Cinquième Congrégation Générale du
Synode des évêques d'Afrique, Interventions |
|
Le 07 octobre 2009 -
(E.S.M.)
-
A 16h30 aujourd’hui, mercredi 7 octobre 2009, avec la Prière pour la IIe
Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, en
présence du pape Benoît XVI, a débuté la Cinquième Congrégation
Générale.
|
Cinquième Congrégation Générale du
Synode des évêques d'Afrique, Interventions
►
Le pape Benoît XVI confie le Synode à Notre Dame du Rosaire
►
Une délégation de Pères synodaux en visite au Capitole
CARREFOURS - PREMIÈRE SESSION (MERCREDI 7 OCTOBRE 2008, MATIN)
Le 07 octobre 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
-
Ce matin, mercredi 7 octobre 2009, Mémoire de Notre-Dame du Rosaire, ont
débuté les travaux des Carrefours de la IIe Assemblée Spéciale pour l’Afrique
du Synode des Évêques, auxquels étaient présents 224 Pères synodaux, pour
l’élection des Modérateurs et des Rapporteurs des Carrefours et pour le
début de la discussion sur le thème synodal.
Les noms des Modérateurs et des Rapporteurs des Carrefours élus, communiqués
par le Secrétaire général du Synode des Évêques au cours de la Cinquième
Congrégation Générale de cet après-midi, sont publiés dans ce Bulletin.
CINQUIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE (MERCREDI 7 OCTOBRE 2009, APRÈS-MIDI)
A 16h30 aujourd’hui, mercredi 7 octobre 2009, avec la Prière pour la IIe
Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, en présence du pape
Benoît XVI, a débuté la Cinquième Congrégation Générale, pour la
continuation des interventions en Salle des Pères synodaux sur le thème:
L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la
paix. “Vous êtes le sel de la terre ... Vous êtes la lumière du monde”
(Mt
5, 13.14)
Le Président délégué du jour en était S. Ém. le Card. Théodore-Adrien SARR,
Archevêque de Dakar (SENEGAL)
LISTE DES MODÉRATEURS ET DES RAPPORTEURS DES CARREFOURS
À l’ouverture de la Cinquième Congrégation Générale, le Secrétaire général
du Synode des Évêques, S. Exc. Mgr Nikola ETEROVIĆ, a lu la Liste des
Modérateurs et des Rapporteurs des Carrefours élus au cours de la Première
Session de ce matin: ►
Consulter la liste
INTERVENTIONS EN SALLE (CONTINUATION)
Au cours de cette Cinquième Congrégation Générale sont intervenus les Pères
suivants:
- H. Em. Card. Jean-Louis TAURAN, President of Pontifical Council for Inter-religious
Dialogue (VATICAN CITY)
- H. Exc. Mons. Tarcisius Gervazio ZIYAYE, Archbishop of Blantyre, President
of the Episcopal Conference, President of the Association of Members of
Episcopal Conferences in Eastern Africa (A.M.E.C.E.A.) (MALAWI)
- H. Exc. Mons. Robert SARAH, Archbishop Emeritus of Conakry, Secretary of
the Congregation for the Evangelization of Peoples (VATICAN CITY)
- Rev. Raymond Bernard GOUDJO, Secretary of the Commission "Justitia et Pax"
of the Regional Episcopal Conference of West Francophone Africa (CERAO)
(NIGERIA)
- H. Exc. Mons. Ambroise OUÉDRAOGO, Bishop of Maradi (BURKINA FASO)
- H. Em. Card. Francis ARINZE, Prefect Emeritus of the Congregation for
Divine Worship and Discipline of the Sacrements (NIGERIA)- H. Exc. Mons.
