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19 Avril 2005
 

 Benoît XVI "la nouveauté dans la continuité "

 

 Père Ignace Berten

Rome, lundi 6 mars. Dans la presse de ces derniers jours, on pouvait lire ce commentaire du discours de Benoît XVI à la curie sous la plume du Père Ignace Berten. L’éclairage qu’apporte ce dominicain est doublement intéressant : on voit clairement l’opposition à laquelle le pape Benoît XVI doit faire face du côté des progressistes, mais aussi certaines faiblesses de son herméneutique de " la nouveauté dans la continuité " que ces mêmes progressistes ne manquent pas de relever et d’exploiter

 

Rom, lundi 6 mars. Dans la presse de ces derniers jours on pouvait lire ce commentaire du discours de Benoît XVI à la curie ( Allocution de Benoît XVI ) sous la plume du Père Ignace Berten. L’éclairage qu’apporte ce dominicain est doublement intéressant : on voit clairement l’opposition à laquelle le pape Benoît XVI doit faire face du côté des progressistes, mais aussi certaines faiblesses de son herméneutique de " la nouveauté dans la continuité " que ces mêmes progressistes ne manquent pas de relever et d’exploiter.

 

La question de fond est bien celle-ci : La nouvelle façon de définir – depuis Vatican II - le rapport " entre Eglise et Etat moderne ", d’une part, " entre foi chrétienne et religions du monde ", d’autre part, n’est-elle qu’un changement circonstanciel ou bien constitue-t-elle une mutation essentielle ? Et dès lors, jusqu’où l’Eglise peut-elle, sans renier la Foi, prendre en compte "les défis présents de la société et de la culture" dont le Père Berten donne une liste très révélatrice ?

Vatican II: le conflit des interprétations
par le Père Ignace BERTEN, o.p.

Un courant important de la Curie romaine polémique sur le sens à donner à Vatican II... « qui n’aurait rien dit de neuf par rapport à ce qui a toujours été dit ». Benoît XVI les soutient.

L’Eglise catholique vient de fêter le 40e anniversaire du concile Vatican II. Cet anniversaire a été l’occasion de mémoires et de relectures. De nombreuses publications ont été consacrées les derniers mois à ce sujet. Il y a en particulier la monumentale «Histoire du Concile Vatican II» publiée par une équipe internationale sous la direction de Giuseppe Alberigo de Bologne[1]. Or cette histoire est depuis quelques mois l’objet d’une vive controverse menée à partir de Rome.

En juin 2005, Mgr Agostino Marchetto publie aux éditions vaticanes un livre intitulé «Le Concile oecuménique Vatican II - Contrepoint pour son histoire»[2]. Il est sans nul doute l’expression d’un courant important de la curie romaine concernant le sens à donner à Vatican II. « L’intention de ce volume, dit Mgr Marchetto, est de réaliser enfin une histoire du concile Vatican II dépassant les graves conditionnements - et on comprend alors le mot «contrepoint» utilisé dans le titre - instaurés jusque maintenant à ce propos, à partir d’une vision idéologique imposée de façon monopolistique »[3]. Présentant le livre à la presse, le 17 juin, le cardinal Ruini affirmait qu’il répondait à la nécessité d’écrire l’histoire de Vatican II «non d’un point de vue partisan, mais selon la vérité», en précisant explicitement que cette histoire partisane était celle qui était développée par les cinq volumes de l’«Histoire du Concile Vatican II». Ruini concluait sa présentation en disant: « L’interprétation du Concile comme une rupture et comme un nouveau commencement touche à sa fin. Cette interprétation est très faible aujourd’hui et n’a pas de véritable fondement dans le corps de l’Eglise. Il est temps que l’historiographie produise une nouvelle reconstruction de Vatican II qui soit aussi, finalement, la vraie histoire .»[4])

Les termes dans lesquels Marchetto et Ruini critiquent l’interprétation prédominante de Vatican II au nom de la vérité historique s’expriment, pour l’essentiel, dans l’opposition entre rupture et continuité et entre l’esprit du Concile et sa lettre.

Contre l’école de Bologne représentée par Alberigo[5], ils affirment, d’une part, que le texte doit être interprété tel qu’il est, et que l’herméneutique qui prétend lire le texte à partir des débats qui y ont conduit est une manipulation idéologique. Il est évident que les textes du Concile sont un compromis. Les rédacteurs des textes, au cours de leurs diverses versions et révisions, ont systématiquement cherché à aboutir au maximum de consensus parmi les pères conciliaires, au risque de formulations parfois presque contradictoires: les textes donnent donc lieu à des interprétations différentes selon qu’on accentue telle ou telle tendance présente dans le texte lui-même (c’est nous qui soulignons ici et plus bas). Il reste qu’en bonne méthode historique, quand de façon massive la majorité du Concile a rejeté un texte en en demandant un nouveau, ou a refusé telle ou telle formulation, ce fait est indicateur de la compréhension du sens du texte. C’est cette herméneutique que refusent Marchetto, Ruini et autres.

