Le pape Benoît XVI s'adresse aux
pèlerins francophones |
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Cité du Vatican, le 05 novembre 2008 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI a salué tous les pèlerins francophones
présents aujourd’hui, en particulier les jeunes du collège Notre-Dame de
Bourbourg ainsi que les pèlerins du diocèse de Montpellier.
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Le pape Benoît XVI -
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Le pape Benoît XVI s'adresse aux
pèlerins francophones
Le 05 novembre - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
-
C'est sous un soleil éblouissant que le pape Benoît XVI a traversé la place
Saint Pierre au milieu d'environ 13.000 fidèles. Avant que le Saint Père
nous donne sa catéchèse un extrait de la première épître de Saint Paul a été
lu : (1 Cor. 15, 12-15)
Frères, nous proclamons que Christ est ressuscité
des morts, comment quelques-uns parmi vous disent-ils qu'il n'y a point de
résurrection des morts ?
S'il n'y a point de résurrection des morts, le Christ non plus n'est pas
ressuscité . Et si Christ n'est pas ressuscité , notre prédication est donc
vaine, et votre foi aussi est vaine. Il se trouve même que nous sommes de
faux témoins à l'égard de Dieu, puisque nous avons témoigné contre Dieu
qu'il a ressuscité le Christ, alors qu'il ne l'a pas ressuscité, s'il est
vrai que les morts ne ressuscitent pas.
Le pape Benoît XVI s'adresse aux pèlerins
francophones
Chers Frères et Sœurs,
Après avoir évoqué la semaine dernière le drame de la Croix de Jésus tel que
l’envisageait l’Apôtre Paul, il nous faut parler aujourd’hui du caractère
central et décisif de la résurrection du Christ dans sa prédication. En
effet, tout son enseignement part de cet événement et aboutit toujours au
mystère du Christ que le Père a « établi dans sa puissance de Fils de Dieu »
en le relevant de la mort, dévoilant par là même la véritable identité du
Crucifié. Celui qui a manifesté l’indéfectible amour de Dieu pour les hommes
et qui est mort sur la Croix est le Fils éternel du Père.
En ressuscitant, le Christ est devenu le Seigneur des morts et des vivants.
Par lui, nous sommes justifiés, c’est-à-dire rendus justes, et nous sommes
insérés dans ce processus qui conduit toute chose vers sa plénitude. La
résurrection du Christ est au fondement de notre espérance, au point que,
sans elle, la vie chrétienne serait absurde.
Libérés du pouvoir de la mort, nous pouvons mener une vie de rachetés en
étant, à travers la participation aux propres souffrances du Christ,
progressivement configurés à Lui. Notre solidarité avec le Christ ressuscité
nous fait trouver en lui l’harmonie de notre condition humaine : ni évasion
de l’histoire au nom de l’esprit, ni idolâtrie de la matière, du corps et
des valeurs humaines au détriment de leurs liens connaturels avec l’esprit.
Le pape Benoît XVI conclut : Je salue tous les pèlerins francophones
présents aujourd’hui, en particulier les jeunes du collège Notre-Dame de
Bourbourg ainsi que les pèlerins du diocèse de Montpellier. Puisse la
résurrection du Christ être votre espérance et orienter tous vos choix et
votre vie vers les biens que Dieu promet. Bon pèlerinage à tous !
Texte intégral de la catéchèse du Saint-Père
Chers frères et sœurs,
"Et si le Christ n'est pas ressuscité, notre message est sans objet, et
votre foi est sans objet... vous n'êtes pas libérés de vos péchés"
(1 Co
15, 14.17). Avec ces puissantes paroles de la première Lettre aux
Corinthiens, saint Paul fait comprendre l'importance décisive qu'il attribue
à la résurrection de Jésus. Dans cet événement, en effet, se trouve la
solution du problème posé par le drame de la Croix. A elle seule, la Croix
ne pourrait pas expliquer la foi chrétienne, elle resterait même une
tragédie, l'indication de l'absurdité de l'être.