Adriano LANGA, O.F.M., Bishop of Inhambane (MOZAMBIQUE)
- H. Exc. Mons. Francisco João SILOTA, M. Afr., Bishop of Chimoio, First
Vice-President of the Symposium of Episcopal Conferences of Africa and
Madagascar (S.C.E.A.M.) (MOZAMBIQUE)
- H. Exc. Mons. Fulgence RABEMAHAFALY, Archbishop of Fianarantsoa, President
of the Episcopal Conference (MADAGASCAR)
- H. Exc. Mons. Louis PORTELLA MBUYU, Bishop of Kinkala, President of the
Episcopal Conference (REPUBLIC OF CONGO)
- H. Exc. Mons. Maurice PIAT, C.S.Sp., Bishop of Port-Louis (MAURITIUS)
- H. Exc. Mons. Joseph AKÉ YAPO, Archbishop of Gagnoa, President of the
Episcopal Conference (IVORY COAST)
- H. Exc. Mons. Fulgence MUTEBA MUGALU, Bishop of Kilwa-Kasenga (DEMOCRATIC
REPUBLIC OF CONGO)
- H. Exc. Mons. Jean-Bosco NTEP, Bishop of Edéa (CAMEROON)
- H. Exc. Mons. George NKUO, Bishop of Kumbo (CAMEROON)
Nous publions, ci-dessous, le résumé de leurs interventions:
- S. Ém. le Card. Jean-Louis TAURAN, Président du Conseil Pontifical pour le
Dialogue interreligieux (CITÉ DU VATICAN)
La Religion traditionnelle africaine (RTA) exerce encore une forte influence
sur les Africains qui sont naturellement religieux.
Bien avant que n'arrivent le christianisme et l'islam, les populations
reconnaissaient l'existence d'un Être Suprême, le "Grand Vivant" : les
missionnaires chrétiens n'ont pas fait découvrir Dieu aux Africains
(ils en
avaient déjà une idée), ils leur ont apporté Jésus-Christ, "Dieu qui a un
visage humain" (Spe
Salvi, 31)!
L'islam est en constante progression grâce à trois moyens : les confréries,
les écoles coraniques et les mosquées. Il est généralement tolérant, sauf
quelques situations bien connues (Nigeria).
L'activité des sectes, par la simplicité de leurs croyances, séduit beaucoup
d'Africains en proie à la précarité. Face à cette situation, les évêques ne
manquent pas de réagir et le Conseil Pontifical pour le Dialogue
interreligieux s'efforce de soutenir leur action en les aidant à dispenser
un enseignement sur les différentes religions en Afrique, dans la formation
au sacerdoce et à la vie religieuse, en organisant sur place des sessions de
formation pour les formateurs.
Il conviendrait que l'Assemblée Synodale encourage l'étude de la RTA, invite
à un plus grand soin pastoral envers ceux qui vivent dans le contexte de la
RTA et suggère ce que l'on peut faire ensemble en vue du bien commun.
L'Église catholique possède un instrument particulièrement adapté à la
promotion de la réconciliation, de la justice et de la paix : les écoles et
les universités catholiques.
Le développement des sectes peut être aussi une invitation aux pasteurs à
soigner davantage la transmission du contenu de la foi dans le contexte
culturel africain. Si l'on veut répondre à la question: en quoi l'Évangile
a-t-il quelque chose de nouveau à dire aux Africains, il est indispensable
de connaître et d'apprécier les racines religieuses des peuples de ce
continent puisque, selon la sagesse africaine, "c'est en enfonçant ses
racines dans la terre nourricière que l'arbre s'élève".
- S. Exc. Mgr Tarcisius Gervazio ZIYAYE, Archevêque de Blantyre, Président
de la Conférence Épiscopale, Président de l'Association des Membres des
Conférences Épiscopales d'Afrique Oriental (A.M.E.C.E.A.) (MALAWI)
En tant qu’Église en Afrique, nous ne devrions pas nous contenter de la
croissance du nombre des catholiques. Le but primaire de notre
évangélisation devrait être une opportune concentration sur la Parole de
Dieu comme la base de l’évangélisation des cœurs des hommes qui ouvrira la
voie à une vie chrétienne plus qualitative que simplement quantitative.
Nous faisons face à la demande d’une catéchèse plus mûre assurant la
promotion d’une véritable identité chrétienne et d’une profonde conversion
des cœurs. Il est décourageant qu’en Afrique aujourd’hui, des catholiques
puissent participer à des affrontements politiques et ethniques, que des
hommes politiques catholiques puissent être impliqués dans de graves cas de
corruption concernant les ressources publiques et que certains de nos
catholiques recourent aux pratiques occultes durant les périodes de
difficultés; tout cela nous dit que nous avons encore beaucoup de chemin à
faire afin de promouvoir une foi qui transforme le cœur et une foi qui fasse
justice.
