Synode des Évêques : Conférence de presse du cardinal Marc
Ouellet |
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Cité du Vatican, le 06 octobre 2008 -
(E.S.M.)
- Aujourd'hui à 12h45, le Card. Marc Ouellet, P.S.S., Archevêque
de Québec (Canada), Rapporteur Général du Synode des Évêques a présenté
à la presse la Relatio ante disceptationem de la XIIe Assemblée
Générale Ordinaire du Synode des Évêques qui se tient au Vatican du 5 au
26 octobre 2008.
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Le Card. Marc Ouellet
Conférence de presse du cardinal Marc Ouellet
Intervention du cardinal Marc Ouellet
Le 06 octobre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Le Cardinal Marc Ouellet, PSS, Archevêque de Québec (Canada), Rapporteur
général, a lu la Relatio ante disceptationem (informations qui précèdent le
débat). Voici un résumé de son intervention: Nous sommes réunis pour cette
assemblée générale, a dit le Cardinal, "pour écouter ce que l’Esprit dit aux
Églises aujourd’hui à propos de la Parole de Dieu dans la vie et la mission
de l’Église. Le but du Synode est éminemment pastoral et missionnaire. Il
consiste à écouter ensemble la Parole de Dieu afin de discerner comment
l’Esprit et l’Église aspirent à répondre au don du Verbe incarné par l’amour
des Saintes Écritures et l’annonce du Règne de Dieu à toute l’humanité".
"Le Synode proposera des orientations pastorales pour renforcer la pratique
de la rencontre avec la Parole de Dieu comme source de vie, en faisant le
point sur la réception du Concile Vatican II concernant la Parole de Dieu
dans son rapport au renouveau ecclésiologique, à l’œcuménisme et au dialogue
avec les nations et les religions".
"Grâce à la vision trinitaire et christocentrique du Concile Vatican II, l’Église
a renouvelé la conscience de son propre mystère et de sa mission.. En effet,
la Constitution dogmatique
Dei Verbum a marqué un véritable tournant dans la
manière de traiter de la Révélation divine. Au lieu de privilégier comme
auparavant la dimension noétique des vérités à croire, les Pères
conciliaires ont mis l’accent sur la dimension dynamique et de dialogue de
la Révélation comme communication personnelle avec Dieu. Ils ont ainsi posé
les bases pour une rencontre et un dialogue plus vivant entre Dieu qui
appelle et son peuple qui répond".
"Ce tournant a été largement salué comme un fait décisif par les
théologiens, les exégètes et les pasteurs. Cependant, on reconnaît assez
généralement que la Constitution
Dei Verbum a été insuffisamment reçue et
que le tournant qu’elle a inauguré n’a pas encore donné tous les fruits
désirés et attendus dans la vie et la mission de l’Église. Compte tenu des
progrès accomplis, il faut se demander pourquoi le modèle de la
communication personnelle n’a pas pénétré davantage la conscience de l’Église,
sa prière, ses pratiques pastorales de même que les méthodes théologiques et
exégétiques. Le Synode doit proposer des solutions concrètes pour combler
les lacunes et remédier à l’ignorance des Écritures qui ajoute aux
difficultés actuelles de l’évangélisation".
"Reconnaissons en effet que la vie de foi et l’élan missionnaire des
chrétiens sont profondément affectés par divers phénomènes socioculturels
tels que la sécularisation, le pluralisme religieux, la mondialisation et
l’explosion des moyens de communication, avec les conséquences multiples de
ces phénomènes, notamment l’écart grandissant entre riches et pauvres, le
foisonnement des sectes ésotériques, les menaces à la paix, sans oublier les
assauts actuels contre la vie humaine et la famille".
"A ces phénomènes socioculturels, ajoutons les difficultés internes de l’Église
touchant la transmission de la foi dans la famille, les déficiences de la
formation catéchistique, les tensions entre le Magistère ecclésial et la
théologie universitaire, la crise interne de l’exégèse et son rapport à la
théologie, et d’une façon plus générale un certain fossé entre les experts
et les pasteurs et entre les experts et les gens simples des communautés
chrétiennes".