Le mystère pascal consiste dans le fait que ce Crucifié "est ressuscité le troisième jour conformément
aux Écritures" (1 Co 15, 4) - c'est ce qu'atteste la tradition proto-chrétienne. C'est là que se trouve la clef de voûte de la christologie
paulinienne : tout tourne autour de ce centre de gravité. Tout
l'enseignement de l'apôtre Paul part de et arrive toujours au mystère de
Celui que le Père a ressuscité de la mort. La résurrection est une donnée
fondamentale, une sorte d'axiome préalable (cf. 1 Co 15, 12), à partir
duquel Paul peut formuler son annonce (kerygme) synthétique : Celui qui a
été crucifié, et qui a ainsi manifesté l'immense amour de Dieu pour l'homme,
est ressuscité et est vivant parmi nous.
Il est important de saisir le lien entre l'annonce de la résurrection, telle
que Paul la formule, et celle en usage dans les premières communautés
chrétiennes pré pauliniennes. On peut véritablement voir ici l'importance de
la tradition qui précède l'Apôtre et qu'avec un grand respect et attention
il veut à son tour transmettre. Le texte sur la résurrection, contenu dans
le chap. 15, 1-11 de la première Lettre aux Corinthiens, met bien en
évidence le lien entre "recevoir" et "transmettre". Saint Paul attribue
une grande importance à la formulation littérale de la tradition ; au terme
du passage examiné, il souligne : "Bref, qu'il s'agisse de moi ou des
autres, voilà notre message" (1 Co 15, 11), mettant ainsi en lumière
l'unité du kerygme (ndlr : Profession de foi), de l'annonce pour tous les croyants et pour tous ceux
qui annonceront la résurrection du Christ. La tradition à laquelle il se
rattache est la source à laquelle il puise. L'originalité de sa christologie
ne se fait jamais au détriment de la fidélité à la tradition. Le kerygme des
Apôtres préside toujours à la réélaboration personnelle de Paul ;
chacun de
ses arguments part de la tradition commune, dans laquelle s'exprime la foi
partagée par toutes les Églises qui sont une seule Église. Et ainsi saint
Paul offre un modèle pour tous les temps de la manière de faire de la
théologie et de prêcher. Le théologien, le prédicateur, ne crée pas de
nouvelles visions du monde et de la vie, mais il est au service de la vérité
transmise, au service du fait réel du Christ, de la Croix, de la
Résurrection. Sa tâche est de nous aider à comprendre aujourd'hui, derrière
les paroles anciennes, la réalité du "Dieu avec nous", et donc la réalité
de la vraie vie.
Il est ici opportun de préciser : saint Paul, en annonçant la résurrection,
ne se soucie pas d'en présenter une exposition doctrinale organique - il ne
veut pas écrire une sorte de manuel de théologie -, mais il affronte le
thème en répondant à des doutes et à des questions concrètes qui lui étaient
présentés par les fidèles ; un discours d'occasion donc, mais rempli de foi
et de théologie vécue. On y trouve une concentration sur l'essentiel : nous
avons été "justifiés", c'est-à-dire rendus justes, sauvés, par le Christ
mort et ressuscité pour nous. Le fait de la résurrection, sans lequel la vie
chrétienne serait tout simplement absurde, apparaît tout d'abord. En ce
matin de Pâques il s'est produit quelque chose d'extraordinaire, de nouveau
et, dans le même temps, de très concret, caractérisé par des signes bien
précis, enregistrés par de nombreux témoins. Pour Paul aussi, comme pour les
autres auteurs du Nouveau Testament, la résurrection est liée au témoignage
de celui qui a fait une expérience directe du Ressuscité. Il s'agit de voir
et de sentir non seulement avec les yeux ou avec les sens, mais également
avec une lumière intérieure qui pousse à reconnaître ce que les sens
extérieurs attestent comme un fait objectif. Paul accorde donc - comme les