Il existe un besoin de formation plus sérieuse concernant la Doctrine
sociale de l’Église à tous les niveaux de l’Église en Afrique, ainsi qu’une
plus profonde application d’une inculturation de notre théologie et non
seulement de nos rites. ►
Lire la suite
- S. Exc. Mgr Robert SARAH, Archevêque émérite de Conakry, Secrétaire de la
Congrégation pour l'Évangélisation des Peuples (CITÉ DU VATICAN)
La théorie du genre est une idéologie sociologisante occidentale des
relations hommes-femmes, qui s'attaque à l'identité sponsale de la personne
humaine, à la complémentarité anthropologique entre l'homme et la femme, au
mariage, à la maternité et à la paternité, à la famille et à la procréation.
Elle est contraire à la culture africaine et aux vérités humaines éclairées
par la Révélation divine en Jésus Christ.
L'idéologie du genre sépare le sexe biologique de l'identité masculine ou
féminine en affirmant que celle-ci n'est pas intrinsèque à la personne mais
qu’elle est une construction sociale. Cette identité peut - et doit - être
déconstruite pour permettre à la femme d'accéder à une égalité de pouvoir
social avec l'homme et à l'individu de "choisir" son orientation sexuelle.
Les relations hommes-femmes seraient gouvernées par une lutte de pouvoir.
Au nom de cette idéologie irréaliste et désincarnée, qui dénie le dessein de
Dieu, il est affirmé qu'au départ nous serions indéterminés : c'est la
société qui façonne le genre masculin et féminin au gré des choix changeants
de l'individu. Le droit de choisir étant la valeur suprême de cette nouvelle
éthique, l'homosexualité devient un choix culturellement acceptable, et
l'accès à ce choix doit être promu.
La nouvelle idéologie est dynamique et s'impose à la fois aux cultures et
aux politiques. Elle exerce pression sur le législateur pour qu'il prescrive
des lois favorables à l'accès universel aux informations et aux services
contraceptifs et abortifs (concept de “santé reproductive") ainsi qu'à l'homosexualité. Dans
la culture africaine, l'homme n'est rien sans la femme et la femme n'est
rien sans l'homme. L'un et l'autre ne sont rien si l'enfant n'est pas au
centre de la famille, constituée par un homme et une femme et cellule de
base de la société. L'idéologie du genre déstabilise le sens de la vie
conjugale et familiale que l'Afrique a su préserver jusqu'à présent.
La société a besoin de vérité dans les relations. Pas de paix, pas de
justice, pas de stabilité dans la société sans famille, sans coopération
entre l'homme et la femme, sans père et sans mère. Au nom de la
non-discrimination, cette idéologie crée de graves injustices et compromet
la paix.
L'Afrique doit se protéger de la contamination du cynisme intellectuel de
l'Occident. Il est de notre responsabilité pastorale d'éclairer la
conscience des africains quant aux dangers de cette idéologie meurtrière.
- Rév. Raymond Bernard GOUDJO, Sécrétaire de la Commission "Justitia et Pax"
de la Conférence Épiscopale Régionale de l'Afrique de l'Ouest
(A.C.E.A.O.)
(NIGÉRIA)
La paix n'est pas un fourre-tout, elle ne peut servir de tremplin à
n'importe quelle idée. La paix est une fin constamment poursuivie qui
suppose la mise en pratique de certaines valeurs médianes, ô combien
nombreuses.
Face aux situations sociales critiques, voire explosives, on voit se
développer des modules d'éducation à la paix. Ces modules s'intéressent
beaucoup plus au mécanisme comportemental qu'aux valeurs structurantes. Les
valeurs structurantes façonnent immédiatement et permanemment la personne
humaine tant au plan spirituel qu'au plan psychologique et moral en lui
donnant la capacité de choisir radicalement, dans un contexte situé, le bien
pour soi qui soit le bien pour tous.