"Le Synode doit faire face au grand défi de la transmission de la foi en la
Parole de Dieu aujourd’hui. Dans un monde pluraliste, marqué par le
relativisme et l’ésotérisme, la notion même de Révélation pose question et
appelle des clarifications".
"Convocatio, Communio, Missio. Autour de ces trois mots
clés qui traduisent la triple dimension, dynamique, personnelle et de
dialogue, de la Révélation chrétienne, nous exposerons la structure
thématique de l’Instrumentum
Laboris. La Parole de Dieu convoque, elle fait communier au dessein de Dieu
par l’obéissance de la foi et elle envoie le peuple élu vers les nations.
Cette Parole d’Alliance culmine en Marie qui accueille dans la foi le Verbe
incarné, le Désiré des nations. Nous reprendrons les trois dimensions de la
Parole d’Alliance telles que l’Esprit Saint les a incarnées dans l’histoire
du salut, les Saintes Écritures et la Tradition ecclésiale".
Dans le premier paragraphe, le Cardinal a fait référence à l'identité de la
parole de Dieu et a dit que "le Dieu de la Révélation est un Dieu qui parle,
un Dieu qui est en lui-même Parole et qui se donne à connaître à l’humanité
de multiples manières. Grâce à la Bible, l’humanité se sait interpellée par
Dieu, l’Esprit lui donne d’écouter et d’accueillir la Parole de Dieu,
devenant ainsi l’Ecclesia, la communauté rassemblée par la Parole. Cette
communauté croyante reçoit son identité et sa mission de la Parole de Dieu
qui la fonde, la nourrit et l’engage au service du Règne de Dieu".
"La Parole de Dieu dont témoigne l’Écriture revêt par conséquent différentes
formes et recèle différents niveaux de signification. Elle désigne Dieu
lui-même qui parle, son Verbe divin, son Verbe créateur et sauveur, et
finalement son Verbe incarné en Jésus Christ, médiateur et plénitude de la
Révélation".
"Bref, la Parole de Dieu écrite ou transmise est une parole de dialogue et
même trinitaire. Elle s’offre à l’homme en Jésus Christ pour l’introduire
dans la communion trinitaire et y trouver sa pleine identité... Dieu parle
et, de ce fait, l’homme est constitué comme un être interpellé. Il importe
d’avoir à l’esprit cette dimension anthropologique de la Révélation, car
elle joue un rôle très important aujourd’hui dans l’herméneutique des textes
bibliques. Le Concile Vatican II a redéfini l’identité du dialogue de
l’homme à partir de la Parole de Dieu dans le Christ".
"Sur le plan pastoral, ne devrait-on pas vérifier si cette
théo-anthropologie du dialogue et filiale fondée sur le Christ occupe la
place qui lui revient dans la liturgie, la catéchèse et l’enseignement
théologique?".
Faisant ensuite référence à l'image de la Vierge Marie, il a dit: "Une
femme, Marie, accomplit parfaitement la vocation divine de l’humanité par
son oui à la Parole d’Alliance et à sa mission. Par sa maternité divine et
sa maternité spirituelle, Marie apparaît comme le modèle et la forme
permanente de l’Église, comme la première Église. Arrêtons-nous à la figure
charnière de Marie entre l’ancienne et le nouvelle Alliance qui accomplit le
passage de la foi d’Israël à la foi de l’Église. Contemplons le récit de
l’Annonciation qui est l’origine et le modèle insurpassable de l’auto-communication
de Dieu et de l’expérience de foi de l’Église. Il nous servira de paradigme
pour comprendre l’identité du dialogue de la Parole de Dieu dans l’Église".
