Le Congrès eucharistique
international de Québec |
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Le 06 juillet 2008 -
(E.S.M.) - la conférence sans conteste la plus bouleversante
fut celle de
Mgr Tagle, évêque d’Imus aux Philippines. Son intervention consacrée
au véritable sens du sacrifice de la messe et de l’adoration
eucharistique, provoqua par sa profondeur spirituelle, son engagement
prophétique et son authenticité, un tonnerre d’applaudissements de la
part d’une assemblée conquise, bouleversée, émue jusqu’aux larmes, et
debout pour la circonstance
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La conférence sans
conteste la plus bouleversante fut celle de Mgr Tagle, évêque d’Imus aux
Philippines -
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Le Congrès eucharistique international de Québec vu par Mgr A.-M. Léonard,
évêque de Namur
(Belgique)
Du 15 au 22 juin s’est tenu le 49ème Congrès eucharistique international, à
Québec. Quinze mille participants, un enthousiasme soutenu, de splendides
liturgies, des centaines d’évêques et de prêtres présents, beaucoup de
jeunes, dont de nombreux membres de communautés nouvelles, mais un temps
détestable, frais et pluvieux, trois fois pire que ce que l’on peut
connaître en Belgique à pareille saison.
L’ouverture du Congrès, le dimanche 15, fut marquée par l’évocation
poignante des racines chrétiennes du Québec. Il faut savoir que, cette
année, la ville de Québec, la plus ancienne d’Amérique du Nord, célèbre le
400ème anniversaire de sa fondation par Samuel Champlain. Outre la présence
des colons, la ville, puis la région, se développèrent essentiellement grâce
à l’apport de missionnaires et communautés religieuses, parmi lesquels de
grands noms de sainteté. Or, lors de cette ouverture, défilèrent, sous les
acclamations, des mannequins géants représentant, notamment, Isaac Jogues,
Jean de Brébeuf, Mgr François de Laval, Marie de l’Incarnation, Marguerite
d’Youville, Marguerite Bourgeoys, etc. Une vive émotion de gratitude et de
fierté s’empara de la foule. Et, dans leurs discours officiels, le maire de
Québec, le premier ministre du Québec et Madame le Gouverneur général du
Canada, représentant la reine Elizabeth II, soulignèrent unanimement la
dette immense du Québec et du Canada à l’égard de la foi catholique. Propos
particulièrement lourds de sens à un moment, sous la pression de groupes
laïcistes minoritaires, mais très actifs, le Québec accentue toujours
davantage sa distance culturelle et politique par rapport à tradition
chrétienne, allant jusqu’à réclamer la disparition du cours de religion,
même dans les établissements privés, au profit d’une information culturelle
sur les diverses religions.
Les matinées comportaient des conférences ou témoignages, suivis de la
célébration de l’Eucharistie. Je mentionne, notamment, les interventions
remarquables du Cardinal Ouellet, archevêque de Québec et primat du Canada,
un évêque d’un courage exceptionnel, qui donne une nouvelle vitalité
spirituelle au Québec, mais, pour cette raison même, est constamment attaqué
dans la presse. Belles interventions aussi du Cardinal Barbarin, archevêque
de Lyon, du Cardinal Tomko, légat du Pape, du Cardinal Tumi, archevêque de
Douala, de Jean Vanier, de Nicolas Buttet, etc. Mais la conférence sans
conteste la plus bouleversante fut celle de
Mgr
Tagle, évêque d’Imus aux Philippines. Son intervention consacrée au
véritable sens du sacrifice de la messe et de l’adoration eucharistique,
provoqua par sa profondeur spirituelle, son engagement prophétique et son
authenticité, un tonnerre d’applaudissements de la part d’une assemblée
conquise, bouleversée, émue jusqu’aux larmes, et debout pour la
circonstance.
Les après-midi et les soirées étaient consacrées à divers ateliers, mais
aussi, bien sûr, à l’adoration eucharistique. Celle-ci fut pratiquée avec
ferveur sur le site eucharistique (autour du Colisée Pepsi
!), mais aussi en plusieurs églises ou chapelles de la ville.
C’étaient de belles heures de recueillement silencieux, de prière intense et
de repos spirituel. Inoubliable.
Les trois autres moments forts furent la procession eucharistique du jeudi
après-midi, la messe d’ordinations sacerdotales du vendredi soir et la
célébration de clôture du dimanche.