Par éducation, il faut comprendre la pédagogie de la réception des valeurs
en la personne humaine : c'est-à-dire l'œuvre pédagogique qui consiste à
ouvrir la personne humaine à une vision intégrale de tout l'homme et de tout
homme afin que dans le relationnel qui, malgré la constante du conflictuel,
poursuit l'amitié, elle soit en mesure de s'auto-conduire par elle-même, en
vertu de l'Esprit de conseil, vers les biens personnels et sociaux les plus
élevés.
Je me permets de faire deux propositions : ►
Lire la suite
- S. Exc. Mgr Ambroise OUÉDRAOGO, Évêque de Maradi
(BURKINA FASO)
Au Niger, l'Islam est présente de façon massive et colore toutes les
activités de la vie sociale, culturelle, économique et politique. Les
mosquées et les medersa sont omniprésentes. Nous assistons aussi à la
création d'orphelinats, de centres médicaux et de bureaux de solidarité.
Certains nouveaux mouvements réformistes islamistes alimentent les radios et
les télévisions privées d'émissions religieuses dans le but de former les
croyants musulmans à mieux vivre et pratiquer la religion musulmane. (...)
Au niveau de la commission interdiocésaine chargée des relations islamo
chrétiennes, nous sommes parvenus à organiser des sessions de formations qui
ont regroupé chrétiens et musulmans. Ces sessions, conjointement animées par
des prêtres et des imams, ont permis non seulement de nous rencontrer entre
chrétiens et musulmans autour d'une table, mais surtout de prier, d'échanger
et de réfléchir ensemble sur le rôle de leaders religieux dans l'éducation
civique, la prévention des conflits et la lutte contre la pauvreté au Niger.
Enfin, la présence de l'Archevêque de Niamey dans le comité ad hoc chargé de
la prévention de conflits politiques et sociaux au Niger en dit long sur
l'estime et la crédibilité que les autorités politiques ont à l'endroit de
l'Eglise au Niger.
Notre conviction, aujourd'hui, est que le dialogue entre chrétiens et
musulmans est non seulement possible mais nécessaire et urgent au regard des
conflits, de guerres et des violences que traversent notre Afrique et notre
monde. Si nous voulons une Afrique réconciliée où règnent la Justice, la
Paix, ce serait utopique et contreproductif que des croyants africains
travaillent en ordre dispersé. Il nous faut unir nos forces et nos talents
pour prier et œuvrer ensemble pour qu'advienne et naisse une Afrique de
paix, de Justice et de Pardon. N'ayons pas peur de risquer nos vies en nous
appuyant sur la Parole de Dieu qui nous sauve et nous libère de tout mal. ►Lire
la suite
- S. Ém. le Card. Francis ARINZE, Préfet émérite de la Congrégation pour le
Culte Divine et la Discipline des Sacrements (NIGÉRIA)
Pour donner à l’Église une plus grande crédibilité et plus de courage dans
sa mission prophétique de prédication de la réconciliation, de la justice et
de la paix, il faut prendre soin à ce que la réconciliation, la justice et
la paix soient vécues au sein des structures de l’Église, en particulier par
les agents ecclésiaux tels que les évêques, les prêtres, les personnes
consacrées et les fidèles laïcs. Telles sont les suggestions données par l'Instrumentum Laboris
dans différents articles (par exemple 17, 38, 45, 53, 61, 109 et
110).
Les gens considèrent à juste titre les évêques comme des dirigeants. Il n’y
a qu’eux pour montrer que l’appartenance ethnique, la langue ou la classe
sociale ne sont pas prépondérantes dans l’attribution des tâches au sein de
l’Église, et que la Conférence épiscopale nationale fonctionne comme un
corps collégial et parle d’une seule voix sans être influencée par des
considérations d’ordre tribal.
Les prêtres donnent un exemple d’unité et d’harmonie lorsque le presbytérium
diocésain fonctionne comme une fraternité sacramentelle, lorsqu’ils sont
heureux de vivre en communautés de deux ou trois prêtres diocésains plutôt
que d’être nommés curés de paroisse et donc de vivre seuls, et quand ils
acceptent de tout cœur un nouvel évêque nommé par le Saint-Père sans
organiser de factions avec une mentalité myope de “Fils de la terre”. Le
succès de l’Église, qui nomme des évêques en dehors de leur zone
linguistique, est un puissant message pour certaines communautés africaines
blessées par le virus politique et social d’un ethnicisme extrême. Nous
devons rendre hommage aux prêtres qui ont été tués au cours des massacres
tribaux parce qu’ils prêchaient la charité et l’harmonie sans considérer les
frontières tribales et en allant au-delà de ces dernières.
