Benoît XVI: La Croix, au centre de la
Pâque nouvelle de Jésus |
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ROME, le 06 avril 2007 -
(E.S.M.) - Le pape Benoît XVI a célébré ce jeudi en fin d'après-midi dans la basilique
romaine St Jean de Latran, la sainte Messe de la Cène du Seigneur.
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Le pape Benoît XVI procède au
lavement des pieds -
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Benoît XVI: La Croix, au centre de la Pâque nouvelle de Jésus
Synthèse de l'homélie du Saint Père lors de la sainte Messe de la Cène du
Seigneur - texte intégral en 2sd partie
Le pape Benoît XVI a célébré ce jeudi en fin d'après-midi à 17h30, dans la
basilique romaine St Jean de Latran la sainte Messe de la Cène du Seigneur
et a effectué le rite du lavement des pieds à douze hommes, douze laïcs de
son diocèse.
Durant son homélie, le pape Benoît XVI a déclaré
que Jésus "a célébré la Pâque avec ses disciples probablement selon le
calendrier de Qumran, et donc au moins un jour avant" la date officielle de
l'époque.
Benoît XVI a souligné que cette hypothèse n'est "pas encore acceptée par
tous" mais qu'elle est la plus "probable" pour expliquer des "contradictions
apparentes" entre les différents Évangiles qui racontent la vie du Christ.
Dans l'Évangile de Saint Jean en effet, Jésus meurt sur la croix au moment de la
Pâque juive, lorsque les agneaux sont immolés dans le Temple de Jérusalem,
alors que dans les trois autres Évangiles son dernier repas ("la cène") avec
ses disciples a lieu le soir de la Pâque.
En outre, a souligné le pape jeudi soir, Jésus a célébré la Pâque "sans
agneau comme la communauté de Qumran" qui ne sacrifiait pas d'animaux. "Au
lieu de l'agneau il s'est offert lui-même, il a offert sa vie", a-t-il
cependant ajouté.
Le pape Benoît XVI a ensuite procédé au rite du
lavement des pieds de 12 laïques. Ce rite rappelle l'humilité et
l'amour de Jésus vis-à-vis des douze apôtres lors de la dernière Cène,
qui la veille de sa Passion a lui-même lavé les pieds de ses apôtres, comme
le rappelle l’Evangile
de saint Jean lu pendant la célébration, en latin puis en grec, selon
l’antique tradition romaine."Il les aima jusqu'à la fin"
(cf. Jn. 13,1)
Le Saint Père a déposé un moment la chasuble d’or et le pallium pour verser
de l’eau sur le pied droit de douze hommes représentant des associations de
laïcs du diocèse de Rome. Il les a essuyés ensuite avec un linge blanc.
Pendant ce moment, les fidèles présents dans la basilique ont été invités à
faire un geste de leur côté en offrant un don qui servira à venir en aide à
un dispensaire en Somalie.
A l’issue de l’Eucharistie, Benoît XVI a porté le Saint-Sacrement au
reposoir installé dans une chapelle latérale. Le Saint Père s’y est recueilli en
adoration pendant de longues minutes, le temps du chant du "Tantum ergo"
et ensuite en silence.
Texte intégral de l'homélie du pape Benoît XVI
Chers frères et sœurs,
Dans la lecture du Livre de l'Exode, que nous venons à peine d'écouter, est
décrite la célébration de la Pâque d'Israël, telle qu’elle était réglementée
dans la Loi mosaïque. A l'origine, il a pu y avoir une fête de printemps des
nomades. Pour Israël, toutefois, cela s'était transformé en une fête de
commémoration, d'action de grâce et, dans le même temps, d'espérance. Au
centre de la Cène pascale, ordonnée selon des règles liturgiques
déterminées, se trouvait l'agneau comme symbole de la libération de
l'esclavage en Egypte. C’est pourquoi l'haggadah pascal était une partie
intégrante du repas à base d'agneau : le souvenir narratif que c'était Dieu
lui-même qui avait libéré Israël « la main haute ». Lui, le Dieu mystérieux
et caché, s'était révélé plus fort que le pharaon avec tout le pouvoir qu'il
avait à sa disposition. Israël ne devait pas oublier que Dieu avait
personnellement pris en main l'histoire de son peuple et que cette histoire
était sans cesse fondée sur la communion avec Dieu. Israël ne devait pas
oublier Dieu.
La parole de la commémoration était entourée par des paroles de louange et
d'action de grâce tirées des Psaumes. Rendre grâce et bénir Dieu atteignait
son sommet dans la berakha, qui en grec est appelée eulogia ou eucaristia :
bénir Dieu devient une bénédiction pour ceux qui le bénissent. L'offrande
donnée à Dieu revient bénie à l'homme. Tout cela élevait un pont entre le
passé et le présent et vers l'avenir : la libération d'Israël n'était pas
encore accomplie. La nation souffrait encore comme petit peuple dans le
cadre des tensions entre les grandes puissances. Se rappeler avec gratitude
de l'action de Dieu par le passé devenait ainsi dans le même temps une
supplication et une espérance : Mène à bien ce que tu as commencé !
Donne-nous la liberté définitive !