Dans le paragraphe intitulé Tradition, Écriture et Magistère, le Cardinal
dit que "dans la tradition vivante de l’Église, la Parole de Dieu occupe la
première place. C’est le Christ vivant. La Parole écrite en porte
témoignage. L’Écriture, en effet, est une attestation historique et une
référence canonique indispensable pour la prière, la vie et la doctrine de
l’Église. Cependant, l’Écriture n’est pas toute la Parole, elle ne
s’identifie pas totalement avec elle, d’où l’importance de la distinction
entre la Parole et le Livre, tout comme entre la lettre et l’Esprit".
"Malgré la complexité des rapports entre Écriture, Tradition et Magistère,
l’Esprit Saint assure néanmoins l’unité de l’ensemble, surtout si l’on garde
bien présente la dynamique presque nuptiale du rapport d’Alliance. En
situant les fonctions ecclésiales de l’Écriture, de la Tradition et du
Magistère à l’intérieur d’une ecclésiologie mariale, nous invitons à un
changement de paradigme où l’accent passe de la dimension noétique à la
dimension personnelle de la Révélation. La figure archétypique de Marie
permet de faire ressortir la dimension dynamique de la Parole et la nature
personnelle de la foi comme don de soi, tout en invitant l’Église à demeurer
sous la Parole et disponible à toute action de l’Esprit Saint".
La deuxième section Communio s'ouvre avec la parole de Dieu dans la vie de
l'Église, et dans le chapitre consacré à la liturgie, le Cardinal observe
que "la liturgie est considérée comme l’exercice de la fonction sacerdotale
de Jésus-Christ, exercice dans lequel le culte public intégral est exercé
par le Corps mystique de Jésus-Christ, c’est-à-dire par le Chef et par ses
membres. Le sujet premier de la liturgie est le Christ lui-même
s’adressant à son Peuple et s’offrant à son Père en sacrifice d’amour pour
le salut du monde. Même si dans l’accomplissement des rites liturgiques, l’Église
semble avoir le premier rôle, en fait elle joue toujours un rôle subordonné,
au service de la Parole et de celui qui parle. L’ecclésiocentrisme est
étranger à la réforme du Concile".
"Comment cultiver chez les fidèles la conscience que la liturgie est
l’exercice de la fonction sacerdotale de Jésus-Christ à laquelle l’Église
est associée comme Épouse bien-aimée? Quelles conséquences devrait avoir la
redécouverte de ce lieu originel de la Parole sur l’herméneutique biblique,
sur la célébration eucharistique et tout particulièrement sur la place et la
fonction de la liturgie de la Parole, incluant l’homélie?".
Abordant ensuite la question de l'interprétation ecclésiale de la Parole de
Dieu, le Cardinal dit:
"D'une façon générale, après plusieurs décennies de concentration sur les
médiations humaines de l’Ecriture, ne faut-il pas retrouver la profondeur
divine du texte inspiré sans perdre les acquis précieux des nouvelles
méthodologies ?".
"On ne saurait trop insister sur ce point car la crise de l’exégèse et de
l’herméneutique théologique affecte profondément la vie spirituelle du
Peuple de Dieu et sa confiance dans les Écritures. Elle affecte aussi la
communion ecclésiale, à cause du climat de tension souvent malsain entre la
théologie universitaire et le magistère ecclésial. Face à cette situation
délicate, et sans entrer dans les débats d’écoles, le Synode doit donner une
orientation pour assainir les rapports et favoriser l’intégration des acquis
des sciences bibliques et herméneutiques dans l’interprétation ecclésiale
des Saintes Écritures".
La Parole de Dieu dans la mission de l'Église est le titre du troisième
paragraphe dans lequel le Cardinal affirme que "le cœur de la mission de l’Église
est d’évangéliser. Évangéliser, pour l’Église, c’est porter la Bonne
Nouvelle dans tous les milieux de l’humanité et, par son impact, transformer
du dedans, rendre neuve l’humanité elle-même..
Quand l’Esprit parle à l’Église aujourd’hui en lui remémorant les Écritures,
il la convoque à un nouveau témoignage d’amour et d’unité afin de rehausser
la crédibilité de l’Évangile face à un monde qui est plus sensible aux
témoins qu’aux docteurs. Le témoignage de la Parole de Dieu exige par
conséquent des disciples missionnaires qui soient d’authentiques témoins de
la primauté de l’amour sur la science".
