|
L'Eglise de France à genoux à Lourdes
|
Le 07 novembre 2021 -
(E.S.M.)
-
Rassemblés à Lourdes, c’est la première fois que les évêques
français se retrouvent pour travailler les résolutions pour lutter
contre les violences et les agressions sexuelles sur mineurs dans
l’Église.
|
|
L’archevêque de Reims,
Eric de Moulins-Beaufort, s’agenouille en signe de pénitence à Lourdes, le 6
novembre 2021 -
Pour agrandir l'image
►
Cliquer
L'Eglise de France à genoux à Lourdes
Le 07 novembre 2021 - E.
S. M. -
Du mardi 2 au lundi 8 novembre, les évêques de France sont réunis en
assemblée plénière à Lourdes.
En 2018, les évêques de France ont missionné la CIASE (Commission
indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise) pour faire la
lumière sur les abus sur mineurs et personnes vulnérables commis
depuis 1950. Le président de la CIASE, Jean-Marc Sauvé, leur a remis
son rapport le 5 octobre dernier et formulé des recommandations. Ce
rapport a suscité de très fortes attentes des personnes victimes,
mais aussi des fidèles et de la société.
Depuis cette publication, c’est la première fois que les évêques
français se retrouvent pour travailler des résolutions pour lutter
contre les violences et les agressions sexuelles sur mineurs dans
l’Église. Ils feront aussi le point sur les mesures déjà adoptées
lors de leur assemblée du printemps dernier. Hier 6 novembre, la
journée était consacrée à la lutte contre les violences et
agressions sexuelles sur mineurs et à la réception du rapport de la
CIASE.
►eglise.catholique.
Un geste pénitentiel et un temps de prière sur le parvis de la
basilique Notre-Dame-du-Rosaire de Lourdes a eu lieu ce samedi 6
novembre .
La messe des évêques a été célébrée ce dimanche dans la basilique
Notre-Dame-du-Rosaire à Lourdes.
Homélie de Mgr André Dupuy - Paroisse :
Basilique Notre-Dame du Rosaire à Lourdes
« Église combien tu es contestable, et pourtant combien je t’aime
! Combien tu m’as fait souffrir, et pourtant combien je te suis
redevable ! (...) Combien de fois tu m’as scandalisé, et pourtant tu
m’as fait comprendre la sainteté »[1].
Cette émouvante apostrophe est adressée à l’Église par un disciple
de Charles de Foucauld, Carlo Carretto, le fondateur des Petits
Frères de l’Évangile. J’étais plongé dans sa lecture lorsque me
parvint l’invitation à prononcer l’homélie de cette messe célébrée à
l’occasion de l’assemblée plénière des évêques. Sur le moment j’ai
été abasourdi. Non qu’il s’agît d’une obligation en soi pesante
mais, en la circonstance, fort peu dans mes cordes. Parce que la
chaire n’est pas le prétoire, j’ai accepté. Les textes liturgiques
de ce dimanche seront notre guide : ils tracent un chemin de
conversion. J’ai cité en commençant le Père Carlo Carretto, pour la
raison que ce Jean Baptiste des temps modernes n’a jamais recouvert
de silence ce qui devait être connu, non plus que ses convictions
religieuses les plus intimes. Son authenticité me séduit.
L’authenticité ! Elle est au cœur de l’épisode que nous venons de
lire dans l’Évangile de Marc. C’est au nom de l’authenticité que
Jésus fustige l’hypocrisie du gratin religieux de Jérusalem ;
elle
dissimule mal l’abîme entre la piété affectée des scribes imposteurs
et leur conduite odieuse. C’est au nom de l’authenticité que Jésus
met en lumière le geste, inaperçu de tous sauf de lui, de la veuve
du Temple ; en dépit de son indigence, elle donne ses dernières
piécettes au Trésor.
La veuve du Temple en rappelle une autre, celle de Sarepta qui,
mille ans auparavant, donna son dernier pain au prophète Élie. Deux
femmes, deux pierres vivantes de l’Église. Elles sont exemplaires.
Leur générosité n’a aucun rapport avec les moyens dont elles
disposent ; elle part du cœur. D’un don infime que la veuve du
Temple met dans le tronc, le Trésor est grossi au-delà de toute
mesure. De son ultime poignée de farine et de sa dernière goutte
d’huile, la veuve de Sarepta sauve Elie. Aujourd’hui encore, il nous
est donné de le vérifier : les petites gens ne se plongent pas dans
des calculs de dégrèvements fiscaux au moment de donner. Ils
prennent sur leur indigence. Les vrais pauvres savent que ce n’est
pas le montant qui compte, mais l’esprit qui inspire le don, la part
coûteuse arrachée de soi qui lui confère son aloi.
L’authenticité ! Dans un monde où la Parole de Dieu est de moins en
moins entendue, se laisser nourrir par elle, reste le seul moyen de
changer en eau vive la Mer Morte qu’est devenue notre société. Pour
nous chrétiens, c’est un devoir d’être authentique, d’avoir la
passion et le courage de l’authenticité. Que des agresseurs qui
avaient pourtant reçu mission d’enseigner que le joug du Seigneur
est facile à porter et son fardeau léger (Mt 11, 30),
aient imposé à des victimes innocentes des croix insupportablement
lourdes, fait outrage à l’authenticité. Mais ce drame de
l’hypocrisie ne doit pas occulter l’attitude exemplaire de tant de
fils et de filles de l’Église qui s’efforcent quotidiennement de
vivre leur fidélité et d’être authentiques. Le reconnaître est un
devoir de justice.
Je n’ai pas compétence pour dire si les membres de l'Église sont
inévitablement conduits à buter sur le caillou des abus de pouvoir.
Je sais qu’elle est à même de conduire sur le chemin de la sainteté.
Je sais aussi que, pour réparer les offenses subies, panser les
blessures, aider à refaire surface, guérir les traumatismes, il faut
traiter avec la plus grande charité celui ou celle qui a été sali
dans son intégrité.
Pour fuir un monde de ténèbres, il convient de tirer exemple de
l’authenticité de la veuve de Sarepta et de la veuve du Temple. Leur
geste communément passé inaperçu ou dénué de sens, est regardé comme
une folie aux yeux du monde. Il est lumière.
J’ai introduit cette homélie par une apostrophe du fondateur des
Petits frères de l’Évangile. Je la conclus en le citant une nouvelle
fois. « Non, ce n’est pas mal de critiquer l’Église quand on
l’aime. C’est mal de la contester quand on se tient sur la touche
comme des purs. Non, ce n’est pas mal de dénoncer le péché et ses
dépravations, mais c’est mal de les attribuer aux autres seulement
et de se croire innocents, pauvres, bons. »[2]
[1] Carlo Carretto, J’ai cherché et j’ai trouvé,
Paris, Cerf, 1983 p.159.
[2] Op. cit., p.163.
Sources : Le jour du Seigneur-eglise.catholique.-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 07.11.2021
|