C'est cette cène aux multiples significations que Jésus célébra avec les
siens le soir avant sa Passion. Sur la base de ce contexte nous devons
comprendre la nouvelle Pâque, qu'Il nous a donnée dans la Sainte
Eucharistie. Dans les récits des évangélistes il existe une contradiction
apparente entre l'Evangile de Jean, d'une part, et ce que, de l'autre, nous
communiquent Matthieu, Marc et Luc. Selon Jean, Jésus mourut sur la croix
précisément au moment où, dans le temple, étaient immolés les agneaux
pascals. Sa mort et le sacrifice des agneaux coïncidèrent. Cela signifie
cependant qu'Il mourut la veille de Pâques et qu'il ne put donc pas célébrer
personnellement la cène pascale - c'est tout au moins ce qu'il semble. En
revanche, selon les trois Evangiles synoptiques, la Dernière Cène de Jésus
fut une cène pascale. Dans la forme traditionnelle de cette cène, il a
inséré la nouveauté du don de son corps et de son sang. Cette contradiction
semblait insoluble jusqu'il y a quelques années encore. La plupart des
exégètes était de l'avis que Jean n'avait pas voulu nous communiquer la
véritable date historique de la mort de Jésus, mais avait choisi une date
symbolique pour rendre ainsi évidente la vérité la plus profonde : Jésus
était le nouvel et véritable agneau qui a répandu son sang pour nous tous.
La découverte des écrits de Qumran nous a entre-temps conduits à une
possible solution convaincante qui, bien que n'ayant pas encore été acceptée
par tous, est hautement probable. Nous sommes à présent en mesure de dire
que ce que Jean a rapporté est historiquement précis. Jésus a réellement
versé son sang la veille de la Pâque, à l'heure de l'immolation des agneaux.
Il a cependant célébré la Pâque avec ses disciples probablement selon le
calendrier de Qumran, donc au moins un jour avant - il l'a célébrée sans
agneau, comme la communauté de Qumran, qui ne reconnaissait pas le temple
d'Hérode et qui était en attente du nouveau temple. Jésus a donc célébré la
Pâque sans agneau - non, pas sans agneau : au lieu de l'agneau il s'est
donné lui-même, son corps et son sang. Il a ainsi anticipé sa mort de
manière cohérente avec sa parole : « Personne n'a pu me l'enlever [ma vie] :
je la donne de moi-même » (Jn 10, 18).
Au moment où il présentait à ses disciples son corps et son sang, Il
accomplissait réellement cette affirmation. Il a offert lui-même sa vie. Ce
n'est qu'ainsi que l'antique Pâque atteignait son véritable sens.
Saint Jean Chrysostome, dans ses catéchèses eucharistiques a un jour écrit :
Que dis-tu, Moïse ? Le sang de l'agneau purifie les hommes ? Il les sauve de
la mort ? Comment le sang d'un animal peut-il purifier les hommes, sauver
les hommes, avoir du pouvoir contre la mort ? De fait - poursuit Chrysostome
- l'agneau ne pouvait constituer qu'un geste symbolique et donc l'expression
de l'attente et de l'espérance en Quelqu'un qui aurait été en mesure
d'accomplir ce que le sacrifice d'un animal n'était pas capable de faire.
Jésus célébra la Pâque sans agneau et sans temple et, toutefois, non sans
agneau et sans temple. Il était lui-même l'Agneau attendu, le véritable,
comme l'avait annoncé Jean Baptiste au début du ministère public de Jésus :
« Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde »
(Jn 1, 29). Et c'est lui-même qui
est le véritable temple, le temple vivant, dans lequel Dieu habite et dans
lequel nous pouvons rencontrer Dieu et l'adorer. Son sang, l'amour de Celui
qui est en même temps Fils de Dieu et véritable homme, l'un de nous, ce sang
peut sauver. Son amour, cet amour dans lequel Il se donne librement pour
nous, est ce qui nous sauve. Le geste nostalgique, d'une certaine manière
privé d'efficacité, qui était l'immolation de l'agneau innocent et immaculé,
a trouvé une réponse dans Celui qui est devenu pour nous à la fois Agneau et
Temple.
Ainsi, au centre de la Pâque nouvelle de Jésus se trouvait la Croix. De la
croix venait le don nouveau apporté par Lui. Et ainsi, celle-ci demeure
toujours dans l’Eucharistie, dans laquelle nous pouvons célébrer avec les
Apôtres au fil du temps, la nouvelle Pâque. Le don vient de la croix du
Christ. « Personne n'a pu me l'enlever [ma vie] : je la donne de moi-même ».
Maintenant, c’est à nous qu’il la donne. L’haggadah pascal, la commémoration
de l’action salvifique de Dieu est devenue mémoire de la croix et
résurrection du Christ - une mémoire qui ne rappelle pas simplement le passé
mais nous attire en la présence de l’amour du Christ. Et ainsi, la berakha,
la prière de bénédiction et d’action de grâce d’Israël, est devenue notre
célébration eucharistique, dans laquelle le Seigneur bénit nos dons - pain
et vin - pour se donner lui-même à travers eux. Prions le Seigneur de nous
aider à comprendre toujours plus profondément ce merveilleux mystère, à
l’aimer toujours davantage et par là même à l’aimer Lui-même toujours
davantage. Prions-le de nous attirer toujours davantage en lui avec la
sainte communion. Prions-le de nous aider à ne pas garder notre vie pour
nous-mêmes mais à la Lui donner et ainsi à agir avec Lui, afin que les
hommes trouvent la vie - la vie véritable qui ne peut venir que de Celui qui
est Lui-même le Chemin, la Vérité et la Vie. Amen.
Texte original de l'homélie du saint Père
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Les photos de la Célébration:
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Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
© Copyright 2007 - Librairie Editrice Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.05.2007 - BENOÎT XVI - Semaine sainte |