Les congrégations religieuses rendent un bon témoignage à l’universalité
parce que leurs membres ont généralement des origines ethniques très
diversifiées.
Justice: Pour servir la justice du Royaume du Christ, l’Église “se doit de
vivre la justice d’abord en son sein, dans ses membres”
(Instrumentum Laboris n. 45). Les diocèses doivent prendre soin d’honorer leurs contrats
avec les congrégations religieuses et spécialement de veiller à ce que les
personnes consacrées, hommes et femmes, les catéchistes, les employés des
paroisses et les autres employés de l’Église, hommes et femmes, soient
convenablement rétribués. C’est un scandale quand ces humbles travailleurs
n’ont que de l’eau bénie à rapporter chez eux à la fin du mois. De plus, les
curés devraient se rappeler que les offrandes apportées par les fidèles
durant la procession d’offertoire, ne sont pas destinées au seul clergé,
mais aux pauvres et à l’Église en général; ce qui inclut les personnes
consacrées et les catéchistes (cf. Présentation générale au Missel romain,
n. 73;
Redemptionis Sacramentum, n. 70).
Les femmes, dans certains diocèses ou paroisses, ne se voient pas attribuer
de participation suffisante au sein des conseils (cf.
Instrumentum Laboris,
n. 61). Là où leur collaboration a été appréciée à sa juste valeur, des
résultats très positifs ont été enregistrés.
Ce Synode peut aider l’Église dans chaque pays à donner un témoignage plus
fort de réconciliation, de justice et de paix. “La vie d’une communauté
ecclésiale qui incarne la Parole devient dès lors une lampe sur les pas de
la société en général, pour que l’on évite les chemins de mort et que l’on
s’engage plutôt sur ceux qui mènent à la vie, c’est-à-dire à la suite de
Jésus, « le chemin, la vérité et la vie »” (Instrumentum Laboris, n. 38). ►
- S. Exc. Mgr Adriano LANGA, O.F.M., Évêque d'Inhambane
(MOZAMBIQUE)
On sait bien que, depuis la Réforme, l’Église catholique a relevé de
nombreux défis à différents niveaux par rapport à d’autres Églises et credo
religieux. De tels défis se sont récemment accrus et intensifiés avec la
naissance et la croissance des Mouvements évangéliques. Chaque jour, nous
assistons à l’exode des catholiques en direction de ces Églises et de ces
mouvements. Comme preuve de ce phénomène, on assiste à une augmentation
vertigineuse de ces groupes religieux ainsi qu’à la naissance de ce
catholicisme au “style et langage étranges”, un phénomène qui ne doit pas
être perçu comme cohérent avec l’œcuménisme, mais comme une déviation
dérivant de la défaite de ceux qui se sentent désavantagés. Comment naît ce
phénomène? Les raisons qui peuvent être mentionnées sont diverses, mais je
voudrais ici en souligner une importante, à savoir le manque ou
l’insuffisance d’Inculturation sous ses différents aspects. ►Lire
la suite
- S. Exc. Mgr Francisco João SILOTA, M. Afr., Évêque de Chimoio, Premier
Vice-Président du Symposium des Conférences Épiscopales d'Afrique et de
Madagascar (S.C.E.A.M.) (MOZAMBIQUE)
Au n. 66 du chapitre II de l’Instrumentum Laboris, on peut lire: “...
d’aucuns estiment que la raison profonde de l’instabilité des sociétés du
continent est liée à l’aliénation culturelle et à la discrimination raciale
qui ont engendré tout au long de l’histoire un complexe d’infériorité, le
fatalisme et la peur” (IL n. 66).