Ces derniers affirment, d’autre part, la continuité contre la rupture. Fondamentalement, Vatican II n’a rien dit de neuf par rapport à ce qui a toujours été dit. Dans un article publié récemment, Walter Brandmüller, président du Comité pontifical des sciences historiques, écrit ainsi: «Les conciles regardent toujours vers l’avant, en vue d’une expression doctrinale qui est plus large, plus claire, et plus en rapport avec le temps, et jamais vers l’arrière. Un concile ne peut contredire ses prédécesseurs; il peut seulement intégrer, clarifier et pousser vers l’avant.» [6]Quel historien sérieux peut ainsi affirmer qu’il n’y a jamais contradiction? Le Concile de Florence, en 1442, déclarait que l’Eglise «croit fermement, professe et prêche qu’aucun de ceux qui se trouvent en dehors de l’Eglise catholique, non seulement les païens, mais encore juifs ou hérétiques et schismatiques ne peuvent devenir participants à la vie éternelle, mais iront «dans le feu éternel qui est préparé par le diable et ses anges» (Mt 25,41), à moins qu’avant la fin de leur vie ils ne lui aient été agrégés.» Il est évident que Vatican II a déclaré le contraire. Les exemples historiques pourraient être multipliés.

Dans son discours à la Curie romaine, en décembre dernier, Benoît XVI s’est exprimé clairement sur l’interprétation de Vatican II. Il pose la question «de la juste interprétation du Concile ou - comme nous le dirions aujourd’hui - de sa juste herméneutique, de la juste clef de lecture et d’application». Il s’en prend à l’opposition établie entre esprit et texte du Concile: «Il faudrait non pas suivre les textes du Concile, mais son esprit». Et il oppose une «herméneutique de la discontinuité et de la rupture» et une «herméneutique de la réforme». L’herméneutique de la rupture, dit Benoît XVI, a pu compter sur «la sympathie des mass médias, et également d’une partie de la théologie moderne». Ce qui a été voulu par Jean XXIII et Paul VI et par les pères conciliaires eux-mêmes a été la réforme, non la rupture. Benoît XVI dit bien que sur certains points importants il y a cependant eu discontinuité, principalement dans trois domaines: «il fallait définir de façon nouvelle la relation entre foi et sciences modernes »; «il fallait définir de façon nouvelle le rapport entre Eglise et Etat moderne » ; il fallait «une nouvelle définition du rapport entre foi chrétienne et religions du monde ».

Discontinuité, bien que «la continuité des principes n’était (sic) pas abandonnée».

Il est bien évident que le Concile n’a jamais eu la prétention de changer le cœur ou l’essentiel de la tradition de foi, mais il a mis en cause, c’est tout aussi évident, l’expression qui en est donnée au cours de l’histoire, sur certains points importants, ce que reconnaît Benoît XVI. Aucun théologien ni historien de l’Eglise sérieux n’ont jamais parlé de Vatican II simplement en termes de rupture ou de discontinuité: il y a chez tous une herméneutique de la tradition qui manifeste à la fois la continuité à partir de l’Evangile et de la foi ancienne de l’Eglise et les discontinuités historiques.

Il me paraît dès lors légitime de dire que dans ce discours, au cœur de la controverse actuelle, Benoît XVI prend en fait position pour la ligne Marchetto-Ruini-Brandmüller. En jouant sur l’opposition entre lettre et esprit du Concile et sur l’opposition entre continuité et rupture, il disqualifie complètement une interprétation largement répandue dans l’Eglise, portée pourtant par de solides arguments historiques et théologiques. Il présuppose ainsi que la distinction entre «la constitution essentielle de l’Eglise (qui) nous vient du Seigneur» et ce qui est expression historique contingente est manifeste une fois pour toutes. Au nom de cette distinction revendiquée comme manifeste, il est possible d’affirmer, comme on le fait actuellement, qu’appartiennent directement à ce qui «nous vient du Seigneur» : le ministère ordonné excluant les femmes, les divorcés remariés exclus de la communion eucharistique et, dans le domaine éthique, le mal intrinsèque que représente la contraception, le caractère personnel de l’embryon dès la première cellule, etc. Autrement dit, c’est l’option pour l’immobilisme intransigeant face aux défis présents de la société et de la culture.
 

  Eucharistie, Sacrement de la Miséricorde. 03.03.2006 - EGLISE

 

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