Benoît XVI, 3ème pape pèlerin en
Terre Sainte : interview du père Patrick Desbois |
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Le 07 mai 2009 -
(E.S.M.)
- Dans une interview réalisée le 5 mai, le père Patrick
Desbois, Directeur du Service National pour les Relations avec
le Judaïsme, rappelle la visée du voyage du pape en Terre
Sainte.
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Le père Patrick
Desbois, Directeur du Service National pour les Relations avec le Judaïsme
Benoît XVI, 3ème pape pèlerin en
Terre Sainte : interview du père Patrick Desbois
Le 07 mai 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Dans une interview réalisée le 5 mai, le père Patrick Desbois, Directeur
du Service National pour les Relations avec le Judaïsme, rappelle la visée
du voyage du pape en Terre Sainte : comme tout pèlerin, prier et se
recueillir sur les lieux saints mais aussi conforter les communautés
chrétiennes. Il inscrit le pèlerinage de Benoît XVI dans le droit fil de
ceux de ses prédécesseurs et en souligne les temps et gestes forts.
Quels sont, à vos yeux, les enjeux du voyage du pape
en Terre Sainte ?
Je rappellerai d'abord tout simplement que le pape se rend en Terre sainte
en pèlerin. Il va, comme tout pèlerin, prier et se recueillir sur les lieux
saints mais aussi conforter les communautés chrétiennes.
Rappelons ensuite que le pèlerinage de Benoît XVI s'inscrit dans la
tradition de ses prédécesseurs : en 2000 ans ce n'est que le 3ème voyage
d'un pape en Terre Sainte.
Le premier fut celui du pape Paul VI en 1964, avant la reconnaissance
officielle d'Israël par le Saint-Siège. On se souvient surtout que ce fut
l'occasion d'un rencontre de réconciliation avec le Patriarche de
Constantinople Athénagoras sur le Mont des Oliviers. Si ce séjour, presque
confidentiel, fut mal vécu du côté des Israéliens et des Juifs puisqu'il n'y
avait pas de reconnaissance officielle de l'Etat d'Israël, il n'en fut pas
moins historique : c'était en effet la première fois qu'un pape se rendait
en Terre Sainte.
Le deuxième pape fut Jean-Paul II. Tout était différent puisque les
relations officielles étaient établies depuis 1993. Ce pèlerinage se situait
dans le cadre du Jubilée de l'An 2000. Le pape souhaitait parcourir les
principaux lieux de la "Géographie du Salut" : Irak, Sinaï, Jordanie,
et Israël-Territoires palestiniens. Il ne put se rendre en Irak à cause de
la guerre et célébra cette étape au Vatican. Il parcourut un à un chacun des
autres lieux où Dieu avait « planté sa tente », insistant beaucoup
sur l'unité de la géographie du Salut. En Terre sainte, même si cela a été
très dur à faire entendre, il s'agissait avant tout d'un pèlerinage mais
aussi d'une démarche pastorale envers les communautés catholiques installées
en Terre Sainte, et non d'une démarche politique.
Qu'est-ce qui distingue le pèlerinage de Benoît XVI de
celui de Jean-Paul II ?
L'itinéraire de Benoît XVI est exactement le même, à quelques détails près,
de celui effectué par Jean-Paul II en 2000, c'est-à-dire un pèlerinage sur
les lieux saints (Bethleem, Nazareth et Jérusalem).
Parmi les étapes marquantes en 2000, on se souvient du grand rassemblement
public en Galilée, de la visite d'un camp de réfugiés à côté de Bethleem, de
la visite du Mémorial de Yad Vashem, de celle du Dôme du Rocher pour lequel
il n'avait pas eu d'autorisation d'entrer. Chacun a en mémoire le mot glissé
dans les fentes du Mur du Temple sur lequel était écrite la demande de
pardon qu'il avait déjà lue dans la Basilique Saint Pierre quelques jours
auparavant.
Le pape Benoît XVI reprend le même itinéraire. Ce qui diffère c'est qu'il
reste beaucoup plus longtemps en Jordanie où il posera un geste fort
vis-à-vis de l'Islam puisqu'il entrera dans une mosquée très connue. Il y
manifestera son soutien aux communautés catholiques jordaniennes. Rappelons
que le cœur aujourd'hui de l'Eglise patriarcale latine est en Jordanie : 95%
des vocations presbytérales du patriarcat latin viennent de Jordanie. Le
nouveau patriarche de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, est ainsi jordanien.
L'Eglise catholique jordanienne se réjouit de cette visite du pape : cela
révèle son existence publique au Royaume de Jordanie et cela renforce sa
stabilité.
En Israël, l'itinéraire chronologique du voyage qui suit la vie de Jésus est
semblable à celui de Jean-Paul II. Benoît XVI restera un jour à Bethlehem
comme son prédécesseur et visitera un camp de réfugiés palestiniens,
différent pour des raison de sécurité de celui où s'était rendu ce dernier.
Le pape confortera les chrétiens en Israël et dans les Territoires
palestiniens alors que ces derniers ont énormément diminué en 10 ans.
