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A quoi ressemblera le prochain pontificat?
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Le 08 février 2022 -
(E.S.M.)
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Fin de pontificat, vers le prochain conclave: l’analyse hebdomadaire
d’Andrea Gagliarducci. Depuis son opération et les rumeurs sur sa
santé, François est devenu de plus en plus imprévisible.
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Bergoglio
A quoi ressemblera le prochain pontificat?
Le 08 février 2022 - E.
S. M. - Que l’on pense à la succession d’un pape lorsque
celui-ci est encore en fonction, ce n’est pas un mystère . Et ce
n’est pas non plus un mystère qu’après l’opération du 4 juillet, les
conversations sur une éventuelle succession du pape François se sont
multipliées. Le pape François n’a pas apprécié. De retour de
Slovaquie, il a fait savoir que certains le considéraient comme déjà
mort. Depuis lors, le pape est devenu encore plus
imprévisible. Et cela n’a fait que multiplier les
entretiens, les rencontres, les dialogues sur une éventuelle
succession.
Ce qui est nouveau dans ces échanges, ce n’est pas tant que l’on
parle de la succession du Pape. Au contraire, [c’est que] les
différences entre progressistes et conservateurs sont de plus en
plus subtiles, de plus en plus nuancées, de moins en moins nettes.
Il y a un mécontentement général à l’égard du pontificat.
On attend une relève de la garde pour repartir de zéro.
Comment le pape François a-t-il déplu à tout le monde ? Jusqu’à
présent, le pape François ne s’est pas intéressé aux idéologies. Il
a regardé, avec un pragmatisme lucide, qui l’aiderait à gérer le
pouvoir. Il a écouté tout le monde, mais il a ensuite choisi
d’aller vers la solution qui le mettait à l’abri des critiques. Le
pape est toujours resté protégé, malgré des situations difficiles.
Par exemple, concernant les abus sexuels au Chili, le pape François
a d’abord ignoré tous les signaux, puis il a envoyé une commission,
en se plaignant des erreurs. Enfin, il a convoqué à deux reprises
les évêques chiliens, qui ont tous démissionné.
Le rapport publié a pris soin de protéger le pape de toute
responsabilité dans l’affaire McCarrick, en rejetant
presque tout sur les pontificats précédents. Le pape a approuvé le
document de la Congrégation sur la doctrine de la foi, qui disait
non à la bénédiction des couples homosexuels, mais il a
ensuite laissé croire, par de vagues déclarations soulignées par une
certaine presse, qu’il avait des réserves sur cette approche.
Interrogé à ce sujet lors d’une conférence de presse dans l’avion,
il est resté vague.
Aujourd’hui, dans la gestion des procès au Vatican, le Pape est
intervenu personnellement avec quatre rescrits différents. Mais il
est également intervenu personnellement dans l’affaire immobilière
de Londres, qui a généré des bénéfices malgré les pertes. Le procès,
pour l’instant, n’en est qu’au stade préliminaire, et pour
l’instant, il est présenté comme une preuve de transparence de la
part du Pape. Mais le récit changera-t-il s’il est démontré
que cette transparence sert à dissimuler certaines fautes?
Ce sont des exemples récents qui montrent comment, dans toutes les
situations, le Pape est libéré de toute critique. Ceux qui
parlent d’un complot contre le pape ne se rendent pas compte que
finalement, il y a toujours eu des attaques contre les papes parce
que c’est l’Église qui est attaquée. Il suffit de penser à
Benoît XVI, aujourd’hui encore utilisé comme bouc émissaire dans des
situations éloignées dans le temps et déjà clarifiées. Avec
Benoît XVI, la moindre petite erreur de
communication devient géante. Ce n’est pas le cas avec le pape
François.
Et c’est probablement parce que la communication du Pape
François est centrée sur lui-même. Les interviews du pape
portent sur ce que le pape pense, et ce qui est corroboré par des
éléments de l’histoire de l’Église. Les autres papes partaient de
l’Église, en prenant toujours du recul par rapport au rôle qu’ils
tenaient. Même avec Jean-Paul II, malgré son charisme évident à
rassembler les foules.
Avec le pape François c’est donc un changement d’époque. Outre les
exemples qui montrent comment le pape s’est tenu à l’écart des
problèmes, il existe des contradictions dans la gestion de dossiers
complexes.
Le vaticaniste Sandro Magister a relevé une disparité de traitement,
par exemple, dans trois circonstances particulières : la question de
l’Ordre de Malte ; la manière dont est traitée la Communauté de
Sant’Egidio ; et l’expulsion de la communauté de Bose de son
fondateur, le frère Enzo Bianchi, qui était même considéré comme un
ami du pape François, et que le pape avait voulu lors des synodes
sur la famille.
