A l'humilité de l'incarnation de Dieu doit
correspondre l'humilité de notre foi |
|
VATICAN, le 06 décembre 2007 -
(E.S.M.) - La vraie lutte qui traverse le cœur
humain est celle entre l’humilité et l’orgueil. Notre Seigneur
Jésus-Christ connaît parfaitement le cœur des hommes ; c’est pourquoi
son Évangile, du début à la fin, est une exhortation à devenir des
petits. Analyse de Mgr Luciano Alimandi.
|
L'Humilité suprême : La mort du Christ -
Pour agrandir l'image:
►
C'est ici
A l'humilité de l'incarnation de Dieu doit correspondre
l'humilité de notre foi
Combien l’humilité coûte !
La vraie lutte qui traverse le cœur humain est celle
entre l’humilité et l’orgueil. Notre Seigneur Jésus-Christ connaît
parfaitement le cœur des hommes ; c’est pourquoi son Évangile, du début à la
fin, est une exhortation à devenir des petits, à se faire pauvres en esprit,
précisément comme le déclare
la première Béatitude : « Bienheureux les pauvres en esprit, car le
royaume des cieux est à eux » (Mathieu
5,2). S’efforcer « d’entrer par la porte étroite »
(cf. Luc 13, 24), veut dire avant
tout se faire humbles devant Dieu et devant ses frères. Celui qui se sent
supérieur aux autres, parcourt une voie erronée, et il est entré par « la
porte large », qui conduit à la perdition
(cf. Mathieu 7, 13). Il y a une porte qui s’ouvre sur le Paradis,
et au-dessus d’elle il est écrit : « Si vous ne devenez pas comme des
enfants, vous n’entrerez pas »
(Mathieu 18, 3). Combien l’humilité coûte ! C’est probablement la
vertu qui coûte le plus, précisément parce qu’elle est la plus précieuse. On
souffre tellement quand on est humilié ! Il faut un temps très long avant
que l’on présente ses excuses ! La paix entre deux parties en guerre - que
ce soient des nations oui des individus - est tellement difficile à
atteindre, parce « qu’il n’y a pas de paix s’il n’y a pas de pardon »
( Jean Paul II ),
et que le pardon est le fruit de l’humilité !
Il n’y a pas de sainteté chrétienne en dehors de
l’humilité radicale, en dehors de cet abaissement de soi, de son
propre « moi », qui parvient à toucher la conscience de n’être rien et de ne
rien pouvoir faire sans Jésus. Le Bon Larron, la Femme cananéenne, le
Centurion, le Publicain sont parmi les figures lumineuses de l’Évangile, qui
témoignent constamment que la bénédiction de Dieu se pose seulement sur les
humbles, à commencer par Celle qui est humble par excellence, la Vierge
Marie !
La béatitude de Marie, rappelait Benoît XVI lors de l'«
Agora » des jeunes à Lorette, repose tout entière sur le choix de Dieu
auquel Marie a répondu avec une très grande humilité, avec une humilité
inégalée. L’humilité du Créateur s’est rencontrée avec
celle de Marie, qui n’a rien cherché d’autre que la gloire de Dieu.
L’Évangile nous montre aussi des figures aveuglées par leur propre orgueil :
Judas, Caïphe, Hérode, le pharisien de la parabole, le jeune homme riche.
Une ligne de démarcation le traverse : d’une part ceux qui sont avec Jésus,
les pauvres en esprit, de l’autre, ceux qui s’opposent à lui, les
orgueilleux. Les uns sont de la race de Dieu, les autres sont de la race du
Diable, du Malin, car il les a engendrés par l’orgueil, alors que les
petits, l’humilité de Jésus et de Marie, l’agneau et la Servante, les a
engendrés.
