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19 Avril 2005
 

Noël de sang entre le Nil et l'Indus, Benoît XVI parle de christianophobie

 

Rome, le 07 janvier 2011  - (E.S.M.) - La violence islamiste prend de plus en plus pour cibles les chrétiens et leurs défenseurs. Les dernières agressions mortelles à Bagdad, à Alexandrie en Égypte et à Lahore. La proposition "raisonnable" du pape aux musulmans continue à ne pas être entendue.

Noël de sang entre le Nil et l'Indus, Benoît XVI parle de christianophobie

par Sandro Magister

Le 07 janvier 2011 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Dans de nombreuses régions du monde, les chrétiens sont aujourd’hui "la minorité la plus opprimée et la plus harcelée" : voilà une donnée de fait qui est entrée avec force et en des termes nouveaux dans le langage de l’autorité suprême de l’Église catholique.

Dans le discours de vœux qu’il a adressé à la curie romaine le 20 décembre dernier – chaque année, dans ce discours, le pape fait le point sur les questions essentielles pour l’Église – Benoît XVI a employé pour la première fois le mot "christianophobie".

Comme thème pour la journée mondiale de la paix qui a été célébrée le 1er janvier dernier, le pape a choisi la liberté de foi : thème qu’il a estimé nécessaire après une année tellement "marquée par la persécution, par la discrimination, par de terribles actes de violence et d’intolérance religieuse".

Après l'Angelus du dimanche 2 janvier, le pape a affirmé que le fait de prendre les chrétiens comme cible était une "stratégie de violences" qui "offense Dieu et l'humanité tout entière".

Et il reviendra certainement sur ces thèmes dans le discours qu’il adressera lundi prochain, 10 janvier, comme à chaque début d’année, au corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège.

*

Les attaques récentes qui ont le plus impressionné les autorités de l’Église sont celle du 31 octobre contre la cathédrale catholique syriaque de Bagdad et celle du 31 décembre contre l’église copte des Saints à Alexandrie, en Égypte, qui ont fait plusieurs dizaines de morts et de blessés.

Dans les deux cas, l'agression a eu lieu à un moment où les églises étaient remplies de fidèles venus assister à la messe.

Et, dans les deux cas, les motivations de l'attaque présentaient des points communs. Typiquement religieux, pour un islam "pur" contre les infidèles et les apostats. Lorsqu’ils ont revendiqué l'agression contre l’église de Bagdad, les auteurs du massacre ont mentionné, parmi leurs mobiles, la vengeance pour le prétendu enlèvement, par les coptes, de deux femmes égyptiennes converties du christianisme à l'islam.

L’Église copte a toujours affirmé que ces conversions n’avaient jamais eu lieu et que les deux femmes, qui sont mariées à des prêtres, faisaient l’objet d’une protection parce que l’on craignait qu’elles ne soient enlevées.

Mais cela fait maintenant quatre ans que cette accusation est continuellement martelée, dans le cadre d’une campagne semblable à celle qui est menée en Occident pour sauver l'iranienne Sakineh de la peine de mort. Le 31 décembre dernier, tout de suite après la prédication du vendredi, un cortège de musulmans qui réclamaient la libération des deux femmes est parti de la mosquée qui se trouve à deux cents mètres de l’église des coptes d’Alexandrie qui allait être attaquée quelques heures plus tard.

Les chrétiens et leurs églises sont devenus la cible principale et proclamée des cellules islamistes. C’est une cible facile et efficace, qui fait immédiatement la une des médias du monde entier et qui obtient beaucoup plus de visibilité que les massacres entre musulmans sunnites et chiites, qui continuent pourtant à avoir lieu, et avec des effets plus marqués sur les populations et les états. En Irak, en Égypte, dans tout le Moyen-Orient, en Asie, en Afrique et même en Europe.

Même au Nigeria, par exemple, où les sanglantes altercations entre chrétiens et musulmans étaient jusqu’à hier considérées par les autorités de l’Église comme fondamentalement "politiques", cette opinion a changé.

A la veille de Noël plusieurs explosions ont atteint des églises à Jos, capitale de l’état nigérian de Plateau, provoquant la mort de 86 personnes auxquelles s’ajoute une centaine de blessés. Les jours suivants, plusieurs lieux de culte chrétiens ont été attaqués par des hommes armés dans la région de Maiduguri, au nord-est du Nigeria, faisant d’autres victimes. Ces attaques ont été revendiquées par la secte islamiste Boko Haram. Le 4 janvier dernier, l'archevêque de Jos, Ignatius Ayau Kaigama, a déclaré à l’agence de presse vaticane "Fides" :

"Précédemment, les affrontements qui se produisaient à Jos et dans les environs comportaient une composante religieuse qui était mêlée à d’autres motivations : les frustrations des jeunes sans travail ; les rivalités entre pasteurs et agriculteurs ; les tensions ethniques entre populations locales et personnes venues d’autres régions du pays. En revanche ces attaques de Noël ont une signification clairement religieuse, parce que l’on a voulu frapper les symboles du christianisme au moment où celui-ci célèbre sa fête la plus sacrée avec Pâques. En second lieu, lors des affrontements antérieurs, les combattants utilisaient des armes tranchantes et quelques fusils. Cette fois-ci, en revanche, ce sont des explosifs qui ont été employés. C’est également pour cette raison que je pense que les récents événements vont au-delà du Nigeria".