La procession, partie du Colisée Pepsi (un stade dédié
habituellement au hockey sur glace), devait aboutir à l’Agora du
Vieux Port, en passant par deux reposoirs à Saint-François d’Assise et à
Saint-Roch. On n’avait plus vu une telle procession à Québec depuis le
Concile Vatican II. Mais on sentait aussi, à certains moments, que
l’expérience manquait. Certes, la procession était imposante par sa taille :
15.000 participants. Elle ne passait pas inaperçue dans la ville… Mais
l’encadrement insuffisant de la foule et le manque de relais de sonorisation
eurent comme conséquence que la procession se transforma par moments en
simple promenade eucharistique. Heureusement, grâce à des initiatives
privées, on se mit à prier le chapelet, ici et là, en français, anglais ou
espagnol, les principales langues du Congrès.
Il est évidemment plus sympathique d’être ordonné prêtre dans une Cathédrale
que dans un Colisée Pepsi… N’empêche que l’ordination de 12 nouveaux prêtres
pour le Québec fut peut-être l’événement majeur de ce Congrès. Douze prêtres
pour le service de l’Eucharistie, « don de Dieu pour
la vie du monde » (c’était le thème du Congrès).
Ceci également ne s’était plus vu au Québec depuis le Concile Vatican II.
Parmi les 12 ordonnés (un chiffre symbolique !),
il y avait deux prêtres du diocèse de Québec, un Dominicain, un membre de la
communauté nouvelle des moines et moniales du Cœur de Jésus, et huit membres
de la Famille Marie-Jeunesse, incardinés à Sherbrooke. Parmi ces derniers,
un Belge, l’abbé Nicolas Favart, le frère de l’abbé Vincent Favart, prêtre
du diocèse de Namur. « Marie-Jeunesse » est une communauté bien connue en
Belgique, puisqu’elle est implantée, avec bonheur, dans le diocèse de Namur,
à Ciney. Elle représente un bel espoir pour l’Église du Canada, et
d’ailleurs, car elle est présente aussi, outre la Belgique, à l’Île de la
Réunion et à Tahiti. Parmi les nouveaux ordonnés régnait donc une belle
diversité, mais, en lisant leur itinéraire à chacun et en entendant les
témoignages les concernant, je remarquai une belle et prometteuse unanimité
: partout le même amour pour la Parole de Dieu, pour l’Eucharistie célébrée
et adorée, pour l’Église, pour la Vierge Marie et le même élan pour
l’évangélisation. Les 15.000 personnes présentes vibrèrent avec une
intensité exceptionnelle à cet événement porteur d’une telle espérance.
Autant dire que l’appel vocationnel adressé en la circonstance par le
Cardinal Ouellet et par un des jeunes prêtres fut accueilli par une ovation
digne de l’espoir ainsi suscité.
La messe de clôture, sur les Plaines d’Abraham, en plein air donc, fut,
certes, un grand événement ecclésial. La foule était au rendez-vous : 60.000
personnes environ. Mais ce fut surtout un événement météorologique.
Commencée sous un soleil hésitant, l’Eucharistie fut vite arrosée
copieusement. Autant dire que l’homélie du Pape Benoît XVI, transmise en
direct de Rome sur écrans géants, fut écoutée avec une attention toute
relative, chacun étant occupé à s’abriter sous des imperméables en plastique
ou des parapluies de toutes couleurs. Comme s’il sympathisait avec le mode
mineur de la célébration, le Pape Benoît XVI lui-même semblait fort fatigué
et un peu triste. Malgré leur intérêt, ses propos pénétrèrent la foule un
peu moins que la pluie insistante et envahissante. Juste avant la communion,
la pluie se transforma en déluge. C’était deux fois pire que lors de la
béatification du Père Damien à Bruxelles en 1995, ce qui n’est pas peu dire.
La distribution digne de la communion en devint une opération à hauts
risques. Et la catastrophe fut évitée de justesse à la fin de la messe, au
moment de la bénédiction par le légat du Pape. On écarta ce dernier de son
siège juste à temps. Peu après une toile du toit du podium se déchira sous
le poids de l’eau accumulée, et ce fut la douche intégrale. Certes, le
Cardinal légat et le Cardinal Ouellet (et même la presse
locale, le lendemain) virent dans cet événement météorologique «
un déluge de grâces » et saluèrent le courage stoïque de la foule. Le
raisonnement est irréfutable, mais il est probable que les mêmes personnes
eussent salué un soleil radieux comme le symbole d’une espérance renaissante
au Québec… En de telles circonstances, comme chacun sait, tous les arguments
sont bons ! Et, de toute façon, dans une logique comme dans l’autre, ce
Congrès fut à coup sûr, pour le Québec et bien au-delà, un stimulant
exceptionnel de foi, d’espérance et d’amour pour lequel nous rendons tous
grâce à Dieu, lui qui a fait aux hommes le grand don de l’Eucharistie.
Mgr A.-M. LÉONARD,
Évêque de Namur.
►
Québec
2008
Sources : Diocèse de Namur -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.07.08 -
T/Québec |