Abordant ensuite le thème de l'œcuménisme, il ajoute: "Depuis l’entrée
officielle de l’Église catholique dans le mouvement œcuménique, les papes
ont fait de la cause de l’unité chrétienne une priorité... Bien que les
rencontres et dialogues œcuméniques aient produit des fruits de fraternité,
de réconciliation et d’entraide, la situation présente est caractérisée par
un certain malaise qui appelle une conversion plus profonde à l’œcuménisme
spirituel".
En ce qui concerne le dialogue avec les nations et les religions, le
Cardinal a ensuite dit que "l’activité missionnaire de l’Église s’enracine,
nous l’avons dit, dans la mission du Christ et de l’Esprit qui révèle et
répand la communion trinitaire dans toutes les cultures du monde...
L’activité missionnaire de l’Église témoigne de son amour pour le Christ
total qui inclut toute culture. Dans ses efforts d’évangélisation des
cultures, cette activité vise l’unité de l’humanité en Jésus-Christ, mais
dans le respect et l’intégration de toutes les valeurs humaines".
"Parmi les partenaires des différents dialogues de l’Église avec les
nations, le peuple juif occupe une place singulière comme héritier de la
première Alliance, dont nous partageons les Saintes Écritures. Cet héritage
commun nous invite à l’espérance".
"Viennent ensuite les fidèles de foi musulmane, enracinés eux aussi dans la
tradition biblique, confesseurs du Dieu unique. Face à la sécularisation et
au libéralisme, ils sont des alliés dans la défense de la vie humaine et
dans l’affirmation de l’importance sociale de la religion... Viennent enfin
les humains de toute tribu, langue, peuple et nation, qui sont sous les
cieux, car l’Agneau immolé a versé son sang pour tous. La Parole de Dieu est
spécialement destinée à ceux qui ne l’ont jamais entendue car, dans le cœur
de Dieu et la conscience missionnaire de l’Église, les derniers ont la grâce
d’être les premiers".
En conclusion, le Cardinal a fait l'observation suivante: "Jésus vient
toujours, dans l’Église, rendre témoignage à la Vérité et communiquer à ceux
qui croient en son nom la connaissance du Père qu’il possède en plénitude.
Conscient du renouveau ecclésiologique lié à la conception dynamique et du
dialogue de la Révélation, nous avons suggéré des pistes d’approfondissement
de la Parole de Dieu à partir de la foi de Marie telle qu’elle se prolonge
dans la vie de l’Église, la liturgie, la prédication, la Lectio Divina,
l’exégèse et la théologie".
"L’application de ce paradigme marial suppose un approfondissement
pneumatologique de la tradition ecclésiale et de l’exégèse scripturaire qui
rendent compte de la vertu performative de la Parole de Dieu tout en la
distinguant soigneusement de la présence eucharistique. Plus qu’une
bibliothèque pour érudits, la Bible est un temple où l’Épouse du Cantique
écoute les aveux du Bien-aimé et célèbre ses baisers... Cette perspective
plus dynamique que noétique appelle une théologie plus contemplative,
enracinée dans la Liturgie, les Pères et la vie des saints, une exégèse
pratiquée dans la foi conformément à son objet, et aussi une philosophie de
l’être et de l’amour".
"Elle ouvre à une lecture spirituelle plus fructueuse de la Bible, à une
interprétation ecclésiale de l’Écriture et à une revitalisation du dialogue
missionnaire de l’Église sous toutes ses formes. La fréquentation plus
assidue des Écritures ravivera la conscience missionnaire de l’Église et son
amour de l’homme, image de Dieu en mal de ressemblance divine".
Nouveau: conseils aux personnes qui
désirent recevoir les actualités ou consulter le site régulièrement:
ICI
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Sources : www.vatican.va
081006 (2390)
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.10.2008 -
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