quatre Évangiles - une importance fondamentale au thème des apparitions, qui
sont la condition fondamentale pour la foi dans le Ressuscité qui a laissé
la tombe vide. Ces deux faits sont importants : la tombe est vide et Jésus
est apparu réellement. Ainsi se constitue cette chaîne de la tradition qui,
à travers le témoignage des Apôtres et des premiers disciples, parviendra
aux générations successives, jusqu'à nous. La première conséquence, ou la
première manière d'exprimer ce témoignage, est de prêcher la résurrection du
Christ comme synthèse de l'annonce évangélique et comme point culminant d'un
itinéraire salvifique. Paul fait tout cela en plusieurs occasions : on peut
consulter les Lettres et les Actes des apôtres, où l'on voit toujours que le
point essentiel pour lui est d'être témoin de la résurrection. Je ne
voudrais citer qu'un seul texte : Paul, arrêté à Jérusalem se trouve devant
le sanhédrin en tant qu'accusé. En cette circonstance, dans laquelle est en
jeu pour lui la mort ou la vie, il indique quel est le sens et le contenu de
toute sa prédication : "C'est à cause de notre espérance en la résurrection
des morts que je passe en jugement" (Ac 23, 6). Paul répète sans cesse ce
même refrain dans ses Lettres (cf. 1 Th 1, 9sq ; 4, 13-18 ; 5, 10), dans
lesquelles il fait aussi appel à son expérience personnelle, à sa rencontre
personnelle avec le Christ ressuscité (cf. Ga 1, 15-16 ; 1 Co 9, 1).
Mais nous pouvons nous demander : quel est pour saint Paul le sens profond
de l'événement de la résurrection de Jésus ? Que nous dit-il à nous, deux
mille ans après ? L'affirmation "le Christ est ressuscité", est-elle
actuelle pour nous aussi ? Pourquoi la résurrection est-elle pour lui et
pour nous aujourd'hui un thème aussi déterminant ? Paul donne solennellement
une réponse à cette question au début de la Lettre aux Romains, dans
laquelle il exhorte en se référant à "l'Évangile de Dieu... qui concerne
son Fils : selon la chair, il est né de la race de David, selon l'Esprit qui
sanctifie, il a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa
résurrection d'entre les morts" (Rm 1, 3-4). Paul sait bien, et il le dit
de nombreuses fois, que Jésus a toujours été le Fils de Dieu, dès le moment
de son incarnation. La nouveauté de la résurrection consiste dans le fait
que Jésus, élevé de l'humilité de son existence terrestre, est constitué
Fils de Dieu "dans sa puissance". Jésus, humilié jusqu'à la mort sur la
croix, peut à présent dire aux Onze : "Tout pouvoir m'a été donné au ciel
et sur la terre" (Mt 28, 18). Ce que dit le Psaume 2, 8 s'est réalisé :
"Demande, et je te donne en héritage les nations, pour domaine la terre tout
entière". C'est pourquoi avec la résurrection commence l'annonce de l'Évangile
du Christ à tous les peuples - commence le Royaume du Christ, ce nouveau
Royaume qui ne connaît d'autre pouvoir que celui de la vérité et de l'amour.
La résurrection révèle donc définitivement quelle est la véritable identité
et la stature extraordinaire du Crucifié. Une dignité incomparable et très
élevée : Jésus est Dieu ! Pour saint Paul, l'identité secrète de Jésus se
révèle dans le mystère de la résurrection plus encore que dans
l'incarnation. Alors que le titre de Christ, c'est-à-dire de "Messie", "Oint", tend chez saint Paul à devenir le nom propre de Jésus et celui de
Seigneur spécifie son rapport personnel avec les croyants, à présent le
titre de Fils de Dieu vient illustrer la relation intime de Jésus avec Dieu,
une relation qui se révèle pleinement dans l'événement pascal. On peut donc
dire que Jésus est ressuscité pour être le Seigneur des morts et des vivants
(cf. Rm 14, 9 ; et 2 Co 5, 15) ou, en d'autres termes, notre Sauveur (cf. Rm
4, 25).