Moi-même, conformément à cette recherche des raisons les plus profondes, je
me rends compte que ce complexe d’infériorité et d’autres questions encore
sont allés beaucoup plus loin et ont provoqué de graves dommages à de
nombreux africains, quelque chose que je qualifierais d’aliénation
anthropologique. D’autre part, les faits démontrent que de nombreux
africains non seulement nient certaines valeurs qui sont typiquement les
leurs, mais en arrivent aussi à se renier eux-mêmes. Ils n’acceptent pas
leur “Africanité”. Le légitime orgueil que Léopold Sédar Senghor voulait
diffuser comme idéologie de la “Négritude” est quelque chose que beaucoup
ignorent. La campagne en faveur de l’“Authenticité” entreprise à sa manière
par Désiré Mobutu a été ridiculisée! Le “Communalisme africain” au travers
duquel Kwame N’krumah voudrait classifier la manière d’être de l’homme
africain est considéré de manière sceptique et montré du doigt comme
anachronique!
Alors, les questions qui se posent sont les suivantes: Où es-tu Afrique? Où
te situes-tu? Ne serait-ce pas par hasard ce vide sans terrain et sans
support auquel tu te soutiens qui est paradoxalement à la base de ton drame?
D’autre part, comment est-il possible de concilier ton tempérament
accueillant avec la discrimination ethnique, tribale et régionale qui règne
au sein de tes sociétés mais également dans l’Église? Cette discrimination
ne serait-elle pas le fruit d’un “transfert” que certains de tes fils
mettent en œuvre vis-à-vis des autres pour se nier eux-mêmes? Comment est-il
possible d’expliquer l’évidente contradiction existant entre l’amour
inconditionné pour la vie, caractéristique de l’homme africain, et les
trahisons que commettent certains de tes fils contre leurs propres frères,
leur causant d’inhumaines souffrances voire les privant de la vie?
Quelle est la porte de sortie de cette situation contradictoire, ô Afrique? ►
Lire la suite
- S. Exc. Mgr Fulgence RABEMAHAFALY, Archevêque de Fianarantsoa, Président
de la Conférence Épiscopale (MADAGASCAR)
Au foyer, les enfants jouent un rôle irremplaçable pour que les parents
puissent expérimenter la paix et le pardon. À tout instant, ils sont
capables de tout casser; mais, ils sont aussi des instruments de paix pour
faire comprendre aux parents que ce n’est pas la peine d’employer la
violence pour une correction importante. La violence en famille est
intolérable.
Entre frères et sœurs, les enfants sont instruments de paix; la sagesse
ancestrale exige que les plus âgés soient moins intransigeants envers les
plus petits. Ils se corrigent même par les langages usuels. Ils apprennent
des paroles de paix, dignes et respectueuses. Les parents sont les modèles
de leur comportement et transmettent l’esprit de partage, de l’amour de son
frère, l’obéissance et la réconciliation.
Avec une famille de quelques enfants, beaucoup de comportements sont appris
facilement. C’est différent par rapport à une famille avec un seul enfant,
qui de fait, trop gâté, se comporte comme un roi, et les parents n’osent
plus le contrarier. L’enfant cherchera à être servi partout, et s’expose à
tout danger de manipulation et de débauche.
Ainsi dirai-je, si nous voulons la paix, apprenons à bien éduquer nos
enfants en famille. ►Lire
la suite
- S. Exc. Mgr Louis PORTELLA MBUYU, Évêque de Kinkala, Président de la
Conférence Épiscopale (RÉPUBLIQUE DU CONGO)
L’Église a une mission prophétique urgente en Afrique : Ezéchiel 3, 17-18.
Devant le spectacle désolant qu’offre au monde l’Afrique dont les peuples
sont quasiment dépossédés de la souveraineté qui leur revient et ce, en
grande partie, par leur propres enfants, l’Église se doit de poser un regard
lucide sur toutes les situations où la dignité humaine est bafouée, d’en
analyser les causes, et d’en déceler les mécanismes et d’interpeller sans se
lasser les responsables. Le danger est que devant tant d’injustices et
d’exploitation l’Église froisse par ne plus s’en émouvoir, par s’y habituer,
et par ne plus parler, devenant ainsi complice du malheur des populations,
alors que sa mission est d’être “la voix des sans voix’’. ►Lire
la suite
- S. Exc. Mgr Maurice PIAT, C.S.Sp., Évêque de Port-Louis (ILE MAURICE)
Pour que l’Église Famille de Dieu, soit au service de la réconciliation, de
la justice et de la paix, et répande ainsi le sel de l’Évangile dans les
sociétés africaines, elle doit s’appuyer sur la famille, sa cellule de base.
