Benoît XVI cite souvent le loi
naturelle: deux nouveaux textes en chantier |
|
ROME, le 5 Février 2007 -
(E.S.M.) -
Vie humaine naissante et loi naturelle: c’est sur
ces deux sujets que la congrégation pour la doctrine de la foi prépare
actuellement deux nouveaux textes.
|
Le pape Benoît XVI et
l'Archevêque Angelo Amato
Les principes "fondamentaux et irrévocables" qui y sont rappelés – et
constamment repris par Benoît XVI dans sa prédication – sont de plus en plus
au centre des controverses éthico-politiques qui divisent les différents
pays sur l’avortement, l’euthanasie, l’embryon, la famille, l’éducation…
Deux nouveaux textes en chantier: l'un sur la
bioéthique et l'autre sur la loi naturelle
La congrégation pour la doctrine de la foi est en charge de leur
préparation. C'est le "style Ratzinger" qui continue, explique le secrétaire
de dicastère, l'archevêque Angelo Amato
- Vie humaine naissante et loi naturelle: c’est
sur ces deux sujets que la congrégation pour la doctrine de la foi prépare
actuellement deux nouveaux textes. Le secrétaire de la congrégation,
l'archevêque Angelo Amato, l’a annoncé dans une interview accordée à "Avvenire",
le quotidien de la conférence épiscopale italienne.
Le premier texte, qui traite de la vie humaine naissante, sera dans le droit
fil de l’instruction "Donum
Vitae" publiée en 1987 par le préfet de la congrégation de l’époque, le
cardinal Joseph Ratzinger.
Mgr Amato dit à ce propos:
"Cette Donum Vitae 2 n’est pas conçue pour abolir la précédente, mais pour
traiter les différentes questions bioéthiques et biotechnologiques qui se
posent aujourd’hui et qui étaient encore impensables à l’époque.
L’instruction Donum Vitae garde toute sa valeur et, par certains côtés, elle
se révèle prophétique. Le problème est qu’en dépit de ses vingt ans
d’existence, elle est encore peu connue. La question n’est donc pas de
réviser la doctrine morale – par exemple sur le caractère licite du
préservatif – qui ne me semble pas être à l’ordre du jour. Il s’agit plutôt
de nouveaux défis, par certains côtés bien plus graves et destructeurs de
l’identité de la personne humaine, comme celui que lancent ceux
qui considèrent le fœtus comme un produit biologique
et non comme un être humain. Comme l’affirme Donum Vitae, l’être
humain doit être respecté – comme une personne – depuis le premier instant
de son existence’ ('Viventi humano – uti persona – observantia debetur
inde a primo eius vitae momento'). Et ce respect dû à l’embryon humain
est ‘un principe anthropologique non négociable’".
Mgr Amato précise en outre:
"L’étude de sujets aussi délicats est de la compétence de notre congrégation
qui soumet ensuite ses travaux au pape. Les positions présentées sur ces
sujets par d’autres institutions ou personnalités ecclésiastiques, si
respectables soient-elles, ne peuvent donc pas avoir l’autorité que veulent
bien parfois leur prêter les médias".
Parmi les positions de personnalités ecclésiastiques auxquelles Mgr Amato
fait référence figurent celles du cardinal Carlo Maria Martini dans le
"Dialogue sur la vie", publié dans l’hebdomadaire "L’Espresso" en avril
2006, justement à propos du contenu de l’instruction "Donum Vitae". Ou
encore les positions formulées par le même cardinal Martini sur l’euthanasie
dans le quotidien "Il Sole 24 Ore" du 21 janvier dernier, une semaine avant
cette interview de Mgr Amato dans "Avvenire". Les deux interventions du
cardinal Martini s’éloignent de l’enseignement officiel de l’Eglise en
plusieurs points.
(Hier à l'Angélus, le pape Benoît XVI précisait: "je vous invite à ne pas
tomber dans l'erreur de penser pouvoir disposer de la vie jusqu'à "en
légitimer l'interruption par l'euthanasie, même en la dissimulant sous un
voile de compassion humaine".
Angélus de Benoît XVI, dimanche 4 février)
- Le second des nouveaux textes, relatif à la
loi naturelle, sera en revanche une première. En plusieurs occasions, Benoît
XVI a donné comme fondement à la vie des hommes en commun les principes
moraux imprimés dans le cœur de chaque homme et "répétés de manière unique
par la voix faible mais claire de la conscience". Pourtant, le préfet de la
congrégation pour la doctrine de la foi lui-même n’y avait consacré aucun
texte spécifique.
