paroisses
afin d’aider à faire et à promouvoir la paix et la compréhension.
Aujourd’hui, il y a une pression concernant nos ressources, notre marché du
travail et nos installations sanitaires dûe à l’afflux de personnes en
raison de la situation politique et sociale dans la région. Nous sommes
préoccupés par la xénophobie qui est la conséquence de la dure crise
économique actuelle. L’Église a promu la paix et la fraternité envers les
personnes. Les minorités n’ont pas besoin d’utiliser la violence pour faire
connaître leurs problèmes.
Le Sida est un défi pour les pays du sud de l’Afrique. Le Botswana travaille
dur par le biais de l’éducation afin de prévenir de nouvelles infections. Le
traitement est disponible pour les citoyens, mais malheureusement il ne
l’est pas pour les réfugiés ni pour les étrangers qui vivent dans le pays.
Le Sida a ravagé les fondations de la société du Botswana. Il peut être
potentiellement employé comme arme de guerre et de conflit. Comment
pardonner quelqu’un qui vous a infecté volontairement avec le virus mortel? ►
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- Rév. P. Jacob BEYA KADUMBU, C.I., Vicaire Général des Joséphites de
Belgique (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)
Le premier synode africain avait défini les communautés ecclésiales vivantes
comme une priorité pastorale des Églises d'Afrique. De ce fait, l'Église en
Afrique ne peut pas relever les défis de la réconciliation, de la justice et
de la paix, en ignorant l'expérience et l'apport de ces petites communautés.
Elles sont des lieux de prévention et de résolution des conflits, des lieux
où le mystère du Christ se révèle et devient réalité connue, crue et vécue.
Dans ces communautés, règnent la gratuité, la solidarité, un sort commun;
chacun y est motivé à construire la Famille de Dieu, famille entièrement
ouverte sur le monde, et qui n'exclut absolument personne.
Malheureusement, cette approche est loin d'être la réalité. En témoignent
certains massacres et pillages en Afrique, où sont impliqués quelques
membres des CEV. La sincérité de leur fraternité et de leur solidarité est
remise en question. Il devient donc nécessaire et urgent que la fraternité
humaine des CEV cesse de se fonder sur le sang pour se greffer sur la foi en
Jésus-Christ.
En dehors du sacrement de la réconciliation, instrument privilégié de la
réconciliation avec Dieu, avec soi-même et avec les autres, les CEV vivent
d'autres expériences de réconciliation, comme la palabre, que l’on ne peut
pas sous-estimer.
En définitive, les CEV demeurent les lieux de célébration et de vie des
vertus théologales.
- S. Exc. Mgr Cyprian Kizito LWANGA, Archevêque de Kampala
(OUGANDA)
Afin de réaliser une vision de la Caritas Africa, qui doit avoir la vie
surabondante (Jn 10, 10), nous considérons que notre mission est de rendre
témoignage à l’amour de Dieu (Ac 1, 8) en travaillant pour le développement
intégral de l’être humain avec une attention prioritaire envers les pauvres
et les indigents. L’Afrique est confrontée quotidiennement à d’importants
défis et de grandes parties des populations de nombreux pays d’Afrique
souffrent à cause de conflits, de troubles sociaux, de guerres, tout comme
de catastrophes naturelles et de calamités, telles que la sécheresse, les
inondations et les cyclones. Les maladies, y compris le Sida, la malaria et
d’autres encore, moins connues, causent également un grand nombre de
difficultés aux personnes et aux familles.
Dans chaque pays, la Caritas est présente pour s’occuper de ces différents
problèmes et porter secours aux membres les plus vulnérables de la société.
Le rôle de la Caritas cependant n’est pas seulement d’intervenir dans des
situations d’urgence et de fournir de l’aide. Son rôle va bien au-delà de ce
stade. Elle est appelée à contribuer au développement intégral des
personnes. Cette mission conjointe de la Caritas est souvent mal comprise,
mais elle est bien appliquée en Afrique. ►
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- S. Exc. Mgr Jorge Enrique JIMÉNEZ CARVAJAL, C.I.M., Archevêque de
Cartagena en Colombie (COLOMBIE)
Des milliers et milliers d’êtres humaines de race noire arrivèrent en
Amérique pour y être vendus aux enchères et être ainsi condamnés à
travailler jusqu’à leur mort.