D’où l’urgence soulignée par l’Instrumentum Laboris, n. 20, d’être créatif
pour répondre aux besoins spirituels et moraux des familles.
Je voudrais attirer l’attention ici sur un de ces besoins celui des parents.
Démunis devant la violence qui s’abat sur leurs familles, ou chahutés par la
modernité qui bouleverse les courroies traditionnelles de transmission des
valeurs, ils ont besoin d’être soutenus.
Quand la guerre déchire leurs familles, les parents peuvent se demander quel
sens il reste encore à leur vie, et quelles valeurs ils pourraient encore
transmettre à leurs enfants. Ils ont besoin d’une parole qui en dénonçant
les causes profondes de la violence, permet de lutter contre le fatalisme et
montre le sens que peut donner à la vie un combat pour plus de justice. Même
s’ils n’arriveront jamais au bout de ce combat, ils pourront au moins
transmettre à leurs enfants le goût de lutter et de souffrir pour la
justice.
Les parents victimes de la violence ont besoin aussi d’être accompagnés sur
leur chemin de guérison qui passe nécessairement par la porte étroite de la
non-violence, qui seule peut leur redonner un goût de vivre, et les rendre
capables de transmettre à leurs enfants une raison de vivre.
Pour d’autres parents c’est l’indifférence ou l’agressivité de leurs
enfants, pris dans le tourbillon d’une société de consommation et de
communication tous azimuts, qui est pour eux source de souffrance profonde.
Les mécanismes de la transmission traditionnelle de la foi et des valeurs
semblent être en panne. Ils cherchent des lieux pour en parler et ont besoin
d’être soutenus. ►Lire
la suite
- S. Exc. Mgr Joseph AKÉ YAPO, Archevêque de
Gagnoa, Président de la Conférence Épiscopale (CÔTE
D'IVOIRE)
Comment l’Église en Afrique peut-elle être sel de la terre et lumière du
monde si elle ne se met pas elle-même en cause dans sa gestion des fidèles
et des prêtres, dans son exercice du pouvoir et de l’autorité? Si l’Église
veut jouer efficacement son rôle d’artisan de paix, de réconciliation et de
justice, elle doit commencer par mettre en pratique en son propre sein ce
qu’elle enseigne et veiller à mettre en place les structures nécessaires et
indispensables pour la formation et l’éducation de ses fidèles.
- S. Exc. Mgr Fulgence MUTEBA MUGALU, Évêque de Kilwa-Kasenga (RÉPUBLIQUE
DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
Pour promouvoir une culture de paix, de justice, de réconciliation, de
tolérance, de dialogue et de convivialité au sein de nos populations, les
Églises d'Afrique ont intérêt à utiliser efficacement les médias et à
relever certains défis. À l'heure du numérique c'est un impératif
incontournable dans un environnement médiatique pollué par la manipulation,
la propagande politique, le divertissement peu édifiant et l'activisme des
sectes, mais aussi marqué par l'impérialisme des médias étrangers qui se
proposent en s'imposant.
D'une part, pour être efficace, la communication ecclésiale doit devenir une
priorité pastorale. Pour cela, les moyens de communications sociales doivent
être réellement mis au service de l'évangélisation et eux-mêmes évangélisés.
Il est souhaitable, à cet égard, que nos structures ecclésiales et nos
institutions ecclésiastiques disposent, dans la mesure de leurs ressources
matérielles disponibles, de leurs moyens propres de communications
(radios,
journal, bulletin d'informations, site Internet, télévision, téléphone,
etc.) et les utilisent réellement. Face au manque de moyens matériels et
financiers, on utilisera, par exemple, le parrainage avec des organes
médiatiques d'autres continents, ainsi que la solidarité active avec les
personnes de bonne volonté. Les agents pastoraux, en l'occurrence les
évêques, les prêtres et les séminaristes, doivent s'initier à l'utilisation
de nouvelles technologies de la communication et de l'information en
pastorale, particulièrement dans la pastorale de la justice, de la paix et
de la réconciliation. ►Lire
la suite
- S. Exc. Mgr Jean-Bosco NTEP, Évêque d'Édéa
(CAMÉROUN)
Dans son message à l’occasion de la journée mondiale de la paix en 2004, le
Pape Jean-Paul II, de regrettée mémoire, dit que la vraie paix n’est
possible que si elle s’appuie sur le pardon et la réconciliation. C’est un
aveu de l’impuissance de la négociation et des armes.