Mgr Amato explique:
"Un catholique, par exemple, ne peut donner son consentement à une
législation qui introduit le mariage entre deux personnes du même sexe: cela
va contre la révélation biblique et la loi naturelle elle-même. [...] Le
pape Benoît XVI cite souvent cette dernière dans ses catéchèses. Et notre
congrégation prépare quelque chose sur la question. A cette fin, elle a déjà
consulté toutes les universités catholiques. Les réponses venues du monde
entier sont encourageantes, même celles qui viennent des universités
considérées comme plus ‘difficiles’. La loi
naturelle est également très importante car elle peut être le seul socle
pour un dialogue fructueux entre les religions".
- Mgr Amato a accordé cette interview à
l’occasion de la publication d’un imposant volume rassemblant les 105 textes
produits par la congrégation pour la doctrine de la foi pendant quarante
ans, de 1965 à aujourd’hui.
Le souhait que tous ces textes soient publiés à nouveau en un seul volume –
explique Mgr Amato dans l’interview et en introduction de l’ouvrage – a été
émis par "beaucoup d’évêques, de cardinaux et de théologiens" du monde
entier.
Les textes sont presque tous dans leur version originale, en latin, ou bien
en version italienne. Mais pour lire les plus importants dans différentes
langues, il suffit de se rendre sur la section de la congrégation pour la
doctrine de la foi du site web du Vatican.
Les 200 premières pages du volume regroupent les documents émis par la
congrégation quand le cardinal Alfredo Ottaviani puis le cardinal Franjo
Seper en étaient les préfets. Les 400 pages suivantes rassemblent quant à
elles les textes, beaucoup plus longs et nombreux, datant de l’époque où le
cardinal Ratzinger était préfet. Selon Mgr Amato, on peut parler d’un "style
Ratzinger" à la congrégation:
"Avec lui, on cherchait d’une part à étendre et articuler les arguments
justifiant la vérité des croyances contestées, et à proposer d’autre part
des orientations assurées face aux multiples défis de la culture
contemporaine".
Seule une petite partie des interventions de la congrégation concerne des
théologiens qui sont entrés en conflit avec le magistère de l’Eglise. En
quarante ans, certaines œuvres des onze théologiens suivants ont fait
l’objet de mesures: Hans Küng, Jacques Pohier, Edward Schillebeeckx,
Leonardo Boff, Charles Curran, Tissa Balasuriya, Anthony de Mello, Reinhard
Messner, Jacques Dupuis, Marciano Vidal, Roger Haight.
En revanche, d’autres documents expliquent mieux le travail de la
congrégation pendant l’ère Ratzinger: les deux instructions sur la théologie
de la libération de 1984 et de 1986, l’instruction "Donum Vitae" de 1987 sur
la vie humaine naissante et la procréation, l’instruction "Donum Veritatis"
de 1990 sur le rapport entre théologiens et magistère de l’Eglise, la lettre
"Communionis Notio" de 1992 sur les rapports entre l’Eglise universelle et
les Eglises locales, la déclaration "Dominus
Jesus" de 2000 sur le christianisme par rapport aux autres religions, la
note doctrinale de 2002 sur les catholiques dans la vie politique, la note
de 2003 sur la légalisation des unions entre personnes du même sexe, la
lettre de 2004 sur la femme.
Certains de ces documents – par exemple ceux sur la théologie de la
libération et la déclaration "Dominus Iesus" – ont fait l’objet de critiques
sévères au moment de leur publication, même de la part de membres de la
hiérarchie. D’autres – comme la note de 2002 sur les catholiques dans la vie
politique – ont été ignorés ou bien sous-évalués.
Ce dernier texte se révèle cependant aujourd’hui d’une brûlante actualité.
Les principes "fondamentaux et irrévocables" qui y sont rappelés – et
constamment repris par Benoît XVI dans sa prédication – sont de plus en plus
au centre des controverses éthico-politiques qui divisent les différents
pays sur l’avortement, l’euthanasie, l’embryon, la famille, l’éducation… En
Italie, par exemple, une loi sur le "testament biologique" et une autre sur
les couples de fait sont en ce moment-même en cours d’élaboration, l’Eglise
s’engageant avec énergie contre l’euthanasie et pour la défense de la
famille fondée sur le mariage monogamique entre un homme et une femme.
Dans son interview à "Avvenire", Mgr Amato observe:
"Beaucoup d’hommes politiques catholiques demandent des éclaircissements sur
ce genre de sujets. Qu’ils veuillent ou réussissent ensuite à agir en
conséquence, c’est une autre question. Les hommes politiques catholiques
devraient en tout cas toujours se rappeler qu’ils n’ont pas à consentir à
l’introduction de lois allant à l’encontre des principes moraux. Quand bien
même ce type de loi serait déjà en vigueur, ils pourraient au moins chercher
à en atténuer la portée".
Le futur texte sur la loi naturelle se propose
d’expliquer qu’en défendant ces principes fondamentaux, non seulement
l’Eglise n’obéit qu’à la révélation divine, mais elle défend aussi chaque
homme en tant que tel.
par Sandro Magister
Sources: Chiesa.it -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 05.02.2007 - BENOÎT XVI - Eglise |