Ces trois exemples montrent qu’il n’y a pas de personnes que le Pape
considère toujours comme des amis. Même les secrétaires personnels
du Pape François ont changé tout au long du pontificat. Cela
s’explique par le fait que le Pape François veut tout gérer
personnellement. Sa stratégie consiste à enlever le pouvoir aux
autres. Ainsi, personne n’a le contrôle. Les secrétaires
particuliers ne l’ont pas, destinés à être remplacés et de toute
façon ignorants des nombreuses nominations du pape. Les chefs de
dicastère ne l’ont pas, incertains des décisions du Pape, et
destinés à ne pas rester plus de deux mandats de cinq ans. Même les
évêques locaux ne l’ont pas, obligés de naviguer de façon précaire,
en espérant ne pas commettre de graves erreurs.
C’est ainsi que les paradoxes se produisent. Par excès de zèle, le
cardinal Antonio Cañizares, archevêque de Valence, a appliqué à la
lettre Traditionis Custodes, l’instruction du pape qui, de
fait, interdit presque totalement l’utilisation de l’ancien missel.
Cañizares était pourtant le cardinal qui a dirigé la célébration du
pèlerinage Summorum Pontificum pour les fidèles qui
préféraient l’uso antiquor. Comment a-t-il pu changer
d’avis aussi radicalement?
En même temps, on a été surpris que le cardinal Matteo Zuppi,
archevêque de Bologne, ait appliqué Traditionis Custodes de
manière moins littérale, en annonçant immédiatement que les
célébrations avec le rite tridentin se poursuivraient. Zuppi est un
cardinal considéré comme appartenant au front progressiste, qui
n’aurait jamais célébré selon le rite tridentin.
Dans la pratique, chacun cherche son espace, conscient
qu’une erreur pourrait entraîner une réprimande du Pape, qui n’a
jamais eu peur de lâcher ceux qu’il considérait comme des
inférieurs.
Hypothèses sur le prochain Pape
Que pourrait-il donc se
passer lors d’un prochain conclave ? Tout d’abord, il n’y aura pas de blocs
opposés car le pape, fidèle au principe de la dépossession du pouvoir, n’a
jamais réuni les cardinaux en consistoire, sauf lors de la création de
nouveaux cardinaux. Il n’y aura donc pas de notion de blocs opposés. Mais,
d’un autre côté, de nombreuses personnes voudront comprendre ce qui se
passe.
De manière générale, certains cercles de
cardinaux disent que « l’erreur de 2013 ne se reproduira pas ». Comment,
exactement, tout reste à déterminer. […] En fin de compte, les cardinaux
votent comme ils le souhaitent, comme ils se sentent inspirés, et
certainement pas en suivant un « ordre de parti ».
Le pape François le sait. Il tente
d’assurer sa succession par une série de nominations ciblées. C’est
probablement de cette manière qu’il « dessinera » le collège des cardinaux
lors du prochain consistoire, qui ne devrait pas avoir lieu avant octobre,
sauf surprise. Il est question de créer au moins 15
cardinaux, dont au moins dix électeurs, pour ce qui sera le premier
consistoire après l’opération pour le pape François.
Avec une écrasante majorité de cardinaux à son
image et à sa ressemblance, le pape espère qu’ils choisiront quelqu’un qui
suivra la ligne de son pontificat.
Il n’est toutefois pas acquis qu’il s’agira
d’un François II. Il pourrait aussi s’agir d’un Paul VII, un pape d’Europe
centrale doté d’une compétence exceptionnelle en droit canonique, qui
pourrait ainsi « réparer » certaines lacunes juridiques de ce pontificat.
Tout est incertain.
Ce qui vient à l’esprit, c’est que
cette incertitude est intentionnelle afin que personne ne puisse s’organiser
en vue d’un conclave. Tout doit être incertain car il doit être
clair que le Pape François est le seul à gérer le pouvoir.
Mais quelle Église le Pape François va-t-il
quitter ? En regardant de près, il laissera une Église à reconstruire,
effrayée même de prendre des initiatives, freinant les hommes et
l’évangélisation. Le résultat sera une Église peut-être trop gentille et peu
empathique. Une Église qui a besoin de se faire de la publicité au lieu
d’évangéliser. Ces affirmations peuvent paraître fortes. Cependant, je pense
que c’est une éventualité à ne pas sous-estimer.
Est-ce là ce que veut le pape François ? C’est
ce que nous verrons.
Sources : mondayvatican.com
- traduction
benoit-et-moi-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.02.2022
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