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19 Avril 2005
 

La catastrophe globale

Le 07 novembre 2014 - (E.S.M.) - Nous voyons à quel point le pouvoir de l'homme a atteint des dimensions monstrueuses. Le pape Benoît XVI pose cette question :  comment la grande volonté morale que tous approuvent et que tous appellent de leurs vœux peut-elle devenir une décision personnelle ?

Benoît XVI - Pensées sur l'environnement

Extraits de la première partie "SIGNES DES TEMPS" - Entretien de Benoît XVI avec Peter Seewald

1) Dans l'intimité de Benoît XVI - 03.11.2014
2) En 2010, Benoît XVI concevait la renonciation du pape comme possible - 04.11.2014
3) Causes et chances de la crise de l'Eglise - 05.11.2014


4) LA CATASTROPHE GLOBALE

La crise de l'Église est une chose, la crise de la sécularisation en est une autre. La première est peut-être grande, mais l'autre ressemble de plus en plus à une catastrophe globale permanente.
Le changement climatique élargit la ceinture tropicale, fait monter le niveau des mers, fondre les pôles, grandir les trous de l'ozone. Nous vivons des tragédies comme le désastre du pétrole dans le golfe du Mexique, de gigantesques incendies, des inondations catastrophiques sans précédent, des vagues de chaleur insoupçonnées et des périodes de sécheresse. Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, affirmait déjà en novembre 2007, devant l'assemblée de l'ONU à New York, que l'État de la planète Terre constituait un « danger extrême ». Une commission d'enquête de l'ONU a établi qu'il ne restait à l'humanité que peu de décennies avant d'atteindre un point de non-retour, où il sera trop tard pour que nous puissions contrôler par nos propres moyens la problématique du monde hautement technicisé. Beaucoup d'experts estiment même que ce point est déjà atteint.
« Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon », est-il écrit dans la Genèse1. On peut donc être effrayé par ce qu'est devenu entre-temps ce rêve d'une planète. La question est la suivante : la terre ne supporte-t-elle tout simplement pas l'énorme potentiel de développement de notre espèce ? Elle n'est peut-être même pas faite pour que nous y demeurions durablement... Ou nous nous y prenons très mal.

Que nous ne resterons pas ici éternellement, les saintes Écritures nous le disent, tout comme l'expérience. Mais il y a sûrement quelque chose que nous faisons mal. Je pense que c'est toute la question du concept de progrès qui se pose ici. L'ère moderne a cherché sa voie parmi les concepts fondamentaux de progrès et de liberté. Mais qu'est-ce que le progrès ? Nous voyons aujourd'hui que le progrès peut être aussi destructeur. C'est pourquoi nous devons réfléchir aux moyens de faire en sorte que le progrès soit bien un progrès.
Le concept de progrès avait à l'origine deux aspects : d'une part, c'était un progrès de la connaissance. On entendait par là : comprendre la réalité. C'est ce qui s'est produit, et dans une dimension incroyable, entre autres grâce à la combinaison d'une conception mathématique du monde et à l'expérimentation. Aujourd'hui, nous sommes ainsi capables de reconstituer l'ADN, la structure de la vie, de même que la structure du fonctionnement de la réalité tout entière — au point d'être capable de la réassembler en partie et de commencer déjà à construire nous-mêmes de la vie. Dans cette mesure, ce progrès a aussi apporté à l'homme de nouvelles possibilités.

1. Gn, 1,31. (N.d.T.)

L'idée fondamentale était: le progrès, c'est la connaissance.
Et la connaissance, c'est le pouvoir. C'est-à-dire que je peux aussi disposer de ce que je connais. La connaissance a apporté le pouvoir, mais de telle sorte que ce pouvoir qui est le nôtre nous permet aussi de détruire ce monde que nous croyons avoir percé à jour.
Il devient ainsi manifeste qu'il manque un point de vue essentiel dans la combinaison que nous connaissons à ce jour, celle d'un concept de progrès fait de connaissance et de pouvoir : l'aspect du bien. La question est : qu'est-ce qui est bien ? Où la connaissance doit-elle mener le pouvoir ? S'agit-il seulement de pouvoir disposer des choses, ou faut-il poser la question des critères intérieurs, de ce qui est bon pour l'homme, pour le monde ? Voilà, me semble-t-il, ce qui ne s'est pas suffisamment produit. Ainsi l'aspect éthique, dont relève la responsabilité devant le Créateur, est-il au fond largement absent. Si l'on n'exerce que son propre pouvoir grâce à sa propre connaissance, cette sorte de progrès devient véritablement destructrice.