Tout cela entraîne d'importantes conséquences pour notre vie de foi : nous
sommes appelés à participer jusqu'au plus profond de notre être à tout
l'événement de la mort et de la résurrection du Christ. L'Apôtre dit : nous
sommes "passés par la mort avec le Christ" et nous croyons que "nous
vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet : ressuscité d'entre les
morts, le Christ ne meurt plus ; sur lui la mort n'a plus aucun pouvoir" (Rm
6, 8-9). Cela se traduit par un partage des souffrances du Christ, qui
prélude à cette pleine configuration avec Lui à travers la résurrection, à
laquelle nous aspirons dans l'espérance. C'est ce qui est arrivé également à
saint Paul, dont l'expérience personnelle est décrite dans les Lettres avec
des accents à la fois poignants et réalistes : "Il s'agit de connaître le
Christ, d'éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux
souffrances de sa passion, en reproduisant en moi sa mort, dans l'espoir de
parvenir, moi aussi, à ressusciter d'entre les morts" (Ph 3, 10-11 ; cf. 2
Tm 2, 8-12). La théologie de la Croix n'est pas une théorie - elle est la
réalité de la vie chrétienne. Vivre dans la foi en Jésus Christ, vivre la
vérité et l'amour, implique des renoncements quotidiens, des souffrances. Le
christianisme n'est pas la voie de la facilité ; il est plutôt une ascension
exigeante, mais éclairée par la lumière du Christ et par la grande espérance
qui naît de Lui. Saint Augustin dit : aux chrétiens n'est pas épargnée la
souffrance, au contraire il leur en revient en peu plus en partage, parce
que vivre la foi exprime le courage d'affronter la vie et l'histoire plus en
profondeur. Toutefois, ce n'est qu'ainsi, en faisant l'expérience de la
souffrance, que nous connaissons la vie dans sa profondeur, dans sa beauté,
dans la grande espérance suscitée par le Christ crucifié et ressuscité. Le
croyant se trouve donc placé entre deux pôles : d'un côté, la résurrection
qui d'une certaine manière est déjà présente et à l'œuvre en nous
(cf. Col
3, 1-4 ; Ep 2, 6) ; de l'autre, l'urgence de s'insérer dans ce processus qui
conduit tout et tous vers la plénitude, décrite dans la Lettre aux Romains
avec une image hardie : de même que toute la création gémit et souffre des
douleurs de l'enfantement, nous aussi nous gémissons dans l'attente de la
rédemption de notre corps, de notre rédemption et résurrection
(cf. Rm 8,
18-23).
En résumé, nous pouvons dire avec Paul que le véritable croyant obtient le
salut en professant par sa bouche que Jésus est le Seigneur et en croyant
avec son cœur que Dieu l'a ressuscité des morts (cf. Rm 10, 9). Avant tout,
ce qui est important, c'est le cœur qui croit au Christ et qui dans la foi "touche" le Ressuscité ; mais il ne suffit pas de porter la foi dans son
cœur, nous devons la confesser, en témoigner par notre bouche, par notre
vie, en rendant ainsi présente la vérité de la croix et de la résurrection
dans notre histoire. En effet, de cette manière le chrétien s'insère dans le
processus grâce auquel le premier Adam, terrestre et sujet à la corruption
et à la mort, se transforme progressivement en dernier Adam, céleste et
incorruptible (cf. 1 Co 15, 20-22.42-49). Ce processus a commencé avec la
résurrection du Christ, dans laquelle se fonde donc l'espérance de pouvoir
un jour entrer nous aussi avec le Christ dans notre véritable patrie qui est
aux Cieux. Soutenus par cette espérance, nous poursuivons notre route avec
courage et avec joie. (ZF08110508 )
Synthèse de la
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Benoît XVI : Résurrection et Christologie paulinienne
Texte original du
discours du Saint Père
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UDIENZA GENERALE
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Sources : www.vatican.va -
E.S.M.
© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 05.11.2008 -
T/Benoît XVI |