Chaque jour, l’humilité doit être reconquise comme une
perle précieuse. Les appels du Christ, à ce sujet, se multiplient : «
les derniers seront les premiers, et les premiers, les derniers »
(Mathieu 20, 16), « celui qui
s’exalte sera humilié, et celui qui s’humilie sera exalté »
(Luc 14, 11), « celui qui veut
être le premier parmi vous sera le serviteur de tous »
(Marc 10, 44), « apprenez de
moi que je suis doux et humble de cœur »
(Mathieu 11, 29). Que d’exemples
d’humilités nous offre l’Évangile ! Pensons au Baptiste qui dit de lui-même
: « Il faut que Lui (le Christ) grandisse et que moi je décroisse
» (Jean 3, 30) ; pensons plus
encore à la Mère de Jésus qui se déclare « la servante du Seigneur »
(Luc 1, 38), choisie parce qu’Il « a jeté les yeux sur son
humble servante » (Luc 1, 48)
!
La voie de l’humilité naît de Jésus qui, “de condition divine ne retint
pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même,
prenant condition d’esclave il s’humilia plus encore jusqu’à la mort, et à
la mort sur une croix » (Philippiens
2, 6-9). Les Apôtres ont eu beaucoup de peine pour vivre une
humilité, toujours plus transparente, qui leur permette d’avoir la foi «
comme un grain de sénevé » (Mathieu
17, 20) : une disposition et une dépendance à l’égard du
Seigneur, qui soit l’opposé exact de l’autosuffisance.
Saint Pierre en sait quelque chose, le premier d’une longue série de Papes
qui se seraient appelés « serviteurs des serviteurs de Dieu ». A
partir de son expérience, il avait tiré la leçon la plus importante, au
point d’écrire : « Revêtez-vous tous d’humilité dans vos rapports
mutuels, car Dieu résiste aux orgueilleux, mais c’est aux humbles qu’il
accorde sa grâce » (1 Pierre 5, 5).
Il l’avait apprise après son reniement surtout : quand on touche le fond et
que l’on se repent, grâce à la miséricorde divine, on peut parvenir à une
humilité que l’on n’aurait jamais imaginée, celle de celui qui sait qu’il
est porté par la grâce, justifié seulement par la miséricorde ! En plus,
bien sûr, au-delà de la liberté de Pierre, cela semble être précisément cela
la raison la plus profonde de son reniement : Dieu le voulait plus humble !
Dans une récente catéchèse, le Saint-Père, le Pape Benoît XVI, parlant de
l’enseignement d’Aphraate, une grande figure de l’Église syriaque du IV°
siècle, s’est arrêté sur l’humilité : « Une des vertus qui convient le plus
au disciple du Christ est l’humilité. Elle n’est pas un aspect secondaire
dans la vie spirituelle du chrétien : la nature de l’homme est humble, et
c’est Dieu qui l’exalte à sa propre gloire. L’humilité, observe Aphraate,
n’est pas une valeur négative : ‘Si la racine de l’homme est plantée dans la
terre, ses fruits poussent devant le Seigneur de la grandeur’
(Expositions, 9, 14). En restant
humble, y compris dans la réalité terrestre où il vit, le chrétien peut
entrer en relation avec le Seigneur : ‘L’humble est humble, mais son cœur
s’élève à des hauteurs sublimes. Les yeux de son visage observent la terre
et les yeux de l’esprit la Hauteur sublime’
(Expositions 9, 2) »
(Benoît XVI ; audience générale hebdomadaire du
21 novembre 2007)
Que l’humilité de Jésus et de Marie, soient l’Étoile Polaire de notre vie,
pour vivre conformément à l’esprit de l’avent qui vient tout juste de
commencer.
Repères :
Dans une stupéfiante homélie, à Pavie en mai dernier, le pape Benoît XVI
avait dressé un portrait de St Augustin qui nous dit-il avait appris un
dernier degré d'humilité - non seulement l'humilité d'insérer sa grande
pensée dans l'humble foi de l'Eglise, non seulement l'humilité de traduire
ses grandes connaissances dans la simplicité de l'annonce, mais également
l'humilité de reconnaître qu'à lui-même et à toute l'Eglise en
pèlerinage, était et est continuellement nécessaire
la bonté miséricordieuse d'un Dieu qui pardonne chaque jour.
(Les
"confessions" de Benoît XVI sur st Augustin)
Sources: www.vatican.va
- par Mgr Luciano Alimandi
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.12.2007 - BENOÎT XVI
- T/Méditations |