Quelles conséquences cela devrait-il avoir maintenant ?
Il faudrait aujourd'hui engager un grand examen de conscience. Qu'est-ce réellement que le progrès ? Est-ce un progrès que de pouvoir détruire ? Est-ce un progrès de pouvoir fabriquer, sélectionner et éliminer soi-même des êtres humains ? Comment le progrès peut être maîtrisé du point de vue éthique et humain ? Mais ce ne sont pas seulement les critères du progrès qui doivent être considérés maintenant. Outre la connaissance et le progrès, il s'agit aussi de l'autre concept fondamental des temps modernes : de la liberté, entendue comme liberté de pouvoir tout faire.
De cette idée, on tire la prétention selon laquelle la science n'est pas divisible. C'est-à-dire que ce que l'on peut faire, on doit aussi le faire. Toute autre attitude serait contraire à la liberté.
Est-ce vrai ? Je pense que ce n'est pas vrai. Nous voyons à quel point le pouvoir de l'homme a atteint des dimensions monstrueuses. Et ce qui n'a pas grandi parallèlement, c'est son potentiel éthique. Cette inégalité se reflète aujourd'hui dans les fruits d'un progrès qui n'est pas pensé moralement. La grande question est maintenant : comment peut-on corriger le concept de progrès et sa réalité pour ensuite le maîtriser positivement de l'intérieur ? Une grande réflexion fondamentale est ici nécessaire.

La conférence sur le climat de la planète, en décembre 2009 à Copenhague, a bien montré à quel point nous nous compliquons la tâche lorsqu'il s'agit de changer ces critères du progrès. Les gouvernements de ce monde avaient eu besoin de dix-sept années, depuis la première rencontre de Rio jusqu'à ce sommet décisif que les scientifiques, les défenseurs de l'environnement et les politiciens ont qualifié de l'une des conférences les plus importantes de l'histoire de l'humanité. Elle se fondait sur les résultats des recherches effectuées par plus d'un millier de scientifiques qui, sous mandat du Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Évolution du climat, le GIEC, ont calculé que les températures globales actuelles ne devaient pas s'élever de plus de deux degrés, sous peine de voir le climat basculer de manière irréversible.
Mais le projet de compromis de Copenhague ne contient même pas de propositions concrètes. La limite de deux degrés sera maintenant dépassée en toute certitude. Cela provoquera des tempêtes, des inondations, des récoltes desséchées. Ce résultat ne doit-il pas aussi renforcer le point de vue de ceux qui tiennent l'humanité pour tout simplement incapable de résoudre dans un effort collectif une menace comme celle du réchauffement climatique ?

C'est effectivement le grand problème. Que pouvons-nous faire ? Face à la catastrophe menaçante, on a partout pris conscience du fait que nous devons prendre des décisions morales. Il y a aussi une conscience plus ou moins marquée d'une responsabilité globale, une conscience du fait que l'éthique ne doit plus concerner seulement son propre groupe ou sa propre nation, mais avoir en vue la terre et tous les humains.
Il existe ainsi un certain potentiel de connaissance morale. Mais faute de disposition au renoncement, il sera difficile de le traduire en volonté et en actes politiques. Cela devrait être discuté dans le cadre des budgets nationaux et en fin de compte par les individus — la question est alors de savoir quelle charge on fait peser sur les différents groupes.
Il devient ainsi évident qu'au bout du compte la volonté politique ne peut pas être efficace si elle ne communique pas à toute l'humanité — notamment chez les principaux vecteurs du développement et du progrès — une nouvelle conscience morale approfondie, une propension au renoncement qui prenne une forme concrète et devienne aussi un critère de valeur pour l'individu. La question est donc celle-ci : comment la grande volonté morale que tous approuvent et que tous appellent de leurs vœux peut-elle devenir une décision personnelle ? Car tant que cela ne se produit pas, la politique reste impuissante. Qui peut faire en sorte que cette conscience générale pénètre aussi dans la sphère personnelle ? Seule peut le faire une instance qui touche les consciences, qui est proche de l'individu et n'appelle pas à de simples effets d'annonce.
L'Église est mise au défi sur ce point. Elle ne partage pas seulement la grande responsabilité, elle est souvent, dirais-je, l'unique espoir. Car elle est si proche de la conscience de beaucoup d'hommes qu'elle peut les amener à certains renoncements et imprimer dans les âmes des attitudes fondamentales.

Le philosophe Peter Sloterdijk dit : « Les hommes sont des athées de l'avenir. Ils ne croient pas en ce qu'ils savent, même quand on leur apporte la preuve incontestable de ce qui va survenir. »
Sur le plan théorique, ils le savent peut-être. Mais ils se disent que cela ne tombera pas sur eux. Qu'en tout cas, eux ne changeront pas leur vie. Et puis, au bout du compte, ce ne sont pas seulement les égoïsmes individuels qui s'opposent les uns aux autres, mais aussi les égoïsmes de groupe. On est habitué à un certain type de vie et quand celui-ci est menacé, alors naturellement on se défend. On voit aussi trop peu de modèles de renoncement concret possible. De ce point de vue, les communautés religieuses ont une importance exemplaire. Elles peuvent montrer à leur manière qu'un style de vie fondé sur le renoncement rationnel, moral, est tout à fait praticable, sans mettre entièrement entre parenthèses les possibilités de notre temps.

