L'amitié entre Jean-Paul II et le
cardinal Lustiger |
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Rome, le 06 août 2007 -
(E.S.M.) - Le cardinal Lustiger venait souvent
à Rome, il avait un accès facile au Pape Jean-Paul II, mais ce qu'ils se
sont dit est resté entre eux. L'un et l'autre avaient la capacité de
voir loin. Le cardinal avait une vision à moyen et à long terme. C'était
un homme d'espérance.
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Le pape Jean Paul II et le
Cardinal Lustiger
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L'amitié entre Jean-Paul II et le cardinal Lustiger
Pour le cardinal Cottier, le cardinal Lustiger avait un sens profond de ses
racines juives. Toujours présentes dans son activité pastorale, elles sont
les clefs pour comprendre son engagement et sa complicité avec Jean-Paul II.
Le cardinal Georges-Marie Cottier, théologien de Jean-Paul II, engagé dans
le dialogue judéo-chrétien, a travaillé avec le pape polonais et le cardinal
Lustiger. Il trace les grandes lignes de leur amitié et de leur complicité,
en dessinant un portrait croisé des deux hommes.
Comment est née l'amitié entre Jean-Paul II et le
cardinal Lustiger ?
Cardinal Cottier - Le futur cardinal a marqué le Pape Jean-Paul II par sa
force spirituelle. Il y avait une grande affinité entre eux. Ce sont deux
grandes personnalités qui se sont rencontrées et reconnues à ce niveau
spirituel de l'histoire de l'Église et de l'histoire d'Israël. S'il avait de
grandes qualités humaines, c'est sa spiritualité qui a fondé son amitié avec
le Pape. Il a eu un itinéraire merveilleux, comme celui de Jean-Paul II.
Quelle influence a-t-il eue sur Jean-Paul II ?
Quand Karol Wojtyla a été élu pape, il est arrivé à Rome avec l'expérience
d'une Église polonaise forte, car confrontée au régime communiste. Il a
trouvé en Europe occidentale, une Église qu'il connaissait mal, et chez les
évêques beaucoup d'hésitation et de flottement. La crise de 1968 a touché
tout le monde. Chez le cardinal Lustiger, il a ainsi trouvé un homme de
convictions qui, lui, n'avait pas peur de déplaire. Il avait une forte
ténacité. Jean-Paul II et le cardinal Lustiger étaient des rocs. Le Pape
l'était physiquement, le cardinal l'était par sa force de conviction.
Quelles qualités le Pape a-t-il trouvé chez le
cardinal ?
Le cardinal Lustiger venait souvent à Rome, il avait un accès facile au
Pape, mais ce qu'ils se sont dit est resté entre eux. L'un et l'autre
avaient la capacité de voir loin. Le cardinal avait une vision à moyen et à
long terme. C'était un homme d'espérance. Il n'a pas passé son temps à
empêcher les murs de tomber. Il a réalisé et bâti. C'est sans doute parce
qu'il était archevêque de Paris. Comme tous les archevêques de la capitale,
il avait une autorité au-delà de son diocèse et jusqu'à Rome. J'ai vu sa
très grande estime et son obéissance au Pape, en qui il voyait vraiment le
successeur de Pierre. Il ne se considérait pas au même niveau que lui.
Quel rôle le cardinal Lustiger a-t-il joué dans le
dialogue entre l'Église catholique et le judaïsme ?
Quand Jean-Paul II a présenté aux cardinaux sa demande de pardon pour les
fautes que l'Église a perpétrées contre les juifs au cours de l'histoire,
beaucoup n'ont pas compris et étaient effrayés. Le cardinal Lustiger, lui,
avait tout de suite saisi l'intuition du Pape. Ils se comprenaient. Dans la
question des relations entre l'Église catholique et le judaïsme, le rôle du
cardinal Lustiger a été fondamental. C'était un évêque qui avait un sens
profond de ses racines juives. Tous ces drames liés à l'histoire d'Israël,
il les a vécus dans sa propre famille. Cela était très lié à son activité
pastorale.
C'est là la clef pour comprendre le cardinal Lustiger. Il a accompli sa
judaïcité en rencontrant le Christ. Ce qui lui a valu d'abord des réticences
de la part des juifs. Peu à peu ils ont compris. Il s'est rendu souvent en
Israël. Il était très présent. Il est devenu le principal artisan de
l'amitié judéo-chrétienne. Dans ce dialogue, il faut que chacun soit
lui-même. Si on commence à faire des calculs, de la séduction, il n'y a pas
de vérité. Le cardinal Lustiger était un homme de cœur, direct, et de
vérité. Dans les relations entre juifs et chrétiens, il n'y a pas qu'une
question d'amitié, mais aussi une relation théologique. Le cardinal a été
l'un des hérauts de ce lien théologique.
Propos recueillis à Rome par HERVÉ
YANNOU.
Repères:
Le pape Jean-Paul II et le Judaïsme
Jean-Paul II écrit et donne un grand nombre de textes et de discours sur le
sujet des relations entre l’Église et les Juifs, rendant hommage aux
victimes de la Shoah. Son premier voyage, qui est aussi le premier d’un pape
en ce lieu, est à Auschwitz. Au cours d’une cérémonie, marquée par des
moments d’intense émotion, au mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, dédié à
la mémoire des six millions de juifs exterminés par les nazis, Jean Paul II
a déploré la « terrible tragédie de la Shoah ». Son discours historique,
tant attendu par le monde juif, mais également sa présence recueillie dans
la crypte de la déportation du mausolée, feront date dans l’histoire des
relations judéo-chrétiennes.
Il a grandi dans un contexte de culture juive florissante, son intérêt pour
elle remontant à son enfance. Il est le premier pape à visiter une
synagogue, à la Grande synagogue de Rome en avril 1986.
En mars 2000, Jean-Paul II se rend au Mémorial de Yad Vashem, où il retrouve
une rescapée qu'il avait secourue, et demande pardon à Dieu pour les actes
antisémites commis par les chrétiens, dans un billet glissé dans une fente
du Mur des lamentations.
La réconciliation entre chrétiens et juifs n’est pas achevée, mais il n’est
pas faux d’affirmer que « sous le pontificat de Jean-Paul II, le chemin
parcouru a été plus long que lors des deux premiers millénaires de cette
histoire commune et tourmentée ».
►
Le cardinal Lustiger avait d'excellentes relations avec Benoît XVI
►
Le pape Benoît XVI exprime sa douleur suite au décès du cardinal Lustiger
Sources:
HERVÉ YANNOU -
Rome
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.08.2007 - BENOÎT XVI |