*

Mais la dernière affaire retentissante - qui persuade encore davantage les autorités de l’Église qu’une "stratégie de violences" antichrétienne générale est mise en œuvre dans le monde musulman - a été l'assassinat au Pakistan, le 4 janvier, de Salman Taseer, gouverneur du Pendjab et futur premier ministre potentiel.

Taseer était musulman. Mais son tort – d’après les propos mêmes de son meurtrier, qui est l’un de ses gardes du corps – a été de vouloir que soit abrogée la loi pakistanaise qui punit le blasphème et qui est instrumentalisée pour faire condamner à mort des chrétiens sur la base d’accusations qui ne sont que des prétextes.

Ce n’est pas tout. Taseer s’est également battu pour empêcher que soit exécutée, sur la base de cette loi, une chrétienne pakistanaise nommée Asia Bibi.

La campagne en faveur d’Asia Bibi dure depuis un certain temps dans différents pays. En Italie, les appels pour la sauver sont soutenus avec beaucoup de vigueur par les deux médias de la conférence des évêques d’Italie, le quotidien "Avvenire" et la chaîne télévisuelle TV 2000.

À la veille de Noël, Taseer avait rencontré l'archevêque de Lahore, la capitale du Pendjab, Lawrence John Saldanha. Celui-ci, après l’assassinat de Taseer, a déclaré à l’envoyé d’"Avvenire" :

"Il existe au Pakistan un affrontement entre l’islam orthodoxe et l’islam libéral. C’est une lutte qui perdure depuis la naissance de ce pays et qui est arrivée aujourd’hui à une situation critique où ce qui prévaut, c’est la violence et les attentats. Où les talibans et les groupes terroristes liés à Al-Qaida menacent non seulement les minorités religieuses mais tous les citoyens. Nous chrétiens, dans cette situation, nous sommes une 'soft target', une cible facile".

*

En octobre dernier, les évêques du Moyen-Orient ont tenu à Rome un synode spécial consacré à leur région, dans laquelle l’Église a connu son premier épanouissement mais dont les chrétiens risquent, ici ou là, de disparaître, parce qu’ils sont poussés à l'exil par les agressions continuelles.

Chaque pays a ses caractéristiques particulières. Il en est de même pour la résistance des chrétiens. Au Liban, pendant les années de la guerre civile, les chrétiens combattaient avec leurs propres milices armées. En Égypte, les coptes protestent vigoureusement dans la rue et affrontent la police. Au Nigeria, il arrive quelquefois que des chrétiens attaquent des mosquées.

Mais presque partout la résistance des chrétiens est pacifique. L'Irak est aujourd’hui l'exemple le plus spectaculaire de massacres perpétrés contre des victimes innocentes et désarmées, qui sont assassinées uniquement parce qu’elles sont chrétiennes.

On se rappellera que c’est précisément l’Irak qui a inspiré le mot "génocide". Ce mot a été créé en 1943 par un avocat juif polonais, Raphael Lemkin, grand promoteur de causes humanitaires, après qu’il eut étudié l’extermination systématique de chrétiens assyriens réalisée dix ans auparavant par les dirigeants musulmans de la nouvelle nation irakienne, issue de la désagrégation de l'empire ottoman.

*

En somme, les récents événements confirment les jugements de fond que le pape Joseph Ratzinger porte sur l'islam, sur son rapport non résolu entre foi et raison, dont naît la violence contre les infidèles et les apostats.

En 2006, l’année même de son discours de Ratisbonne, Benoît XVI se rendit également en Turquie. Et avant Noël, dans le discours qu’il prononça devant la curie, il lança au monde musulman cette proposition révolutionnaire :

"Dans un dialogue à intensifier avec l'Islam, nous devrons garder à l'esprit le fait que le monde musulman se trouve aujourd'hui, avec une grande urgence, face à une tâche très semblable à celle qui fut imposée aux chrétiens à partir du Siècle des Lumières et à laquelle le concile Vatican II a apporté des solutions concrètes pour l’Église catholique au terme d’une longue et difficile recherche.

"D'une part, nous devons nous opposer à la dictature de la raison positiviste, qui exclut Dieu de la vie de la communauté et de l'organisation publique, privant ainsi l'homme de ses critères spécifiques de mesure.

"D'autre part, il est nécessaire d'accueillir les véritables conquêtes de la philosophie des Lumières, les droits de l'homme et en particulier la liberté de la foi et de son exercice, en y reconnaissant les éléments essentiels également pour l'authenticité de la religion. De même que dans la communauté chrétienne, il y a eu une longue recherche sur la juste place de la foi face à ces convictions – une recherche qui ne sera certainement jamais conclue de façon définitive – ainsi, le monde musulman également, avec sa tradition propre, se trouve face à la grande tâche de trouver les solutions adaptées à cet égard.

"Le contenu du dialogue entre chrétiens et musulmans consistera, en ce moment en particulier, à se rencontrer dans cet engagement en vue de trouver les solutions appropriées. Nous chrétiens, nous sentons solidaires de tous ceux qui, précisément sur la base de leur conviction religieuse de musulmans, s'engagent contre la violence et pour l'harmonie entre foi et religion, entre religion et liberté. En ce sens, les deux dialogues dont j'ai parlé s’interpénètrent".

L'actuelle "stratégie de violences" antichrétienne est la preuve que le monde musulman est dramatiquement éloigné de cette révolution des Lumières, souhaitée par le pape Benoît XVI.

 Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.


 

Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 07.01.2011 - T/International

 

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