Carthagène eut le malheur d’être l’un des principaux ports de cet infâme
commerce, mais eut la chance en revanche d’accueillir le grand témoignage de
sainteté du jésuite Pedro Claver, apôtre des esclaves, dont le corps repose
dans notre cathédrale. Il vécut pour les protéger, les conduire à la foi et
leur enseigner l’amour envers Dieu et l’amour de Dieu, amour qui, sans
doute, les aida à survivre et qui, aujourd’hui, leur permet de s’exprimer à
partir de la perspective de la foi chrétienne.
Pedro Claver attendait les “navires négriers” dans une optique différente de
celle de ceux qui traitaient avec eux. Pour ces commerçants, il s’agissait
de l’arrivée d’“esclaves pour le travail” alors que, pour l’apôtre, ils
étaient des “fils de Dieu” qui demandaient à connaître toute la vérité de
l’Évangile. Le Noir grandit donc dans la foi et la vit, mais se demande
pourquoi son compagnon, qui professe la même foi, fait usage du fouet et il
ne trouve pas de réponse. ►
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- S. Exc. Mgr Velasio DE PAOLIS, Archevêque titulaire de Telepte, Président
de la Préfecture pour les Affaires Économiques du Saint-Siège (CITÉ DU
VATICAN)
Le thème de la paix occupe une place fondamentale dans la réflexion de cette
assemblée. Elle est dans le titre et parcourt également tout le texte de
l’Instrumentum laboris tout comme celui de la Relatio ante disceptationem.
La vie chrétienne est enracinée dans l’amour chrétien que Jésus présente
comme signe de sa présence en ses disciples (cf. 13, 25). Mais la
réalisation du témoignage de l’amour passe nécessairement par le témoignage
de la justice. Le concept rigoureux de justice qui appartient à l’antiquité
et a été élaboré et perfectionné par la tradition chrétienne comme vertu qui
donne à chacun ce qui lui revient, fait partie du patrimoine chrétien car la
dignité de la personne humaine resplendit de lumière dans la foi chrétienne,
avec la série de droits et de devoirs qui en sont le prolongement. Ainsi, la
justice tout en étant route et voie de l’amour et donc ouverte à la gratuité
et à l’amour, conserve son rôle spécifique ainsi que le souligne le
Saint-Père Benoît XVI dans l’Encyclique “Deus
Caritas est” n. 6.
La justice doit être traduite dans la pratique; et c’est même la pratique
qui constitue la vérification de la doctrine que l’on énonce. Il serait vain
de proclamer les droits s’ils n’étaient pas protégés par des moyens
adéquats. ►
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- S. Exc. Mgr Joseph Mukasa ZUZA, Évêque de Mzuzu
(MALAWI)
En promouvant la réconciliation, la justice et la paix, l’Église catholique
a besoin de travailler ensemble avec les autres Églises chrétiennes et avec
les Musulmans. Au Malawi, l’Église catholique offre des services dans le
domaine de la santé, de l’éducation, du développement et pour une bonne
gouvernance à travers les organismes œcuméniques et interreligieux suivants: ►
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AUDITION DES DÉLÉGUÉS FRATERNELS (I)
Ensuite, est intervenu le Délégué fraternel suivant:
- Sa Grace Bernhard NTAHOTURI, Archêveque de la
Province de la Église Anglicane de Burundi (BURUNDI)
Le thème choisit pour ce Synode est un sujet pertinent pour l’Afrique
d’aujourd’hui. Et par ces assises, l’Église (catholique) rend manifeste les
enjeux de son travail pastoral pour la société africaine. L’Église invite
tous ses membres et autres chrétiens, ainsi que les autres croyants et
personnes de bonne volonté; à une dynamique qui va à la révélation d’un Dieu
créateur et sauveur de l’humanité, un Dieu d’amour et source de vie, pour
transformer les situations ou l’Africain est appelé à vivre.
Quand on regarde autour de nous, dans l’Afrique profonde, on observe
plusieurs situations préoccupantes, telles que la détérioration généralisée
de la qualité de vie, l’insuffisance des moyens pour l’éducation des jeunes,
la carence de services sanitaires et sociaux élémentaires, entraînant la
persistance de maladies endémiques, l’épidémie terrible du Sida, l’horreur
des guerres fratricides alimentées par un trafic d’armes sans scrupules, les
spectacles honteux et pitoyable des réfugiés et personnes déplacées, etc.