S'il s'agit de donner le bon exemple, l'État se montre un bien mauvais modèle. Les gouvernements accumulent les dettes à une hauteur jusqu'alors inouïe. Un pays comme l'Allemagne dépense à lui seul, pour l'année 2010, 43,9 milliards d'euros pour payer des intérêts aux banques : parce que malgré toute notre richesse, nous avons vécu bien au-dessus de nos moyens. À lui seul, le paiement de ces intérêts suffirait à assurer pendant un an l'alimentation des enfants des pays en développement. Dans le monde entier, depuis l'explosion de la crise financière, les dettes des États ont augmenté de 45 % — s'élevant à plus de cinquante mille milliards de dollars, chiffres inconcevables, situation encore inouïe. Pour l'année 2010, les seuls membres de l'Union Européenne auront levé plus de huit cents milliards d'euros de nouveaux crédits. La nouvelle dette budgétaire des États-Unis est de mille six cents milliards de dollars, le chiffre le plus élevé de tous les temps. Le professeur de Harvard Kenneth Rogoff dit aussi qu'il n'y a plus de normalité, qu'il n'en reste plus qu'une illusion. Il est avéré que les générations suivantes seront accablées de dettes gigantesques. N'est-ce pas aussi un problème moral d'une folle ampleur ?
Bien sûr que si, parce que nous vivons aux dépens des générations futures. On voit bien ici que nous vivons dans la non-vérité. Nous vivons sur l'apparence, et nous faisons comme si ces dettes massives ne concernaient que nous. Ici aussi, tout le monde comprend en théorie qu'il faudrait une réflexion générale pour voir de nouveau ce qui est réellement possible, ce que l'on peut, ce que l'on doit faire. Et pourtant cela ne pénètre pas dans le cœur des hommes.
Il faut un examen de conscience global sur les différents plans de financement particuliers. L'Église a essayé d'y contribuer avec l'encyclique Caritas in Veritate,. On n'y donne pas de réponses qui résoudront tout. Mais on a fait un pas pour placer les choses dans une autre perspective, pour ne pas les regarder du point de vue de la faisabilité et du succès, mais en considérant qu'il existe une norme de la charité, qui s'oriente selon la volonté de Dieu et pas seulement d'après nos souhaits. Dans cette mesure, on devrait donner des impulsions qui mèneraient à un véritable changement de conscience.

Nous avons reconnu le problème de la destruction de l'environnement. Mais l'idée que la condition préalable au sauvetage de l'écologie soit le sauvetage de notre couche d'ozone psychique et particulièrement celui de nos forêts tropicales spirituelles, cela semble ne pénétrer que lentement dans notre conscience. Qu'en est-il de la pollution de la pensée, de la souillure de nos âmes ? Beaucoup de ce que nous admettons dans cette culture de médias et de commerce correspond au fond à une charge toxique qui aboutit presque nécessairement à un empoisonnement spirituel.
Qu'il y ait un empoisonnement spirituel et qu'il nous guide d'avance dans de fausses perspectives, on ne peut pas le nier. Nous en libérer de nouveau au moyen d'une réelle conversion, pour utiliser ce mot fondamental de la foi chrétienne, c'est l'une des exigences dont l'évidence est entre-temps devenue visible de tous. Dans notre monde organisé par la science et la modernité, de tels concepts n'avaient plus de signification. Une conversion, dans le sens de la foi en une volonté de Dieu qui nous indique le chemin, était considérée comme démodée et dépassée. Mais je crois que l'on commence peu à peu à comprendre qu'il y a quelque chose de vrai lorsque nous disons que nous devons changer de manière de voir les choses.

L'abbesse et médecin Hildegard von Bingen a déjà exprimé ce lien il y a neuf cents ans : « Quand l'être humain pèche, le cosmos souffre. » Les problèmes de l'heure historique que nous vivons aujourd'hui, écrivez-vous dans votre livre sur Jésus, sont les conséquences du fait que Dieu n'est plus entendu. Vous parlez même de « l'extinction de la lumière qui vient de Dieu ».
Pour beaucoup, l'athéisme pratique est aujourd'hui la règle normale de vie. On se dit que quelque chose ou quelqu'un a peut-être effectivement créé le monde dans des temps immémoriaux, mais cela ne nous concerne en rien. Si cette disposition d'esprit devient une attitude de vie générale, alors la liberté n'a plus de critères, alors tout est possible et permis. C'est pourquoi il est urgent que la question de Dieu reprenne une place centrale. Ce n'est cependant pas un Dieu qui existe quelque part, mais un Dieu qui nous connaît, qui nous parle et nous concerne — et qui est aussi notre juge.

Lumière du Monde
 

Sources : www.vatican.va -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 07.11.2014

 

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