Dès le début de la démocratisation en Afrique, les gouvernants se sont
tournés vers l'Église pour qu'elle les accompagne. Cet appel a donné à
celle-ci une mission nouvelle qui a fait dire aux Pères du 1er Synode
Spécial pour l'Afrique: " désormais l'éducation en vue du bien commun et du
respect du pluralisme sera l'une des tâches pastorales prioritaires de notre
temps " (nuntris n°34). Or le Pape Jean Paul II refusait toute improvisation
dans une si lourde responsabilité.
En parlant de "perspectives nouvelles de la réconciliation", nous voulons
faire écho à cet appel du Saint-Père et comprendre la réconciliation comme
une manière d'être et de vivre, c'est-à-dire bâtir une vie pleine
d'attentions, de tendresse, d'amitié; une manière conséquente de vivre avec
l'autre, avec Dieu et avec soi-même, voire avec la nature. La réconciliation
devrait se manifester dans tous les aspects de notre vie sociale et
religieuse et devenir un témoignage d'amour.
La réconciliation, telle qu'elle a été organisée dans certains pays
africains n'a pas donné les fruits escomptés. Elle n'a pas fait disparaître
le ressentiment, ni la peur. Elle n'a pas suffisamment rencontré l'adhésion
des cœurs. En fait elle ne saurait se limiter à l'aspect social, public.
C'est d'abord un processus personnel. L'Église a l'avantage de parler au
cœur de l'individu plus que le politique. ►
Lire la suite
- S. Exc. Mgr George NKUO, Évêque de Kumbo (CAMÉROUN)
En plus de l’avidité, la corruption et le manque de confiance dans nos
responsables politiques, l’un des plus graves obstacles à la justice, à la
paix et à la réconciliation en Afrique est la pauvreté. Il y a la pauvreté
en Afrique et il y a la faim dans de nombreuses régions du continent
africain. Il y a des personnes avides en Afrique, y compris nos responsables
qui ne se soucient pas de leurs frères et sœurs.
La pauvreté signifie que les besoins primaires en matière de nourriture, de
boisson et de logement ne sont pas satisfaits. La pauvreté signifie que la
sécurité n’existe pas dans la communauté. La pauvreté signifie que les
moyens de soigner nos familles ne sont pas disponibles. La pauvreté signifie
que nos enfants n’auront pas d’avenir et resteront sans l’espoir d’avoir une
famille et des ressources. La pauvreté signifie que la tristesse et la peur
ont remplacé la joie et la sérénité. Telle est la pauvreté qui est présente
dans de nombreuses régions d’Afrique. La pauvreté est la cause la plus
importante de la faim.
La pauvreté existe en Afrique, mais cette dernière a presque tout pour être
le continent le plus riche de la terre. L’Afrique est le continent le plus
riche au monde en ressources naturelles. Les agriculteurs en Afrique sont
pauvres parce que la productivité de leur terre et de leur travail demeure
faible. Cette forme de pauvreté rurale a aussi été la règle en Europe et en
Amérique du Nord par le passé. Il semblerait que la pauvreté doive être
vaincue par des voies absolument nouveaux. La vérité est qu’il n’existe pas
de solutions immédiates permettant de résoudre la pauvreté à grande échelle,
mais il faut commencer quelque part.
Une première solution face à ces conditions rurales de pauvreté en Europe et
en Amérique vint des nouvelles découvertes de la science appliquées à
l’agriculture. La mise à disposition d’une nouvelle technologie productive
pour les agriculteurs permit à l’Europe et à l’Amérique au début et dans la
moitié du XXe siècle de mettre fin à la pauvreté rurale diffuse. ►Lire
la suite
Ont ensuite suivi des interventions libres.
À cette Congrégation générale, qui s’est conclue à 19h00, avec la prière de
l’Angelus Domini, étaient présents 224 Pères.
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
© Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 07.10.2009 -
T/Synode Afrique |