L’Afrique est en mouvement de croissance, elle n’est pas dans en état
statique. L’Afrique bouge dans toutes les dimensions: politique, économique,
sociale et culturelle, et surtout spirituelle. L’Afrique et un continent
d’opportunités. L’Église-Famille de Dieu en Afrique doit être marquée par le
sens profond d’une fraternité qui va au-delà des limites de sa propre
famille, de sa propre tribu ou ethnie, par la vie sacrée qu’elle reçoit du
Christ, plénitude de la vie. Puisque il est vivant, nous vivrons, et les
membres de la famille œcuménique répondront présents au rendez-vous de la
fraternité.
AUDITIO AUDITORUM (I)
Enfin, sont intervenus les Auditeurs et Auditrices suivants:
- Soeur Felicia HARRY, N.S.A. (O.L.A.), Supérieure Générale
des Soeurs de Notre-Dame des Apôtres (GHANA)
- Rév. P. Seán O’LEARY, M.Afr., Directeur l'Institut "Denis Hurley Peace"
(AFRIQUE DU SUD)
- Soeur Pauline ODIA BUKASA, F.M.S., Supérieure Général des Soeurs
“Ba-Maria”, Buta Uele (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
- Soeur Geneviève UWAMARIYA, Soeur de Sainte Marie de Namur (RWANDA)
Nous publions, ci-dessous, les résumés des interventions des Auditeurs et
Auditrices:
- Soeur Felicia HARRY, N.S.A. (O.L.A.), Supérieure Générale des
Sœurs de
Notre-Dame des Apôtres (GHANA)
La collaboration est ici le mot-clef, dans cette recherche de l’Église pour
la réconciliation, la paix et la justice aujourd’hui en Afrique. En tant que
religieuses d’Afrique, nous voudrions voir plus de collaboration avec les
autorités de l’Église dans notre effort collégial visant à apporter le
message du Christ à notre peuple. Une collaboration non seulement lorsque
les décisions déjà prises doivent être appliquées, mais qui nous permette de
participer au processus décisionnel, en amenant notre “génie” féminin fait
de gentillesse, de tendresse et d’ouverture à l’écoute de la Parole et au
service des autres (cf. n. 114 Instrumentum laboris) à poursuivre dans la
vie réelle des paroisses dans lesquelles nous travaillons. En plus
d’enseigner le catéchisme aux enfants, de décorer les églises paroissiales,
de nettoyer, de raccommoder et de confectionner les soutanes, nous,
religieuses d’Afrique, voudrions participer aux différents conseils
paroissiaux. Nous ne voulons pas demeurer à la périphérie du corps principal
de la paroisse, nous voulons être une partie intégrante de ce corps. Nous ne
voulons pas nous emparer de la responsabilité du curé, nous voulons
simplement être des partenaires égaux dans la vigne du Seigneur; nous
voulons prendre part à la responsabilité de l’Église d’assurer la
réconciliation, la paix et la justice sur notre continent. ►
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- Rév. P. Seán O’LEARY, M.Afr., Directeur l'Institut "Denis Hurley Peace"
(AFRIQUE DU SUD)
L’Institut pour la paix Denis Hurley (DHPI) a été créé par la Conférence des
Évêques catholiques d’Afrique du Sud (SACBC) afin de partager avec d’autres
l’histoire tragique du passé de l’Afrique du Sud, un passé fondé sur un
racisme institutionnalisé; le miracle de la transition qui a conduit à
l’aube d’une vraie démocratie et les défis ardus de la construction, de la
reconstruction et de la réconciliation, qui est au cœur même de l’activité
de l’Église en Afrique du Sud aujourd’hui.
L’expérience nous a montré que le fort impact que l’Église catholique a sur
le continent est rarement ressenti en situations de conflit. Les tentatives
d’intervention de l’Église dans les conflits restent fragmentées. Nous
devons soutenir davantage les Évêques et les diocèses se trouvant au moment
culminant du conflit. Dans cette salle, nous avons une richesse
d’expériences de personnes provenant de zones de conflit qui ont gardé les
cœurs de leurs peuples vivants avec espoir, pendant de longues années,
malgré des situations proches du désespoir. Ils sont nos héros méconnus! ►
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- Soeur Pauline ODIA BUKASA, F.M.S., Supérieure Général des Soeurs
“Ba-Maria”, Buta Uele (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
La femme est marginalisée à tous les niveaux. Elle est presque exclue du
processus global du développement du continent. Elle est victime des us et
coutumes ancestrales et c'est elle qui, actuellement, porte le poids de tous
les conflits armés qui déchirent l'Afrique et principalement la R.D. Congo.