Notons aussi les gestes forts voulus par le pape Benoît XVI : toutes les
messes célébrées seront publiques et accessibles à tous, chrétiens de Terre
Sainte et pèlerins. Il a d'ailleurs tenu à inviter personnellement dans la
co-cathédrale de Jérusalem tous les prêtres et religieuses âgés ou
handicapés qui ont travaillé toute leur vie en Terre Sainte et ont donné
leur vie pour que l'Eglise puisse continuer son chemin dans cette région. Un
geste extrêmement bien ressenti sur place.
Du côté juif ce qui diffère c'est que, depuis le pèlerinage de Jean-Paul II,
des relations officielles entre le Saint-Siège et le Grand Rabbinat d'Israël
se sont établies (1). Cela change considérablement la donne. La connotation
religieuse juive de la visite du pape Benoît XVI est donc largement plus
importante que celle du pape Jean-Paul II qui n'avait été reçu que 15
minutes au Grand Rabbinat en 2000. Il s'agira là d'une visite plus longue et
significative, nourrie d'une connaissance mutuelle. La même chose au Mur des
lamentations: en 2000 les rabbins avaient interdit toute présence rabbinique
au Mur et le pape était seul avec un ministre.
Par ailleurs, à la différence de Jean-Paul II, qui ne s'était rendu qu'au
Mémorial, le pape Benoît XVI se rendra également au Mémorial, mais visitera
par ailleurs la Vallée des Communautés perdues. Certains prétendent que le
pape ne visitera pas le musée lui-même, étant donné la photographie du Pape
Pie XII et le contenu de son commentaire. Il n'en est rien ! Aucun officiel
ne visite l'ensemble du musée pour des raisons évidentes de minutage.
Certains soulignent la dimension politique du voyage
et regrettent qu'il intervienne quelques mois après la guerre à Gaza...
Je regrette profondément la compréhension politique que certains veulent
avoir d'un voyage qui s'inscrit avant tout dans une dimension religieuse.
Comme dans tous ses déplacements le pape rencontrera bien sûr les autorités
politiques de chaque côté. Mais ce n'est pas un voyage politique : Benoît
XVI n'y va pas comme représentant du Vatican négocier les intérêts d'Israël
ou des Palestiniens. Il rencontre d'ailleurs le gouvernement israélien à
Nazareth et non à Jérusalem et le représentant de l'entité palestinienne,
Abou Masem, à Bethleem.
On essaie de politiser les voyages des papes en Terre Sainte à l'extrême
alors que, s'il y a un voyage à dimension religieuse par excellence c'est
bien celui du pape en Terre Sainte !
Je tiens à rappeler aussi que, contrairement à ce qu'ont pu dire certains
médias en évoquant l'affaire Williamson qui aurait incité le Vatican à
programmer ce voyage, et la guerre à Gaza, qui aurait motivé les Israéliens
à recevoir le pape, ce voyage a été programmé de longue date : il été
annoncé à la messe de Noël 2008 par Mgr Fouad Twal, nouveau patriarche de
Jérusalem.
Quant à dire que c'est la pire période, rappelons qu'il y a eu des guerres,
l'Intifada, des bombardements à Gaza, des attentats à Jérusalem... en ce
moment il n'y a rien de tout ça.
Le pape fait un pèlerinage sur les lieux saints et suit la géographie du
Salut. Il ne fait pas non plus un voyage de médiation politique. C'est
pourquoi il ne va pas à Gaza, comme il ne va pas non plus à Tel Aviv, à
Haifa, à Ashkenon ou au Sud Liban.
J'invite à prendre un point de vue christique : si le Christ était
aujourd'hui à la porte de Jérusalem, il serait évidemment déchiré par le
fait qu'il aime les uns et aux autres et qu'il sait qu'ils
s'entre-déchirent. Le pape, comme tout chrétien qui aujourd'hui va en Terre
Sainte, est traversé par cela.
Comment, en tant que chrétiens, pouvons-nous vivre ce
pèlerinage ?
Nous devons inviter les chrétiens à prier pour ce pèlerinage et pour la paix
en Terre sainte, comme l'a fait Benoît XVI dans son homélie le 3 mai
dernier.
Tous sont aussi invités, s'ils se rendent ultérieurement en Terre Sainte, à
aller en Jordanie et à reconnaître ainsi l'un des cœurs vivants de l'Eglise
patriarcale latine, à visiter les communautés catholiques en Israël et dans
les territoires palestiniens isolées comme celles d'Aboud, Haifa, Beer Sheva,
que personne ne va voir. Les catholiques là-bas ont besoin de savoir que les
catholiques d'ici sont avec eux, au-delà du politique mais dans une démarche
religieuse.
(1) : deux fois par an une commission constituées de
cardinaux et d'archevêques et de grands rabbins se réunie sur des sujets
purement théologiques et spirituels
Le Saint-Père en
Terre Sainte, programme du voyage
Sources : eglise.catholique
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 07.05.09 -
T/Terre Sainte |