En ce moment où l'Église en Afrique s'engage à travailler pour la
réconciliation de ses fils et filles, la femme ne peut plus être ignorée.
Elle y a un grand rôle à jouer. De nos jours, le dynamisme et la
détermination des femmes à pourvoir à la survie de leurs foyers, à
l'entretien et à l'éducation de leurs enfants est une ressource à
capitaliser pour sa pleine implication dans le processus de la
réconciliation en vue de la paix véritable.►
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- Sœur Geneviève UWAMARIYA, Sœur de Sainte Marie de Namur
(RWANDA)
Je vais vous partager mon expérience de réconciliation avec les prisonniers
présumés génocidaires. Je vous ferai part également, des fruits de mon
témoignage auprès d' eux et de leurs victimes rescapées
Je suis une rescapée du génocide des Tutsi du Rwanda en 1994.
Une grande partie de ma famille a été massacrée dans notre église
paroissiale. La vue de cet édifice me remplissait d'horreur et de révolte,
tout comme la rencontre avec des prisonniers m'emplissait de dégoût et de
rage.
C'est dans cet état d'âme que m'arriva un évènement qui a changé ma vie et
mes relations.
Le 27/08/1997 à 13 h un groupe de l'association catholique des "Dames de la
Miséricorde divine" m'entraîna deux prisons de la région de Kibuye, ma ville
natale. Elles venaient préparer les prisonniers au Jubilé de 2000. Elles
disaient: "si tu as tué, tu t'engages à demander pardon à la victime
rescapée, comme cela tu l'aides à se libérer du poids de la vengeance, de la
haine et de la rancune.
Si tu es victime, tu t'engages à offrir ton pardon à celui qui t'a fait du
tort et ainsi tu l' aides à se libérer du poids de son crime et du mal qui l'habite.
Ce message eut un effet inattendu pour moi et en moi ...
Après cela, un des prisonniers se leva en larmes, tomba à mes genoux en
suppliant à haute voix: "miséricorde". Je fus pétrifiée en reconnaissant
l'ami de la famille qui avait grandi et tout partagé avec nous.
Il m'avoua avoir tué lui-même mon papa et me donna les détails sur la mort
des miens.
Un sentiment de pitié et de compassion m'envahit: je le relevai, l'embrassai
et lui dis dans les sanglots : " tu es et tu restes mon frère "
Je sentis alors un gros poids tomber. .. Je retrouvai la paix intérieure et
je dis merci à celui que je tenais encore dans mes bras.
À ma grande surprise, je l'entendis crier: "la justice peut faire son
travail et me condamner à mort, maintenant, je suis libéré ! ...
Moi aussi je voulais crier à qui voulait m'entendre: "Viens voir ce qui m'a
libérée, tu peux toi aussi retrouver la paix intérieure".
À partir de ce moment, ma mission fut de parcourir des kilomètres pour
porter le courrier des prisonniers demandant pardon aux rescapés. Ainsi 500
lettres ont été distribuées; et je rapportais le courrier de réponses des
rescapés aux prisonniers redevenus mes amis et mes frères ... Cela a permis
des rencontres entre bourreaux et victimes. Des gestes concrets ont été
nombreux pour marquer la réconciliation.
- Un village pour veuves et orphelins du génocide fut construit par les
prisonniers
-.Ainsi que le mémorial devant l' église de Kibuye
- Des associations des ex-prisonniers avec les rescapés sont nées, dans
différentes paroisses et fonctionnent très bien.
De cette expérience, je déduis que la réconciliation n'est pas tellement
vouloir ramener ensemble deux personnes ou deux groupes en conflit. Il
s'agit plutôt de rétablir chacun dans l'amour et de laisser advenir la
guérison intérieure qui permet la libération mutuelle.
Et c'est ici l' importance de l' Église dans nos pays puisqu' elle a pour
mission d'offrir La Parole: Une parole qui guérit, libère et réconcilie.
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.10.2009 -
T/Synode Afrique |